ARNAUD SEGLA
The Black
Kingdom
« la voie des dieux »
Roman
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Segla, Arnaud, 1978-a
The black kingdom: la voie des dieux
Comprend du texte en anglais.
ISBN KDP:9781790633340
I. Wisemen Council. II. Titre.
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Bibliothèque et Archives Canada, 2017
Maquette et mise en pages: Lawal Ajibolaet ASSOUKA
Photo de la couverture: © Brad Pict
Illustration intérieure: Malanda Loumouamou
admin@thewisemencouncil.com
www.thewisemencouncil.com
© THE WISEMEN COUNCIL, 2017
Chaque Homme est important
aux yeux de Dieu
Table des matières
Table des matières 4
Avant-propos 7
Farewell 11
Introduction 13
DEE 17
Omar est Mon nom 26
LES DIMENSIONS 36
L’Arche 37
LE CRÉATEUR 54
Quarantaine 56
La définition 57
The Pledge of The Black Kingdom 60
The (United) Black Kingdom 60
La Promesse du Royaume Noir 61
Le Royaume Noir 61
MAÎTRE RÉDA 77
Le témoin silencieux 90
LA FIN D’UN MONDE 99
Mystère 99
AL QUASAR, LA PLANÈTE DE FEU 112
Le tout Ami 113
EN ESPRIT 130
As One 144
LA PLAGE 149
Aube 178
À mon père et au reste de ma famille pour leur contribution à mes projets d’écriture et de vie.
À Manuel dos Santos et Andreia de Oliveira.
À ceux que cette Shaykh Vie initie bien malgré eux, folie imaginaire et intuition méditative.
Avant-propos
«The Black Kingdom, la voie des dieux » est un roman bilingue qui tire sa substance de l’univers islamique mais qui reste accessible au lecteur profane ou d’autres religions. C’est à la fois le récit de la mise en scène d’une initiation sans intermédiaire humain et le début d’une quête affective, matérielle et spirituelle pour un initié élu qui est choisi par la voie mahdiste pour accomplir sa destinée. Cette quête se fait sous le sceau du Mahdi, en tant que combattant du Mahdi, en tant que Mahdi.
Ce récit fait appel à des notions spirituelles liées à l’eschatologie mais peut se lire sous le seul angle d’une aventure ambiguë d’une initiation sans école mystique: le récit d’un appel. Une fiction plausible. C’est un échantillon du vécu de beaucoup d’incompris qui reçoivent en eux cet appel à la mission dans le cadre de la vie mystique. Sans y être préparé, ils plongent souvent dans un monde de folie que le corps médical prendra activement en charge par un traitement adapté. La Nature appelle ses élus malgré le carcan des conformités mondaines, des lois et des conventions. L’individu isolé prend sa place dans l’action qu’il doit mener tout au long de sa vie par une prise de conscience ou une manifestation symbolique (folie imaginaire) puis la construction de règles empiriques et intuitives (intuitions méditatives).
Bienvenue alors dans un monde où l’on perd toute notion de rationalité, où les dieux se font proches et se révèlent aux Hommes.
Pour finir, ce livre ne fait pas l’éloge de l’associationnisme ni de l’innovation en religion combattus vigoureusement par le Saint Prophète de l’Islam (sur lui la paix et le salut) et ses compagnons (Que Dieu leur accorde Sa Satisfaction) mais une réflexion sur la notion de dieux dans les traditions animistes. La plus grande tolérance est de mise dans les approches des cultes tant que la soumission au Divin est garantie. C’est donc une ouverture sur l’avenir de la Terre où la spiritualité individuelle riche prend le pas sur l’endoctrinement dogmatique des simples pratiques religieuse sans expérimentation. Ces nouveaux Simples contemporains ont pour point commun l’énergie, la force vitale voire encore la Conscience. Des notions liées à la foi mais dégagées des poids des rites et cultes sans valeurs. Des notions contenues dans la Vérité d’une soumission au Dieu Unique, Omniscient et Omnipotent. Ce livre se lit avec l’esprit très ouvert.
Une aventure spirituelle où la monture « corps» endure l’espace d’une dernière audace…
Arnaud SEGLA
« Que les gueux construisent des tours mais que seuls ceux d’entre eux qui restent pieux soient honorés»
Farewell
The well is empty
I have drunk the tears And I flourished the fears
I’m waiting, wet, the wedding with the rainy spring
Farewell
Meeting you was written
I let Past and Future present the Legend in this book And I walk to the next Kingdom without a look
I have found in you a Queen to reign over my dream
Farewell
My eyes are opening
I’m seeing my life wearing the clothes of destiny
And Love insides still whispering the fragrance of your beauty I’m freeing my mind from the harness of Time and Impressions
Farewell
Faith is Force and Drive by the words of Truth and Fate
We have built our body to settle Hope and Endeavour in our Soul
And I dance to share this Energy in my heart and rely on the Sole
Along with this Hour, we are born to the new life of the Simples and guided Ones
Farewell
Introduction
(Et rappelle-toi) le jour où Nous les rassemblerons tous. Puis, Nous dirons à ceux qui ont donné [à Allah] des associés: « A votre place, vous et vos associés. » Nous les séparerons les uns des autres et leurs associés diront: « Ce n’est pas nous que vous adoriez ». Allah suffit comme témoin entre nous et vous. En vérité, nous étions indifférents à votre adoration». Là, chaque âme éprouvera (les conséquences de) ce qu’elle a précédemment accompli. Et ils seront ramenés vers Allah leur vrai Maître; et leurs inventions (idoles) s’éloigneront d’eux. Coran X: v28-30.
D’après Ibn Masüd (DAS), le Prophète (BSDL) a dit:
« La sincérité mène aux œuvres de bien et les œuvres de bien mènent au Paradis. L’homme ne cesse de dire la vérité jusqu’à ce qu’on le mentionne auprès de Dieu sous le nom de véridique. Le mensonge mène aux mauvaises actions (à la rébellion contre Dieu) et les mauvaises actions mènent en Enfer. L’homme ne cesse de mentir jusqu’à ce qu’on le mentionne auprès de Dieu sous le nom de menteur.» (URA)
Selon Aïcha (DAS), le Messager de Dieu (BSDL) a dit: « Celui qui apporte dans notre religion-ci une innovation qui lui est étrangère, on doit rejeter tout ce qu’il dit.» (URA)
Dans une autre version de Moslem: « Celui qui fait une chose en désaccord avec notre religion, on doit rejeter tout ce qu’il fait ».
Irbad Ibn Sariya (DAS) a dit: Le messager de Dieu (BSDL) nous a fait un sermon éloquent qui remplit nos cœurs de crainte et fit couler nos larmes». Nous lui dîmes: « O Messager de Dieu! On dirait que c’est le sermon de quelqu’un qui fait ses adieux. Aussi fais-nous quelques recommandations!» Il dit: « Je vous recommande la crainte pieuse de Dieu ainsi que l’obéissance totale même si c’est un esclave éthiopien qui s’est imposé à vous comme chef. Celui d’entre vous qui vivra verra une grande discorde. Accrochez-vous alors à ma tradition et à celle des califes sages et bien guidés. Saisissez-la fortement avec vos dents. Méfiez-vous des innovations car chaque innovation est une cause d’égarement». (Rapporté par Abou Dawüd)
« Salomon n’a point mécru, mais ce sont les démons qui ont mécru. Ils apprennent aux gens la sorcellerie. ». Coran II: v102.
On rapporte que le Prophète Mouhammad (BSDL), répondant à une question de Djibraïl (DAS) au sujet des Signes de l’Heure, dit: « Quand tu verras la servante engendrer sa maîtresse, et les va-nu-pieds, les gueux, les miséreux et les bergers rivaliser dans la construction de maisons de plus en plus hautes.» (Boukhâri et Mouslim).
Certes, Allah a élu Adam, Noé, la famille d’Abraham et la famille d’Imran au-dessus de tout le monde. En tant que descendants les uns des autres, et Allah est Audient et Omniscient. Coran III: v 33-34.
DEE
C’est elle que j’aimais. C’était sans doute un coup du sort. La trouver ici sans se rappeler ce qui nous avait liés par le passé. Simplement elle et moi dans un jeu du destin où l’Amour s’était invité à la table de la richesse servie par un hôte spirituel.
Dee était de l’étoffe des reines. Elle régnait sans partage et savait faire preuve de tyrannie sur les sujets contraints à la soumission au hasard de ses conquêtes sur les Cœurs, les esprits et les corps. Son charme n’était jamais remis en cause et sa beauté invitait toutes les cours à habiter son palais. Son regard puisait sa source dans des yeux magnifiques, en amande qu’un brun foncé éclairait d’une grande intelligence. Le front, large, s’offrait aux caresses des ondes. Les cheveux d’un noir profond s’arrêtaient à ses épaules.
Elle aimait les nouer dans un chignon complaisant, les peignait ou les laissait voler au vent lorsqu’ils doublaient miraculeusement de volume. Les ensembles noirs qu’elle aimait porter donnaient un éclat somptueux à son visage telle une pleine lune dans un ciel étoilé. Ses lèvres valaient le détour, l’atour ou le tour à jouer. Une pulpe généreuse prête à ravir les soifs de volupté. Le nez fin et harmonieusement étendu donnait la mesure d’un visage où la contemplation se perdait dans le temps. Les formes de son corps et les racines d’une silhouette se plantaient loin, loin dans une origine qui avait su se métisser sans perdre son goût. Des seins discrets et un fessier qui conjurait et complétait ce manque d’expression. C’était une femme désirable à un haut point. Elle était d’une rare prestance dans des robes qui la distinguaient et légitimaient sa place dans la lignée des monarques qui avaient laissés une trace en moi.
Nous avions rendez-vous sur cette plage où je marchais depuis un bon moment déjà. Le retard. Les femmes. Rien de systémique ni de systématique. Il fallait attendre. La mer chantait un de ses chants dont les vagues apportaient le refrain à chaque caresse sur le sable qui murmurait le chœur d’une chorale bien rodée.
Le soleil rentrait à son foyer, derrière l’horizon. Quelques badauds nuageux lui adressaient les salutations d’usage dans un langage éolien. Une journée bien remplie pour lui. Toujours pas de Dee.
Je m’assis et repensais à ces folles heures qui avaient précédé. Dieu. Les dieux. Les religions. Les cultes et rites. La Tradition. Les coutumes. L’Amour. La Richesse etc. Les duels se poursuivaient en moi sans que je ne sache quel tiers désigner pour l’arbitrage.
L’unicité de Dieu n’avait jamais été remise en cause en moi depuis ma prise de conscience. Il semblait pour beaucoup que le polythéisme était une involution du monothéisme et certains personnages apparaissaient à un moment donné de l’histoire pour donner un Rappel clair sur la conception originelle sur Le Dieu Créateur.
Ainsi le polythéisme différait de l’animisme. On pouvait le voir comme du monothéisme à représentation polymorphique: des dieux secondaires servaient de médiateurs entre les hommes et le grand Dieu. A l’image des prophètes ou saints qui intercédaient auprès de lui. Rendre un culte à Dieu en reconnaissant les autres dieux donnait naissance à ce qui était appelé depuis « l’hénothéisme ». Le dieu, souvent l’ancêtre moniteur était lié à l’individu contemporain par une longue chaîne au sein du groupe d’individus. Les panthéons ainsi créés étaient spécifiques à chaque peuple incluant un Dieu Créateur et souvent un Héros civilisateur, ou moniteur, ancêtre divinisé des hommes voire prophète venu sonner le Rappel de la Voie des origines. Ces dieux secondaires, forces de la nature ou ancêtres, étaient subordonnés au Créateur: tous les génies invisibles et autres créatures, premiers occupants et maître du terroir. Dieu créait l’Âme du monde et la force vitale qui réside dans chaque élément. Les dieux inférieurs suivaient comme une fidèle administration. La force vitale était mue par les êtres dont l’Homme par ses sacrifices et sa parole. Présente depuis la nuit des temps, la force vitale permettait à l’Homme de par le respect des prescriptions de la conserver et de l’accroître en lui et sa communauté. Le Dieu Créateur était la Cause première et un centre émetteur de force originelle qui alimente un circuit d’énergie qui, parti de lui, animait tout et revenait à lui. Sans être magicien ou sorcier je croyais que la danse aussi pouvait déplacer cette force et en faire usage. Il était mieux dans ma pensée d’avoir aussi une partenaire. Et Dee qui ne venait toujours pas.
Pour bien comprendre J. C. Froelich1 qui m’avait ouvert à cette science en l’absence de ma lignée traditionnelle, le mot « animisme » définissait la croyance en l’existence d’un principe immatériel, d’une « âme» résidant dans les êtres et toutes les choses, visibles et invisibles. Que ce soit pour les religions du paganisme des cultures primordiales ou une vision cosmique de la présence d’une « conscience élémentaire» dans les plus infimes particules de la matière, l’harmonie semblait demeurer entre traditions et Révélation vivante du monothéisme.
Depuis la manifestation de mon don, cette ouverture sur des dimensions autres, le monde avait cessé d’être ce qui m’avait été enseigné. Je l’avais reçu sans initiation particulière. Simplement une vie qui revêtait ses habits de destinée. Un élu parmi tant d’autres qui pouvait se faire du tort ou être au-dessus d’autres ou encore s’atteler à rester entre ces deux frontières.
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1J.C. FROELICH, Animismes – Les religions païennes de l’Afrique de l’Ouest, Éditions de l’Orante, 1964.
Dans ma cosmogonie personnelle j’avais appris à connaître un maître pour ce monde avec qui j’étais en joute perpétuelle pour obtenir la moindre richesse matérielle dont lui seul avait les clés. Les monnaies séculières or, argent ou de troc local ne m’étaient pas accessibles depuis le début de mon chemin. C’est avec les devises de chaque région que je devais faire commerce pour les âmes ou pour les conquêtes. Une adaptation au contemporain qui s’était fait une place dans les habitudes de combat.
L’habitude de l’adaptation.
Des affrontements et des défis pour faire avancer mes quêtes et donner un peu de gloriole à mon nom pendant mon passage dans l’espace de cette vie. Une voix qui me venait de l’occident de mes pensées et qui succédait de temps à autre à celle de celui que j’appelais à mon sens l’Iblis de mon Mythe initiatique, l’infatigable et rusée présence dont l’accent inconnu de mon monde me renforçait dans ma croyance en sa nature de génie (djinn). C’était une aventure de longue haleine pour laquelle je m’étais bâti une science empirique renforcée par des révélations qui tombaient à point nommé. Le maître spirituel se faisait attendre sur mon parcours sur ce tronçon de vie.
Assis sur cette plage, je repensais à ce monde que certains appelaient « Duniya», une prison pour les croyants selon ces mêmes dires. Un terme fixé de vie pour d’autres. Impossible de croire à mon tour que j’avais rencontré encore mon Dieu sous une forme adaptée à ce que je pouvais supporter en conception.
La fin du monde qui n’y croyait pas? Mais de là à être le Mahdi… Il y a un pas.
Sans crier gare La Voix m’avait réveillé avant ma prière ce matin-là. J’étais aux prises depuis plusieurs jours déjà avec l’Iblis et ses associés et l’assiduité aux rites, cultes et prières m’avait été préconisée. Je portais un soin particulier à rester en état de pureté et à porter un talisman confectionné à mon intention par un grand initié de ma lignée spirituelle. Du côté de la dimension qu’il m’avait été permise de rejoindre, l’aide aussi se faisait présente. Des avatars de prophètes et des êtres tous aussi surnaturels et réels se relayaient dans cette phase de combat. Les deux derniers prophètes que je reconnaissais comme tuteurs œuvraient à m’ouvrir la voie et à renforcer mon enseignement.
Omar est Mon nom
Je suis Omar celui que tu as reçu un jour sans t’y attendre.
J’ai visité avec toi le Monde et mon uni Vert.
J’y ai vu le sort de mes symboles et de tes frères.
On a jugé tous les trois et préparé ton règne.
Protégé par mes saints fidèles tu as hérité d’une Conscience nouvelle.
Avance sur la Voie de tes Pères, tracée par les saints Prophètes et gardée par mes saints Guerriers.
Omar est mon saint nom.
J’étais avant même que tu ne t’en souviennes.
Un souffle frais avait accompagné l’énoncé de l’invitation à me lever. Je parcourais du regard la chambre. M’assis sur le lit. Les yeux mis clos et réfugiés à l’abri des paupières encore chaudes de la nuit dévisageaient le chapelet où j’égrenais les prières pour traverser cette épreuve qui s’était installée avec ma perspective d’accomplissement dans ce monde où je souhaitais maintenir l’harmonie avec ma vie intérieure.
Le café se prit dans le silence des insultes visualisées sur le rythme de la musique qui me parvenait. L’habitude de me voir aux fins de mon orgueil et de ma gloriole ridicule et éphémère. Un jeu d’enfant pour l’Iblis, à présent dans son costume familier de Shaytan, de m’en faire payer le prix si tôt dans la journée. Ma voie déconseillait la visualisation mais j’étais doté par grand paradoxe d’une mémoire et d’une intelligence visuelle. Je subissais en silence.
Un bon principe pour être toujours à l’heure était d’être toujours en avance sur les rendez-vous. Je l’appliquais depuis des années avec succès mais là j’avais été performant. Deux trois ruses de Shaytan évitées simplement me rappelaient encore combien l’attention patiente, la fluidité et l’harmonie dans l’action aidaient à sortir des innombrables illusions qu’il pouvait créer selon son art. Je m’assis à la cafétéria las à l’idée de défendre à nouveau mon cas devant le professionnel de la santé: des dons spirituels et un enseignement de sagesse en tarîqa qui cohabitent avec une bonne médication et une thérapie.
L’habitude des conciliations.
***
La Voix se fit à nouveau entendre.
« Ton monde arrive à sa fin. Certains ont observé les signes tels qu’annoncés par les prophètes dans l’eschatologie. Ils vivent dans l’attente de cet ultime effort pour faire reconnaître la Gloire à Mon nom et être récompensés de leur conduite durant cette vie.
Depuis peu tu t’entraînes pour combattre sur la voie du Mahdi. Tu es de sa lignée prophétique. Tu le sais. Ton sacrifice et l’engagement dans ton travail pour Me servir ont reçu l’agrément de Ma part. Je te fais son représentant dans cette ère. Tu es le Mahdi. Je te marque le Cœur de son sceau.
— Mais j’ai appris que le Mahdi est un saint. Je ne suis qu’un guerrier qui rêve de combattre sous ses ordres.
— Je suscite qui je veux. Combats sur la voie du Mahdi en tant que Mahdi.
— Je ne sais rien de ses responsabilités ni de sa mission.
— La connaissance de L’Heure m’appartient. Ta tranche de vie appartient à L’Heure. Un terme fixé pour
un peuple à qui le Rappel a été transmis mais qui poursuit sa transgression.
—Ceux de ma génération?
—Le Cri les saisira bientôt.
—Le Cri?
— Assurément tu n’es pas le Mahdi. Tu revêts ses habits pour cette mission dans ta vie sur Sa Voie.
— Ses saints Habits?
— Tu n’es pas le Mahdi qu’ils attendent tous. Contente-toi de ta mission dans ta vie et sois le Mahdi dans le tronçon de chemin que je t’ai confié. Certains ce sont enhardis à proclamer leur nature de Mahdi pour la mission qui leur avait été confiée dans la période de l’Histoire qu’ils traversaient créant ainsi la confusion pour les générations suivantes. Ne te proclame jamais Mahdi. Ils te tueraient sans hésiter. Tu es le Mahdi. Tu en portes le sceau dès à présent. Combats sur sa voie. La connaissance de l’Heure M’appartient. Je suscite qui Je veux.
Le prophète Issa (Jésus), sur lui la paix et le salut, fut le premier à me sortir de ma léthargie. Sur son ordre je me levais pour me diriger vers mon lieu de rendez-vous.
Inutile de faire le vide en soi. Dieu savait parfaitement ce que je cachais en moi comme émotions, pensées et bien plus encore. L’ange avait beau me lire le profond de mes intentions et de mon Cœur. Rien ne semblait calmer mon trouble. S’entraîner à suivre un Héros et l’incarner, comme ça, du jour au lendemain… Dieu est Grand. Louange à Lui. Gloire à Son nom.
La plage était un lieu reposant. La respiration de la planète s’y faisait entendre comme dans une narine chargée même si le poumon avait été confié aux arbres.
Je revoyais ma vie. Ma nouvelle mission. Le Livre que j’avais reçu jadis sans y prendre garde. Et maintenant le sabre que je devais bientôt porter à ma ceinture pour les années à venir.
J’avais raté l’opportunité de raconter mes premiers pas dans l’univers spirituel à Dee. Elle me voyait encore avec les yeux du commun des mortels. Je n’imaginais à aucun instant qu’elle seule pouvait faire basculer mon destin. Il était important que je lui parle et lui dise tout.
La nuit était faite. Au loin les phares et l’éclairage des bateaux traçaient un horizon lumineux où se reflétaient quelques étoiles et des satellites qui savaient tout mimer d’elles sauf le scintillement.
Mon amour récent pour Anda n’avait reçu en échange que de l’affection tendre et pudique. Princesse de mes déserts de pensée, Anda avait su lever le voile de son charme au fil des rencontres que nous faisions dans l’intimité des pistes de divertissement. Anda était belle autantque Dee mais dans un style différent. Ses fossettes donnaient un sourire mi gêné mi coquin. Son intelligence allait de pair avec sa timidité. C’était une femme qui pouvaitse montrer forte et conserver sa douceur pour ceux qu’elle aimait. Sa présence m’apaisait et elle le savait. Une hormone de quiétude. Durde partager son Cœur dans ces moments de trouble entre un amour empathique et un autre sympathique au sens littéral et profond du terme. Ceci sans vouloir rentrer dans les fatuités présumées.
Anda restait muette quand les messages la rendaient émue au plus haut point. Un matin je lui écrivis « Anda, il me prend des envies de tout et de toi. Ton corps m’appelle et je ne peux y résister. Aime-moi.» Le silence et la sensation d’être allé trop loin m’accompagnèrent toute la journée. Rien finalement de l’effet d’expression et de soulagement que je voulais pour mon Cœur.
Il paraissait qu’on ressuscitait avec ceux qu’on aimait. Je n’osais imaginer qui j’aurai à mes côtés. Cela m’importait peu. Toute ma vie je m’évertuais à lutter sur la Voie de Dieu dans l’espérance du Paradis mais sans me le décrire ni anticiper de sa jouissance. Un apprentissage qui m’aidait face à Shaytan.
L’heure avançait. Dee viendrait. J’avais confiance en son sérieux. Il fallait simplement attendre.
La pensée d’Anda me traversa l’esprit. Je tenais à prendre congé d’elle pour mieux sonder mes sentiments et voir clair en moi. Des instants où les mots précèdent la composition de messages:
« Anda, je prends quelques jours de repos et de silence. Prends soin de toi. »
L’écume blanche créait une dentelle à la surface de la mer comme la jupe d’une prostituée dans une autre époque. Le rivage rendu séduisant par celle qui dansait seule dans le noir chantant toujours sa complainte d’amour pour la terre. Je soupirais face à ma solitude dans la présence de deux femmes dans mon Cœur.
Je m’allongeai alors à même le sable.
Je me coupais du monde.
Et m’endormis presque aussitôt.
LES DIMENSIONS
Seul, au matin, j’observais le manteau dans lequel j’avais reçu le sceau du Mahdi. Un ensemble à la fois martial et militaire. Une étoffe à ma taille mais que je n’arrivais pas à accepter. Vêtu tout de noir je regardais les cartes blanches devant moi. A chaque combat majeur son code de couleur pour les différentes factions. La mienne avait toujours été le tout noir. Cette fois-ci je retrouvais le rouge symbolisant l’Amour et les forces de maintien de la paix qui s’interposeraient en cas de grosse altercation. Le blanc avait fait son apparition et signifierait plus tard les forces neutres, des penseurs, juges et arbitres qui resteraient à l’écart du combat. Le vert olive était présent dans une signification que je n’arrivais toujours pas à percer. Tous ces codes de couleurs étaient porté par des personnes qui en incarnaient le sens et combattaient sur leurs voies respectives. Il arrivait que certains portentplusieurs de ces couleurs à la fois. Il fallait alors nuancer avant de déterminer l’appartenance définitive. Ce jeu de couleurs était l’un des premiers indices de changement de dimension vers la plus simple à saisir: celle de l’uniforme. Les personnes dont je me méfiais cette fois-ci portaient un vieux bleu ou un bleu verdâtre; mon défi du jour était de remplir mes cartes avec des noms de fidèles combattants prêts à consacrer une partie de leur vie à cette mission. C’était une équipe qui viendrait compléter l’aide déjà en place dans la dimension invisible à laquelle j’avais été connecté. Le visage de sosies me permettait aussi d’apprendre ce que seraient les rapports avec mes proches ou les parties prenantes à la nouvelle quête.
L’Arche
Le regard se réfugie dans l’abri adossé aux étoiles
Ils rêvent d’espoir et ne vivent que de cet exutoire
Des combats pour se libérer mais jamais pour dominer
Les geôliers desserrent les liens et améliorent la ration
Une génération engraisse et la descendance mourra
Dans la solide aridité de nos fiertés individuelles
Qui voue l’Unité du Peuple à une réalité toujours future
Et le Lion observe le Tigre et le Dragon fouler son sol
Le monarque ne peut offrir la Tradition d’un royaume
A l’appétit de l’hôte indélicat, ennemi aux multiples visages
Il nous semble vain de se rassembler sans menace mâle
Les geôliers caressent le duvet et endorment les nations
Le cri se fait entendre et l’Écrit se fait attendre
La clameur d’un réveil aux couleurs de la colère noire
Les pas d’un Prophète retentissent dans le lointain
Il prône une lutte à mains nues, avec des armes de Paix
Le regard cesse de se perdre dans le ciel du crépuscule
Car déjà se construit l’Arche d’un continent qui accomplira l’Histoire
Un café rustique diffusait ses effluves à côté de moi. Sa présence ne m’alarma pas. Ni le fait de me trouver sur mon tapis. Sans le savoir, j’avais changé de dimension. Ne voyant personne je ne pouvais deviner les couleurs du combat.
Le temps s’était donc arrêté.
Un monde réel et plusieurs dimensions au sein de cette même réalité.
La faim et la soif disparaitraient elles aussi peu à peu laissant place à l’alimentation par une manne qui se déversait abondamment dans le Cœur et le corps.
Ce voyage entrepris dans l’astral et les dimensions avait son code. Ses interdits. Inutile de s’endormir selon son habitude. Inutile de sortir. Ceux qu’on côtoyait d’habitude gardaient leur apparence mais n’étaient en fait pas euxmêmes dans ces réalités. De nouveaux êtres apparaissaient. De nouvelles règles. De nouveaux dieux.
La matrice musicale à son tour s’ouvrit. Une source de musique branchée en continu et en diffusion aléatoire donnait la teneur de la force vitale qui régnait dans le moment. Elle guidait, parlait et pouvait aider à la décision. Le son des instruments s’enrichissait d’un message et les paroles des artistes trouvaient un autre sens. Plus profond.
La force vitale était plutôt stable.
La Voix se fit entendre.
« Ne te préoccupe pas trop des détails de ta mission maintenant. Tu dois d’abord ouvrir les voies spirituelles de ta quête. Le maître de ton monde détient les clés des richesses dont tu as besoin pour ton peuple. Tu dois l’affronter»
Le maître du monde ricana.
« Tout ce que tu gagneras dans les dimensions est provision pour ton bien futur et ce que tu perds est du tort que tu fais à toi-même.
— Je n’ai jamais été doué pour les combats. Je concilie et préfère la Paix. Je ne sais pas me battre.
— Il faudra pourtant apprendre à frapper du Sabre que tu as reçu. Ton combat en dépend. J’ordonne et tu obéis. Tu devras exterminer et trancher. Je t’apprendrai personnellement le maniement de ton Sabre»
Je restai troublé. Toute idée d’affrontement me répugnait. Pourquoi pas une compétition? Pourquoi Combattre.
Le maître du monde se montrait tolérant à l’idée de ne pas prendre les armes pour cette phase du Combat.
Les idées fusaient en moi. J’avais reçu un Livre et un Sabre pour le chemin et tout autant d’attributs symboliques qui se manifestaient par des dons, talents ou compétences dans ma vie.
Je décidai de faire une pause. Je poussai les cartes sur le côté du tapis et m’assoupis.
***
« Debout ASSOUKA ! » fit la voix.
L’ange en charge de l’identification des interlocuteurs, de l’accréditation et qui sondait mon monde intérieur ne signifia rien.
« Je suis Martin, le dieu dans cette dimension. Je suis chargé de te faire gagner de la Richesse pour ta quête. Je suis dieu mais ne m’invoque jamais en dehors de Dieu. C’est mon titre. »
Il semblait y avoir de la familiarité dans la présence qui se dégageait du dieu. Était-il une autre manifestation du polymorphisme de Dieu ou un dieu identifié ?
ASSOUKA L’outrancier n’osait pas rompre l’état de prosternation dans lequel il se tenait en présence du dieu. Martin était un nom curieux pour un dieu.
« Nous devons rencontrer le Loir. J’ai besoin de ton aide pour l’affronter et gagner de la richesse que nous disposerons sur ta voie. Il s’agit d’un jeu. Je sais que tu en es capable. Je t’ai déjà vu le faire. »
ASSOUKA L’outrancier se trouva plongé dans une atmosphère particulière. La pièce où il se trouvait s’assombrit. Le Loir apparut sur un escalier. ASSOUKA L’outrancier le distinguait à peine et n’aurait su le décrire avec assurance. Il ne savait s’il était de la petite taille qui paraissait ou s’il se trouvait au loin dans un infini visible.
Le Loir portait une chemise blanche et un gilet noir. Une culotte pour l’équitation en cuir brun complétait son costume. Il les dévisagea et se leva.
Le jeu commença.
« Toumitou toutou toumitou. Mon corps est un sarcophage où est mon œsophage?
—Mimi titou mimi. Tu ne seras jamais page car tu regardes trop ton ermitage.
—Titou mimi toutou. Tu n’es pas mon otage sors de mon beau rivage. Tu gagnes cette manche et un sac d’or. On continue.
—Titi mimou titou. Tu vis sous les étoiles où sont tes poils?
—Mimou titi mimou. Je lève mes voiles pour tisser mes toiles.
—Titi mimou titou. Tu bois trop de gazole tu finiras la tête dans le voile. Tu gagnes la manche et un sac d’or. On continue.
ASSOUKA L’outrancier sourit en lui-même. Et hélas perdit sans le savoir sa concentration.
—Mimi toutou mimi. Tu ris le jour et pleures toujours.
—Toutou mimou titi. Toute la nuit je cours et, et…»
ASSOUKA L’outrancier figea. La réponse ne sortait plus dans la fluidité.
« Mimi toutou mimi. Tu pleures en ours et fuis de ma cour. Tu as perdu. Rends-moi un sac d’or. »
ASSOUKA L’outrancier n’acceptait pas. « Donne-moi encore une chance»
Martin, le dieu, intervint: « Calme-toi d’abord. Ton émotion n’est pas assez stable pour continuer.
—Je peux y arriver» renchérit ASSOUKA L’outrancier. « Je me sens capable»
Le Loir le considéra et lui accorda une autre chance.
« Titou mimou titou. Tu es fou et parles comme Safou.
—Titou mimou titou… »
ASSOUKA L’outrancier figea et s’énerva. Il s’écria: « Attends donne-moi ma chance»
« Titou mimou titou. Prends ton cou et mange ton foufou. Tu as perdu la manche. Rends-moi un sac d’or. Ici on ne réfléchit pas»
Martin considéra encore ASSOUKA L’outrancier. « J’espère que tu es fier de toi. On a tout perdu»
La peine saisit ASSOUKA L’outrancier. Il s’en voulait et cela n’aidait pas son état émotionnel. Il n’avait rien gagné. Inutile de continuer reconnaissait-il finalement.
« Prends une pause» fit Martin.
ASSOUKA L’outrancier s’endormit aussitôt. La fatigue des épreuves commençait à se faire sentir.
***
« Debout ASSOUKA !»
« Tu es en âge d’épouser une femme mais tu poursuis ton chemin seul jusqu’à présent. Tu es adulte sans être homme et homme sans être adulte. Tu n’as jamais été initié dans ta tradition au rôle d’homme dans ta société. Il te faut une femme pour poursuivre cette étape de ta vie mais j’en vois deux. A toi de faire ton choix à présent»
Le dilemme était entier. Deux formes d’amour. Deux saveurs. Comment se donner une chance de concilier. ASSOUKA L’outrancier sondait son Cœur en vain. Les avoir toutes les deux?
« N’y pense pas»
Inutile de cacher ses pensées. La lecture pure du Coeur était un attribut redoutable de Dieu et sans doute des dieux.
Dee lui semblait imprenable telle une falaise défiant une mer déchaînée. Anda était insensible et gardait ses distances. Chercher une autre?
« On n’a pas ce temps»
Impossible d’y voir clair.
« Je peux choisir pour toi. Ton amour pour Dee me semble bien trop passionnel. Je crains un sortilège créé par ton propre entêtement envers elle. Je pense qu’Anda fera l’affaire. Il faut lui donner le temps de te découvrir et t’apprécier à ta simple valeur. »
Ce serait donc Anda.
ASSOUKA L’outrancier restait songeur. Pourquoi pas? Il était prêt à un amour tranquille sans débordement de sentiment. Un équilibre et une belle affection. Elle avait beaucoup de qualités. Pourquoi pas?
« Je vais faire le nécessaire pour ouvrir la voie. Il faut que tu t’y engages symboliquement. En t’initiant. Cela peut être long si tu perds ton contrôle»
En effet, les étapes de l’initiation étaient éprouvantes. A chaque fois les sentiments d’ASSOUKA L’outrancier étaient sondés. Martin défendait l’union contre d’autres dieux qui voulaient aussi Anda pour certains de leurs élus. Le tout sans quitter l’univers symbolique. Rien ne garantissait une union effective de retour dans la dimension de vie d’ASSOUKA L’outrancier.
On dut reprendre plusieurs fois la procédure. ASSOUKA L’outrancier résistait mal au rythme des énoncés et les formules utilisées. Il perdait son sang-froid et la fatigue aidant son exaspération grandissait.
Les dieux opposés à l’union ne manquaient pas de lui porter des coups qu’il ne ressentait que légèrement dans son corps physique mais qui étaient de redoutables blessures ; ils se traduiraient en incidents et accidents une fois de retour dans son monde. Les dieux apparaissaient fugitivement comme des visions ou des ombres. ASSOUKA L’outrancier ne savait pas se battre il se contentait d’endurer les coups avec passivité.
Il obtint malgré tout l’accord final.
Il était lié à Anda.
Rien ne réagissait en lui.
« Anda et toi êtes liés. Je ne sais qui elle est. Je ne vois que sa forme spirituelle. Toi seul sais qui elle est dans le plan physique. Elle est à toi. »
Rien ne réagissait en lui.
Le silence du Cœur.
Non. Quelque chose n’allait pas.
ASSOUKA L’outrancier se dressa brusquement. C’est Dee qu’il aimait. Seulement Dee. Il ne pouvait vivre toute sa vie d’affection. Il avait besoin d’un amour profond. Non c’était Dee. C’était Dee pas Anda. Pas Anda. Non.
ASSOUKA L’outrancier frappa violemment un pan du mur du palais et le brisa. Sa douleur était insondable. Il venait de ressentir l’Amour et c’était Dee qui en était encore la source.
Les larmes et les tremblements saccadés disaient long de l’état fossile du sentiment qu’il venait d’exprimer. Les convulsions saisissaient la tête et les idées se bousculaient, s’entrechoquaient sans lui laisser de répit. Perdait-il la tête ? Il n’avait plus le contrôle encore une fois. L’ange lisait ce que son Cœur exprimait et lui entendait clairement ses pensées. Ce qu’il avouait et ce qu’il niait. Tant d’années de refoulement et de déni parce qu’il n’avait pas la force d’engager le combat pour conquérir l’élue de son Cœur, la femme de sa vie.
Il avait raté l’initiation.
Il s’endormit, roulé en boule, à même le sol de la pièce.
LE CRÉATEUR
Le petit nuage entourait les pieds joints d’ASSOUKA L’outrancier. Il était lumineux et des formes semblaient se mouvoir à l’intérieur. ASSOUKA L’outrancier ouvrit progressivement les yeux et força quelque peu pour distinguer ce nouveau prodige. Il ressentait une sorte de torpeur légère mais n’y prêta pas attention. Une lueur verdâtre rayonnait de la nuée. L’intérieur semblait décoré comme une tente de bédouin. Des couleurs chaleureuses jaunes et rouges agrémentaient les deux étages visibles. Des derviches tournaient dans l’une des pièces. Dans une autre une forme semblait assise sur une sorte de trône et affairée à écrire. ASSOUKA L’outrancier se mit sur son séant sans bouger ses pieds qui étaient comme liés.
« Je suis assez déçu de ta première expérience. Tu as raté ton initiation et n’as pas amassé de Richesse pour ton parcours»
« Tu côtoies des dieux mais ceux qui les invoquent en dehors de Moi sont dans un égarement certain. »
La forme portait une robe majestueuse aux innombrables doublures blanches.
« Ta quête d’Amour et de Richesse prend un bien mauvais départ. Ce que tu amasses en victoire ou défaite tu l’amasses devant toi. Tu n’arriveras pas à accomplir ta mission si tu ne réussis pas tes étapes spirituelles ici dans ces dimensions»
ASSOUKA L’outrancier se sentit contrit plus que déçu. Il fit un retour sur sa vie avant son engagement sur une voie spirituelle qu’il avait tant désirée par rejet de la souffrance générée par le monde matériel. Il avait voulu changer, tout perdre, laisser pour sauver sa vie selon le saint commandement. Il voulait vivre autrement et ce combat était une chance pour lui de s’accomplir et de transcender sa destinée.
Quarantaine
Toute ma vie,
J’ai subi, passif, le monde alentour
Cultivant peurs, brimades et aliénations
Conditionnement par la norme et la forme.
Une antique quarantaine découverte à l’âge Sauveur.
Vient le temps d’agir sur l’être
Se réapproprier l’espace sous occupation
Pour un Royaume d’essieux tractant le mûr de la récolte.
Vient naturellement le temps de s’affirmer
D’afficher la personnalité transfigurée
Qui laisse une empreinte sur son pas sage.
En Conscience, avec l’Ardeur et l’Énergie.
Une renaissance où la Peur du monde alentour
Ne peut résister à l’amour de sa propre éternité de Vie.
Ressusciter le destin un temps abandonné aux illusions.
Vérité et principe qui dirige:
Amour. Conscience. Énergie.
Il avait changé et fait du chemin en lui. Se détacher du conformisme et des illusions de ceux qui restaient dans la sécurité des voiles qu’ils accumulaient pour ne pas voir le vide de leur vie. ASSOUKA L’outrancier savait discerner ce que le Cœur choisissait comme bon et tempérer les appétits de l’intelligence, cet outil qui s’arrogeait la fonction de maître. Ses prises de conscience pleines de ce qui se voulait de la Sagesse l’avaient mené à redéfinir sa vie autour de valeurs dans lesquelles il se reconnaissait: authenticité et spiritualité.
La définition
Prendre la vie comme elle vient, tout simplement, tranquillement, sans se préoccuper de ce que l’on doit être.
Être le plus près possible de sa nature simple. Exploiter ses dons sans orgueil et se pardonner ses erreurs et ses faiblesses.
Vivre d’amour même si on ne le vit pas toujours au quotidien.
Vivre sans égo et aider le plus faible et le plus démuni.
Se laisser guider par la providence si ce n’est la main de Dieu.
Prendre plaisir à vivre et à la vie autour de soi.
Prendre la vie tranquillement, tout simplement.
Ça faisait longtemps qu’il naviguait dans ses pensées et s’était quelque peu relâché. Prenant conscience de la présence divine dans le nuage lumineux, il se prosterna à nouveau.
« Ce que tu fais dans ce combat ne m’affecte aucunement.
Tu le fais pour toi. Je me suffis à moi-même»
ASSOUKA L’outrancier soupira légèrement.
« Il faut maintenant accepter de rechercher l’argent comme un mécanicien son jeu de clés, un sculpteur son burin car c’est l’outil essentiel pour continuer à vivre sur Terre. Les biens de ton monde appellent à une richesse simple. Passer de l’âge de la matière à celui de l’esprit. Comme passer de l’âge de la pierre taillée à celui de la pierre polie… selon vos savants. Une évolution. L’écologie du corps et de la planète devient un outil de prédilection au même titre que l’Amour entre vous pour la recherche de l’accomplissement spirituel dans l’intervalle d’une vie»
Une autre pièce du nuage s’éclaira des serviteurs apportaient des plateaux débordant de mets à une table d’hôtes.
« L’uniforme que tu portes est une peau spirituelle. Celui des Croyants de ton époque. Ton rôle est de fonder un royaume pour ceux de ton peuple qui croiront au message que tu portes de Ma part. Tu extermineras tous ceux qui s’opposeront à vous et refuseront de suivre Ma Voie. Outranciers et transgresseurs. Tu fonderas The Black Kingdom, Le Royaume Noir »
The Pledge of The Black Kingdom
The (United) Black Kingdom
A kingdom for believers of this generation where they will live in Love and Wealth supported by their spirituality.
A kingdom founded on lands under the economic tyranny of a decadent order always hungry for resources that no longer meets the cosmic laws.
A kingdom where Peace and piece (of share) will reign in the respect and well-being of the person. They will not be sacrificed to the idolatry of time and its enslavement.
La Promesse du Royaume Noir
Le Royaume Noir
Un Royaume pour les Croyants de cette génération où ils pourront vivre d’Amour dans la Richesse soutenus par leur spiritualité.
Un Royaume fondé dans des terres économiques sous la tyrannie d’un ordre décadent toujours avide de ressources et qui ne respecte plus les lois cosmiques.
Un Royaume où la Paix et la paie règneront dans le respect et le bien-être de la personne. Elles ne seront pas sacrifiées à l’idolâtrie du temps ni à son asservissement.
« Tu fonderas The Black Kingdom mais n’y vivras pas. D’autres le bâtiront sur ton modèle et le rendront fort et glorieux.
Tu te retireras pour vivre la réalisation de ton propre rêve et jouir, un temps, de la félicité ici-bas et je te ramènerai à moi au terme que j’ai fixé.
The Black Kingdom, le Royaume Noir est ton combat. »
ASSOUKA L’outrancier se hasarda à quelques mots:
« Je ne sais pas me battre et je rate toutes mes initiations. Comment pourrais-je mener à bien une telle entreprise?
—Tu as les ressources en toi.
—Je suis prêt à être initié. Ici encore.
—Mes initiations sont longues et dures. Elles peuvent durer toutes une vie humaine. Je ne pense pas que tu puisses y arriver.
—Je veux bien essayer. Qu’ai-je à perdre?
—Rappelle-toi que tu le fais pour toi. Es-tu prêt à jeûner 40 jours et 40 nuits avant de commencer ? »
Pour montrer sa détermination, ASSOUKA L’outrancier se mit bien assis et en disposition intérieure d’intention de jeûner. Il se figea dans une position d’attente.
Après quelques instants, il ressentit de l’engourdissement dans sa fesse gauche. Il saisit un coussin à côté de lui et se mit à l’aise.
« Tu choisis le confort. Bien mauvais choix dans une telle initiation. Le confort vient presque toujours après l’effort. »
Depuis un moment déjà la torpeur venait à bout des moments d’éveil d’ASSOUKA L’outrancier. Il me put s’empêcher de s’endormir.
***
Les premiers coups le prirent au réveil. Des guerriers se battaient au sabre et à mains nues. Comme à l’accoutumée, il se contentait de recevoir les coups de façon stoïque.
Il se vit étrangement combattre dans un magnifique uniforme noir et portant une médaille d’honneur autour du cou. Les formes apparaissaient là encore comme des spectres ressemblant à des ombres fugitives. Il reconnut un membre de sa tarîqa aux prises avec des assaillants innombrable. Des dieux et des immortels opposés au projet de Royaume. Awissi maniait la lame sans hésitation et semblait trancher tout devant lui.
« Que se passe-t-il? » demanda-t-il éberlué.
« Debout espèce d’iguane et viens te battre ! Lui dit la vision de sa propre personne en uniforme noir.
—Je ne sais pas me battre.
—Espèce de batracien iconophage tu aurais pu y penser avant.»
ASSOUKA L’outrancier ne comprenait rien à ce qu’il vivait.
« Je suis ton double imbécile. Une espèce de dindon endimanché s’est enhardi à déclarer qu’il était le Mahdi et qu’il devait exterminer une partie de l’univers pour fonder The Black Kingdom»
« Mais c’est ma mission» s’écria ASSOUKA L’outrancier.
« Bien sûr et tu l’as rêvé haut et fort au point d’inquiéter ceux qui veulent à présent détruire The Pledge of the Black Kingdom. Rêver ici c’est comme parler. Viens te battre Walibi du sud.
—Je ne sais pas me battre.
—Fais un effort. Si je suis ton double, que je sais parfaitement me battre et dirige un corps d’élite en ce moment dans cette réalité, c’est que j’ai commencé un jour ou l’autre. Viens te battre pangolin insectivore.
—Je ne comprends pas»
ASSOUKA L’outrancier fut à nouveau pris de convulsion. L’émotion lui jouait encore des tours. « Je ne sais pas me battre» répétait-il à tue-tête. A chaque fois qu’il sombrait dans cette agitation mentale, ASSOUKA L’outrancier révélait tout ce qui était caché en lui. Le contenu de son Cœur et les secrets et enseignements qui lui avaient été confiés par ceux qu’il avait rencontrés sur son parcours. Un vrai danger pour les sociétés, sectes et cloîtres spirituels qui l’abordaient.
Il commença à perdre connaissance.
Son double accablé par une telle image de son émanation dut se résoudre à rejoindre son propre corps en confiant le commandement à un membre de l’équipe d’élite.
Il rentra dans le corps en déclarant désabusé: « Que Dieu nous ait en Sa Miséricorde»
ASSOUKA L’outrancier perdit connaissance.
***
« Tu t’es fait du tort à toi et à toute ton unité. »
Le fatras général accueillait l’ouverture des yeux d’ASSOUKA L’outrancier.
Awissi se tenait devant lui et ne le regardait pas.
« Awissi! » dit ASSOUKA L’outrancier confus.
« Ne m’appelle jamais sous ce nom dans cette réalité. Ici je m’appelle le Mollat» répondit le Mollat sans tourner son regard vers son interlocuteur.
Les voix en lui s’étaient également tues.
Un silence qui augurait du désastre qui s’était produit.
Un membre du corps d’élite se fit entendre: « Ma petite sœur a combattu avec une fourchette»
« J’ai perdu deux frères dans la bataille. C’était leur dimension. Ils sont réellement morts» renchérit le Mollat.
« Tu es quasi insensible aux coups que tu reçois car tu attends de les subir en incidents, accidents et maladies quand tu seras de retour dans notre dimension à nous. Tu es comme un immortel pour le moment» Il ajouta: « Moi je risque ma puissance spirituelle en combattant dans des dimensions où je ne suis pas familier. Tu n’es pas le Mahdi que j’attends. J’ai défendu les couleurs du mien que tu as offensé en proclamant ta légitimité. »
« Fais amende honorable pour ton comportement. »
ASSOUKA L’outrancier resta insensible à ces mots. Il savait, pensait-il, que cela ressemblait à des excuses d’un niveau plus solennel. Mais il se sentait incapable d’en faire. Il n’avait pas été éduqué à l’honneur ou à la noblesse et ne savait pas ce que c’était.
Aucun mot ne sortait de son esprit malgré ses essais. Chaque formule qu’il constituait semblait plus fausse que la précédente.
Se sentant encore pris à défaut son émotion lui joua à nouveau des tours. Les convulsions et les tremblements. Le déni ne tarda pas à repointer le bout de son nez: « Je ne suis pas le Mahdi. Je ne suis pas le Mahdi. Je ne suis pas le Mahdi»
Il s’effondra.
***
« Nous allons faire le nécessaire pour te lier à Anda au moins. Le temps que tu sortes du sortilège que tu t’es toimême créé par ta passion pour Dee.»
Il avait dormi profondément. La Voix le cueillit dès ses moments de conscience.
Anda, Dee, il n’y avait plus pensé. Le fait de ressortir à nouveau ce besoin de complétude le plongea dans une léthargie qui n’arrangeait pas le confort qu’il s’était octroyé en début d’initiation.
« Reste en éveil et attends-moi. Je vais t’apprendre à te servir de ton Sabre pour ce combat. Ne fais rien en mon absence. »
La léthargie se poursuivait. Les femmes. Le besoin. Anda. Dee. La léthargie et la torpeur formaient à présent un mélange homogène.
La première image fut discrète. Puis d’autres se superposèrent. Finalement c’était une vie qui se développa sous ses yeux clos. Il ne rêvait pas. Il semblait assister à la projection d’un film sur ses paupières.
Il se trouvait dans un club de ce monde. Il se mit à chercher Anda. « N’y touchez pas ! C’est ma femme. » « Respectez sa pudeur et la vôtre» pensa-t-il. « Je dois garder mon honneur intact» d’où lui venaient ses mots? Ce comportement? Que savait-il de l’honneur? Lui?
A la première fille portant un haut quelque peu court et dévoilant son nombril, il détourna le regard. Il voulait rester pur pour sa femme. A cette pensée les filles quasi dénudées se multiplièrent sous ses yeux. Il en vit clairement une et son œil s’y arrêta.Il contempla le corps offert. Le Cœur ressentit le déshonneur contre lequel il luttait depuis peu. Le Cœur ne ment pas. « Tu n’es rien dans cette dimension. Tu ne représentes rien à nos yeux» La voix fut claire en lui et les personnages disparurent un à un. La leçon était donnée.
Il insistait pourtant dans son déni. « Mon honneur est sauf » répéta-t-il avant de s’endormir à nouveau.
***
Le Mollat faisait silence. Les autres guerriers aussi. ASSOUKA L’outrancier reprenait connaissance. Devant lui un corps tout blanc se tenait. C’était un corps immense enveloppé d’un linceul blanc. ASSOUKA L’outrancier se questionna. Le Mollat répondit dans une pensée très discrète « C’est un dieu qui meurt. Ça lui prend deux cent mille ans de notre ère pour mourir et maintenant ce sont ces derniers moments. Les derniers instants de sa mort»
ASSOUKA L’outrancier resta insensible au moment et se mit à discourir avec lui-même. Il était en rage contre tout ce qui lui arrivait et se trouvait injustement traité. Dans son indignation il se mit à mentir sur les versions des faits se trouvant plus glorieux que ce qu’il avait produit en réalité.
Le Mollat lui parla doucement. « Nous allons nous retirer ». ASSOUKA L’outrancier n’avait pas vu que l’assistance de guerriers s’était étiolée pendant son monologue intérieur. Ici les pensées valaient pour des paroles. Sa tempête d’indignation avait créé un vacarme sans précédent dans la salle funéraire.
Le dieu fit un effort pour lui parler « Je ne t’en veux pas et je te remercie pour ta présence pendant ma mort.
Seulement je n’aimerais pas que ton agitation détruise mon visage pendant que je meurs. C’est tout ce que j’aurais pour me reconnaître dans une autre réalité si je suis à nouveau matérialisé. »
ASSOUKA L’outrancier prenait la mesure de son comportement. Il était allé trop loin une fois de plus. Le Mollat le laissa s’endormir comme à son habitude.
***
Il se réveilla dans un somptueux salon plongé dans une ambiance bleutée comme celle qui nous émerveille à l’aube.
« Sors de mon salon» fit la voix féminine.
ASSOUKA L’outrancier feint de ne rien entendre et continua dans sa torpeur. On ne sut dire son degré d’éveil. Il prélevait une quantité importante d’air dans son quasi sommeil.
« L’air est une denrée rare dans cette dimension. Ralentis ta respiration. Nous nous préparons pour une attaque et attendons le commandement de l’officier en charge»
Ces paroles furent ignorées aussi et il se mit à ronfler en maintenant son attention. Phénomène qu’il n’avait jamais produit auparavant. Il dormait les yeux ouverts. Il finit par les fermer.
***
Il se leva dans une ambiance de crépuscule sur son tapis.
« Va te battre avec eux. Le Prophète t’attend. »
Il s’endormit en oubliant même de prononcer une phrase de déni.
« Tu t’es fait un tort que tu ne peux imaginer. Ton corps d’élite t’en veut. Tu n’as acquis aucune Richesse. Tu as perdu Anda malgré mes mises en garde. Tu as reçu un nombre important de coups sans pour autant savoir manipuler ton Sabre. Je t’avais demandé de m’attendre pour qu’on entame ensemble la mise sur pieds de la phase spirituelle de la fondation du Royaume Noir et tu t’es enhardi à déclencher une bataille. Tu passes ton temps à dormir et à vivre cette torpeur qui est normale car tu es en manque d’Amour. Ici personne ne se fatigue. Tu es simplement tombé en manque d’Amour depuis la révélation de ton Cœur. Tu t’es fait un tort certain que tu ne peux imaginer. »
MAÎTRE RÉDA
Les Comanches étaient l’unité d’élite qui avait été affectée au projet du Royaume Noir. ASSOUKA L’outrancier les entendait en lui et se familiarisait à travailler avec eux. C’était des avatars des personnages de la lignée prophétique ou de la proximité d’ASSOUKA L’outrancier et des êtres invisibles. Ils savaient tout de lui et de sa vie.
Nyangara était la seule femme du groupe et aussi la seule à être de la nature des djinns. Elle était versatile et pouvait aider tout comme s’opposer à ses propres coéquipiers. Elle en voulait à ASSOUKA L’outrancier d’avoir prélevé autant d’air dans son salon et d’avoir manqué de faire rater une opération planifiée de longue date contre les nombreux opposants qui se levaient contre eux.
Le Prophète lui non plus n’avait pas reçu l’aide d’ASSOUKA L’outrancier lui non plus au moment où il en avait le plus besoin. Il guidait ASSOUKA L’outrancier sur la voie qui faisait de lui le signe des derniers jours pour ceux de sa période. Il donnait la légitimité à ASSOUKA L’outrancier de par la lignée prophétique, spirituelle et initiatique.
Le Messie agissait à titre d’avatar dans la quête d’ASSOUKA L’outrancier et complétait la voie prophétique dont ASSOUKA L’outrancier était la jonction.
Comanche d’Argelette était l’avatar d’un proche d’ASSOUKA L’outrancier qu’il respectait dans sa vie de mortel. Il savait se montrer décisif dans son approche du caractère d’ASSOUKA L’outrancier et la sensibilité aux évènements ayant marqué sa vie.
L’unité faisait une pause dans la dimension de L’archange Daniel. C’est comme ça qu’il voulait qu’on l’appelle. Nul ne lui connaissait ce grade. Il se disait ange exterminateur. Il insistait pour être appelé archange Daniel. La fonction qu’il occupait dans cette dimension était exceptionnelle et peu de Croyants avaient accès à lui ici.
Il accueillit les Comanches et ASSOUKA L’outrancier dans un piteux état de demi veille.
« J’ai vu l’exemplaire de The Pledge of the Black Kingdom que tu as reçu. Je vais tâcher de t’apprendre quelques techniques pour ton parcours et te préparer de mon mieux. Nous allons te laisser encore dormir et nous commencerons quand tu auras plus d’attention»
***
L’atmosphère bleutée dans laquelle ASSOUKA L’outrancier se réveilla lui convenait. Son attention était presque de retour et il ne forçait pas sur ses yeux.
L’ange lui annonça le dieu Adam. Il ressentait la même familiarité avec le dieu Adam qu’il avait ressenti avec l’archange Daniel qui l’avait accueilli peu de temps avant. Le polymorphisme avait ouvert la porte aux doutes sur les formes des dieux qu’il rencontrait. Il y avait une forme de communion d’essence qui subsistait cependant. Était-ce la proximité de l’argile ou celle du souffle qui l’animait. La famille de cœur était grande et savait prendre des natures variées. Il restait cependant prudent de peur de ne vexer l’un d’entre eux.
« Je suis un dieu. C’est mon titre mais ne m’invoque jamais en dehors de Dieu.»
« Tu rêves en ce moment. C’est pourquoi tu sembles avoir retrouvé toute ta forme. Notre unité utilise ce mode pour agir que ce soit pour guérir ou tuer. »
Adam prit ASSOUKA L’outrancier à part et l’emmena dans un coin de son officine.
« Tes fonctions t’amènent à représenter Dieu dans ta dimension, à être immortel ailleurs et à être dieu un jour»
ASSOUKA L’outrancier écoutait avec attention.
« Tu es un homme adulte et j’aimerais faire de toi un homme dieuetimmortel. A ce titre tuauras autorité surceux des autres dimensions et de certains mondes qui devront te servir pendant ton combat pour fonder The Black Kingdom.
—Je ne suis pas un dieu ni un immortel.
—Si tu es honnête tu sauras que tout ce qu’on t’annonce t’es inconnu pourtant tu y crois et l’accepte comme tel. Par foi. Tu faiblis et sombre dans le déni pour résister et mieux fuir la responsabilité qui t’incombe dans la réalité. Sois honnête.
—Je ne sais pas me battre et je suis sujet à une grande émotion nourrie par le stress et la peur, l’angoisse ou l’inquiétude.
—Ici nous ne connaissons pas les états que tu viens de mentionner. Ils sont totalement inconnus et ne sont là que pour manifester une obscurité factice dans laquelle vous vous complaisez à présent sur Terre.
—Oh!
—Ici nous appelons cela des états de tension. Vous réagissez de façon débalancée ou déséquilibrée aux sollicitations de votre environnement. Rien de plus qu’une anomalie dans l’alignement de vos êtres; âmes, esprits et corps. Vous êtes en désaccord entre ce que vous désirez et ce que vous méritez de recevoir. Vous vous gargarisez de ces termes pour fuir votre responsabilité de vous accomplir; vous faites un régime de pilules qui vous maintiennent esclave d’une illusion.
—Comment faire alors pour contenir ce débalancement le temps de s’accomplir?
—S’en tenir à ce qui est dit: Ces états sont des illusions. On ne combat pas l’obscurité, on suit la lumière. Contentez-vous de puiser aux sources de lumières, celles qui assurent de la substance à votre âme, apaise l’esprit et procure du plaisir simple à votre corps. Il faut s’en tenir à ce qui est dit par Dieu à travers ses vicaires envoyés»
Adam se tut. ASSOUKA L’outrancier bouillonnait et tentait de contenir son émotion en se répétant qu’elle n’était qu’illusion mais il n’avait aucun moyen de se connecter à sa source de lumière. Son monde de justifications habituelles avait volé en éclat mais son mal à vivre persistait et affleurait dans cette nouvelle perspective. Il perdit connaissance.
***
A son réveil plusieurs êtres se trouvaient réunis autour d’Adam.«Nous allons faire des manœuvres avec Maître Réda pour nous préparer au combat. Je vous invite à maintenir le point d’énergie que j’ai placé en contraignant une partie de votre corps. La douleur qu’il vous procure vous permettra de vous réveiller et vous évitera de mourir dans ce rêve»
L’environnement changea après ces mots. L’unité se trouva dans un campement en plein désert avec des tentes de bédouins qui passaient une nuit paisible et sous ciel sans nuages.
Rien ne se passait. Tout le monde restait dans une immobilité parfaite. ASSOUKA L’outrancier au bout d’un moment qu’on ne pouvait calculer ne tenait plus. Il s’en hardit à adresser la parole au bédouin à coté de lui. Il avait fréquenté des bédouins par le passé et avait appris à parler selon leurs codes et à respecter leurs coutumes. Le bédouin et lui devisaient sans retenue. ASSOUKA L’outrancier raconta tout ce qu’il lui était arrivé et ses espoirs pour la suite. Il sentait l’ivresse de pouvoir enfin partager avec quelqu’un qui lui ressemblait. A la fin de son discours, un profond silence se fit. Il sentit en son Cœur la présence de chaque membre de son unité. Une présence lourde de reproches. Il ne les avait pas ainsi ressentis auparavant. Il prit conscience qu’ils avaient tout entendu et qu’il venait de faire une énième erreur.
Adam s’adressa à lui lentement: « Nous vivons dans ces dimensions avec nos Cœurs connectés. Tout ce que tu fais, dis en pensant, rêves ou ressens, nous le savons. Tu viens de parler à nos ennemis et viens de leur livrer ton secret, ta mission. Ils vont pouvoir se préparer à nous attaquer le moment venu. Nous n’étions que dans une phase où nous nous jaugions comme deux pugilistes avant leur affrontement. As-appris quelque chose sur eux?»
ASSOUKA L’outrancier sentit le vide dans son souvenir. Il lui avait semblé avoir échangé avec son interlocuteur mais rien ne lui venait sur les propos de celui-ci.
Le camp de bédouins avait disparu lui aussi. Dans son Cœur il sentait un malaise grandir. Celui d’une équipe qui ne croyait plus vraiment en son leader. Il avait envie de se rattraper, de faire mieux.
Le décor changea à ce moment-là. Il se trouva devant un corps allongé devant lui.
« Nous allons polariser le Cœur de ce soldat plongé dans l’inconscience pour le réanimer. Suis mes indications. » Adam était plus ferme dans ses mots. Des vies étaient en jeu. Chaque membre de l’unité avait son soldat à sauver. ASSOUKA L’outrancier se conditionna pour réussir son exercice. « Attention conditionnement à la bravoure. Méfie-toi! » Lui glissa Nyangara.
« Prenez le palmipède droit et mettez-le sur l’occiput du Cœur» ordonna Adam qui poursuivit: « Prenez le palmipède gauche et frottez le ventricule de son assiette. »
ASSOUKA L’outrancier se figea. Que voulait-il dire par là?
Adam continuait dans son langage sans qu’ASSOUKA L’outrancier ne puisse comprendre. La tension apparut en lui et sa tête se mit de nouveau à se mouvoir frénétiquement.
Adam le reprit « Calme-toi et tiens-toi à ce qui a été dit. Ce langage tel qu’il est prononcé, empêche l’ennemi de savoir ce que nous faisons. Il est utile lorsqu’ils ont eu accès à nos Cœurs. Je te demandais de poser ta main droite sur le bas du Cœur du soldat et ta main gauche sur la partie supérieure. Dit comme cela n’importe qui peut nous suivre. »
« Ce langage est intuitif ; on se laisse guider par l’Esprit et sa foi. Je t’avais prévenu que le conditionnement était une erreur. » Renchérit Nyangara.
« Ça suffit; nous arrêtons ici. Attendons de quitter le rêve»
***
La douleur sur ses deux pieds croisés le tira de son sommeil avec une rare efficacité. Les autres l’attendaient.
« Tu as été lamentable pendant l’exercice. Tu aurais pu tuer tout un régiment de combattants qui avaient été endormis pour cet entraînement. Heureusement d’autres se sont occupés à faire le travail. »
ASSOUKA L’outrancier soupira de désespoir.
« Il croyait que c’était lui maître Réda» déclara une voix.
ASSOUKA L’outrancier ne cacha pas sa surprise.
L’ange annonça La Luciole qui disait tout haut ce qui se disait tout bas: en son for intérieur, dans le non verbal voire dans le non pensé encore.
«Si c’est ce que tucachais. Tu me déçois. Je t’avais demandé d’être honnête avec nous pour garder la connexion» Le sentiment de désapprobation réapparut en lui.
Il ne put s’empêcher de soupirer à nouveau mais retint sa respiration pour ne pas attirer l’attention de La Luciole.
« Il dit qu’il est désolé mais il fume sa tristesse. Je n’aime pas ceux qui fument leurs émotions. Il croit me feinter. Moi? On s’en fout que tu sois désolé ! » La Luciole était sans pitié et ne cachait pas son agacement.
« Sois honnête» lui rappela Adam.
« Ici nous combattons sur la Voie de Dieu sans savoir si un jour nous avons été sans le savoir maître Réda. Pour un guerrier c’est un honneur de porter ce titre pour une mission. Tous ici font des efforts pour atteindre ce grade. Toi tu portes déjà le sceau du Mahdi et tu combats sur sa voie dans ta dimension. Ici tu es un guerrier comme nous et tu te formes. À toi de revêtir des habits qui te reviennent de droit et que tu incarnes le mieux.»
Le témoin silencieux
Je plante mes racines dans la réalité
Mon tronc solide recueille les présents du Temps
Un temps qui se voile laissant sortir mon regard soumis
Je laisse au vent d’esprits ma chevelure sensible,
Sans cime, sans scie, sans cible
Un feuillage qui revêt le rythme des saisons
Dans le secret partagé des alvéoles de mon Cœur
La sève me monte comme des larmes
Chaude, apaisante et nourrissante
L’Amour y a germé un jour
Donnant au fruit le défi de l’accomplir
Je suis le témoin silencieux
Celui qui traverse les âges de l’existence
Je porte la Création en moi
Un Univers qui s’invite à chaque pensée
Une identité inconnue
Une destinée en part tenue
Un jugement en continu
Je suis le témoin silencieux
Je suis l’arbre de Vie
Je suis Un pourtant
Je suis un portant
Je suis important
Je suis
Je suis
Je suis
***
L’archange Daniel, tel qu’il se faisait appeler, réveilla ASSOUKA L’outrancier.
Adam était parti et l’environnement aussi avait changé. Seuls les Comanches restaient avec lui.
L’assemblée devant lui était immense. Des dieux venus de tout l’univers le jaugeaient et le jugeaient. Combien étaient-ils ? Trois cent treize ? Quatre-vingt mille ? Cent vingt-quatre mille ? « Cet homme est incapable de mener cette mission à terme» disaient les uns. « Il aura besoin de notre soutien » rétorquaient les autres. « Qu’il se défende » Là-dessus tous étaient unanimes. Archange intervint et prit la parole connaissant les talents d’ASSOUKA L’outrancier pour les initiatives spontanées. Son discours était clair et son exposé très inspiré. C’était un grand orateur. ASSOUKA L’outrancier comprenait mieux la logique d’un tel Royaume dans l’histoire de la Terre. Sa génération serait jugée comme d’autres auparavant. Son ère avait atteint son terme. La spiritualité rejoignait la Richesse et l’Amour dans un nouveau creuset de création qui donnait une autre dynamique. Ce que son peuple devait vivre en esprit et en Vérité se traduisait par la soumission totale au Dieu Créateur et un culte ramené à la simple expression des manifestations de l’Âme: la couleur d’un uniforme spirituel noir où une religion noble dans un culte tolérant et des connaissances ancestrales s’unissaient pour poursuivre l’œuvre de révélation vivante au Monde jusqu’à l’Heure ultime.
La richesse ne semblait pas encore acquise dans ce voyage et en ce qui concernait l’Amour Anda était perdue et Dee n’était pas encore gagnée. Plusieurs dieux refusaient ces unions. Il semblait anormal que des dieux s’opposèrent aux desseins de Dieu mais telle était la réalité. Si cette assemblée se tenait c’était pour laisser la liberté à chacun des dieux de prendre parti ou pas pour les missions révélées aux élus suscités de façon impartiale pour le « bien» ou le « mal». C’était deux réalités qui cohabitaient tout en étant opposées dans l’esprit des non-initiés. Elles appartenaient à la même émanation à la même Création. Seule la conscience donnait vie à la dualité. L’unité se faisait dans la force vitale que chacun utilisait pour ses actions selon les lois cosmiques et en connaissance de cause. Le bien ou le mal étaient totalement subjectifs mais la loi de cause à effet impartiale.
Le Royaume était quasiment acquis mais la validation de Dee comme partenaire de conquête déchaînait les passions. Elle était aussi déesse et immortelle dans une autre dimension et le brio dont ASSOUKA L’outrancier avait fait preuve ne rassurait personne. On lui connaissait sa faculté de ne garder aucun secret, de ne pas savoir se battre, de s’adapter ou de concilier la plupart des situations pour éviter les conflits. Par pacifisme ? Par faiblesse ? Il devait la mériter dans la réalité spirituelle et sans doute la séduire à son retour sur Terre. On lui annonça l’engagement d’un rival qui avait aussi mérité de faire sa vie avec Dee. Celui-ci voulait aussi défendre ses chances et avait avec lui plusieurs dieux pour le soutenir. Cela compliquerait peut-être les choses à son retour. Il fallait attendre de voir la portée réelle de cette concurrence. Sans doute un mariage de Dee avec cet élu qui retarderait l’avènement de son propre amour pour elle. Ce n’était pas le moment d’y penser. Lui-même aussi aurait à s’unir à une autre qui l’accompagnerait affectivement et physiquement jusqu’au point de décision où le destin se prononcerait pour cette union si importante avec Dee.
L’assemblée disparu, laissant ASSOUKA L’outrancier et l’archange Daniel seuls dans le bleu de l’espace qu’ils partageaient dans cette dimension.
« Tu n’as rien à me dire ? » demanda l’archange Daniel.
ASSOUKA L’outrancier sentait l’émotion du mot qu’il voulait exprimer mais rien ne sortait. Il avait beau forcer, sa bouche s’ouvrait, sa pensée se contractait mais rien ne sortait. L’expression était vide.
« J’aurais aimé que tu me dises merci pour tous ces combats que j’ai menés pour toi depuis le début. J’ai défendu cette quête d’Amour plus que tu ne peux l’imaginer mais tu n’arrives pas à me remercier»
ASSOUKA L’outrancier soupira. Rien n’expliquait ce qui avait bloqué l’expression de sa reconnaissance. Rien n’y faisait malgré ses efforts aucune gratitude ne se manifestait. L’archange Daniel continuait la suite du récit de l’édification de The Black Kingdom, Le Royaume Noir et la portée spirituelle dans sa vie. Il ponctuait son énoncé par des « es-tu content? » qui rebondissaient sur un vide d’expression.
« Pourtant on est ami. Et tu ne me témoignes pas ta gratitude» continua-t-il. Il déploya ses ailes et se tint sur un pan de la voûte de l’espace qui les entourait. Il poursuivit le récit de l’avenir de The Black Kingdom, Le Royaume Noir et de sa vie.
Son discours perdait déjà de sa clarté. A trop attendre avant de finir son récit il risquait de devenir décadent ou de sombrer dans un état où sa gloire ne se manifesterait plus. Il aurait peut-être prélevé de l’essence, de la force vitale de son interlocuteur pour se maintenir dans un changement de dimension qui se ferait malgré lui. La quête devait aller de l’avant.
Le mot ne sortait toujours pas. L’archange Daniel resta un moment entre le désespoir et la mansuétude. Puis, il se résolut à s’envoler pour quitter cet espace d’intemporalité.
« Merci » dit enfin ASSOUKA L’outrancier.
« Merci infiniment. » Les mots venaient au compte-gouttes.
« Merci du fond du cœur.» Il chuchotait ses mots avec force. Un cri silencieux.
Remerciait-il vraiment par cette courte litanie ? Ou comblait-il la frustration de n’avoir pas pu se montrer reconnaissant de ce qu’il ne comprenait toujours pas ? L’action d’un mystérieux archange, ami et défenseur de la mission.
« Il faut qu’on se sépare ; on devient trop proche. » L’ange lui répondit depuis sa connexion par le cœur.
« Prépare-toi pour la prochaine étape» rajouta-t-il.
« Prends du repos et dors pendant que je m’éloigne quelque peu»
ASSOUKA L’outrancier s’endormit les yeux rivés sur la voûte mais le regard fixé sur son cœur qu’il sondait pour chercher la présence de L’Archange Daniel.
LA FIN D’UN MONDE
Mystère
Voici l’homme qui murmurait aux oreilles du vent
Voici l’homme qui lui chuchota de caresser tes lèvres
De t’apporter le parfum de l’espoir
Et le souvenir de vos étreintes aux soirs de duvet
Voici le griffon, aigle, qui planait sous le soleil insolent
Voici le griffon, lion, qui se pose à l’abri de toute ombre
Son règne éclaire la vision de la Voie
Et la patience des combats d’une armée libre d’aimer
Voici le Dieu unique qui trône, sur l’infini des moments
Voici le Dieu qui offre sa miséricorde aux vies pauvres
Dans le parcours d’une existence sans effroi
Et le simple défi des destinées maintes fois ajournées
Le temps souffle sur les voiles de nos vies naviguant sur le cours de l’existence.
Le sage, sur le radeau soumis aux vagues, observe les canots d’insensés ramant contre le courant.
Voici, voici, voici.
L’archange Daniel, c’est comme cela qu’il voulait être appelé, se manifesta en premier. Il avait maintenu sa connexion au Cœur. « Bientôt je vais devenir un ange exterminateur et éliminer spirituellement, avec d’autres, tous ceux de ton époque qui ont été jugés par le modèle de ta mission et à l’aune de ta vie. Tu es un prototype. L’Heure sonnera pour eux selon un décret qui ne nous appartient pas. Tu vas vivre ici et maintenant le tableau du jugement et de la fin spirituelle de ceux que tu as connus»
ASSOUKA L’outrancier se sentait un peu rasséréné par le fait d’assumer sa destinée et se soumettre à la responsabilité qu’impliquait sa mission.
« Un premier vent glacial va parcourir ta dimension et éliminer les mécréants aux vues des règles de ton époque. Dieu est constant dans sa Loi mais Sa Miséricorde accompagne l’histoire de l’humanité et de la Création. Outranciers et transgresseurs insoumis ne survivront pas à ce vent. Un deuxième accablera encore plus ceux qui n’auront pas exprimé de repentir. Enfin un dernier vent de clémence relèvera ceux qui auront été graciés. »
ASSOUKA L’outrancier pouvait voir les épargnés de sa génération rassemblée dans une grande bâtisse et recevant leur jugement. Il reconnaissait la plupart mais beaucoup d’autres lui étaient inconnus. Il vit Awissi et l’un des maîtres de sa tarîqa, le shaykh Amaru qui s’appelait le moulin noir dans la réalité spirituelle. Il avait beaucoup œuvré pour la construction du Royaume selon les Anges qui annonçaient les sentences. Certains étaient d’abord rejetés malgré toute leur apparente vie pieuse jusqu’à ce qu’une clémence leur soit adressée selon la vie menée par ASSOUKA L’outrancier, lui-même ayant bénéficié de cette Grâce divine au nom de la mission. Il aperçut enfin Dee. Son Cœur se réchauffa. L’avait-il sauvée par son amour dans sa dimension ou s’était-elle sauvée elle-même par sa propre nature spirituelle ailleurs dans une autre dimension. ASSOUKA L’outrancier regardait admiratif ceux qu’il avait sauvés par son travail. L’édification de The Black Kingdom, le Royaume Noir, se déployait sous ses yeux. Les premières communautés qui s’implantaient, leur riche spiritualité, leur engagement, la danse et l’expression du corps, les actions malfaisantes des opposants, la diffusion du Message, son foyer où brulait la ferveur de l’Amour et de la Richesse sous une enveloppe spirituelle. Il aperçu le défi de reconstruction face au leg empoisonné des anciens dominants. La vision de la promesse prenait son sens.
Il apercevait à présent ceux qui y avaient cru et vécu selon les termes de la promesse faite par le Créateur. En son sein ils recevaient à présent leur récompense. Les membres de la communauté louaient et rendaient grâce.
ASSOUKA L’outrancier se sentit encore mieux car il venait de voir l’aboutissement du travail qu’il devait initier à son retour sur Terre.
« Rien n’est figé. Ce que tu observes est ce qui t’est révélé selon ce qui a été prévu dans le Livre. Il t’appartient d’accomplir cette vision sans n’en perdre aucun. »
A un niveau impalpable et insondable, la présence de Dieu rejoignait, Mawu, Olodumare, Nzambe, Eyo et d’autres dieux de l’animisme et des traditions. Polymorphisme de Dieu ou dieux identifiés ? Mystère.
ASSOUKA L’outrancier ressentit un affect positif proche de l’amitié profonde. Comme si une émanation familière venait de se manifester en lui.
« Selon un mythe qui s’est perdu dans le temps, votre monde fut créé par deux enfants jouant avec une calebasse d’eau et à qui il avait été interdit de parler. Au cours de leurs ébats, ils oublièrent la consigne et prononcèrent le premier son, un rire. Les eaux dans la calebasse se mirent en mouvement pour créer votre planète. La suite n’a pas d’importance. Chaque peuple a son mythe. Une explication qu’il faut respecter dans une grande tolérance et ne pas fondre dans un semblant de laïcité ou un sois disant œcuménisme tout aussi faux. Chacun est libre de vivre selon sa conception de la vie tant qu’il reste soumis à Dieu et à ses lois. Le monde est fait de diversité spirituelle. Certains masques et pièces rituelles transmises au cours du temps reprennent symboliquement les moments forts de ces genèses mais le sens se perd dans l’acculturation, le modernisme et la perte d’une longue tradition d’initiation et de transmission de la connaissance ancestrale. »
ASSOUKA L’outrancier venait de rencontrer son dieu personnel. Celui chargé de le guider dans sa mission en marge des dieux animistes et traditionnels qu’il côtoierait dans le sein de la présence enveloppante de l’Un en dehors de qui aucun d’eux ne pouvait être invoqué.
« En marge des mythes fondateurs, la composition des masques et les danses rituelles étaient révélées, sans support, aux grands initiés et maîtres de l’art, à l’image de ceux dont la tradition passait par les Livres. En rêve ou en vision, dans le mystique et la tradition. L’animisme s’écrivait peu, il se transmettait pourtant de génération en génération essentiellement par voie orale. Au risque d’être dénaturé par les faux initiés suivant des objectifs vils et inspirés par des créatures rebelles et leur rusé maître à la tête.
—Je vois.
Le père des Croyants, Le prophète Ibrahim, l’Ami intime de Dieu, sur lui la Paix et le salut, a vécu une époque où le sens et l’essence des traditions priant des dieux avaient pris leur distance avec Dieu et Sa Tradition. Les idoles étaient fabriquées représentant de fausses conceptions de dieux pour leur rendre des cultes sans connaissance ni science en dehors même de l’obéissance au Dieu unique: le Créateur»
« Très peu de personnes savent encore dialoguer avec les esprits et l’au-delà, le séjour des ancêtres et des dieux. Un mode de communication qui convenait à une certaine époque et qui convient à certaines cultures. L’accent est mis sur l’accumulation des biens terrestres et le rayonnement social qui s’y attache. Ce qui donne de la valeur à la vie des humains a été troqué à cette conception du but de la Création qui est de donner un cadre pour prouver sa piété et s’élever spirituellement à travers les épreuves. Cette vie n’est qu’un passage vers une réalité plus importante et beaucoup de peuples autrefois liés à l’Âmes du monde l’oublient»
« Ils confondent la conversion à la voie monothéiste légitime avec l’acculturation et la perte de leurs racines traditionnelles et des connaissances qui y sont liées. La soumission au Dieu unique Créateur, n’empêche pas le recours à ses administrateurs auprès de qui les demandes d’intercession et d’action sont adressées. Un polythéisme d’intermédiaires ressemblant à une assemblée de saints. Les dieux étant libres de soumettre ou non, le choix du bon interlocuteur dans le panthéon est crucial. L’expérience et la connaissance des ancêtres et les recadrages des prophètes et messagers permettent de maintenir la lignée de Croyants dans le sillage voulu pour la Création soumise»
« D’autres tenants du polythéisme s’entêtent dans le maintien de cultes dont la symbolique au sein de la soumission au Dieu unique, Le Créateur, a perdu sa valeur, a dévié ou est née d’une innovation. En spiritualité il n’y a pas d’innovation mais une révélation vivante qui utilise des mots contemporains pour s’exprimer. Ces autres cultes mènent tout droit à l’idolâtrie ou à l’associanisme avec des génies qui échangent leurs actions dans la dimension terrestre contre un peu de force vitale pour leur propre existence. »
« Il est important de garder une trace de ce passage de l’ère où l’humanité dialoguait avec les dieux. Ce sont des strates importantes dans la carotte des modes de révélation successifs ayant guidé l’humanité et qui permettent de mieux comprendre les mondes suivants. A présent même le sens des Livres qui ont été révélés jusqu’au Grand Rappel commence à s’étioler. Même si les récits ont gardé une trame quasi solide, les réécritures et falsification demandent le guidage de l’Esprit pour s’y retrouver. C’est une faute grave de travestir la Révélation ; un crime contre la Création toute entière. Le Grand Rappel se doit d’être pratique dans sa forme révélée ou exotérique et ses formes cachées ou ésotériques pour que l’humanité garde l’ensemble du bienfait de Ce Rappel. La Conscience la Parole, les Livres et la Force vitale (ou Énergie) ne sont que les véhicules d’un Pouvoir et d’un dessein endogènes venant du Créateur. »
« Lorsque tu seras de retour dans ton monde. A toi de t’en remettre à un guide ou maître physique pour ta progression dans ta lignée et afin de perpétuer l’héritage des Élus tel qu’ils l’ont eux-mêmes reçu notamment dans l’application du culte à Dieu et la recherche de l’élévation spirituelle. La Mystique monothéiste et la voie des connaissances traditionnelles animistes te sont d’ores et déjà réservées. »
« Bientôt viendra l’avènement d’une Saison et d’une civilisation de l’Énergie. L’essence et la science de sa manipulation se perdront si le Peuple choisi pour porter cette réalité ne sait pas ce qui a précédé ni son rôle et ses responsabilités par rapport aux autres. Car Dieu est constant dans sa Révélation et ce qu’Il veut de l’humanité quelque soit le véhicule spirituel élu. Seuls les innovateurs, insoumis créent des cultes de perdition lorsqu’ils ne se réfèrent pas à la grande Tradition de Message avant de se lancer dans le commerce des êtres au nom de Dieu»
« Il y a eu les gens de la Conscience, les gens de la Parole, les gens du Livre, observe et médite aussi sur les gens de l’Énergie. Actuellement tout est mis pour Énergie et le sens et l’essence du mot divin se perdent à mesure que l’emploi se répand. Une triste perspective pour ceux dont c’est la dernière chance de se reconnecter à Dieu dont ils n’osent plus reconnaître le concours à leur vie tant par la parole, les livres ou la conscience. Certaines pratiques religieuses, l’intolérance, les comportements hypocrites et bigot affectés ont découragé plus d’un. Ils se sont retournés vers le Matérialisme, la Science, le Temps, l’Innovation spirituelle et ont créé encore plus de faux dieux pour leur venir en aide face au vide intérieur crée par la pensée de leur égo condamné à mort.
—Au commencement était le Verbe, selon certaines écritures. » osa ASSOUKA L’outrancier peu sûr de comprendre la nuance évoquée. Il y eu un bref silence et son interlocuteur reprit:
« L’orthodoxie animiste nous maintient dans la force vitale, l’Énergie de vie qui anime la Création et vient de Dieu, le reste n’est que artifice, mécréance et innovation dangereuse»
« Reste vigilant si tu veux agréer la présence divine en toi. »
AL QUASAR, LA PLANÈTE DE FEU
« Je suis ton ami pour cette étape de ton voyage initiatique. Sois honnête en tout. Je me fais ton ami»
ASSOUKA L’outrancier ressentit cette amitié en lui mais également une grande désinvolture grandissait en lui. Être dans la proximité d’un polymorphisme divin n’était pas habituel pour lui. Un laisser-aller né de sa condition peu noble qui ignorait tout des codes royaux mais aussi une épreuve à la hauteur l’honneur qu’il lui était fait de rentrer dans cette intimité. L’orgueil, fidèle faucheuse d’élus, ne devait pas être trop loin.
« Je me fais ton ami»
ASSOUKA L’outrancier sentit de la peine s’installer dans le commun de Cœur qui le liait à son dieu. Une relation où le dieu se faisait d’emblée ami présentait une forme de risque: l’outrance d’un irrespect naturel par ignorance ou inconscience de l’immense privilège qu’il lui était fait.
« C’est pour t’aider et pour ton bien»
« Je suis le Grand Ami»
Le tout Ami
A lui que je respecte au mieux
A Lui en qui j’ai confiance
C’est Lui que je suis par ses Prophètes
Dans les états de mon Cœur
Et l’énergie de Sa Présence
C’est Lui que je suis par Sa Tradition et Sa Umma
Dans l’honnêteté de mon être
Et l’inconnu de Sa Nature
Le Grand Ami avait su s’imprégner des réalités de la vie d’ASSOUKA L’outrancier pour s’incarner. Il puisait son Essence du pays d’enfance de son moniteur, ASSOUKA L’outrancier. Celui-ci rassemblait la réalité finale d’un monde en son rôle de Mahdi et celle d’un autre qui commençait en tant que moniteur d’un dieu qui se faisait encore plus proche. L’ami de ceux qui se reconnaissaient dans The Black Kingdom. Des Simples.
« Je me dois de finir ton initiation que tu étires dans le temps par les échecs répétés et recueillir ton allégeance. »
ASSOUKA L’outrancier se sentait prêt sans s’être conditionné.
« Je vais t’apprendre une tradition qui s’est presque perdue depuis sur Terre sur toutes les lignées spirituelles. Il s’agit de faire usage de ton souffle pour créer. Dans l’idéal tu devrais pouvoir faire revenir ce don sur Terre et donner la tâche à tes proches frères de Coeur la tâche de le transmettre. Rappelle-toi. Tu n’accomplis rien sans Mon accord et n’invoque aucun dieu en dehors de Dieu.»
Le Grand Ami expliqua le principe, le rôle des zones des narines et de l’intention pure. ASSOUKA L’outrancier n’y arrivait pas. L’exercice était d’une grande difficulté. Le Grand Ami se montrait patient.
Pour encore plus montrer sa soumission, ASSOUKA L’outrancier avait choisi de baisser la tête. La tension qui s’était créée dans le cou devint insupportable. Plus l’épreuve avançait plus ASSOUKA L’outrancier avait l’impression de se faire maltraiter, abusé, brimé. Cela augmentait sa frustration et l’empêchait de canaliser le souffle utile pour générer le miracle.
ASSOUKA L’outrancier n’y tint plus; il prit la décision d’arrêter. Dans un dernier effort il souffla et matérialisa une forme étrange. Le Grand Ami fut déçu: « Ton intention était d’arrêter. Cela annule ton action. Tu ne peux tirer bénéfice de cette expérience. La Terre n’aura pas ce don jusqu’à ce qu’un autre soit suscité avec. Je reste ton Ami»
Un peu décontenancé, ASSOUKA L’outrancier se retint de sombrer dans son état de tension émotionnel expliqué par Adam. La fatigue était plus que jamais présente depuis qu’il avait quitté la dimension où il avait rêvé.
Le Grand Ami reprit: « Que ferais-tu dans ta vie, pour Me témoigner ton amitié en retour de celle que Je t’offre. Que cet acte symbolique soit reconnu des autres comme signe de notre alliance et repris après toi. »
L’honneur, l’allégeance, la noblesse de Cœur étaient des notions abstraites et peu familières à ASSOUKA L’outrancier. Il se reconnaissait du Peuple dans sa simplicité. Ces notions à lui était la solidarité, la tolérance, l’humilité etc. Depuis le début de cette étape initiatique de sa vie. Il avait appris à rechercher la richesse, à côtoyer des dieux, à montrer sa soumission et à endosser le défi d’apprendre à se battre avec son Sabre.
ASSOUKA L’outrancier proposa plusieurs sacrifices et témoignages de son amitié au Grand Ami mais aucun n’était satisfaisant. Certains avaient été déjà utilisés sur Terre et d’autres manquaient d’honnêteté dans leur usage. Il fallait que cela vienne du Cœur et soit toujours reconnus comme tel.
« Sais-tu que dans mon état de présence actuel je peux aussi ressentir la fatigue et ça fait un bon moment que j’attends que tu trouves ton acte de soumission.»
ASSOUKA L’outrancier regarda autour de lui et proposa au Grand Ami de s’asseoir.
« Et si cela était suffisant pour toi ? Garde-moi toujours un siège vide pour les moments où je viens te visiter dans une présence et une forme qui a besoin de repos. Tel un voyageur inattendu que tu serais prêt à accueillir à tout moment. Que tes associés sachent que je viens à tout moment te voir. »
ASSOUKA L’outrancier acquiesça.
« J’aurais aimé que cela vienne de toi. » dit le Grand Ami encore plus déçu. « Je reste ton Ami»
ASSOUKA L’outrancier avait craint la désinvolture face à son dieu qui se faisait proche mais il ne s’attendait pas à le décevoir autant par son manque de proximité et d’amitié. Il ne pouvait forcer ce qu’il éprouvait. Il avait appris depuis peu à être honnête. Il était lui aussi peiné de n’éprouver aucune amitié pour le Grand Ami mais restait dans le vieux schéma d’une soumission craintive et de la prosternation du même ordre. Le Grand Ami se devait d’être respecté comme un dieu et de mériter les deux aspects du témoignage de l’allégeance: amitié et soumission honnêtes. Il souhaitait cependant plus être considéré comme un Ami qu’on sert par amitié et pour qui on se battrait pour la même raison.
ASSOUKA L’outrancier perdit connaissance.
Quand il revint à lui le Shaykh était là. Il avait été invité par le Grand Ami pour assister au préparatif de son départ.
Le Grand Ami tenait à lui présenter ASSOUKA L’outrancier qu’il ne rencontrerait pas sur Terre. Ils avaient déjà lutté ensemble dans un combat spirituel où ASSOUKA L’outrancier sollicita son soutien par la formule consacrée de « Madad». Le Shaykh l’avait alors enveloppé de sa présence. Le Mollat ne se tenait pas loin. Le Shaykh était son Sultan sur Terre. Et Tandis que le Shaykh observait et considérait celui qu’il avait protégé dans une autre réalité, le Mollat finissait de préparer le texte The Pledge of The Black Kingdom pour le grand oral qu’il fallait passer pour asseoir l’idée de son édification dans l’esprit des appelés.
Un autre élève chargeait le véhicule spirituel par lequel le voyage devait se faire. Nul ne bronchait et tout le monde se concentrait sur sa tâche.
ASSOUKA L’outrancier se mit à avoir étrangement faim. Misère dans une telle aventure sans repères temporelles ni références à des routines de vie.
Non content de ne pas aider, il se mit à se plaindre. Comment traverser tous ces mondes, vivre toutes ces expériences d’initiation sans prendre le temps de manger?
L’étonnement était général et l’indignation aussi.
ASSOUKA L’outrancier poursuivit cependant. Il orienta la plainte sur la fatigue.
Il pleurait même à présent.
Il ferma les yeux progressivement et s’endormit debout.
***
Le choc du pied sur le sol le réveilla. Dans un mouvement de réflexe son membre porteur l’avait prémuni de la chute en trébuchant et le réveillant brutalement.
Le Shaykh, hôte du Grand Ami, était médusé et scandalisé.
Les préparatifs furent accélérés.
Le Shaykh voulait partir au plus vite pour éviter de vivre cette honte et pour l’honneur du Grand Ami.
ASSOUKA L’outrancier ferma les yeux.
***
Quand il les ouvrit il lui semblait avoir dormi une éternité. Son sommeil avait été profond.
Une forme s’était matérialisée à ses pieds. Le Grand Ami était allongé et dormait.
Il sentit la présence de Dee et de Luanda en lui.
Luanda et lui se connaissaient depuis peu. Ils avaient en commun la pratique d’une partie du Sabre de ASSOUKA L’outrancier.
Les deux hommes se respectaient et partageaient aussi une amitié autour des mêmes passions et divertissements. ASSOUKA L’outrancier était loin de s’imaginer qu’ils aimaient la même femme. Luanda le reconnaissait sans honte; Il recherchait plus le côté à plat tonique que le platonique. Un pragmatisme qu’il n’hésitait pas à afficher. Inutile de lui parler d’âme sœur et de destin. Il avait appris très tôt à lutter pour ce qu’il désirait et, hormis la situation présente où le monde spirituel le rattrapait, il n’attendait pas l’intervention de Dieu ou des dieux dans sa vie. Une impression de force et de virilité se dégageait de son être et cela rassurait plus d’une femme qui ne tardait pas à se laisser séduire. ASSOUKA L’outrancier inspirait la confiance par son calme, sa détermination et sa force d’action mais sa douceur et sa sensualité détonnaient avec l’image du dirigeant qui allait engager des êtres dans un combat de longue haleine et aussi celle du chef de communauté qui assume pleinement son rôle.
« Nous allons pour l’espace. Nous allons créer Al Quasar la planète de feu. »
Le Grand Ami s’était réveillé.
« Veux-tu venir avec nous ?
—Bien sûr. Ce serait un honneur!»
A ces mots, le Cœur de ASSOUKA L’outrancier se troubla. Il ressentit la déception et la colère sourde du Grand Ami.
« Cela ne peut être un honneur que je te fais mais bien une Grâce vu ton comportement précédent»
ASSOUKA L’outrancier se rappela alors son abandon dans l’épreuve qui devait lui permettre de ramener sur Terre le don de créer par le souffle et surtout la honte qu’il avait faite au Grand Ami en présence de son hôte, le Shaykh.
« Tu ne peux pas nous suivre. Crois-moi. Dee restera avec Luanda pour ce voyage. Ils flirteront et apprendront à se connaître. Ton tour viendra peut-être si tu commences à assumer tes rôles et à être endurant»
Dee resta neutre. Elle savait l’importance de la décision du dieu. Elle se contenta de demander: « Qu’est-ce que Al Quasar?»
ASSOUKA L’outrancier était heureux de l’entendre mais n’alla pas dans le sens de l’expression de ce sentiment face à sa position actuelle. Le Grand Ami adressa la réponse à ASSOUKA L’outrancier, distrait, qui cherchait des yeux la silhouette de Dee.
« Al Quasar est une planète imaginée sur le modèle de la Terre mais où tout dépend du feu comme l’eau est l’élément essentiel sur Terre. C’est un monde que je crée pour te montrer comment j’œuvre et je bâtis dans l’univers. Je souhaitais initialement que tu m’aides dans cette tâche avec Dee et Luanda. Un monde où tu pourrais voir combien l’effort est tout aussi essentiel pour créer que le don. C’était une excursion pour toi, une détente avant cette vie où tu aurais à réaliser mon projet pour les habitants de The Black Kingdom, le Royaume Noir, qui vivront sur Terre en esprit et en Vérité. Des êtres que tu caractérises en tant que prototype voire moniteur. Ta communauté devra être à l’aise et vivra sa félicité dans un grand Amour et une Richesse sans fin. Pour toi Al Quasar est une planète symbolique.»
Al Quasar aurait donc été une destination pour une nouvelle édification personnelle avec Dee et Luanda en pionniers d’une autre réalité sans se soucier de leur vie passée et dans l’abandon à la volonté divine.
ASSOUKA L’outrancier entendait en fond une musique de son pays d’enfance et le chant des oiseaux du lever du jour. Il respira profondément cet air de nostalgie. Quand il revint à lui, Le Grand Ami n’était plus à ses pieds et Dee et Luanda n’étaient plus en lui.
L’ange lui annonça la présence de Yop.
« Nous allons faire allégeance aux communautés (Umma) auxquelles tu es en droit d’appartenir dans le cadre de ta mission»
ASSOUKA L’outrancier se résigna à le faire mais surtout avait encore le Cœur gros du départ de ses compagnons vers Al Quasar.
« Répète après moi: J’offre ma vie, mon culte, mon action et mon être à l’édification de The Black Kingdom, le Royaume Noir, selon ce que j’ai reçu de Dieu, selon Son commandement et Sa volonté inscrite dans ma destinée…» Yop allait très lentement et faisait tout reprendre à la moindre erreur. Cela devenait encore plus contraignant avec cette fatigue qui régnait à présent en maître absolu sur le corps d’ASSOUKA L’outrancier qui s’effaçais du mieux qu’il pouvait pour laisser le champ libre à l’esprit et à l’âme. ASSOUKA L’outrancier tentait de trouver une logique à la formule d’allégeance pour la retenir mais en vain.
« Prends ton intelligence mets-la dans ta tête et assieds-toi dessus » dit Yop.
Ce fut une victoire de faire allégeance à la Umma des êtres, un exploit d’en faire autant pour la Umma des Hommes et un miracle de le faire pour la Umma des prophètes et des messagers.
ASSOUKA L’outrancier était imprégné de l’éternité de la vocation spirituelle universelle. Il se laissait aller à vivre ce qui se présentait à lui dans l’instant. « Le futur appartient à Dieu. Même l’instant qui suit» se disait-il souvent.
Toutes les communautés se tenaient présentes pour cette allégeance. Les membres se tenaient pour que la force vitale puisse circuler. ASSOUKA L’outrancier le ressentait en lui. « En vous ma force et en moi votre force. » Il venait de finir et de se lier à elles. Il était accepté et se devait de respecter les codes d’honneur de chacune.
Il était investi de la mission de les représenter dans son combat et dans sa vie. Il n’était réellement plus seul. Sa responsabilité s’était accrue en quelques phrases. Il se sentait grandir, prendre de l’étoffe.
Yop lui fit comprendre qu’un être, qui ne lui reconnaissait aucune valeur ni respect, lui disputait son territoire qu’il avait quitté pour ce voyage dans cette dimension. La négociation prendrait du temps. Était-ce un test, une nouvelle punition pour s’être glorifié trop tôt ou simplement un réel besoin d’espace vital de la part de cet être?
Tenant un pan de tapis, ASSOUKA L’outrancier suivait les instructions de Yop. Trame par trame les tractations se faisaient. Au bout du compte, dans un temps inestimable, le tapis fut conquis. ASSOUKA L’outrancier se relâcha d’épuisement.
Yop annonça à nouveau qu’une myriade d’êtres de la même nature voulait ce tapis. Il fallait encore négocier.
La patience jusqu’au moment ultime. Était-ce là la leçon?
ASSOUKA L’outrancier n’en pouvait plus. Il prit une clé spirituelle qu’il avait appris à manipuler dans ses désobéissances passées et s’enfuit des dimensions.
EN ESPRIT
Je me réveillai dans une brise légère. Au loin les étoiles veillaient toujours sur mon sommeil. Des effluves particuliers d’une odeur forte d’humus me rappelèrent que j’étais encore en transition dans les dimensions. Ces effluves étaient le gendarme des voyages et ramenaient à l’ordre tous ceux qui perdaient de vue que, malgré les apparences de leur cadre de vie habituel, ils pouvaient être dans une autre dimension astrale. Je fermai les yeux et poursuivis mon sommeil. Rattrapé dans une fuite nécessaire au maintien de ma vitalité mais dont je ne me glorifiais pas aux yeux des membres des communautés spirituelles qui m’avaient accueilli depuis peu.
***
Les Anges, les dieux et les autres êtres célestes se tenaient en rang. Le Grand Ami se retirait. Dans une durée qui n’avait pas de sens dans une existence humaine il serait à nouveau dans l’infini ineffable que seules nos prières se vantaient d’atteindre.
ASSOUKA L’outrancier avait le Cœur serré sa mission allait passer à une phase plus active. Le Grand Ami avait prévu pour lui un insigne d’honneur qu’il devait porter s’il réussissait dans son entreprise. Un collier hautement symbolique qui lui était réservé.
Toujours sur son tapis ASSOUKA L’outrancier faisait le point. Il descendait progressivement chacun des paliers que son esprit avait franchis. Pas de richesse gagnée ni de compagne clairement désignée. De nombreux coups spirituels reçus de la part des dieux. La dimension terrestre était celle propice pour la fondation de The Black Kingdom, Le Royaume Noir. Il partait presque de rien et le chemin ne serait pas facile. Il fit le tour du soutien qu’il avait.
Deux doubles de Dee lui apparaissaient à présent. Une hostile à l’union avec ASSOUKA L’outrancier et l’autre qui s’associait à la cause par Amour et adhésion. Son double à lui qui s’était aussi matérialisé s’entêtait à convaincre la première. Ce n’était plus celui qui était à sa gloire lors du combat avec les dieux. Il devenait de plus en plus décadent. En effet, à mesure qu’ASSOUKA L’outrancier gagnait en confiance, en habileté et suivait sa voie, plus son double se dénaturait et perdait de son pouvoir. Un transfert dans l’énergie de la mission?
Bientôt ils entrèrent en conflit.
La rixe eut lieu pendant qu’ASSOUKA L’outrancier étudiait une stratégie avec Nyangara pour ouvrir plus largement la voie de la Richesse dans la quête. Le coup fut porté à l’improviste.
Un coup de pied circulaire qui toucha la joue droite. ASSOUKA L’outrancier n’en revenait pas. Les coups pleuvaient. Il se résolut à parer les attaques et à les esquiver selon le niveau qu’il avait atteint dans sa pratique des arts martiaux. Il ne voulait pas attaquer. Il ne pouvait s’empêcher de trouver cela ridicule. Se battre contre son propre double pour une question d’idéologie: Ne pas convertir les contemporains aux principes du Royaume mais prendre de l’essor par adhésion simple et libre de ceux-ci. Une fois le Message délivré laisser venir ceux qui ressentaient l’appel et non aller vers eux. Cependant, défendre avec détermination la mission contre ses opposants. L’opposition venait donc plus du positionnement intérieur face à la Richesse et l’Amour qui en étaient les fruits spirituels: l’égo et la piété. Deux visions qui se faisaient à nouveau face. Une constante.
Un Sabre interposé entre les deux belligérants calma les esprits. Le Grand Maître venait d’intervenir.
Depuis sa plus tendre enfance, ASSOUKA L’outrancier avait suivi les enseignements populaires du Grand Maître qui était respecté pour sa spiritualité et sa grande maîtrise des arts martiaux. Son nom sur Terre intimait le respect. Nul n’osait trop se frotter à lui, même si ses ennemis étaient nombreux.
« Ton double et toi n’êtes pas amoureux du même double de Dee et n’êtes pas d’accord sur la façon de bâtir le royaume» expliqua-t-il.
« Plus tu prends du temps à avancer sur la voie initiatique plus ton double deviendra décadent à attendre que tu franchisses les étapes spirituelles qui l’ont mené à sa gloire et la réussite de la mission dans le tableau initiatique. Il n’a pas confiance en ce que tu poses comme acte dans le présent pour rejoindre le grade qu’il a dans une projection dans le futur» continua-t-il.
« Je dois vous unifier pour que tu prennes tout seul le rôle qui t’incombe jusqu’à atteindre ce qu’il incarne dans son uniforme noir d’élite et d’élu transcendé.»
Le Grand Maître fit coucher ASSOUKA L’outrancier. Une fumée noire embrumait les yeux de ce dernier. La vision luttait pour ne pas être désintégrée. Elle était à présent totalement décadente. Rien à voir avec le guerrier somptueux qui avait combattu pour la mission. ASSOUKA L’outrancier n’y comprenait rien. C’était luimême s’avortant de lui-même. Il aurait bientôt libre champs dans l’action et le destin entre ces mains.
Avant que ces yeux ne soient complètement clos et que le Grand Maître n’opère il vit l’image somptueuse de Dee et Luanda en uniforme de combat noir. Dee était un colonel respecté dans cette armée et Luanda un fier soldat de l’élite. Il vit une multitude de guerriers en uniforme noir combattre pour leur Royaume.
Il était tout à sa vision quand la flèche lui transperça la cuisse. Le cri de douleur se fit entendre aussitôt. Le Grand Maître dégaina son épée.
Le dieu sortit de son camouflage. « Cette flèche est empoisonnée mais mes ancêtres ont perdu la trace du remède. Je ne veux pas de lui dans ma dimension. The Black Kingdom n’aura pas son rayonnement chez moi.»
Le Grand Maitre considéra l’assaillant. Inutile de lancer un combat maintenant avant qu’il n’opère sa science. Le dieu senti la clémence et l’instant se figea. Il se retira comme il était venu. Discrètement.
ASSOUKA L’outrancier se fit annoncer le Sauveur par l’ange chargé de l’accréditation des voix.
ASSOUKA L’outrancier pensa à un autre avatar du prophète Issa, sur lui la paix et le salut. Il se troubla car il avait rejeté depuis peu les dogmes de ceux qui se réclamaient de lui sous un jour qui lui faisait endosser des responsabilités pour l’humanité que sa mission n’impliquait pas forcément.
« Je suis le Sauveur. Je suis un dieu, ne m’invoque jamais en dehors de Dieu. C’est mon titre. Je sais à quoi tu penses. Cet évènement divise ton monde. Je n’apporterai pas d’éléments de réponse à tes interrogations. Sache simplement que celui qui a fait ce sacrifice l’a fait par Amour et Abandon. Parce qu’il croyait aussi à sa mission. Quand tu vois cette croix, pense simplement à l’Amour et laisse les autres déblatérer dessus. Prends cette croix pour symbole de l’Amour si tu le veux.» Le Sauveur portait en lui une lumière particulière, un feu jaune, tout à la fois apaisant et réchauffant.
« Je sauve plusieurs élus à certains moments de leur vie. Je suis aussi un dieu et mon royaume est dans ta dimension mais invisible à vos yeux. Je n’interviens normalement qu’une fois dans vos vies. À moment crucial ou lorsque je reçois l’appel à vivre du Cœur. Je suis immortel. » Le dieu prit possession du corps et rétablit la situation. La douleur disparut.
« Retiens bien mon conseil. Quand tu vois cette croix pense simplement à l’Amour de celui qui a voulu aller au bout de son chemin. Pense à l’Amour. Laisse les autres débattre dessus. Cette question est épineuse et ne te regarde pas». L’instant se dissipa.
« J’ai besoin que tu t’endormes pour que je m’en aille et quitte ton corps. Ferme les yeux, ton état de fatigue fera le reste. Bonne chance pour ta mission. On ne se verra sans doute jamais plus.»
Le silence se fit.
Le sommeil était important pour les transitions entre les différents états, espaces et présences de voix.
La douleur avait passé. Les comanches s’étaient réunis pour monter la garde cette fois.
L’Esprit vint et se tint à proximité. L’ensemble du livre se devait d’être reçu par ASSOUKA L’outrancier. Le Grand Maître le plongeait à nouveau dans un profond sommeil. Une réparation pour le guerrier et un envoi pour une mission qui donnait un sens à la vie.
***
« Debout ASSOUKA ! » fit Le Grand Maître.
« Comment te sens-tu? » s’enquit-il.
« Bien. Je me sens apaisé » répondit ASSOUKA L’outrancier.
Ses membres se mirent à bouger très légèrement. Comme pris dans un voile et où son cœur était enveloppé d’amour.
« Que m’arrive-t-il? » fit ASSOUKA L’outrancier.
« Dee est à présent avec toi sous forme d’esprit. Elle habite ton cœur dans cette réalité. Elle te guidera aussi dans tes choix du mieux qu’elle peut. Suis ses conseils et ne t’éloigne pas d’elle dans ton intention. Ne crée pas de turbulence dans l’écoulement du lien spirituel qu’il y a entre vous. Soyez un. Désormais tu n’auras plus de double et la charge de ta mission t’incombe. Ta destinée est entre tes mains.»
Les comanches l’entouraient toujours. ASSOUKA L’outrancier les considérait un à un.
L’Esprit se manifesta et demanda: « A quoi ressemble The Black Kingdom, le Royaume Noir?
—C’est un Royaume où la spiritualité est le pain quotidien des Croyants. Ils en vivent et se guident à travers elle.»
Le Messie s’approcha et demanda: « A quoi ressemble The Black Kingdom, le Royaume Noir?
—C’est un Royaume où l’Amour et le plaisir de vivre règnent et transcendent les existences. Les émotions libérées du poids de la culpabilité, du stress et de la peur redonnent la lumière originelle à l’Homme.»
Le Prophète s’approcha et demanda: « A quoi ressemble The Black Kingdom, le Royaume Noir?
—C’est un Royaume où la foi en un Dieu Créateur unique est la Vérité absolue. Elle sert de fondement aux révélations et à l’apprentissage continu des Simples bien guidés.»
Le Comanche d’Argelette s’approcha et demanda: « A quoi ressemble The Black Kingdom, le Royaume Noir?
—C’est un Royaume où l’effort est la prière du Croyant, du Simple bien guidé et du besogneux. Il permet aux civilisations de bâtir des empires et de se renforcer pour traverser le temps.»
Luanda s’approcha et demanda: « A quoi ressemble The Black Kingdom, le Royaume Noir?
—C’est un Royaume où la danse régule les énergies et soigne les âmes endolories. Elle est l’expression du corps qui est le temple de l’Esprit, la maison de Dieu.»
Nyangara s’approcha et demanda: « A quoi ressemble The Black Kingdom, le Royaume Noir?
—C’est un Royaume où les djinns et les hommes vivent en paix. Où les uns acceptent leurs sorts sans s’associer aux autres et où la Terre héberge tous ses membres dans une même communauté.»
Dee se manifesta et demanda: « A quoi ressemble The Black Kingdom, le Royaume Noir?
—C’est un Royaume où la richesse fait vivre l’amour et la pauvreté du cœur, la spiritualité. Le temps de vie s’apprécie et l’attente du futur et du moment simple se font sous la Main de la Providence.
ASSOUKA L’outrancier se prosterna vers la sainte Maison et pria:
« Ô Dieu, Ô Grand Ami des Simples. Je prends ce jour mon engagement à accomplir l’œuvre que tu as prévu pour moi. Dans l’adversité et la félicité. Dans la persécution et l’adulation. Permets-moi de garder la voie du milieu. Celle de ceux que tu guides. Permets que mon action trouve grâce à tes yeux et mon héritage soit une bénédiction pour ceux qui me suivent. Ô Dieu, Ô Grand Ami des Simples, accepte le don de ma vie et mes pas à Ta suite t’appartiennent.»
Le silence se fit et ASSOUKA L’outrancier se retrouva seul sur son tapis.
L’assemblée des dieux réapparut.
«Nous avons parfait toninitiationdans ces mondes. Désormais tu devras cheminer avec tes semblables pour poursuivre l’apprentissage, combattre et transcender ta destinée.»
Les dieux se turent.
ASSOUKA L’outrancier considéra la situation et soupira. Un souffle chargé d’un ensemble de plaisir, conscience et détermination.
Le combat pouvait commencer.
As One
My eyes are closing
I still can see my People suffering
As they deny our legitimacy as human presence
We, sons of God. We’re fighting for Conscience.
Some of us come over and shine
They pave the way and cross the line
Like small stones on the mile to keep the hope alive
Showing us what we can accomplish when we strive
Then comes the Call…Through Truth and Love, Wisdom and Faith
Inviting the People to walk and struggle together
The road back to our living style, Culture and feeling stronger
Working the World to dominate in our own Kingdom
For the pride more than the simple act of freedom
Rising our fist as the real flag of unity of the whole community
We settle a new era of peace in our Soul and Mind for dignity
Where our uniform will be a sign of respect and honour
My eyes are closing for the last time, on my inner mirror
But I know that my People will rise again…
As One
Il n’y a de divinité à part Dieu…
…je suis ce que je suis.
LA PLAGE
Nul ne sait L’Heure. La connaissance de celle-ci est auprès de Dieu et chaque Livre écrit pour ses vicaires doit être mené à son accomplissement. Si Dieu devait se révéler directement aux Hommes, il prendrait sûrement peur. C’est pourquoi l’usage d’un voile de connaissance et l’intermédiaire des vicaires porteurs de la Révélation Lui est utile.
Les combattants et la communauté de The Black Kingdom, le Royaume Noir, prenaient la suite d’une longue Voie de retour vers Dieu. Voie droite balisée autrefois par plusieurs prophètes, saints et maintenant suivie par les Simples, ceux qui acceptaient la guidance divine directe ou par l’assistance spirituelle de ceux qui avaient relayé le Message. Les guides spirituels restaient en retrait physique mais maintenaient une veille discrète pour l’encadrement de leurs étudiants. Les signes de l’Heure confirmaient son approche imminente mais nul ne se perdait en conjecture sur la prédiction de la date de son occurrence.
Shaytan dans son rôle nuisible poursuivait son œuvre d’épreuve en s’attaquant à la dernière communauté de cette ère et la maintenant sur le qui-vive. Les membres de la communauté de The Black Kingdom, Le Royaume Noir, avait pour faiblesse la sensibilité au stress dans la frénésie des vies bien remplies où le temps devenait l’idole du moment. On prenait le risque de ne vivre que le moment présent au lieu de vivre dans l’attente de la manifestation du futur dans un moment simple. Le futur appartient à Dieu.Vivre le moment présent avec les œillères de la peur de la désillusion et de l’insatisfaction ou plutôt attendre le futur avec la visionpure de l’espérance en l’accomplissement du destin. La nuance valait le détour et introduisait à constante épreuve de patience sous la Main de la Providence. La notion de transgression de ces dernières ères devenait subtile. Le fondement de toute foi était Dieu. Il ne pouvait y avoir de foi en dehors de lui. Quand bien même certains définissaient une foi personnelle ou spécifique, celle-ci ne pouvait se définir que comme œuvre ou partie de la foi en Dieu. Une foi en le bien ou le mal qui subsistait par elle-même et en dehors de Dieu avait sans doute les attributs de la « transgression». Et toute transgression était dommageable et évitées par les Simples, membres Croyants de la communauté de The Black Kingdom, Le Royaume Noir.
Sur la fin de mon initiation J’avais goûté les subtilités de l’action de Shaytan. Celles qu’il utiliserait sans doute pour égarer ou mettre à l’épreuve les membres de la communauté de The Black Kingdom, Le Royaume Noir: prendre à son compte les bienfaits (Richesse et Amour) que Dieu octroyait aux membres, se faire passer pour lui dans la spiritualité et faire croire que c’était lui qui en était l’auteur et se réclamer le droit de guider le Simple. Une subtilité qui s’administrait dans la peur et l’oppression et non de façon gratuite telle qu’elle venait originellement de Dieu. La communauté avait su réconcilier la notion de prophètes, messagers et celle de dieux et transcender ainsi les sciences animistes pour rendre un culte de soumission totale au Dieu unique. Shaytan créait la confusion dans leurs cœurs, lieu des manifestations de l’âme et des émotions, en se faisant passer pour un des dieux secondaires issus des pratiques ancestrales et en voulant prendre le contrôle des destinées sublimées et maintes fois sauvées. Ceci afin de les perdre à nouveau. Il jouait sur la culpabilité vis-à-vis du péché et faisait croire en l’éloignement de la Miséricorde divine en dépit d’un repentir honnêtement exprimé et lorsque la réparation ou son intention avait suffit. Le recours à une religion de soumission au Dieu unique était impératif pour se retrouver dans ce dédale créé par l’Abuseur et avoir sa référence de culte personnel. On pouvait maintenir le lien étroit à la voie de rédemption guidée par l’Esprit de Sainteté et son saint Prophète. Cette voie de rédemption avait précédé l’avènement et le rétablissement de celle de la soumission au Dieu unique par l’Esprit de Vérité et son saint Messager. Avant cela même celle de l’élévation personnelle avait aussi draîné une partie de l’humanité croyante hors de l’égarement. Ainsi, l’Amour de Compassion du Bouddha avait précédé l’Amour d’Abandon du Christ qui avait précédé lui-même l’Amour de Noblesse du Saint Prophète dans la guidance vers l’Amour de Miséricorde de Dieu. Il était à présent question de réhabiliter le monde spirituel noir, à la Lumière de la révélation continue issue du Dieu unique, en délivrant de leur gangue les connaissances issues des traditions ancestrales qui avaient servi de sciences jusqu’alors à certains, races des prédécesseurs de The Black Kingdom, Le Royaume Noir. C’était le temps pour de l’Amour de Simplicité dans le sillage d’un Mahdi.
Certes, quatre familles mettant en jeu la maîtrise de l’Énergie, de la Conscience, du Livre et du Verbe descendaient les unes des autres et étaient élues au-dessus de tout le monde. Dieu était Audient et Omniscient. On évoluait en effet à travers l’héritage de quatre Saisons de l’humanité; quatre couleurs de la spiritualité dont l’échelle allait du prototype à l’archétype, tous deux élus. C’était donc un réseau de voies droites spécifiques qui s’interconnectaient dans la continuité pour guider l’humanité, vicaire de Dieu sur Terre vers leur Seigneur dans l’attente de l’Heure, du jugement et de la résurrection promise dans une unique Voie large contenant toutes les autres. Shaytan n’avait fait que priver du rayon droit de Lumière qui guide les Croyants de ces voies en désorientant les cultes et rites et incitant à la transgression. Ceci avait fait perdre la référence à l’axe central: la soumission au Dieu suprême et unique.
Je repris peu à peu la notion de la réalité. L’initiation que j’avais reçue et le combat que je devais, à présent, mener en moi servirait non seulement à me libérer d’un blocage spirituel qui avait terni jusqu’alors ma félicité par l’action d’une force vitale néfaste jouant de la perfidie, de l’intrigue et de la lâcheté. Il servirait aussi à me prémunir de l’influence de l’égo incompatible avec le don de soi. La magie noire brisait les destinées personnelles et coupait les liens divins de Son Saint pourvoi. A plus large horizon, il en était de même pour les forces des groupes d’individus tout aussi ténébreux qui visaient la mise en place d’un ordre mondial à leur avantage et contraignant les peuples à la soumission à de fausses idées, les maintenant en esclavage et en perpétuelle ignorance de leur potentiel.
Chaque membre de la communauté devait aussi combattre en lui et en dehors de lui, pour lui et pour la communauté de The Black Kingdom, le Royaume Noir, qui avait trouvé à présent Grâce aux yeux de Dieu.
Tout au long de mon parcours personnel, j’avais puisé ma force dans la foi et malgré les obstacles de la Voie, les moments de doutes et les douleurs de mon enfantement personnel, j’avais gardé l’orientation de la destinée. Comme beaucoup d’autres chercheurs en spiritualité, celle-ci avait été entrecoupée par de nombreuses difficultés dues à l’ignorance et à la naïveté. Ceci faisait partie des risques inhérents à la vie. J’avais toujours le désir d’accomplir les lignes du livre de mon existence, trouvant des substituts et usant de souplesse pour ce qui avait été perdu dans ce combat. Viendrait le moment où la voie s’éclaircirait pour laisser place à l’action pure, celle prévue dans l’histoire. La gestation arrivait à son terme, le nouvel Homme faisait son apparition pour une vie de combat, d’apostolat et d’Amour.
Le vent frais accompagna la pensée de ce dernier mot.
Bise, caresse du vent.
Le sacrifice de l’amour de Dee dans ma vie profane, m’avait permis de le retrouver à un niveau plus profond et sublimé en moi. J’avais connu plusieurs femmes qui s’identifiaient à Dee mais une seule et unique Dee était identifiée à ma connaissance comme la femme de plusieurs de mes réalités. Shaytan avait assiégé mes émotions empêchant leur expression spontanée gage d’une honnêteté saine et sainte. C’était le lieu à la fois de mon trouble, de ma faiblesse, mais aussi celui d’où venait ma guérison intérieure. Les paroles et pensées réprimées précipitaient le cœur dans le précipice abyssal des sentiments d’angoisse et de dépression tandis que l’excès de sollicitation de l’environnement, le manque de repos et de calme conduisaient la pensée dans les éthers des tempêtes des univers de « folie » ou plutôt des symbolismes personnalisés et indéchiffrables des manifestations de l’esprit. Une hygiène énergétique était à maintenir. Shaytan faisait régner la peur, l’illusion et la confusion. C’était un stress lancinant qu’on portait en permanence avec soi, dans sa tête, et qui éloignait l’âme du cœur et la cantonnait dans le refuge du concours de l’esprit, par des pensées vaines, ou du corps, par la surexcitation des sens. Il cherchait inlassablement à se passer pour Dieu pour fausser la guidée du Simple et être adoré en lieu et place du Créateur. Il mettait ainsi le doute dans cette guidée directe ou celles des intermédiaires vicariaux et de leurs avatars. C’était en effet bien mieux pour lui d’être pris pour dieu en dehors de Dieu: une marque de rébellion, un artifice dans la tentation, l’accomplissement de son dessein.
Tous les échecs sur le plan des sentiments éprouvés pour d’innombrables muses étaient maintenant oubliés. L’esprit du guerrier avait fait sa place au lieu même de la faiblesse passée. Un baume du don de soi à une cause qui dépasse les limites et le cadre d’une vie. L’humanité.
Je sentis une présence à côté de moi: « Ça va?»
« J’ai un peu faim» répondis-je.
Dee était arrivée et s’était placée discrètement à côté de moi attendant que je sorte de ma méditation. Elle avait rompu le silence observant le temps avancer dans le sablier invisible de son impatience à me parler.
Elle avait été retenue et s’excusait du retard. Une éternité. Elle aussi avait combattu de son côté pour être ici, sur cette plage. Lieu de fin et de départ. Son regard quelque peu interrogateur me scrutait pour s’assurer qu’effectivement tout allait bien. Elle s’était souvent inquiétée par le passé pour mon état. Les crises répétées n’avaient pas servi notre rapprochement et la vie nous avait réservé des bifurcations inattendues à la voie droite des destinées révélées, comprises puis transcendées.
Tout cela n’avait plus d’importance à mesure que le futur alimentait à nouveau le présent. Dieu guiderait à nouveau. Nous combattions dans la foi et la confiance sur Son sentier vers la récompense promise pour Ses serviteurs.
Je ne voulais pas penser à la rétribution mais simplement au combat. Elle était souvent source de chute quand l’orgueil des victoires saisissait le guerrier. Tout appartenait à Dieu. A nous le combat à Lui la Victoire. Par là-même nous nous assurions notre plaisir de servir car Dieu n’avait besoin de rien et se suffisait à lui-même. C’était pour notre élévation personnelle que ces quêtes voyaient le jour.
Chacun trouvait le pas pour son combat dans ce qu’il avait reçu comme don, disposition naturelle ou capital humain. En bon « sorcier» et danseur, je répartissais les énergies en moi pour une bonne écologie de mes émotions. La régulation de mon univers intérieur avait son impact sur mon univers extérieur immédiat dans les limites de mon esprit. J’entendais ma Voie dans le tumulte officiel des voix malignes entendues par de nombreux débalancés stressés ou drogués qui avaient acquis cette étrange particularité et qui ne manquaient de lutter contre. Le choix se faisait en deux options: le médical ou le mystique. J’avais choisi les deux et y avais ajouté une qui me procurait l’équilibre de la décision et les régulait au mieux: la danse. Cela accompagnait l’interprétation naturelle des signes, les visions, les rêves et autres dons qui attendaient l’enseignement spirituel continu reçu par les bien guidés, les Simples. Ils étaient bien guidés par Intuition méditative dans leurs efforts et actions. L’un des risques là encore était de se savoir guidé par Dieu au point de se perdre par outrecuidance dues à l’égo. Les intermédiaires attribués à chaque type de guidance venaient l’administrer pour que chaque Simple s’accomplisse et joue son rôle sur Terre. L’acte de folie imaginaire menacerait toujours. C’était un relâchement, qui menait vers la libération ou la compréhension de mythes fossiles et éducatifs mais qui pouvait aussi saper toute l’œuvre déjà accomplie. La Miséricorde pour ces moments de faiblesse était à choisir plutôt que la culpabilité telle que voulue par Shaytan.
Dee était là souriante et prête à accueillir l’appel de cette danse. Savait-elle qu’elle était déesse et immortelle dans une autre réalité. Je la dévisageais avec beaucoup de plaisir. Elle était vraiment belle.
« A quoi penses-tu? » lança-t-elle de façon anodine.
Cette phrase que j’avais si souvent entendue de la part des femmes et qui avait toujours su me priver de l’activité de mon cerveau venait comme un rappel pour me libérer de ma profonde méditation.
« Je pensais à nous. » Mon cœur s’inonda de douceur à ces mots. J’avais envie de l’embrasser et de pleurer à la fois mais je me retins. Mon initiation avait montré les méfaits de l’outrance dans l’émotion et les corollaires néfastes sur ma vie. J’en avais, jadis, fait un peu trop. À présent je me devais d’apprendre le calme intérieur et d’incarner le nouvel Esprit de Correction pour toujours choisir l’attitude simple. « L’Homme est un réservoir d’Énergie en relation avec un environnement qui lui en apporte ou lui en prélève. Les moyens de médiation pour cet échange sont l’argent, l’émotion et la spiritualité. Chacun de nous a au moins un moyen de régulation interne qui permet de maintenir l’équilibre selon son don ou sa pratique assidue. A l’instar de l’Énergie (par l’attitude), la Conscience (par la méditation), le Livre (par la connaissance) et le Verbe (par la parole) répondent au même principe. L’attitude associe une disposition intérieure et un comportement extérieur. » Ces pensées venaient à moi dans ce moment et l’habitaient, un simple exemple d’intuition méditative et de guidage d’un prototype d’élu pour une nouvelle relation avec Dieu: Amour de Simplicité. Cette notion de prototypes et d’archétypes élus était associée à la forme de relation d’Amour entre l’Homme et le Divin et se déclinait en type de piété. Ces élus en caractérisaient les attributs et délivraient le message qui ralliait les Cœurs en attente de cette réalité. Ainsi l’Amour de Services était représenté par des Hommes en Serviteur (de serviteurs de Dieu), L’Amour d’Esclavage, par des Hommes en Esclave (esclaves de Dieu), Amour d’Amitié, par des Hommes en Ami (amis de Dieu), Amour d’auto-élévation par des Hommes en Éveil (éveillés de Dieu) Amour de Filiation par des Hommes en Fils (fils de Dieu), Amour de Divinité par des Hommes en dieu (dieux de Dieu) etc. L’élu de l’Amour de Simplicité apportait un message pour ceux en attente de simplicité dans la relation avec Dieu, dans la piété et dans l’élévation spirituelle ; tous menant à l’accomplissement des êtres et des destinées. Le contexte contemporain de tumulte religieux et d’intolérance dans les cultes l’appelait de tous ses vœux.
Il fallait sans doute aussi changer de nom après cela. L’outrancier n’était plus d’actualité. Pourquoi pas ASSOUKA tout court? Oui. ASSOUKA, l’Élu guidé par l’Esprit de Correction.
***
Du rouleau continu des vagues s’élevait à présent un chant. Une complainte venue d’une terre d’Afrique et qui avait été charriée depuis la source-mère par les fils et filles mis en esclavage et qui s’échouait à présent sur les berges de mon équilibre et de ma spiritualité retrouvée. Cette tradition qui me chantait les dieux ancestraux et m’adoptait sur une terre d’exil volontaire. Celle de ma contemplation. Cuba.
Le costume et les attributs de Chango étaient prêts à être portés et à répondre à la danse de Yemaya sur une meta lourde de sens et chargée en histoire.
Chango et Yemaya, dieux secondaires invoqués au sein de Dieu, étaient vestiges d’une époque où le prototype vicarial de l’humanité passait par l’état de dieu au même titre que celui des Prophètes, des Bouddhas et des Saints plus près de nous.Bientôt, les Simples, les bien guidés de la réalité à venir, prendraient le relais de la référence divine sur terre.
Je n’avais connu qu’un Messie qui portait ce titre, le prophète Issa ibn Mariam (fils de Marie), guide des nazaréens. Plusieurs qui avaient atteint son état christique. Ma blague de l’inconnue en croix, un « x», fidèle énigme clouée ou traite de la force de l’Amour, qui avait, dit-on, dû avoir besoin de rouler la pierre d’un tombeau symbolique et poser dans un linceul dédié à une postérité friande en preuves: la civilisation de l’image. Mythe d’apothéose d’un Maître unique dans l’histoire ou tribulation de l’antihéros? Cela m’avait valu des inimitiés et quelques rires de chercheurs en spiritualité. Mais ceux-ci manifestaient ainsi plus leur étonnement pour le changement de perspectives. Pourtant un avatar, prototype des réalités spirituelles de son temps et archétype en son monde, participait au contingent des vicaires selon son grade. Il recevait des attributs de ses prédécesseurs, et se dépassait en tant qu’archétype légitime et élu. Cela était courant dans les traditions spirituelles. Un récit de référence pour ceux qui étaient bien guidés. Parfois des prédestinations appelaient à des choix forts pour se réformer et changer de trajectoire quand celles-ci menaient initialement au désastre.
A présent, dans mon rôle de Mahdi de la réalisation symbolique traditionnaliste, Combattant sur la voie du Mahdi de la réalisation concrète de la prophétie, j’avais besoin d’un sauveur pour rouler la pierre de mon occlusion dans une grotte spirituelle faite par les roches maléfiques accumulées par calomnie et jalousie contre celle qui avait donné un jour la vie au même titre que Saïda Mariam (La sainte vierge Marie) qui offrait aussi son assistance. Ce même sauveur devait aider au combat avec ceux qui s’y joindraient. L’identification des personnages prendrait du temps et serait révélée ou intuitivement comprise. J’avais peut-être joué mon joker dans l’intervention du Sauveur, le dieu, au pire de ma blessure pendant l’initiation. Cela préfigurait aussi les coups bas dans ma dimension où le sauveur que j’espérais, représenterait la lignée spirituelle et viendrait également à mon secours au moment opportun. Il fallait attendre et à défaut faire des efforts personnels malgré les situations de blocages et sous la guidance du chapelet de serviteurs divins pour sortir de la grotte d’occlusion et d’occultation. Les messages venant du ciel, les Intuitions méditatives constituaient la pièce faite de mythes bien connu ou non des spirituels. Le rôle était joué avec efforts et plaisir voire prestige. C’était finalement ça que je retenais à cet instant de la vie: venir tenir un rôle, faire une performance puis recevoir la rétribution pour la prestation au jour du jugement. Inutile de trop s’en faire. La persécution faisait partie du jeu mais ce n’était que le fait de ceux qui résistaient au passage de relais dans les réalités contemporaines. Deux perles issues de deux maîtres Prophètes m’avaient servi jusqu’ici dans ce combat. D’une part « N’ayez pas peur» du prophète Issa ibn Mariam, prototype de l’Homme en Fils et archétype des Messies; homme sans péché renforcé par l’esprit de Sainteté. Et « Point de contrainte en religion» d’autre part du saint prophète Mohamed, prototype des Madhis et archétype de l’Homme en Perfection, esprit de Vérité, Paraclet et Miséricorde divine. Sur eux la paix et le salut. Une nouvellepépite issue d’un diamant pur reçue et révélée directement depuis la Source sublimait cette richesse: « Patience et bonne humeur» et je devais m’en tenir à ces mots, tels qu’ils m’avaient été dits. Cette attitude recommandée serait le pain et le vin pour vivre cette aventure d’efforts et de plaisir. La promotion du Message utiliserait les techniques ancestrales du bouche à oreille remises au goût desoutils contemporains. Le célèbre tam-tam annonciateur autrefois au service des villages de brousse isolés reprenait ses lettres de noblesse avec la dose du respect de la propriété et de la moralité en s’adaptant ainsi à l’époque de ce nouveau combat.
Dans mon rôle de Mahdi, Combattant sur la voie du Mahdi, je m’apprêtais à en perdre plusieurs. Ceux qui couraient d’espoir en espoir sans attendre de recevoir l’appel en leur cœur. Ils se perdaient tout seuls. Je les égarerai malgré moi ne pouvant porter ce qu’ils attendaient de moi et ne pouvant que me soumettre à la part que j’ai reçue de ce combat. Dans un autre sens beaucoup avaient la condamnation facile au nom de l’orthodoxie et de la préservation de l’image fondée dans la prophétie. Ici on se devait de préparer le terrain pour la venue du Mahdi que l’humanité attendait dans les temps de la fin. A trop attendre un stéréotype de prophète ou de saint on en perdait beaucoup d’autres qui ouvraient le chemin sous la même bannière en leur refusant le concours, entravant leur voie et empêchant le déploiement de leur mission. J’étais prêt à me consacrer à cette dernière selon l’enseignement de mes maîtres pour que la Volonté divine se fasse et que cette destinée maintienne sur elle le sceau du Mahdi. « Es-tu le messie? » célèbre question qui avait autrefois guidé la quête vers la reconnaissance de celui que certains attendaient encore. L’exemple valait la réflexion. Je n’avais pas à juger cela. L’essentiel était de ne pas perdre ceux qui me seraient confiés pour le combat. Je ne jouais ce rôle que pour un tronçon de mon chemin que beaucoup d’autres traversaient déjà légitiment en tant que combattants. J’étais au service de ceux qui se reconnaîtraient dans le Message apporté et qui voudraient édifier aussi The Black Kingdom, Le Royaume Noir.
La méfiance contre la manifestation contemporaine du Charlatan qui se présenterait aussi dans ces moments méritait d’être prise en compte. Un avatar aux cheveux raides d’envies et d’ambitions, qui se voulaient maintenant artificiellement lisses et policés, et aux yeux bridés par le reflet aveuglant de l’argent agressif et conquérant par des profits excessifs d’un commerce opprimant le Peuple de Dieu, les Croyants. Son peuple était avide d’espace commercial tel Gog et Magog pour l’espace vital. Il prônait l’idolâtrie de substance épuisant les ressources de la Terre (les mers, cornes et défenses d’un continent, son sous-sol, son sol et sa vie informelle…) et les essences spirituelles pures. Des sacrifices abjects pour la maîtrise de bulles spéculatives, énergisantes et malfaisantes qui polluaient l’univers des habitants dans les Cités plongées dans un artifice de miracle économique. La fine anse du vase clos avait cédé dans la perte des deux colonnes de l’ancien temple. Le Financier élitiste cédait la place au Commercial populeux dans l’exercice du pouvoir ; à l’Aigle succédait le Serpent. Et l’Entrepreneur informel et spirituel, en Lion, assurerait un arbitrage équilibré et serré entre ces deux forces en opposition tout en affirmant ses caractéristiques et potentialités élues. L’impact des nouveaux maîtres dans l’ordre mondial serait grand mais la Volonté divine l’était encore plus. La prophétie du Peuple serait accomplie. Mais le combat serait sans haine.
C’était l’Heure.
La leur.
Et le Cri les saisirait bientôt.
Je me devais d’atteindre les stations spirituelles correspondant à mon grade et au degré des missions confiées. Mon serment d’allégeance physique se ferait dans la Voie de mon prédécesseur dont je tirais l’exemple. Hériter de la connaissance des traditions et faire le point pour reconstruire l’œuvre en quatre saisons de vie, après quatre crises. Qui était mon prédécesseur? Mon ancêtre spirituel et modèle de sainteté? C’était celui que j’avais reçu un jour sans m’y attendre. Celui avec qui j’avais visité le Monde et son uni Vert. Qui avait vu le sort de ses symboles et de mes frères…
Dieu dans Sa Miséricorde facilitait la tâche à l’humain dans son amour pour cette race. Il semblait adoucir la Voie droite vers Lui depuis l’état de dieu sur terre, celui de prophètes, de messagers, de bouddhas, de saints, de christs.
Tous vicaires honorés. Le personnage du prophète Mohamed, sur lui la paix et le salut, restait unique dans son rôle et ses attributs. Il intégrait plusieurs de ces réalités spirituelles en lui et en était le point d’orgue. Dans la formule de profession de foi et d’allégeance (Shahada) il avait fait reconnaitre la nature unique du Dieu Créateur (Allah en langue arabe, totalité des noms divins) comme prévalent sur ce qui avait sans doute été confusément interprété de ses manifestations ou théophanie (ilâh) par polymorphisme voire par identification à ses propres vicaires (eux aussi appelés dieux à leur époque). Le pire venait des fausses conceptions Le concernant et émises par spéculations et non révélation. Le prophète Mohamed, sur lui la paix et le salut, était descendant d’une noble lignée dont la source était au confluent du Patriarche, Ami intime de Dieu, et Père des croyants et d’une héritière de la race des pharaons, rois et descendants du prototype d’Hommes en dieux sur Terre: Le prophète Ibrahim, sur lui la paix et le salut, et la princesse Hagar. Les Simples bien guidés en relation avec l’Énergie Suprême seraient une notion avec laquelle vivre. Une notion à laquelle s’opposeraient les précédents maîtres du monde habitués à leurs avantages. Avantages qui leur avait procuré jusqu’à lors richesses et félicité. Ils lutteraient contre une fin inéluctable. Mais le combat serait sans haine.
C’était l’Heure.
La leur.
Saisit par un Cri poussé par les Calebasses de ceux qu’ils avaient privé des richesses de cette Terre. Affamés et exploités sans partage, ils revendiquaient leur droit légitime à bénéficier des fruits et produits de la planète en réponse à leurs besoins de vie et leur contribution informelle ou non. Les marginaliser et les cantonner à une consommation soumise et ignorante des reliefs du festin des nations riches ne pouvait rester la donne. Les prières avaient un temps, l’effort aussi. La contribution de tous était nécessaire pour remplir à nouveau ces Calebasses insatisfaites et mécontentes. Le Royaume s’édifierait dans l’unité retrouvée face à la menace de disparition des identités culturelle et spirituelles.
La danse s’invitait dans ce tableau apocalyptique. Oui, elle s’invitait dans une simple quête de richesses et d’amour pour conjurer le sort et soutenir l’effort. Un culte de corps. Une simple danse d’hommage à l’Amour de Simplicité.
Le jour se levait sur une autre réalité. Un nouveau monde.
Une colombe se posa près de nous. Cette présence était surprenante dans le tumulte tapageur des mouettes ivres d’embruns salins. Les oiseaux du rivage côtoyaient pour un instant sublime ceux qui s’étaient adaptés à la vie dans les villes. La colombe ne portait pas de feuilles de laurier dans son bec mais le feu du nouvel esprit de Correction. Celui envoyé à des villes dans la tourmente des possessions et malades de leurs environnements nocifs générant des énergies néfastes et du stress. L’avenir s’ouvrait sur le renouveau spirituel et l’Énergie purifiée d’un peuple qui finissait de laver un karma de transgression collectif et séculier. Dans un sens plus large, l’esprit de Paix pour la tradition se posait dans un monde moderne. Le tableau était clos. La mise en scène éducative laissait place à une vie de mission.
Le jour se levait sur une autre réalité. Un nouveau monde.
Aube
Le jour se lève dans son bleu d’eau pâle
Couché à même le sol et son sable fin
J’observe tes douces collines ronfler paisiblement
La courbe féline qui donnât à ta silhouette
L’éclat qui éblouit l’antre de ma solitude
Le jour se lève dans un rouge de vers durs
Assis contre un arbre aux racines majestueuses
Je respire ton parfum qui encense mon air matinal
L’embrun musqué qui donne à mon désir
La force d’enfoncer les portes ouvertes de ta muraille offerte
Le jour se lève dans une blancheur calme, nue, âgée,
Debout sous la voûte céleste où se perd l’œil téméraire
J’épouse ton corps à l’ombre du chant des oiseaux piailleurs
La douceur de ta peau en soie qui frôlât mon destin
Dans une symphonie où l’Imaginaire te veut Reine
Simplement elle et moi dans un jeu du destin où l’Amour s’était invité à la table de la richesse servie par un hôte spirituel. La trouver ici sans se rappeler ce qui nous avait liés par le passé C’était sans doute un coup du sort. C’est elle que j’aimais.