Ministère des affaires  Ministère de l’Intérieur

Ministère des affaires Ministère de l’Intérieur

La Calebasse interdite dans l’Eden de l’Ouest est celle contenant les Noix d’Acajou, dont le travail est risqué pour le feu acide qui brûle sans fumée la peau des femmes qui y travaillent sans en consommer car indique pour l’immoralité de dureté donc de durée du rapport de l’apport de reproduction. L’iboga est l’aphrodisiaque des origines dans la Forêt des Abbayes. Puis ce fut un match entre les pommes et les figues, les formes de dattes, les Kola, les alcools, le Jean etc.puis un passage aux moustiques et mousquetaires pour mériter les meilleures femmes des deux Eden l’un continent et l’autre incontinent dont les Élus apprécientmutuellement l’Exotisme et contribuent au partage et à l’échange de Génome (« J’ai nommé »).

Il est dur de cacher la Vérité de la transgression de l’Interdit quand on a une diahrrée (verbale) ou la trique (de l’intelligence) qui tue. Le pire aussi est quand la Douleur de la larme del’œil d’Horus ne manque pas de Coup leurre pas ou qu’on a le Courage d’affirmer trois fois la Couleur de son innocence en Douceur. À chaque Famille sa PASSion pour le Mensonge sur le Message.

Taloche, Giffle, Coup de Boule, et Bâts, quatre Eve Angile (Petit Ange) contre la Tâche, le Tâcle, la Tache et les Tactiques des Serpents.
Pour les 100 Carats que vous devez à l’Afrique et leur Messie Saint Thomas.

Dangbo Tchaki et Dèh Ma No Tchi Zo

Déni de la Réalité

Kevazingo (Est), Baobab (Centre), Iroko (Sud), Sapin (. Iboga est l’Arbre au fruit défendu tout comme le Kolatier.Autres Arbres : Arbre de la Conscience, Cèdre (Majesté) du nord, dont le fruit est la Confiance par le Lâcher-prise (Pourvoi), Arbre du Livre, Olivier (Sainteté et Noblesse) du Maghreb au centre et du Moyen Orient à l’est, dont le fruit est la Connaissance par les deux montants de l’Amour dont le fruit est la foi par le Courage (Paie) et de la Vérité dont le fruit est la loi par la Patience (Paie), et l’Arbre de la Pensée ou Parole, Pommier (Génie) d’Europe ou Figuier (Commerce) d’Asie, Eurasie à l’ouest, dont le fruit est la Mort par la Préservation (Pureté). L’Arbre du Temps est une plante grimpante ou liane, Calebassier d’Afrique au sud, dont le fruit est l’Acceptation par le Silence (Paradis).

Lumière, Religion, Identité, Travail, Santé, Argent puis Amour
Qu’il en soit ainsi.
Amin. Ata
Ba (Chronos)

À PROPOS: Mouvement Social et Responsable et d’une Conscience Universelle

Fédération des foyers souverains et libres des Peuples du Sud, de la Diaspora de l’Ouest, et de la Communauté du Centre.

The Black Kingdom, le Royaume Noir, est le nom symbolique du projet de Vie et de la Mission du Consultant Manager et Auteur Arnaud Segla, de son double ASSOUKA, et des Co-Recteurs Amaru (en Mahdi Collectif) combattant sur la Voie du Mahdi. Ce projet est encore connu sous l’appellation de Monde ECO Libre.

L’utilité in fine est de se doter d’un outil performant et adapté pour combattre la précarité et la pauvreté et ses corollaires de stress d’Image et d’Argent qui sévissent dans notre ère. Ce, dans le sillage d’une Prophétie économique et sociale dans laquelle le rôle du Sauveur, le Mahdi, est plus qu’attendu.

Nous vous invitons à découvrir et contribuer à cette formidable aventure où le management informel tient une grande place et souhaite acquérir ses lettres de noblesse pour “Faire de l’Économie informelle une alternative de Qualité au Système libéral” parce que “Chaque Homme est important aux Yeux de Dieu”…

The Black Kingdom, Le Royaume Noir est le projet de construction d’un ensemble de foyers souverains socioéconomiquement relié de façon virtuelle après une Révolution Silencieuse sur la base de la reproduction d’une souche Source par Observation et Observance. Les membres de cette communauté virtuelle et rituelle sont invités à la souveraineté à travers :

L’Indépendance financière par la Paie ou Sécurité (Courage) c’est-à-dire pour la Suffisance de revenu fait d’un patrimoine transmissible issu de l’Épargne. Ils exercent le Métier de Consultant polyvalent en opérant et corrigeant (Entrepreneur, Profession libérale, Commerçant et Gens d’affaires) par projets et budgets pour être e-Nomade (economique). Peuple de l’âme-erre aux Mâkham mobiles.

L’Identité ethnique par la Paix ou Sakina (Confiance) c’est-à-dire par la Satisfaction du Cœur faite d’un équilibre émotionnel issu de la Hargne. Ils exorcisent le Mal de Complaisants oppressés en reconnaissant et corrigeant (Simplicité, Silence, Séclusion, Seigneurité) leur statut de Malade-s (social) par médiocrité et mendicité. Peuple de l’a-guère à la Morale de débiles.

La Valeur centrale de ce groupe ethnique et non tribal est celle de la Transparence (Haqq et Honnêteté) dans l’Attitude dont la Correction mène idéalement à posséder la disposition intérieure d’un Champion et le comportement d’un Roi Lion dans la compétition d’instauration et de renforcement de l’Économie de Communauté (Ethnique, Informelle, Sociale et Numérique). Cette Transparence dissout l’ego de Stress du Temps chronos et des Plaisirs de Vie d’excitation tout deux buts illusoires à poursuivre.

L’Avènement de ce Royaume dont la manifestation est l’Économie comme Religion et l’Écologie comme spiritualité autour desquels gravitent des philosophies personnelles permet au Nouvel Homme Attitude, à l’Uniforme psychique, d’être et de Vivre libre du point de vue du Plaisir mais de demeurer soumis à DIEU, le tout divinité, Omniréalité.

Cette promesse du Créateur passe initialement par une phase de Schisme vis-à-vis des Voies de la Mystique monothéiste et des Connaissances traditionnelles dont l’alternative est une gnose dite de la Voie Noire portant et apportant la Vision d’ASSOUKA le Vicaire du Maître du Temps en Mahdi combattant sur la Voie du Mahdi.

Cette Vision est celle de l’Acceptation par les Vicaires de leur destin par l’exercice du Lâcher-prise total appelé Lean Intention en Effort ou prière de Charisme personnel et de Promotion du projet divin contenu dans son Livre ou destin. Elle se résume en quatre volets du Livre composé de la Méthode Ka :

L’Erreur d’une Renaissance Africaine pour le Panafricanisme serait de souhaiter une Union de Nations éthiques au lieu d’une Fédération de Foyers ethniques par le Courage de l’Effort Calme de Souveraineté socioéconomique.

Arnaud SEGLA θ Arc en ciel θ « Gougoune, j’aurais ta peau ! » θ Roman

Arnaud SEGLA θ Arc en ciel θ « Gougoune, j’aurais ta peau ! » θ Roman

 

Arnaud SEGLA

 

Arc en ciel

 

« Gougoune, j’aurais ta peau ! »

Roman

 

 

 

 

 

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

 

Segla, Arnaud, 1978-, auteur

 

Arc en ciel, Gougoune j’aurais ta peau / Arnaud Segla.

 

Comprend du texte en anglais.

 

ISBN KDP : 9781790833351

 

  1. Wisemen Council, organisme de publication. II. Titre.

 

PS8637.E445A72 2018  C
843′.6
C2018-942291-2 PS9637.E445A72 2018

 

 

 

Dépôt légal

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018 Bibliothèque et Archives Canada, 2018

 

Maquette et mise en pages: ASSOUKA

Photo de couverture © Farinoza

Conception couverture: Amrane Salah

admin@thewisemencouncil.com.

 

 

 

© THE WISEMEN COUNCIL, 2018

 

Chaque Homme est important

aux yeux de Dieu

 

 

 

Sommaire

Sommaire. 5

Avant-Propos. 8

Introduction. 13

DAKAR, LE REFUGE DE LA MECQUE. CENTRE. 18

Dakar rekk. 76

MONTRÉAL, LA NOUVELLE JÉRUSALEM. OUEST. 80

Mon réal 117

PARIS, LA CORRECTION DE ROME. NORD. 122

Je n’ai pas ri 153

LIBREVILLE, LA DESCENTE SUR DAMAS. EST. 156

Le vrai way (wé) du lit on dort. 188

COTONOU, LES MÉCRÉANTS DE MÉDINE. SUD. 192

La femme est l’auxiliaire de l’homme. 212

BEIJING, LES MURS DE CONSTANTINOPLE. EXTÉRIEUR. 216

Freedom, Trade Fighters. 239

United Diasporas and Africa for economic sovereignty Act. 243

Acte d’union des Diasporas et de l’Afrique pour la souveraineté économique. 246

LE NUAGE, LES CAMÉLÉONS À ARC EN CIEL DE LA MER. TEMPS. 251

Les Fondations. 303

Conclusion. 309

Hiéroglyphes ou griffes des Héros?. 309

DANS NOTRE COLLECTION.. 314

Collection Développement économique : 315

Collection Identité ethnique : 320

Collection développement durable : 322

 

Aux héritiers du Royaume, Amaru.

 

À ceux qui ont le courage de faire croitre la graine jusqu’à à l’Arbre de Vie

 

Au jour de la récolte et au témoignage de la Tare silencieuse

 

A l’esprit de Correction, le Temps et la Main Providentielle qui guident vers l’accomplissement des destinées

 

Un rêve même prophétique demeure allégorique.

 

 

 

Avant-Propos

La compagnie Gougoune a été créé le 4 septembre 1981 dans le garage Gougoune à « Mets l’eau » Parc en « Cali! Fornique » par Le Riz Page et Serge E-blis. Leurs slogans est « Don’t believe! » et « Don’t be! Live! » (Ne croyez pas; ne vous accomplissez pas! Vivez!) dons ambivalents (dont bien ils se veulent mais dons de bien qui se voile)

 

Contrairement au sous-titre de ce livre, il ne s’agit pas ici de parler d’une firme babylonienne mais plutôt de faire un voyage de contextes simulés à travers des lieux qui serviront de cadre d’observation et de méditation sur notre contemporain. Nos guides, Hakam et Hakim des frères bénis Noirs s’identifient à deux hypostases ou attributs de Dieu dans Sa Seigneurie de la Vie où il s’est présenté comme Le Point (de la lettre Ba en arabe ou des stèles discoïdale de l’avant christianisation du pays Basque). Hakam symbolise le Juge, il est doté de grandes capacités et a le défi de leur transcendance. Il vit à Dakar, capitale du Sénégal qui est notre Mecque en terre de Téranga et dans cette ère en guère. Quant à Hakim, il est doté d’un capital de vie riche et symbolise le Sage qu’il recèle dans son immanence. Il vit à Montréal, capitale économique du Québec qui est la nouvelle Jérusalem dans cette ère du combat en quête du grand Râle : la Calebasse (du mandarin) ou le Bol (du mendiant) qui doit subir le Bâton (des bangandos; bon dits et bandit). Autre étape de ce voyage Paris où la pieuvre mafieuse tenant dans ses tentacules l’avènement du Futur économique de nombreux pays anciennement sous sa tutelle officielle mais toujours sous domination de fait. Un pré-carré dont personne ne s’étonne mais qui laisse un goût amer aux jeunes de l’économie naissante qui n’auront aucune alternative dans quelques années que de vivre le poids de l’impasse sociale si rien n’est fait. D’où l’attente d’un Sauveur descendant sur le minaret blanc symbolique à l’est de Damas pour réduire à zéro cette iniquité financière.

 

Aussi, un simple oracle de Le Point est rendu à Libreville, capitale du Gabon, par le mystérieux Guerrier guère héro porteur d’une nouvelle Attitude. Il s’érige contre certains abus de précocité voire de préciosité d’un antique membre de sa famille spirituelle qui s’acharne à s’opposer au dévoilement de la nouvelle Voie et surtout se rit de la menace qui plane sur lui et le Système auquel il contribue : la révolte des jeunes sans emploi baignant dans la contrainte de relations contre nature forcées. Les esprits nous donnent rendez-vous à Cotonou plus précisément à Ouidah, par la Porte Mystique, du non-retour pour lancer l’appel au concours des dieux exilés pour le retour à la Confiance autrefois trahis et déportés à travers les eaux afin qu’ils reviennent reprendre leur Sceaux au côté des saints, prophètes et bouddhas qui ont élus domicile depuis sur leur terre en leur absence. C’est le Chantre qui officiera cet Appel du retour au rituel simple de vie qui honore les 4 Voies aux couleurs d’uniforme, les unit en brisant la croix qui les sépare et les décline dans chaque aspect du destin des Hommes tel un arc-en-ciel spirituel… Un Arc en Ciel unissant Justice et Sagesse d’une seule traite et en traitre.

 

Tel est la carte de ce parcours ou le développement économique, l’identité ethnique, le pouvoir mystique et le pourvoi antique s’enchevêtrent.

 

 

« Tout Homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue c’est-à-dire du voyage de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre c’est-à-dire de l’enracinement, de l’identité, et les Hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue. »

 

 

(Mythe mélanésien de l’île de Vanuatu)

Pour l’Actionnariat des Diasporas du Nord et l’Entrepreneuriat des Favelas du Sud ainsi que l’Intelligentsia des Sultanats du Centre.

 

« La Renaissance ou les remords, nous vaincrons!»

 

 

 

Introduction

Hakam et Hakim étaient les héritiers du Royaume. Respectivement fils de Myriam et de Fanta, les deux concubines du désormais célèbre magnat du management informel qui avait suivi la voie du Prophète du sud. Les deux frères se voyaient peu mais échangeaient souvent. Étant l’un pour l’autre la seule famille qui leur restait après le décès prématuré de leurs parents dans la série de représailles qui avait suivi l’émergence de la branche armée, non voulue initialement, du mouvement social, responsable et d’une Conscience universelle. Seul l’oncle Koua servait encore de mémoire de cette époque. On ne savait plus qui était le plus à maudire : les militants radicaux qui refusaient l’entropie culturelle due à l’oppression économique– succédant à la mondialisation – ou la nouvelle génération de tyrans qui sévissaient en représailles diverses contre les élans d’autonomie financière par lesquels les foyers prenaient vie çà et là.

Les deux frères s’étaient retrouvés pour les festivités du jour de la renaissance africaine qui avait été proclamé par l’Union africaine sous la pression des intellectuels et surtout des hommes d’affaires du continent. Nouvelle force d’influence légitime. Cela marquait un autre cap dans l’histoire de Kama. Après les indépendances on se devait d’avoir un nouveau sens dans lequel investir l’espoir. Non plus se définir par rapport à une souffrance et une domination passée – indépendance faisait penser systéma-tiquement à colonisation- mais plutôt se retourner vers le futur et l’idéal de construction d’un essor économique auquel toute la civilisation Kamite croyait. Le Monde s’essoufflait et les dépositaires de la connaissance divine asphyxiaient sous les derniers jougs des anciens geôliers. Pourtant ce n’était plus qu’une question de temps, se réapproprier le Futur économique du continent avec ses attributs de pouvoir : économies florissantes, monnaie indépen-dante, Inc performant et reconnaissance de la qualité dans le savoir lié à l’action. Le combat était lancé.

 

La situation avait fini de se détériorer et d’écœurer le Peuple. Les maquis sales régnaient dans des territoires où la noblesse de cœur n’était plus la norme. On réprimait la sexualité pour tolérer la spéculation malhonnête. A part ça tout allait pour le mieux dans le meilleur du Monde. Ailleurs l’austérité avait fini à se mettre les pelles à dos. Tanné de déneiger les mesures du Deaficit. Barbe blanche. On rêvait de souveraineté économique comme d’une légende à l’instar de l’ancienne gloire de l’Égypte antique pour le peuple Noir. Pouvait-on défier le Temps et faire marche arrière en remettant en cause les enseignements de l’histoire et effacer les conséquences de notre karma ? Enfin le vin coulait à flot pour célébrer la paresse et le désir de richesse rapide. L’effort de conviction était remplacé par la criminalité rituelle ou anale. Une descente en enfer pour des mœurs qui mêlait innocence et Influence de l’Étranger. Le vin était tiré, il fallait le boire jusqu’à la lie dont le bon gout au dit bas essayerait de s’éterniser dans le palais à soi fait. Le tout sous les auspices de maris ânes qui luttaient pour garder leur virilité dans un monde d’images et de donné où ils perdaient pieds. Les privilèges d’antan laissaient place au marasme, à l’exode et pour ainsi dire au rejet. De leurs modèles. Cent pas, pillés. Les dieux étaient de retour et entraient en action tandis que les prophètes étaient jugés. On s’apercevrait au jour du jugement de cette ère et de cette communauté, que les prophètes en auront trop fait et les dieux auront dit, eux !

 

Gougoune symbolisait parfaitement l’oppression économique qui sévissait à la fois en tant que réussite en affaires que domination sans partage sur Internet qui donnait lieu à l’admiration ou l’admonestation. La firme de « Cali! Fornique! » se hissait au sommet de la reconnaissance du marché par sa performance par rapport au Temps – devenue une action boursière des plus aimées en quelques années – mais violait de plus en plus les fondements et la fidélité à son slogan et à son âme – transgression du droit à l’information privée des communautés au profit des gouvernants. Qu’en serait-il de cette double composante de sa vie au moment inévitable de son déclin ? Hakim était gai et y voyait une source d’émulation et Hakam fier et y voyait des sources d’humiliation. La paire parfaite. L’Arc-en-ciel se révéla à leurs yeux. Un rappel de l’Alliance d’autrefois. Tous deux décidèrent de faire un vœu dans leur cœur pour un sacrifice de sanctification de leur vie. Le sort voulut que ce fut exactement le même :

 

« Gougoune, j’aurais ta peau ! »

 

 

 

DAKAR, LE REFUGE DE LA MECQUE. CENTRE.

Le Prophète – que la Paix et le Salut soient sur lui – a dit:

 

« Il est dans le corps un morceau de chair qui, s’il est sain, rend tout le corps sain, mais s’il est corrompu, corrompt tout le corps.  Il s’agit du cœur. »

 

(Hadith)

 

 

 

Le port du casque est salutaire mais le porc de casque ruine tout sur son passage par son appétit insatiable d’essences. Un vicaire déchu qui n’a plus droit de cité dans cette ère et qui est condamné au recyclage civilisationnel. Longue épreuve de purification du Karma collectif que Kama a connu et dont elle se relevait tranquillement.

 

L’harmattan sévissait tout autant que l’hiver dans la terre et l’ère du Royaume. Bien que les températures ne soient pas les mêmes on se couvrait et surtout on se plaignait du froid et de ses variations. Cette année-là, il faisait plus chaud qu’à l’accoutumée. Le réchauffement du climat était dans les esprits mais comment limiter les dégâts quand certains locataires du globe ignoraient volontairement ou non l’impact de leur habitudes domestiques sur la nature. Après la couche d’ozone, les mers polluées, c’était la température qui servait d’indicateur de l’inconduite d’une minorité visible mais puissante sur une majorité invisible et impuissante. Les pions étaient posés dans le camp de mère Nature et en face d’elle l’Homme discutait encore stratégie en grande pompe dans des sommets où les experts et les politiques finissaient de consommer le gras de leur égo logique. Pour l’instant seul les soldats et les fous avançaient et s’affrontaient soigneusement dans des manifestations où le désespoir ainsi que l’urgence de conscientisation et de sauvetage des générations futures donnait des poussées d’adrénaline. La Nature gardait la reine pour plus tard. L’air du numérique transcendait les frontières et le temps. Le contenu digital permettait de sauver quelques ressources mais ne rencontrait pas encore l’accueil nécessaire pour opérer la révolution écologique. Le recyclage des déchets électroniques était un soin au coût souvent pire que le mal lui-même. En attendant une solution contre l’obsolescence matérielle ou l’insolence sensorielle qui faisait consommer toujours plus chaque jour, on se donnait bonne conscience dans des crises d’exaltation de « high » technologique. « High phone », « High pod » etc. Dans l’aire de connexion, les deux frères utilisaient la matrice pour se maintenir en état de marche au-delà de la nécessité économique d’être connectée. Cette dernière était la sainte fréquentation préconisée par ASSOUKA avant son rappel par Dieu. Hakam et Hakim était sur messagerie instantanée et échangeaient en travaillant chacun à leur projet. Les applications révolutionnaient les échanges tout isolant les membres des communautés locales. Le seul intérêt était dans la distance et la disponibilité. Humainement le défi demeurait de pouvoir troquer un hashtag contre une bière Flag. La parole était le sang par lequel les communautés devaient se maintenir. Hélas on « textait » en familier pour, l’instant d’après, se parler en étranger tant la gêne que ce médium naturel nous imposait était grande. On aurait aimé rire aux éclats en s’exclamant « lol! Loooool! Lol!! ». Ce contact humain, la nouvelle richesse en manque dans les pays dits « développés », qu’on venait retrouver volontiers dans des séjours touristiques dans les contrées où les âmes communiaient encore – officiellement. Le lien âme-paire, force vitale et corps n’était pas encore vraiment brisé. La mondialisation avait diffusé ses modèles culturels dans des séries et autres novelas qui greffait l’illusion dans les esprits autrefois préoccupés par les rapports de voisinage et la cohésion du groupe et par de là de la communauté. À ce tableau en édification s’ajoutait, à présent, le désir de la richesse matérielle non pas en coupe faim de l’aide internationale, qui n’est que miettes d’un festin de légions destinées aux porcs, mais en acquisition réelle d’un pouvoir économique.

 

« Salam Aleykoum Hakam.

 

Hakim on dit quoi? Wa aleykoum Salam

 

Tu bosses?

 

Oui comme un malade

 

Stress

 

Je t’assure

 

Tu sais que ASSOUKA, que Dieu agrée son secret, avait parlé de ce penchant.

 

Oui je sais. Je fais des efforts pour lâcher prise.

 

Tu n’es pas obligé de faire aussi bien que notre père.

 

Hum. Au fait pourquoi utilises-tu systématiquement la salutation des compagnons du prophètes pour
ASSOUKA ?

 

C’est une question de reconnaissance. Entre mystiques on sait retrouver les signes de l’élection d’un personnage.

 

J’espère moi aussi que son secret sera agréé. Car de nos jours il n’y a plus aucune pudeur. On parle à tort et à travers de vies qui ne nous concernent même pas.

 

Oui je vois. Tu parles de secrets au sens terrestre. Tu sais par exemple Bambi a été décrié par les mystiques pour sa source d’énergie et par les profanes pour les rumeurs qui ont entourées sa vie.

 

Sans doute le meilleur chanteur de l’ère passée. Le roi de la Pop !

 

Un élu que les gens n’ont pas compris. Comme le Christ Jésus, Il a eu droit à son procès, son martyr crucifié et sa lutte contre les ténébreux qui maintiennent ce Monde contre Nature.

 

Ce fut un élu assez excentrique d’ailleurs.

 

Dieu choisit qui il veut pour le servir. Au jeu d’attendre les Messies, les hommes perdent toujours car leurs critères ne sont jamais à jour ou au goût du plan divin. Comme on dit : Jésus viendra comme un voleur dans la nuit. Spirituellement il revient périodiquement sous des traits différents pour juger un Monde et sauver une communauté.

 

C’est tout de même bizarre qu’après autant d’années et d’histoires saintes consignées ou non dans des livres on soit incapable de comprendre la leçon.

 

Ce n’est pas si facile. ASSOUKA, que Dieu agrée son secret, en tant que Mahdi, Messie et dieu de l’a-guère protecteur de la force vitale. Avoue que ça tient de l’imprévisible divin de choisir des personnes qui ne payent pas de mine ou ne correspondent à aucun critère attendu.

 

Le doigt de Dieu !

 

De toute façon ce ne sont que des stations spirituelles que certains atteignent par efforts d’élévation ou par grâce après transgression et repentir »

 

Le téléphone fit résonner l’adhan. Le muezzin lui emboita le pas. La mosquée n’était pas loin. Hakam prit congé « le devoir m’appelle » déclara-t-il simplement. « Je vais aller me prendre un café et une boite de Timbits » répondit Hakim.

 

***

 

Hakim mit ses bottes et son manteau. L’hiver, on ne s’y faisait jamais mais bon fallait se faire au moins une raison au fait que dame Nature nous imposait ses règles. Blanches. Neiges. On attendrait pour l’étreinte moite de l’été. Il descendit l’escalier sans un mot ni salutation. Ici les voisins se distinguait aux différents fumets des repas. Il était rare de se voir, de se saluer encore plus de discuter sur son palier. Un fait avéré des pays « des enveloppés ». Il devinait à la richesse des senteurs qu’il habitait une carotte d’immigration que la liste de nom sur l’interphone trahissait innocemment. Il ouvrit la porte du bâtiment et se tint sur le perron. L’air frais lui rappela avec insistance qu’il avait oublié son écharpe. Pas question de faire demi-tour. Ça changerait l’enchainement des évènements projetés d’avance par ses pensées. Vieille superstition qui avait la vie dure en lui. Il marcha d’un pas rapide. La station d’essence où le point service café se trouvait n’était pas loin. Une formalité.

 

Il se Plongea dans une réflexion anodine sur ce concept de Fierté cher à ASSOUKA. Il avait entendu dire que ce dernier citait souvent en exemple son compagnon d’arme Luanda, le danseur, pour sa vision prophétique parlant des déracinés de la diasporas Noires : « Wewillmakethemwant to beAfrican ». Mais comment amener le peuple Africain à continuer à se valoriser au point de devenir ou tout simplement redevenir un modèle culturel. Les premières rasades de son café le ramenèrent sur Terre. Le Noir était sur toutes les langues. Le gout amer de sa saveur ne faisait pas oublier sa nécessité réconfortante pour le travail et les nuits de veille chères aux palais. Sa diversité ne dérangeait même plus. Il savait juste savoir quoi choisir et adapter ses attentes en matière d’effets. Hakim lui s’intéressait uniquement à la Richesse. C’était le défi qu’il s’était donné. Le Temps pressait. Non pas à la manière outrancière de ceux qui le subissaient sans espoir pour leur humanité. Lui, en faisait une question d’accomplis-sement spirituel sur les traces de son défunt père. Paix à son âme.

 

La Fierté dont parlait ASSOUKA c’était la Confiance retrouvée du peuple Noir pour l’Action d’affirmation économique par le changement d’Attitude.

 

Oui. L’Afrique avait été le berceau de l’humanité. Elle avait reçu le dépôt concentré de la connaissance de Dieu par le dieu Adam. La Providence et le Temps s’étaient chargés de diffuser et diluer cette copie de la Loi originelle, respectivement dans l’espace et les temps, à mesure que les vicaires évoluaient dans ses deux sphères. Hélas au niveau de l’être, l’involution était manifeste. L’âme et le corps se désalignaient régulièrement. La Force vitale s’évertuait à les maintenir en harmonie malgré les effets de l’Égo. Les transgressions s’insinuaient dans la chaine de transmission de ce flux subtil. Les Messagers se succédaient heureusement pour sonner le Rappel… Que seul les moins pressentis, « le peuple de vils » , acceptaient sincèrement de suivre.

 

Hakim déposa la boite de Timbits vide à même le sol en s’asseyant dans son fauteuil. Il prolongeait la pause. La détente ne s’enclenchait pas. L’éclairage était trop vif. Il grommela, se releva et alla éteindre la plupart des lampes sauf le petit abat-jour sur la table basse. Il revint au fauteuil et dévisagea l’écran de télé et le décodeur de chaînes. Pourquoi pas ? Au point où il en était de toute façon. Dès les premières images la tension monta. Il n’y était pas du tout. La dépressurisation était violente. Il luttait. Il recherchait parfois l’évasion temporaire dans le ridicule d’un monde sans phare qui maquillait la réalité et dans lequel il ne se reconnaissait pas. Il fuyait les flashs de nouvelles alarmistes, caricaturistes et aliéniste, esquivait les séries électrisantes qui donnaient la tétée excitante en « suce ; pince » ainsi que les jeux et les animations douteusement désopilantes. Les documen-taires lui apportaient la bouffée fraiche qui seule justifiait qu’il ait pris cet abonnement. Tout lui semblait niais. Il prit son téléphone « un tel et gens » et sonda avec frénésie les dernières publications sur le réseau social. Ceux qui affichaient les faits de leur vie ou le niveau atteint par leur conscience. Une communion du comble informationnel du narcissique exhibitionniste et de l’hypo-condriaque victime tout azimut. Il déposa le téléphone, saisit un livre. L’attention se porta sur la foule de lettres qui protestèrent avec des slogans indéchiffrables. Il enferma les manifestants sous le couvert des pages sans tact ni tics. L’écran scintilla. Les personnages y jouaient à présent une scène qui semblait irréaliste. Lui parlait-il ? Tout lui semblait aller vite. Les yeux se révulsèrent.

 

Le bruit de la télécommande heurtant le sol. Le réveilla. Un court instant de lucidité profonde s’empara de lui. « Je suis seul » déclara-t-il. Le besoin de complétude intime n’était pas le seul à blâmer. Le déficit de chaleur humaine était l’un des collatéraux de la vie des diasporas. Il était dur de se définir et d’adhérer à une communauté de référence où les membres savaient à la fois témoigner de l’affection et montrer de l’empathie. Mais voilà, la notion de solidarité en diaspora n’était-elle pas un artifice ? Sur le papier elle était nécessaire contre les coups durs de l’intégration socioéconomique mais y voir de plus près ce n’était une fois de plus qu’une question d’intérêts de masse et d’affinités minces. L’hypocrisie qui s’immisçait déjà dans les métropoles noires ne faisaient que prendre ses quartiers dans la Cité où le lien familial pouvait souffrir d’imperfection et de critères déterminants. Là où le dialecte n’autorisait que la fratrie ou le lien générationnel, chez l’accueillant (autrefois accueilli) on ne se définissait que par les différences (cousins, neveu, demi-frère, fang, wolof, peul, yorouba). À chaque explication de lien, le fossé de solidarité se creusait. Sur un autre plan, la réussite cible qui se matérialisait par le diplôme, l’emploi honorable, la maison ou encore la voiture dans un foyer à enfants, prenait du temps à se matérialiser tant le parcours était demandant avait tendance à créer des semi produits humains. On pouvait réussir professionnellement mais attendre encore de bonnes conditions pour créer le foyer. Ou avoir le foyer mais pas encore l’emploi rêvé. Il se créait des effectifs caméléons qui apparaissaient aux évènements selon le centre d’intérêt. On venait rayonner à un 5 à 7 professionnel et on s’excusait pour le mariage d’un ami pas trop proche ou un peu posh. Avoir le profil parfait prenait soit du temps soit du courage pour arrêter de vivre selon un modèle de vie qui était finalement devenu individualiste comme celui de l’accueillant voire encore pire que celui-ci : travestir sa réalité intime par impuissance de s’aligner face aux standards communautaires sains et couver plutôt sa jalousie, sa honte, son envie etc. Péchés et cas piteux.

 

Le Sentiment était la référence d’échange, et la parole n’était que le vecteur alimenté par le foie et la foi. « Faut pas rester seul » lui avait dit un jour un maitre spirituel et « Fréquentez-vous ! » était l’exhortation de ASSOUKA pour sa communauté. « Ok. Il va falloir se faire des amis. » prononça-t-il à mi-voix comme pour prendre le mobilier du salon à témoin. « De plus avec toutes ces femmes fières dans notre contemporain qui préfèrent rester seule avec leur sexe appeal et leur sexe à piles, il n’est plus aisé d’être complété dans une respectueuse équité. On doit faire la place à l’utopique égalité des diapasons de réussite sociale pour que le couple soit en harmonie. J’ai fait des études, il doit avoir des diplômes. J’ai le permis de conduire, on doit pouvoir s’acheter une voiture. J’ai des économies, il doit pouvoir participer à l’hypothèque, il doit me permettre de procréer comme les copines de ma génération et s’il ne fait plus l’affaire j’élèverai mon enfant seul. Triste tableau des foyers sans foi liée » Il se leva et alla éteindre le set de télévision. Une musique douce jouait. Elle n’avait jamais cessé de jouer. Pourquoi ne l’avait-il pas remarqué ? Pourquoi avait-il réagi ainsi ? Pourquoi cet emballement inutile de son humeur ?

 

La réponse se fit évidente et tranchante : le stress.

 

La frénésie des Cités était exaltante. Les chantres et les poètes avaient chanté Paris, New York, Abidjan et bien d’autres. Le Jeux rentrait aussi à Montréal où le fil d’Ariane ramenait à la Mouffette. Deux miles neufs. Inoubliables. L’un menait à l’illumination d’un timoré et l’autre à la distance du timonier. L’Omniscience avouait la limite de l’Amour. Cette part ration qu’il fallait accepter. Faire de la Mouffette le symbole du stress ? Ce n’était ni tout noir ni tout blanc. L’odeur persistante de ce mécanisme de défense du Système changeait l’humeur. Et c’était là le combat du siècle : l’humeur de l’Homme confronté au stress causé par son mode de vie. C’est tout!

 

Derrière ce conflit banal se profilait l’affrontement de la famille de la Force vitale et de celle de l’Égo. Un match perdu d’avance par ce dernier mais qui s’éternisait. Le stress conduisait à la plupart des morts spirituelles connues dans la longue Tradition initiatique. On vivait en mort et mourrait pour la vie. Le minerai des égos rentrait en collision produisait une étincelle qui allumait le feu consumant des pensées dans le corps d’où une fumée s’en échappait. Le stress aveuglant qui à son tour poussaient à l’en faire… Trop. L’outrance dans le mode de vie. L’excitation de la conscience. L’idolâtrie du Temps. Égo. Les troubles affectifs de l’humeur devenaient monnaie courante et la médecine les considéraient comme une pathologie normale. La bipolarité faisait osciller humeur entre l’éther du pôle spirituel de l’âme dans l’envolée de l’exaltation et la masse du pôle charnel dans la pesanteur de la dépression. L’être avait besoin de régularité. De rituels et de rythme de vie pour maintenir la connexion entre les deux eaux, celle du firmament et celle de l’Abime. Que la Lumière soigne ! L’être en vie et la vie en l’être. Pilules, thérapie et un peu d’essai erreur rassurait l’esprit scientifique, raisonnable et froid. De son côté, la science informelle, résolument holistique, s’attaquait à cette subtilité de l’Énergie. Un mot encore vague pour certains mais qui contenait, sans aucun doute, en son sein la graine de Vie, la réponse au mal du Futur. Il fallait se tourner résolument vers la reconsidération de l’âme et de son soin énergétique. Pour Hakim, la diaspora et les citadins africains compromettaient leur équilibre à s’éloigner de leur rapport naturel au Temps que leur civilisation maitrisait depuis les origines. Mais voilà, ils ne respectaient plus leurs modèles de référence dans le concert des nations. Il fallait marcher, produire, vite. Croissance. Développement. Vite. Souffrir, mourir, vite. Le tout sans s’échapper du moment présent qui officiait en carotte pour faire avancer l’âne sans qu’il ne se préoccupe d’autre chose que de ses factures, de ses loisirs et de sa retraite. Le sens de la vie pour laquelle on avait été déchu de Sion n’importait que peu, voire plus du tout. Et même en s’adonnant, par confort moral, aux religions qui avaient pignon sur rue on en oubliait le sens du culte et l’importance de l’élévation spirituelle finale. Et Si on disait que la vie n’était que routine à maintenir contre les aléas de la Providence ? Alors jouons et jouissons en enfants. La Justice et la Sagesse attendront. L’Heure.

 

***

 

Le Temps s’arrêtait dans les villages africains. Le silence, à peine troublé par des incongruités du modernisme, installait le tableau intemporel de l’immortalité. Une sensation de paix imprégnait les habitants. Les tâches tournaient autour du rituel de la Vie. Avec le départ des jeunes pour la ville, la paie aussi s’installait dans les esprits. Leurs bras manquant pour les métiers traditionnels ou la récolte, ils s’amendaient par des virements fait pour l’honneur et le bonheur.

 

Le Cheikh avait réinstallé cette paix dans son habitation de Dakar qui servaient accessoirement de Zaouia quand il ne pouvait se déplacer à la Masjid. Il recevait les étudiants dans sa cour. L’harmattan ne lui avait imposé que le port de chaussettes. Rare douceur qu’il s’accordait. Hakam et Mor attendaient que leur hôte sorte de sa chambre. Une étudiante soigneusement voilée apporta du thé à la menthe. La djellaba moulante offrait la tentation du regard dérobé ou d’une dérobée de regard. On n’eut pu dire avec certitude si le vêtement avait épousé si intimement les formes de la jeune femme par accident ou si elle avait rempli l’espace d’elle-même par trahison d’engraissement d’un corps paresseux. Ce qui était sûr c’est que le fessier élogieux qui mettait l’étoffe et les « tough » sous tension en attirant inévitablement la vue, rendant méditatif, contemplatif, inattentif et aussi… Agressif.

Mor reçu le coup de canne sur la clavicule. « Lahilah! » s’écria-t-il. « il est là! » ajouta Hakam. « Imbeutchile! » « Margouillat! » lança le Cheikh courroucé.

 

Hakam ne put s’empêcher de rire de l’infortune de son jeune camarade qui fut sorti douloureusement de sa contemplation. La jeune étudiante gênée se retira sans même offrir l’excellent breuvage au maitre des lieux. « Maïmouna! Maïmouna! » ne voyant pas la pauvre revenir, il saisit son chapelet entama un Dhikr « astaghfirullah, astaghfirullah, astaghfirullah… » Quelques minutes plus tard l’incident était clos.

 

Hakam s’engagea dans le moment et prit la parole en laissant le soin à Mor de traduire.

« Je suis très honoré de vous rencontrer chez vous Cheikh, mon propre Cheikh m’avait recommandé de faire cette ziara mais depuis que je me suis installé à Dakar je n’ai pas eu cette occasion.

 

– je suis très content que tu sois là avec ton ami. Ton Cheikh et moi sommes des amis de longue date. Il m’avait parlé de tes difficultés de l’époque. Est-ce que ça va mieux à présent ?

 

– Oui je traversais une grande période de doute et comme mon frère les troubles bipolaires semblaient ne pas se résorber malgré les différents traitements.

 

– Oui c’est important de ne pas arrêter de prendre tes médicaments.

 

– J’ai aussi pris des traitements traditionnels mais il arrive toujours un moment où on doute à nouveau ou qu’on ne respecte pas une consigne.

 

– Tu es allé bien loin me semble-t-il.

 

-Finalement mon Cheikh m’a recommandé de revenir à une pratique plus rigoureuse de l’Islam car j’y trouverai tous les éléments pour guérir par moi-même. Personnellement j’éprouve le désir de perpétuer l’héritage traditionnel de ma famille. Je me retrouve à faire un compromis entre le soufisme et l’animisme.

 

– Je vois. Ce que tu veux entreprendre n’est pas facile. Certes il est vrai que les plus grands marabouts sont ceux qui associent islam et tradition animiste mais ne te perds pas à vouloir suivre plusieurs voies à la fois. L’islam est une voie assez complète mais si tu ressens l’appel de ton identité alors ne te contorsionne pas.

 

– Oui. Cela m’impose une certaine flexibilité et de la nouveauté dans mon Attitude pour ne pas utiliser le terme innovation. Ce que j’apprécie le mieux est le discours avec Dieu par-delà tous les clivages de cultes et de rites. Le fait de pouvoir demander moi-même ma guérison à Dieu à travers un rituel quotidien d’entretien après un autre de réalignement qui fait du sens pour moi malgré la dépense de sommes faramineuses en sacrifices. Cela me semble une solution viable et à oser.

 

– Il faut s’efforcer pour accomplir son destin et je pense que tu es déjà assez avancé sur le plan de la connaissance et de l’expérimentation spirituelle.

 

– Oui je suis conscient que j’ai un certain rôle à jouer sur Terre avant de mourir comme la plupart des gens qui en prennent conscience un jour.

 

– Ton Cheikh m’a dit qu’il avait vu en toi un grand avenir et surtout réussir tout ce que tu devais faire.

 

– Oui cela m’a encouragé à reprendre ma pratique spirituelle car elle est sensée m’aider à acquérir les éléments dont j’ai besoin pour mon chemin.

 

– C’est juste.

 

– Je crois fermement que je pourrais réussir mon projet mais il me faut beaucoup de ressource et la bénédiction du Tout Puissant.

 

– Le chemin de chacun est personnel et Dieu pourvoie selon Sa grande Munificence. Il suffit de pas grand-chose quand on manque de moyens si ce n’est la foi qui est la confiance en soi et en Dieu »

 

Hakam pris et vida la coupe de thé à la menthe qui avait un peu refroidi. Mor s’occupa de servir le Cheikh non sans trembler. Dans le Salon était accroché des tableaux de sourates et quelques photos de maitres spirituels. Il put reconnaitre le tableau de Mawlana Cheikh Ibrahim Niass le détenteur de la Fayda Tidjaniya[1]. Il avait été très impressionné par la vie de ce personnage comme des nombreux qu’il découvrait dans ses lectures. Cela donnait au lieu un aspect encore plus marqué de sanctuaire. Cependant, Hakam s’était toujours demandé d’où venait cette propension à l’usage d’images de saints dans les maisons, les magasins, sur les voitures. C’était monnaie courante à Dakar. Est-ce que cela ne revenait pas à idolâtrer ces saints en lieu et place de Dieu. L’histoire religieuse rappelait que les premières communautés de Croyants s’étaient faites trompées par Satan qui leur avait appris à conserver des portraits de saints récemment décédés et dont ils n’arrivaient pas à faire le deuil ce qui déplut à Dieu qui les châtia et ne voulut plus que le nom de ces saints soient rappelés. Certains allaient même jusqu’à conserver des portraits des membres vivants de leurs familles or il était connu des spirituels que les Anges n’aimaient pas entrer dans de telles maisons. Or la plupart des prières soufis se font en présence de ceux-ci. Pourquoi tant de contradiction dans une terre qui recèle de tant de connaissants et qui pourraient rectifier le tir. Hakam repris ses esprits et attaqua le cœur de son propos pour cette visite.

 

« Cheikh vous allez m’excuser mais j’aimerai parler d’un sujet que j’ai sur le cœur depuis que je suis à Dakar j’ai du mal à l’exprimer ouvertement à une autorité religieuse.

 

-Vas-y. SI Dieu me donne les mots je te répondrai.

 

– Voilà. Les sénégalais dans leur ensemble et dans un jugement grossier semblent avoir un rapport biaisé avec l’argent où ce dernier dénature leurs qualités humaines et les rends plus vils qu’ils ne devraient l’être naturellement.

 

– Ça c’est gros parlé. Qu’as-tu sur le cœur réellement.

 

– Je remarque que la plupart des sénégalais sont malhonnêtes.

 

– Je vois tu es dans le jugement.

 

– Ça saute aux yeux et j’en suis victime au quotidien.

 

– Mon Cheikh m’avait déjà parlé de tes prises de position pendant vos séances de thé.

 

– Oui j’ai souvent soutenu l’idée qu’ils étaient hypocrites, menteurs, xénophobes par voilage de la langue, adorateur de cheikh et de wali en lieu et place de Dieu, que leur condition physique était artificielle.

 

– Je vois beaucoup de souffrance en toi. De tels jugements viennent de quelqu’un qui ne s’est pas assez intégré ou qui a peur de l’autre.

 

– Oui, je suis un solitaire et ça peut se comprendre. Mais il y a une sourate qui condamne de tels agissement et personne ne dit rien. Je me réfère au début de la Sourate sur les fraudeurs : Coran LXXXIII : 1-6.

 

– Au nom de Dieu, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux.Malheur aux fraudeurs qui, lorsqu’ils font mesurer pour eux-mêmes exigent la pleine mesure, et qui lorsqu’eux-mêmes ou pèsent pour les autres, [leur] causent perte. Ceux-là ne pensent-ils pas qu’ils seront ressuscités, en un jour terrible, le jour où les gens se tiendront debout devant le Seigneur de l’Univers ?

– Oui c’est cela. N’ont-ils pas à craindre de châtiment pour toute leur escroquerie.

 

– Tu oublies que le Sénégal est aussi une Terre de grands Saints dont certains ont atteint de hautes stations auprès de Dieu et qu’il se poursuit un flux après eux. La région de Dakar par exemple tient un rôle important dans l’eschatologie contem-poraine et c’est une partie d’un secret gardé. De plus il règne une longue tradition de cohésion et de cohabitation entre les diverses ethnies. Les sénégalais savent se montrer solidaires entre eux.

 

– Oui d’accord les blagues sur les sérères par les wolofs font partie du folklore mais spirituellement pourquoi ne se rendent-ils pas dignes de ces maîtres, vu que leur terre a, semble-t-il, été bénie ?

 

– Tu vois la réalité sous un angle qui n’est pas le bon. Tu as pris dans ta conversion décente à l’Islam la voie de la pureté et oublier que la soumission du cœur que chaque musulman vise est un long voyage. Même dans l’hypocrisie et la malhonnêteté comme tu dis, le sénégalais a une saveur spirituelle que Dieu apprécie et que tu ne perçois pas de ton regard externe.

 

– Que dois-je donc faire pour mieux le percevoir. J’ai déjà bénéficié de la Téranga mais y ai vu des limites aussi quand ces attentions d’accueil n’étaient pas suivies pour construire des relations stables.

 

– le Sénégal n’est pas la seule terre où ce type d’agissement est à déplorer. Il s’agit plus d’un travers de la nature humaine.

 

– C’est tout de même dommage de prôner la pauvreté dans la vie par rejet du Monde et désir du Paradis et de voir que cela mène à la malhonnêteté qui est un frein à la purification de l’âme.

 

– Il s’agit plus de pauvreté de cœur. De simplicité du rapport au Monde. Y être en tant que référence spirituelle sans y perdre sa valeur humaine.

 

– Je vois. Aussi je pense que la noblesse enseignée par l’Islam est devenue de plus en plus une question de d’apparence ici et mène à l’hypocrisie de bienséance. On soigne la réputation de son nom, évite de dire non au lieu de prendre soin du rapport humain qui devrait être honnête tout simplement.

 

– Je pense que ton problème d’intégration est vraiment rendu difficile par les jugements que tu portes, la différentiation et la séparation de l’autre qui s’en suit. Tu aurais pu voir dans le sénégalais un frère spirituel, même imparfait, ou un frère panafricain. As-tu fait l’effort de te faire une place dans une association ou un milieu social où on te repère et te donne des repères ? C’est à toi de faire le reste de la danse après qu’on t’ait ouvert les portes par la Téranga. Ton problème est humain et si je dois te le dire simplement tu manques d’Amour dans ton cœur. Retiens bien ceci : Pour s’intégrer à une société il faut d’abord l’aimer sinon on prend le chemin de la marginalité en répondant en victime aux obstacles inhérent à l’adaptation à la culture locale. »

 

Le silence se fit. Hakim avait été touché. L’Amour c’était la blessure éternelle d’une personne qui se considérait comme un guerrier engagé dans une cause juste. Son frère et lui était officiellement solitaire. Il savait que Hakim n’aimait pas souvent lui parler de ses projets matrimoniaux. Lui voulait fonder un foyer et avoir une famille mais pour un jeune à Dakar ce n’était pas aisé de trouver une situation. Hakim avait repris en mains l’entreprise de leur père. Lui avait pris sa part d’héritage pour suivre une formation de pointe en informatique. Il était expert mais le marché sénégalais ne lui permettait pas de s’exprimer comme il voulait. Il avait eu quelques emplois çà et là mais il s’ennuyait très vite. Il tenait à vivre dans un pays africain mais en même temps ces compétences méritaient la Silicon Valley. Il était fier de ses connaissances et vivotait en attendant de mettre en œuvre son projet personnel. Il n’avait pas la fibre entrepre-neuriale comme son frère et se contentait d’une vie de professionnel haut de gamme. Question de risque. Le temps avançait. Il voulait partir à la prière de Asr pour que le Cheikh puisse faire son Dhikr de la Tariqa avant la prière de Maghrib. Hakam se décida à conclure.

 

« Cheikh j’ai été très touché par ce que vous avez dit sur l’Amour. J’avoue que ce sentiment s’est asséché en moi. D’abord, je pense que cela est dû à une série de déception puis par la mauvaise pratique d’un ascétisme émotionnel pour éviter de me faire mal avec les femmes.

 

– Vraiment ton français là est parfois dur à suivre.

 

– Je n’éprouve plus l’Amour et je ne sais si je suis condamné à vivre solitaire.

 

– Il ne faut pas en faire un souci. Dieu pourvoit à tout. Tu as choisi la voie spirituelle. Si c’est dans son plan il mettra sur ton chemin une personne de ton niveau pour t’accompagner dans ta vie et vous fonderez un foyer.

 

– Donc je ne dois pas fermer la porte à un mariage même si je consacre ma vie à Dieu.

 

– Non. C’est lui qui décide. Si c’est dans son plan tu rencontreras quelqu’un. Cesse de te donner l’étiquette de solitaire. Tu es célibataire pour le moment. C’est tout. Certains attendent plus ou moins longtemps et se marient et ont des enfants. D’autres n’ont pas d’enfant. D’autres enfin ne se marient jamais. C’est La Volonté de Dieu. Soit patient et vis ta vie. Un dernier conseil en spiritualité comme en Amour, ne juge pas selon les apparences, Dieu sait ce que cache les poitrines. Les sénégalaises et sénégalais ont une certaine relation avec Dieu. Lui seul peut décider de les châtier s’il trouve qu’ils transgressent ses lois notamment l’honnêteté mis en perspective avec l’accueil de l’Étranger. Pour le reste suis ta Voie. Tout ira bien insha‘Allah.

 

– Insha’Allah. »

 

Le Cheikh tendit ces mains et psalmodia des formules de bénédictions auxquels Mor et Hakam répondaient par « Amin ». Ils attendirent la prière de Asr qu’ils dirent avec des disciples du Cheikh venus les rejoindre entre temps. Hakam tendit discrètement une enveloppe au Cheikh comme l’enseignait l’étiquette pour le remercier du temps et des conseils qu’il avait prodigué.

 

Mor oublia de regarder à nouveau Maïmouna qui s’était changée pour prier derrière eux. Elle avait mis un grand voile qui cachait ses hanches.

 

Mor et Hakim sortirent dans la rue. Un vieux chien blanc aux allures de chèvre passa près d’eux. Il ne lui manquait que les cornes pour que l’illusion fut parfaite.

 

Mor s’adressa à son ami en scrutant les taxis « il faut que tu apprennes le wolof si tu veux vraiment t’intégrer ici et surtout si tu veux avoir une femme aussi belle que Maïmouna.

 

– C’est toi qui rêve maintenant de Maïmouna. Mais je suis d’accord pour le wolof. Ça peut être utile. »

 

Hakam arrêta un taxi « Salam Aleykoum

 

-Malekou Salam

 

– Cité Biaguinyatta?

 

– 2500

 

– deedet 1500

 

– 2000

 

– 1500 barna

 

– Ok »

 

Mor sourit et lui glissa « tu t’améliores. Encore 10 ans et tu parleras comme ma fille de 3 ans. » Hakim lui sourit pendant que le taxi s’engageait sur la VDN[2] embouteillée. « Hum Mor ! Tu es un p’tit railleur sénégalais. » s’exclama-t-il. « Que veux-tu les Mor sont plein de vie ici » répondit son ami. Ils éclatèrent de rire ensemble pendant que le taximan zigzaguait entre les espaces laissés par les véhicules trop lents.

 

***

 

À Babylone, la prostituée aux bas mats avait fait rêvé au début puis avait joué un rôle classique au nom de l’intérêt de l’état : l’a-guère. Il a ri. L’alibi était tombé dans l’indifférence en reléguant la vision d’une nique monnayée pour le pouvoir écono-mique qu’à mite et puce, elle servirait toujours de symbole et de souvenir d’une trahison dans l’Histoire, falsifiée, des gueux. La veridadsiempre en la Kama. La prostituée souriait et se montrait cool à la fin de sa prestation de séduction sans sédimentation durable pour le Futur. Une forme d’amitié se dégagea. Hakim se rappelait ceux de sa famille qui faisaient à présent partie du panthéon des dieux, ancêtres honorés et méritant qui s’étaient accomplis pour servir Dieu. « Mère, quel Ange est là ? » c’était la phrase favorite qu’il se disait quand l’objet de son désir se pointait devant la porte de son cœur, Keur Hakim. Il payait d’avoir laissé le sentiment immigré dans les sphères de l’esprit et délaisser le corps. Posséder ou rester possédé. Ne pas respecter sa force vitale qui demandait cette libation. Ce simple entretien. Une poutine venait clore le rituel. C’était le tableau si commun du règne occidental sur le raisonnement sophistiqué d’un jeune acteur économique. N’en déplaise à ceux qui se brisaient l’échine à satisfaire uniquement des besoins impérieux face aux habitudes d’Aliens à Sion. « Quand ça empire ça bride » disait le Noir Auteur amusé des nouvelles dépendances : substituer les « laisses » en lieu et place de l’« allez graisse! ». Il était temps.

 

Le repas de midi ramenait à l’esprit la corvée du mangé équilibré pour un jeune actif. Que prendre ? Une salade et avoir bonne conscience face aux autres qui se maintenait en forme ou être bon vivant et dire que de toute façon on mourrait de la mort qu’on avait mérité. C’était tout de même vite dit pour quelqu’un qui vivait dans la Cité. Les pièges étaient nombreux. Bien que les mesures sanitaires aient aseptisées quelque peu les produits, la mort se cachait dans les détails et devenait plus subtile : cancer, AVC, hypertension, obésité. Des maladies du trop bien vivre ? Ou encore des maladies de riches ? Le ventre était la clé du problème. Le gros de la communauté en souffrait. Hakim se l’avouait dans son embonpoint.

 

Avec la présence de plusieurs cultures sur le sol des Cités, le choix ne manquait et le dépaysement était offert aux palais pour peu d’investissement. Pour le repas de midi ce serait un « général Tao » épicé et un soda. Ok fallait pas le crier sur les toits mais la junkfood, ce n’était pas une prise de tête et ça donnait une sensation de liberté. On attendrait la femme et surtout l’exemple à donner aux enfants pour se reconvertir ou en manger en cachette avec le reste de potes irréductibles. Hakim n’aimait pas se compliquer la vie avec les discours qui conditionnaient le Peuple. Qui pouvait vraiment prédire qu’un burger raccourcissait la vie d’un humain quand on était destiné à mourir dans un accident de voiture où les tranches de viandes n’y avaient joué aucun rôle. Bon ben il fallait laisser le Système continuer à nous faire peur avec ses statistiques et ses experts payés par de grands groupes pharmaceutiques ou industriels si ce n’est aussi par des gurus qui associaient à leurs doctrines d’un nouvel âge, un régime alimentaire dit « sain » ou de « Saints ». Pour un sein pur le ventre devait être ceint et les bourses aussi parfois. Mais ça c’est un autre débat.

 

Hakim mangeait ainsi. Seul. Pris dans un monologue interminable sur des sujets sans aucun lien. C’était sa radio par défaut. Le luxe lui venait quand il mangeait avec son baladeur et que les écouteurs s’imposaient sur le flot de pensées. Sinon c’était le silence. La paix. Moments rares qui étaient le fruit d’une prise de conscience ou d’un choc émotionnel. Il termina son repas dans le même état d’agitation avec lequel il l’avait commencé. Le stress ne le quittait presque plus sans doute bossait-il trop. En tout cas il ne savait plus s’arrêter et attendait d’être en rupture de carburant pour prendre du repos. Épuisement. Besoin d’énergie. Pilules miracles du médecin qui faisaient dormir et limitait l’anxiété. On mettrait en place la bonne hygiène de vie plus tard. Toujours plus tard. On y courrait et mourrait en attendant.

 

L’application sonna. C’était Hakam.

 

« L’homme on dit quoi ? Attends je tombe en case. Là j’utilise le forfait de mon phone. Donne-moi 5 minutes » Répondit Hakim.

 

Il quitta le restaurant comptoir à proximité de chez lui et s’engouffra dans la rue à peine déneigée puis la cage d’escalier sans marquer d’arrêt si ce n’est pour ouvrir les portes qui s’exécutaient avec grande soumission.

 

L’application sonna à nouveau. Cette fois-ci Hakim enclencha la caméra pour signifier à son interlocuteur qu’une visioconférence était mieux.

 

« Salam Hakam on dit quoi ?

 

– On est là. Je ne sais pas si je pourrais rester en visioconférence longtemps car le réseau est tellement mauvais ici.

 

– ce n’est pas grave. C’est juste pour revoir ta longue tête pointue.

 

– Toi là et ta bouche. » ils rirent de bon cœur.

 

Hakam reprit « tu viens de manger ?

 

– Oui un général Tao.

 

– C’est vous autres les cannibales. Après vous allez nier.

 

– Tu voulais que je prenne un croque-monsieur ?

 

– Ça aurait était peut-être plus équilibré.

 

– Nous on n’a pas la chance de manger du bon tieboudieunne.

 

– Parfois je me demande si c’est encore une chance surtout quand tu manges ça presque tout le temps. Il y a tellement de plat que nos mères faisaient que je ne mange plus.

 

– Ah ! Il est temps de te marier.

 

– Hum ! Les femmes de maintenant travaillent, ont de l’ambition et ne veulent pas qu’on les considère comme de simples boniches ou des cuisinières.

 

– Bof ! Tant que tu ne leur en mets pas trop sur les épaules et que tu participes un peu ça devrait aller mais je n’ai aucune expérience dans le domaine.

 

– Justement c’est bien qu’on aborde le sujet. Tu sais que suis finalement allé voir le Cheikh qu’on m’a conseillé. On a eu une assez belle discussion et il a abordé un point qui m’a touché dont je voulais t’en parler.

 

– Lequel ?

 

– La solitude.

 

– Ah je vois.

 

– Je sais que tu es célibataire comme moi mais nos solitudes ne semblent pas avoir la même origine. J’ai longtemps pensé que c’était mes hôtes qui ne voulaient pas m’intégrer à leur société par xénophobie cachée justifiée par la culture mais que toi tu avais plus de chance car l’intégration chez toi était plus institutionnalisée. Tu peux jouir de droit et de liberté qui te mettent à l’abris de certains abus et t’offre certaines possibilités de fait.

 

– Oui mais ça c’est assez caricatural ce que tu décris. Les lois n’ont jamais fait des communautés et nous vivons des liens empathiques entre êtres humains. Ce n’est pas parce que je suis entrepreneur canadien d’origine africaine que j’ai de fait une communauté qui me supporte et dans laquelle je trouve des sources de ressourcement et d’épanouissement.

 

– Je te comprends et c’est justement ce qu’il m’a fait comprendre. Ce qu’il semble nous manquer c’est l’Amour au quotidien. C’est pourquoi nous sommes si asséchés et que tu vis, me semble-t-il autant de stress dans ta bipolarité tandis que moi je commence à m’en servir dans ma spiritualité même si je ne le maitrise pas encore très bien.

 

– Mais l’Amour ça ne s’achète pas comme une boite de conserve. Ou veux-tu que je trouve cet Amour. Nos parents ont cru en cet Amour prôné par ASSOUKA à travers l’Amitié et l’on incarné pour au final mourir pour lui. Nous sommes des fruits blessés de cette aventure qui aurait pu être si belle.

 

-Ne remettons pas la volonté de Dieu en cause. Ce que je dis c’est qu’après méditation, l’Amour semblait un élément essentiel avec la Confiance, le Réalisme et la Vérité pour venir à bout de notre égo. Pense au fameux texte de l’apôtre Paul. L’hymne à la charité. 1 Co 13.

 

– Oui je sais il y a aussi les remèdes traditionnels animistes contre la colère, la faiblesse, les illusions et la spéculation qui passent par le rituel. Moi aussi je connais la doctrine de ASSOUKA mais je me concentre sur le volet économique du Message.

 

– L’Amour pourrait te donner cette Paix et ce lâcher-prise qu’il est nécessaire de cultiver pour œuvrer sous la guidance de Dieu présent dans le cœur et la Vie.

 

– Pour l’heure je ne me plains pas trop à part ces crises d’angoisse que je noie dans la junkfood et ma libido.

 

–  Ce comportement est proche du déni tu fuis la réalité et tes responsabilités.

 

– Niveau responsabilité, diriger une compagnie, c’est déjà pas mal et question réalité je pense être lucide sur les défis et rôles que m’apporte la Providence. Il faut que tu comprennes que je suis plutôt terre à terre et que j’applique à la lettre la Définition. Ce que nous vivons est une maladie chronique due à un certain nombre de causes intimes qui nous ont fragilisé. Je n’ose même pas aller jusqu’à incriminer l’hérédité mais bien plus l’environnement. Tout ça n’est qu’un débalancement énergétique qui peut se soigner de façon rituelle.

 

– On n’a pas manqué d’Amour à ce que je sache.

 

– Oui mais on a évolué dans un environnement violent et à risque sur le plan financier et ça fait peur.

 

– Notre père n’a pas démérité pour autant.

 

– Oui c’est vrai. Il a fait ce qu’il a pu. Pas de blâme aux générations précédentes mais on assume notre propre rôle dans le présent »

 

Hakim regarda autour de lui. Sa maison était dans un ordre parfait. Un peu trop parfait. Une esthétique poussée dont il était fier. Le rêve d’esthète. Une envie de donner un grand coup de pied dans toutes cette vie bien rangée le prit. Lui qui rêvait de vivre libre en derviche authentique et décalé plus qu’en solitaire bon chic bon genre. C’était peut-être ça qui le faisait souffrir : ne pas pouvoir vivre sa vérité intime au grand jour. Le déni dont parlait son frère. ASSOUKA disait que le destin était composé de l’être et de la Vie. A présent il voulait aligner les deux dans la même Vérité, le même Réalisme, la même Confiance et pourquoi pas le même Amour. Après un court silence, il reprit la parole. « Hakam j’ai quelque chose à t’avouer.

 

– Oui bien sûr vas y.

 

– Je vois à la fois des femmes et des hommes. »

 

Le silence à l’autre bout du fil fut long. L’expression de Hakam fut figée. Il déconnecta sa caméra. Hakam répondit tout simplement : « Tu es bi »

 

Hakim acquiesça. « J’ai des rapports hétérosexuels purs avec des femmes sans pratiques contre nature et j’ai des rapports homosexuels avec des hommes…

 

-contres natures, coupa sèchement Hakam. » La communication fut interrompue à ce moment-là. Hakam tapa sur son clavier « laisse-moi le temps d’y réfléchir et de murir tout ça. Prends soin de toi. »

 

La plage du virage à Dakar n’était pas la plus belle de la ville mais tenait son charme de sa simplicité désuète. Une plage parmi les moins entretenues où familles et couples s’entassaient les weekends de vacances. Sa digue simple où les flirts s’accommodaient des pêcheurs à la ligne du soir. C’était aussi le repère des surfeurs en tout genre qui se côtoyaient amicalement lorsque les condi-tions météo étaient favorables. Hakam qui était sorti faire les cent pas pour digérer la nouvelle que lui avait annoncé son petit frère, l’enfant gâté de la femme préférée de son père. C’était toujours le problème des enfants gâtés, ils manquaient de réalisme et vivaient comme si le monde entier leur était dû. Hakam s’approcha de la gargote qui s’insérait parfaitement dans le tableau du lieu. Une faible musique reggae se diffusait vue l’heure. Hakam salua le gérant, un grand monsieur au tient noir qui savait vous accueillir et dont on devinait au premier regard qu’il avait du vécu. Il commanda une assiette de frite et une omelette. Il voulait manger léger. Une envie sourde le suivait depuis que ces pas l’avaient amené sur cette plage une soif de désobéissance. Faire lui aussi l’enfant gâté comme son petit frère. Prendre une bière. Pourquoi pas ? Une Gazelle ou une Flag bien fraiche. Il se ravisa. Les paraboles d’enfants prodigues il connaissait. Il tenait toujours le mauvais rôle. Il savait que la sanction serait plus lourde pour lui que pour son puiné qui se laissait vivre. « A’oudhouBillahi mina shaytanirajim. » il commanda une bouteille d’eau.

 

« Hakim, Hakim, Hakim que fais-tu de ta vie ? » se demanda-t-il. Ce qu’il faisait était grave au plus haut point. S’en rendait-il compte ? Surement pas. Il réagissait de façon inadéquate au stress que ASSOUKA avait pointé du doigt en l’appelant la «possession » . Cette transgression et ses corollaires dans l’ère du temps que les sociétés des Cités les plus puissantes voulaient imposer comme norme ou modèle au reste du monde sans tenir compte du respect des traditions de peuples dont l’orthodoxie préservait la nature humaine. L’environnement n’était plus sain, la production et la consommation de masse était encore les valeurs héritées de l’homo oeconomicusqui peinait toujours à laisser la place au nouveau vicaire l’homo animus plus modéré.

 

Être seul ou en minorité à dominer le monde c’était avoir la tentation ou le défaut d’imposer sa façon de penser au reste du Monde. Dans son domaine propre Gougoune caracolait en tête depuis des années sans qu’il y ait une alternative de qualité dans les moteurs de recherche et services connexes. Tout était à la merci de Gougoune. Bien sûr la secte A-Peul pouvait se targuer de narguer un peu leur succès. Mais très vite ces transfuges de la Silicon Valey devenaient des géants qui occupaient tout l’espace de marché qu’ils avaient créés ou dans lesquels ils s’étaient positionnés. C’était cette injustice qui enrageait Hakam : ne pas tenir compte de l’importance des autres Hommes dans leur aspiration à s’accomplir personnellement par l’économie surtout par un autre mode de médiation. Et voilà que l’information véhiculée par les moyens technologiques qui faisaient le cœur de leur métier rendait « cool » des interdits spirituels et poussait à la transgression. Les valeurs se perdaient et la grandeur de l’Homme régressait à mesure que ses dites innovations le faisait évoluer selon lui. On finirait nains avec des robots plus habilles que nous à espérer une miséricorde de Dieu pour chaque nouveau pas en avant dans la rébellion face à la Loi divine et à celles cosmiques plus assez « in » pour le contemporain vécu. Après l’avarice, le racisme et plus récemment la pédophilie, l’homosexualité s’invitait au débat des Élus. Des questions posées à l’Amour ; des Hommes vers Dieu; quand la Vérité vivante voulait se mirer dans la seule créature capable de lui apporter les réponses contemporaines au même Appel à Vivre. Kun ! Sois ! Accomplis-toi ! Et dis-Moi un jour « je suis » la Vérité mise en moi.

 

La mode du Big Data avait fini par écœurer Hakam. On captait la moindre information laissée par les individus pour les orienter dans leur choix de vie et leur faire croire qu’ils trouvaient tout facilement à leur portée. Un piège. Un piège à la hauteur du « Truman show »[3] mais mis au goût de l’univers Internet. C’était les moins doués, les couches populaires connectées, qui se laissaient bernés, abusés sans ménagement. Des consommateurs de premier plan. Le dégout saisi Hakam. Sans doute que son frère avait lui aussi été victime de ces influences et tendances guidée par Internet. Le sexe était promu et rendu disponible sans réel control. Puis des programmes validaient que vous étiez célibataire en recherche d’âme sœur et sélectionnaient les publicités de site de rencontre pendant votre navigation même si vous êtes dans un cadre professionnel. Laissant le soin aux collègues d’imaginer vos soirées de solitude quand ils ne vous suggéraient pas de vider souvent votre mémoire cache ou d’utiliser le mode incognito. Hakam connaissait son frère. Il avait dû céder par faiblesse sous l’exposition à toute cette mélasse pseudo médiatique ou informationnel. Les entreprises en mode vaches à lait usaient du cookie chez leur consommateurs pour garantir des conversions en continu. On devait respecter le droit à la propriété de l’information personnelle sur Internet. Pas juste du bout des lèvres ou dans des clauses élusives d’accord de confidentialité que les internautes acceptaient le plus souvent sans même lire. Il était temps qu’il passe à l’action lui aussi. Son projet de hack de Gougoune pouvait se faire sans problème. Il voulait une action significative qui permette de relayer les revendications de ceux qui voulaient que leur vie privée soit respectée et non un triste échange d’utilisateurs de service Internet contre la monétisation de leurs données personnelles. Il irait jusqu’au bout. Pour lui Gougoune avait vendu son âme en devenant trop gros et en voulant occuper toute la bulle du marché sur lequel elle était positionnée. Un règne sans partage qui ne pouvait qu’aboutir que sur des abus même si officiellement on affichait une cause noble. Sans alternative proposée au consommateur le jeu ne pouvait qu’être biaisé voire baisé. On se prendrait très vite pour Dieu et se donnerait des libertés sans consulter les usagers. C’était le même malaise qu’il éprouvait face à la prép-ondérance de la démocratie et du capitalisme comme modèle de référence par excellence qui faisait la promotion du mode de vie occidental par la même occasion. Habituel prosélytisme que les autres cultures subissaient depuis des siècles. Dans la confrontation avec le monde arabe, le communisme, le socialisme et bientôt l’informel, c’était la même recherche de domination sans partage et donc d’oppression qui semblait motiver ce profil d’homo oeconomicusqui résistait à son passage de témoin. Gougoune en était le symbole parfait selon lui.

 

Ce n’était pas un hasard s’il avait atterri à Dakar ou plus généralement en Afrique et s’était confronté à la malhonnêteté née de la misère face à une nature humaine peu résolue à suivre la Loi. Il ne fallait jamais que le cœur se corrompe au point de voir en bien ce qui est mal. Sa décision était prise il demeurerait dans son emploi actuel mais commencerait ses activités d’hacker anti Big data. C’était sa contribution d’adversaire du fameux et mythique « ordre mondial », un Système, une Matrice, qui maintenait la masse dans l’ignorance et la servitude (factures, crédits, dettes) tel des moutons d’élevage.

 

***

 

Le chantre traversa l’espace du temps et composa à Dakar des lignes venues de la Voie des dieux.

Dakar rekk

Séduit par les courbes invitantes et le regard de tes femmes
J’ai souhaité planter une graine d’Amour au nom de ta Téranga
Mais tu m’as plutôt laissé sur la paille, roulé par la ruse de tes gars
Dakar c’est l’invitation à la vie simple ou l’effort côtoie la flemme

Les maisons cossues sont cousues sur l’étoffes des couches populaires
Comme une aire que ne pollue pas l’air, la communauté s’unit en frère
Demain le danger viendra prôné par notre autre cousin d’outre-mer
Il fera rugir le lion rouge fier gardien de la conscience de notre terre

L’argent n’est pas le nerf de la guerre mais le neex de l’a-guère
Il fait monter l’adrénaline locale et draine les limites aux cales
Les fils et filles de Dakar se battent pour survivre aux mirages
Ceux d’une économie de chômage et de dettes brûlant les cœurs fiers

 

Justice

La malhonnêteté est acceptée par le plus grand nombre

 

Sagesse

« Il y a-t-il une équité à prélever ou obtenir de celui qui a plus ce dont il ne saurait avoir un usage plus utile que celui qui a faim ? La frustration de l’Abusé équilibre-elle par la satisfaction de l’Abuseur qui participerait à une loi du Karma ? Non ! Le Sentiment du Cœur que porte l’Attitude se détériore au profit des éléments de l’égo généré par ce Karma issu de l’intention et des actes. Au jour du jugement le Cœur de l’Abusé pourrait encore avoir des séquelles de la malhonnêteté subie et pour lesquelles il demandera réparation à l’Abuseur. Loi est impartiale et la Miséricorde divine. Il est étonnant que les Cheikh, Imam et Juristes ne dénoncent pas assez ces pratiques et éduque ce Peuple. Car c’est un risque de compter sur le pardon de l’Abusé (Chrétienté) ou la Miséricorde divine (Islam) au lieu de purifier son Cœur par ses efforts d’Attitude (Lean Intention). Le préjudice à Autrui sera évalué à la rectitude (pieuse) éprouvée Vie à Vie de l’être et de la Vie car tel est le Message :

 

Chaque Homme est important aux yeux de Dieu. »

 

 

 

MONTRÉAL, LA NOUVELLE JÉRUSALEM. OUEST.

Sur les bords des fleuves de Babylone, Nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion.

 

Aux saules de la contrée Nous avions suspendu nos harpes.

 

Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants, Et nos oppresseurs de la joie : Chantez-vous quelques-uns des cantiques de Sion !

 

Comment chanterions-nous les cantiques de l’Éternel Sur une terre étrangère ?

 

Si je t’oublie, Jérusalem, Que ma droite m’oublie !

 

Que ma langue s’attache à mon palais, Si je ne me souviens de toi, Si je ne fais de Jérusalem Le principal sujet de ma joie !

 

Éternel, souviens-toi des enfants d’Édom, Qui, dans la journée de Jérusalem, Disaient : Rasez, rasez Jusqu’à ses fondements !

 

Fille de Babylone, la dévastée, Heureux qui te rend la pareille, Le mal que tu nous as fait !

 

Heureux qui saisit tes enfants, Et les écrase sur le roc !

 

(Psaume 137)

 

 

 

Montréal la ville reine du striptease. Ses célèbres bars à danseuses qui faisaient la joie des professionnels de passages et des jeunes et moins jeunes actifs aux penchants lubriques. Il faut dire que ce plaisir de dépouiller contre de l’argent était une habitude locale bien installée dans l’inconscient collectif, même si fait de façon métaphorique. Les premiers à en faire les frais étaient l’immigrant, les demandeurs d’asiles et autres déplacés économiques ou politique, qui, fragilisés par la rupture avec leur ancien environnement tutélaire insatisfaisant et ne disposant pas de soutien solide à leur arrivée, acceptaient de monter sur le podium et d’attaquer la barre pour plaire à nouveau et refaire du magot. Les précieux attributs acquis après de longs et difficiles parcours étaient abandonnés sans un rictus à l’erectus voyeur qui au lieu de miser sur l’émulation jouait d’humiliation pour maintenir son niveau au plus haut d’un faîte eu de paille à partir de l’incendie de la poutre maîtresse. Tout y allait des diplômes aux influences, en passant par les statuts, les grades, l’estime et autres soutiens de linges ris comme monnaie de singe ici. Une fois le cor dévoilé, il n’y a plus qu’à souffler dedans et rompre le sceau : Jérusalem j’ai vu l’Ange révéler ton goût immodéré pour le rabaissement des compétences de l’étrangers. Mais toi-même que sais-tu faire ? Penses-tu que dans l’exposition de ma nudité, je ne t’ai pas vu te « pogner le cul », masquer tes lacunes et ta rancune ou encore « bitcher » dans le dos du collègue par couardise? Quand on cultive la culture de la maladresse à défaut de celle de la paresse. L’Ange regarda sa montre, après tout ce n’était pas la seule fin du Monde. Les communautés se succéderaient encore. Il avait donné de son cor. C’était tout.

 

Le son agaçant tira Hakim de sa concentration. La messagerie de son réseau social. Il y en avait qui ne dormait pas apparemment.

 

« Wesh Élisa Whats up ?

 

Nothing much, samething ?

 

Attends je t’appelle plutôt.

 

Ok.

 

Elisa décrocha après la première sonnerie.

How are you ?

 

Not so bad. Je bossais.

 

Comme toujours Hakim. On te connait maintenant.

 

Oui à Babylon, l’esclave travail sans arrêt donc ici aussi on subit.

 

C’est tout de même triste

 

Que veux-tu ? D’habitude les gens qui ont quelque chose à compenser, réagissent par l’égo et se montrent sous un jour plus favorable qu’ils ne le sont dans la réalité. Mais ici on choisit plutôt d’user de couardise pour rendre l’autre indigne de son statut légitime.

 

Nivellement par le bas.

 

J’ai l’impression qu’il y a un complexe d’infériorité qui est soit refoulé ou qui doit être constamment alimenté par le rabaissement de l’hôte.

 

Cet hôte qui réagit sans réel désir d’affirmation dans la société d’accueil pour se mettre à l’abri de ses propres prédateurs. Par lassitude ?

 

Oui c’est parfois surprenant. Je pense qu’il y a la peur de remettre en cause un choix d’immigration qui reste bien souvent l’ultime réalisé et portant tous les espoirs. Ça devrait normalement justifier un mécanisme d’intégration naturel avec le modèle du communautarisme et non de l’assimilation. En plus certains affranchis se désolidarisent de ceux qui sont pris dans les rouages du système et ne les aident pas par le bénéfice des retombées de leur réussite.

 

La pudeur dans l’indifférence voire l’accompagnement à la mort sociale assistée.

 

Et on s’étonne que nous soyons encore ceux qui réussissent moins leur immigration.

 

L’esprit de clan brise tout élan de solidarité.

 

Non ! La diversité n’est pas un frein à une œuvre commune. Je pense que c’est plus un manque de leadership. Les plus grands empires africains ont été fondés par un monarque suzerain qui maintenait les autres, vassaux, en état de marche pour le grand bien de tous.

 

J’avoue que j’aime bien ton idée mais avec la démocratie, la liberté d’expression et encore plus les réseaux sociaux, tout le monde veut être sa propre star au dépend des autres. Ne rêve plus d’un grand fédérateur comme ASSOUKA. D’autant plus qu’il s’agit d’une diaspora d’uniforme et de sang Noir.

 

Il nous faut trouver une solution car on ne pèse plus rien à se disperser ainsi dans notre action communautaire si vraiment il y en a une. Notre apport à la société ne sera jamais valorisé ni nos compétences reconnues. Or c’est la base de l’accueil à réserver à un migrant économique. Lui permettre de gagner sa vie de façon équitable vis-à-vis des locaux.

 

Je te vois dresser un scénario catastrophe. Il doit bien y avoir une solution sinon je vois mal comment de telles sociétés pourraient se bâtir et rester stable avec tant d’amertume accumulée par certains de ses membres.

 

Je ne suis pas négatif. Je cherche une solution. Si je me rappelle bien ASSOUKA avait écrit :Le leadership communautaire fait de diversité ne fait plus tant appel au pouvoir d’une minorité d’individus au nom du groupe mais à l’action convergente et indépendante de ce dernier vers un but précis par l’effet des flux d’information et monétaire. Cela implique d’œuvrer avec stratégie pour la maîtrise de ceux-ci par leur partage et leur diffusion entre les membres cibles d’une cause. »
   
C’est intéressant cette approche mais il n’en demeure pas moins qu’il est dur de gérer les susceptibilités d’une société dont la majorité des membres refoulent un complexe d’infériorité sur le plan de la connaissance et qu’ils le compensent par l’arbitraire tant au niveau des lois ou des relations de travail si ce n’est par la rébellion quand ils se sentent menacé dans leur image.

 

Cela pourrait caricaturer par le pseudo intellectuel qui investit tout son discours sur un bout de matière qu’il maitrise le mieux et fait tourner la problématique des débats autour de sa fragile connaissance. Quand ils n’ont pas recours à l’érudition temporaire et planifiée par Internet pour avoir du grain à moudre.

 

Les complexes individuels sont déjà durs à gérer à plus forte raison ceux collectifs mis dans le cadre d’échanges interculturels et des migrations.

 

Mais bon ne généralisons pas même s’il n’y a pas de fumée sans feu et que beaucoup d’immigrant viennent avec un regard sans suie.

 

On est parfois pris dans le paradoxe ou le comble du français ayant un complexe de supériorité qui critique tout et veut réformer le Québec à sa façon et le québécois au complexe d’infériorité qui réplique mou et veut conformer le métèque.

 

Comme je te le dis, je connais de bonnes personnes qui donnent l’aval rapide aux sollicitations d’accueil de l’immigrant.

 

Le ventre de Hakim gargouilla. Il regarda l’heure bientôt 11h.

 

« Dis-moi Élisa, tu fais quoi en ce moment ?

 

Moi rien de spécial. Je suis aussi chez moi. Je relaxais.

 

J’ai envie d’une bonne omelette avec des frites.

 

Je vois où tu veux aller.

 

Alors ça te tente ?

 

Ok pourquoi pas ?

 

Tu veux allez à Côte-des-Neiges ou au Centre-ville ?

 

Bien que ce soit dur de stationner, je pense que le centre-ville serait mieux comme ça je pourrais aller visiter deux trois magasins.

 

Ok je prends le métro. On se dit dans 30 minutes sinon on aura tous les travailleurs prenant leur pause qui rempliront le restaurant.

 

Ça marche.

 

A tantôt. »

 

Hakim s’étira et ferma son ordinateur portable. Il regarda par la fenêtre il avait cessé de neiger. L’hiver s’achevait et bientôt avec le printemps la reprise des embauches attirerait les immigrants les plus avertis. Éviter la mauvaise saison pour ses premiers pas était un calcul sage. Il enfila ses bottes et son attirail anti-froid.

 

Le 3 ½ bouclé, plus qu’un seul objectif rattraper au plus vite la station de métro. Il était habitué au froid mais il n’aimait pas être en retard. Une relation au temps qui avait la vie dure dans la famille. Il vérifia qu’il avait bien sa passe de transport.

 

Les premiers mouvements hors de l’immeuble furent accueillis par un air frais. Le soleil devenait un peu plus réchauffant même si des nuages le masquait un peu. La station n’était pas loin pas besoin de prendre le bus. Une marche rapide serait un bon exercice pour un champion de l’ermitage. Il avait une bonne condition physique malgré son poids et avala la distance en peu de temps. Les premières perles de sueurs apparurent. Il arrivait à la station de métro. Il salua le vendeur de journaux mais n’en pris pas. Il ne voulait pas s’encombrer les mains et de toutes les façons il lisait les nouvelles sur son application mobile. Il repoussa les invitations d’un représentant d’une organisation humanitaire avec un gros sourire et un non verbal qui lui signifia qu’il était pressé. Enfin les tourniquets. Le changeur était absorbé par sa tâche et contrôlait peu les mouvements à l’extérieur. Le métro arrivait. Hakim dévala les escaliers et se mêla aux usagers déjà sur le quai. Plus que 15 minutes. Faisable si aucune panne ou ralentissement de service n’était annoncée. Il trouva une place et s’assit dans le sens de la marche. La station Espace-des-arts serait sont point de chute avant la rencontre avec Élisa.

 

Sacré Élisa. Une amie dont il ne pouvait plus se séparer. Il l’avait connue dans un emploi de début de carrière. Son père l’avait préparé à la dure : connaitre les contraintes et l’autorité du monde professionnel avant l’autonomie et le risque de l’entrepre-neuriat. Élisa l’avait toujours impressionné. C’était une femme belle et séduisante. Un corps de sirène et une intelligence vive. Tout pour impressionner et intimider l’homme qu’il était. Il la désirait secrètement mais à ses premières allusions à une relation, elle répondit par l’humour que l’amitié lui convenait mieux. La « friend zone » s’était alors installé même s’il gardait espoir que dans un moment de faiblesse ou une illumination que son sort soit changé. Depuis il appréciait et recherchait sa présence dans des sortes de « dates » entre amis dès que l’occasion se présentait. Élisa était une fleur caribéenne qu’il ne butinerait sans doute jamais. Son miel de pseudo conquêtes sexuelles devait s’en passer mais elle était inscrite dans le harem des muses de son cœur. Espace-des-arts. Il sortit du métro. La station était assez achalandée. Bientôt l’heure de la pause du midi.

 

Il parvint au restaurant et attendit dans le sas d’entrée. Elle aurait sûrement du retard. Le stationnement ou la simple habitude féminine. C’était sans doute un attribut de genre qui s’ajoutait à leur charme. Sauf quand, dans certaines cultures, ce charme devenait éprouvant voire insultant. Justement elle arrivait. Il la voyait marcher. Et La morsure du regard atteint le Serpent. Un plaisir. Il eut aimé que cet instant soit gravé dans un coin de son cœur pour l’éternité. Les sentiments aideraient plus tard au développement du cliché. Sauf si son Moïse intérieur, bien élevé, lui rappelait de rester de bronze dans son désert précédent la faim de son Monde pour l’au-delà.

 

« Désolé pour mon retard.

 

Non c’est correct. Je n’ai pas vu le temps passer.

 

On entre ?

 

Oui bien sûr.

 

A la mezzanine comme d’habitude ?

 

Je te suis. »

 

L’hôtesse d’accueil les conduisit à une table située près du balcon. C’était parfait. Hakim avait l’habitude de la carte. Un steak des œufs et des frites pour Hakim et un nouveau plat à découvrir à chaque fois pour Élisa. Elle ne les finissait jamais d’ailleurs. La culpabilité de prendre du poids. Les femmes vivaient avec beaucoup d’exigences qu’elles s’imposaient ou héritaient naturellement de la société. Le serveur leur apporta des verres d’eau et ils commandèrent deux cafés en attendant les plats.

 

Le service fut fait. Élisa prit une photo de son plat pour sa « chronique » en ligne sur son réseau social. « C’est toujours mieux que les bénédicités » ricana Hakim.

 

ne m’en parle pas. Je suis dans le péché d’Image et j’assume pleinement. Dieu bénira peut-être les « like » de mon repas.

 

Effectivement le Ciel doit se mettre aussi à jour j’imagine.

 

Ils sourirent volontiers et goutèrent leurs plats.

Alors ? Tu racontes quoi de beau ?

 

Tu sais toujours la même chose. Je cherche toujours l’emploi à temps partiel pour pouvoir financer et relancer les activités de mon entreprise.

 

Pas facile j’imagine. Tu cherches dans le même domaine ?

 

Oui la rédaction technique.

 

C’est bizarre tout de même qu’avec tout ton talent tu n’arrives pas à trouver.

 

Je ne sais plus quoi penser. Je ne veux pas rentrer dans le rôle de victime pour autant. Tu me connais je sais rire de la vie malgré tout.

 

As-tu pensé à faire le fameux transfert de compétences ?

 

Tu sais ce que ça veut dire. C’est le mot sournois pour légitimer une barrière à l’emploi à ton égard. Et c’est aller vers les métiers que les locaux ne veulent pas pour eux ou dans lesquels ils veulent commander ou avoir un pouvoir sur l’immigrant. Ça permet aussi de combler des fonctions nécessaires pour que l’économie tourne. Sachant que les locaux eux aussi sont en lice pour ces emplois.

 

Centre d’appels, manutention, préposé aux bénéficiaires, adjointes administratives, caissières, agent de sécurité, taxi. Bref la liste est longue. Tous ceux qui sont exposés aux sévices de Babylone.

 

Bof as-tu vu une société qui donne les meilleures places à des personnes immigrantes ?

 

Oui certes, mais il ne s’agit plus des mêmes conditions que les autres pays. Le Canada a une politique jusqu’ici d’immigration. Je suis canadien. Tu es résidente permanente et bientôt canadienne. On a les mêmes droits que les autres vu qu’on remplit les mêmes devoir. Et encore je dis les autres parce que je ne sais pas comment les appeler.

 

Tu peux dire les québécois ou les canadiens de souche comme beaucoup de personnes.

 

Mais tu sais on rentre d’emblée dans les pires clichés. Je vis au Québec depuis de longues années mais je me sens plus canadien francophone vivant au Québec que québécois. La poutine et le français ne font pas de moi un québécois.

 

Tu devrais plus souvent aller cueillir des pommes à l’automne ou aller à la cabane à sucre au printemps.

 

Tu penses que je deviendrais québécois pour autant?

 

Je pense du moins que tu commencerais à t’intégrer.

 

Plutôt à singer une culture. Sans adhésion à un fond profond de valeurs partagées je ne vois pas pourquoi je me considérerai québécois. Ça doit partir d’une mutuelle acceptation et d’une communion. Je me sens plus fier à voir les athlètes canadiens aux jeux olympiques que de vouloir participer aux festivités de la Saint Jean-Baptiste.

 

Hum.

 

Tant que cette découverte et cette acceptation de l’autre ne sera pas favorisée, on construira une société faite de communautés culturelles qui coexistent en parallèle et ne partagent que droit et devoir. Une simple juxtaposition culturelle et non un réel melting pot.

 

N’oublie pas que le multi culturalisme et non l’assimilation est favorisée ici.

 

Pas plus qu’à Toronto que je sache.

 

Quoi qu’on veuille on sera toujours des minorités visibles.

 

Aaaahh ce terme me fatigue. Ils ont décimé ceux qui possédaient cette terre, sont venus en grands nombre, ont établis leur couleur de peau en standard et traitent tous les autres de minorités visibles. En tout cas c’est vrai qu’on ne nous demande pas de nous assimiler comme dans d’autres pays mais ici c’est plus sournois. Il y a qu’à voir toutes les barrières d’accès aux ressources stratégiques que l’on vit. Et je ne parle pas des programmes bidons qui sont plus mise en place pour donner de l’emploi à des québécois qui se disent travailleur social, agent de sensibilisation ou coordonnateur venant à l’aide du migrant. On finance à gros coup de subvention une intervention de l’état qui n’a pour but que d’animer voire distraire l’immigrant. Tu sais le crédit bancaire est à la base du capitalisme mais ici on rajoute le discrédit bancal.

 

Je ne te suis plus. Tu parlais de partager des valeurs communes pour que le sentiment à la société soit plus fort.

 

Oui mais que l’on ait le courage d’être honnête. L’esprits latin est souvent un esprit malin si ce n’est malsain. L’hypocrisie est la donne. Pourquoi crois-tu qu’on ait tant de mal à trouver de l’emploi ou à entreprendre si la volonté était de nous inclure à la société?

 

Parce que tu ne parles pas le français d’icit »

 

Ils éclatèrent de rire. L’atmosphère se détendit un peu.

« Non à vrai dire pour être plus sérieux. C’est tout simplement un problème de racisme qui ne dit pas son nom. Les Latins en général et francophones en particulier ont un problème viscéral avec cette question. A croire qu’ils doivent toujours mettre le Noir ou d’autres races aux attributs de peaux visibles dans une position d’infériorité. C’est plus fort qu’eux. Et tous les prétextes sont bons. Ils doivent se faire fureur pour nous donner nos droits car ce n’est pas naturel chez eux.

L’anglophone serait plus pragmatique et flegmatique si je te suis dans cette lignée de clichés

 

Tu fais bien de me rappeler qu’on développe ici des clichés et que ça nous donne une image assez négative de notre société. Il est vrai que des exceptions existent. Mais c’est comme en toute chose c’est le comportement de la majorité qui donne le ton général.

 

Ma foi il est vrai que je veux bien qu’on me pince quand la plupart des québécois accepteront facilement et plus souvent qu’un immigrant soit leur superviseur sur le plan professionnel. Pour le moment leur système bien huilé fait le tri et créé le clivage socio-économique. Ils sont fiers d’avoir une élite préfabriquée et bâtarde dont la seule marque d’élocution consiste à l’emploi des mots « surette » et « procrastiner ». Il semblerait paradoxa-lement que dire simplement remettre à plus tard leur écorche la bouche. Mais d’après toi, d’où vient ce sentiment de racisme envers l’immigrant ?

 

Je ne saurais trop le dire. Sans doute un problème viscéral refoulé dans l’inconscient collectif où on se sent menacé par ce qui n’est pas comme nous. Le gaulois se sent supérieur à tous de par sa prétention aux rôles historiques et les descendants des filles du roi se sentent sans doute inférieur car extrait d’un reliquat au pédigrée peu noble. Ils compensent une faiblesse d’identité par un ego démesuré. Tout cela est bien loin des traditions d’accueil et d’hospitalité du Peuple Noir.

 

Une différence fondamentale de valeurs.

 

Qui remonte à la création quand le Djinn fait d’un feu sans fumée refusa de s’incliner devant l’Homme, nouveau vicaire fait d’argile noire.

 

Ooooooh toi, je te vois déjà venir. Prenons l’addition.

 

Dieu merci on se dit encore bonjour dans les rues pas trop achalandées. Tout n’est pas perdu.

 

So far so good.

 

Quoi qu’il en soit, retient bien cette leçon : si tu veux réussir ta carrière, évite de te montrer plus intelligent que le québécois. C’est frustrant pour nous mais rassurant pour eux.

 

Ma foi a-t-on vraiment le choix? En attendant que les immigrants osent s’exprimer en louant, sous forme de Bail de Capacités et de Capital d’action et de compétences, leurs talents en tant que consultants ou travailleurs autonomes à la pige avec un emploi alimentaire qu’on a laissé faire à temps partiel en soutien.

 

Le fameux Cri des Calebasses version Calottes basses envers les Nouvelles France! »

 

Le serveur ne tarda pas. Élisa alla se rafraichir pendant que Hakim payait la note. Rien de calculé de sa part elle savait que le jeune homme tenait à sa galanterie même si elle aurait aimé montrer son indépendance financière. Mais voilà sans boulot il ne fallait pas se compliquer la vie. « Je te dépose » proposa-t-elle. « Volontiers » répondit-il enjoué. Win-Win. Elle avait encore du temps de stationnement. Ils s’arrêtèrent dans une parfumerie ou elle prit des échantillons et dans un magasin de chaussure. Elle aimait les chaussures. L’homme d’affaires regarda sa montre. « Ok ! Ok ! On y va ! » dit-elle amusée.

 

La circulation à cette heure-là était presque un enfer. Heureusement, il n’avait pas beaucoup neigé et la glace avait fondu. Rien à voir cependant avec la période estivale où les habituels travaux de réfection des voies n’avait pas fini d’agacer toutes les catégories d’usagers. Hakim s’était toujours demandé comment ils faisaient dans des pays à l’hiver plus rude. Ne pouvait-on s’inspirer de solutions durables pratiquées ailleurs ? Il soupçonnait le gouvernement d’entretenir artificiellement l’économie en ordonnant des travaux qui donnait de l’ouvrage au secteur de la construction. Un secteur bien ancré dans la culture québécoise. Il était frappant de voir que la période de vacances la plus significative était celle de la construction alors que dans la plupart des cultures c’était les vacances scolaires qui rythmaient l’activité. Sans parler des non-dits collusifs et corrosifs construction-gouvernement. Fallait croire qu’on s’accommodait facilement des injustices icit plus facilement que de la météo. Une forme de paresse à la revendication qui justifiait le musellement de l’immigrant plus réactif que les locaux. On obtenait une économie sociale faite de subvention et d’intervention masquée de l’état pour combler les manques de performances et être toujours en lice pour la réduction du déficit budgétaire. Chaque gouvernement avait sa recette miracle qui lui faisait gagner les élections par les électrons libres du « partisanat » politique régulier en marge de la traditionnelle question de l’identité et de la souveraineté. De fait, il s’était développé une industrie de l’associatif qui se faisait rattraper par les crises économiques et l’injonction de trouver des sources de revenus alternatives notamment par des offres de services concurrentielles pour pérenniser leurs activités. Fini l’état pro évidences. Celle des budgets systéma-tiquement reconduits. Le capitalisme imposait sa loi tout comme la démocratie et à tous deux représentaient le modèle sinon la norme pour toute l’humanité. Pour le moment du moins. Les fissures apparaissaient d’ores et déjà dans les iniquités dues à la finance boursière et les impérialismes venant des Cités sensées montrer l’exemple de bonne gouvernance. De quoi faire réfléchir les opprimés à l’instar des combattants des guerres mondiales revenus remettre en cause l’image du colon tout puissant. Avec plus ou moins de réussite dans l’absolu.

 

La voiture s’arrêta à deux pas du porche de l’immeuble où habitait Hakim. « On ne peut pas faire mieux » dit Hakim. Elle sourit. Le moment de la bise d’au revoir approchait. Moment de tentation. Un concentré d’attraction et de regret de sa condition d’ami. Il pensait toujours aux lèvres mais bon, le « happy end » n’était pour cette relation ni pour cette vie hélas. Il prit congé comme d’habitude en retenant son envie. Elle démarra et disparut dans le flot des véhicules affairés à conduire des destins vers leur échéance.

 

Hakim monta rapidement les escaliers. Un voisin lui adressa une salutation au passage à laquelle il répondit poliment sans réelle empathie. Fait commun de la vie dans la Cité et rare de la vie dans les blocs d’immeubles où chacun s’enfermait généralement sur son quotidien et fuyait les rencontres. Quelques amitiés émergeaient de temps à autre au gré des besoins, de la fréquence des salutations ou de l’audace d’aller plus loin dans la relation ou la connaissance. Une fois dans son appartement, il retira ses vêtements chauds et se dirigea vers son bureau. « Bon, ce serait bon de faire le point avec l’équipe. ». Il alluma son ordinateur lança une session de visioconférence. Le modèle de Ka avait quelque peu évolué suivant les dernières recommandations des tenants de la Méthode qui avait pris la relève de développement pratique et idéologique. Hakim travaillait à présent avec 9 associés consultants à temps partiel au lieu de 7 dans le modèle initial ainsi qu’avec une base de données fournies de potentiels pigistes, travailleurs autonomes et autres partenaires.

 

A mesure que les connexions s’établissaient, Hakim ressentait de la fierté et de l’enthousiasme à voir autant de bonne volonté consacrée, à temps partiel, à faire durer le rêve de son père même s’il avait redéfini les objectifs selon sa propre vision personnelle. L’entreprise était appelée à durer mais les orientations stratégiques devaient s’adapter à chaque nouveau dirigeant. Malheureusement, quatre associés ne pouvaient se joindre à la visioconférence. Problèmes techniques. L’Afrique n’en finissait pas avec ses défis économiques. Vouloir un dynamisme dans l’entrepreneuriat et le monde des affaires mais négliger la mise à niveau des infrastructures pour permettre le confort de travail des acteurs. C’était l’éternelle comédie jouée par les dirigeants qui faisaient de la simple figuration pendant leur règne pendant que certaines anciennes puissances coloniales maintenaient leur mainmise sur les sources de richesses. Rien n’avait réellement changé. L’espoir d’une libéralisation de la production et de la gestion de l’énergie et de l’Internet pouvait donner lieu à une mobilisation de lobbying du secteur privé. La santé et l’éducation avaient déjà montré, hélas, qu’il fallait sans doute se résigner à ces réalités à deux vitesses. La performance et le confort aux riches et le service minimum et la débrouillardise aux pauvres. C’était déjà un bon début si l’objectif était de relever les minima sociaux par l’autonomisation des couches populaires par l’entrepreneuriat comme le proposait ASSOUKA pour mettre fin aux antiques iniquités dans les classes.

 

L’écran d’Hakim identifiait les connectés : Étienne en France, Paolo au Brésil, Debbie aux USA, Clara en Chine et Karl en Afrique du Sud.

 

Hakim prit la parole pour introduire le sujet. « Bonjour à tous, j’espère que vous allez bien. Désolé pour ceux qui ont dû se connecter tard. On va essayer de faire court comme d’habitude pour garder notre efficacité. Voilà, les ventes stagnent. La mise à jour de notre offre de service est passée inaperçue. On ne peut cependant aller jusqu’à faire un repositionnement. Cela serait perçu par le marché comme un manque de cohérence dans notre stratégie. Que proposez-vous ? » Clara commença car elle devait se déconnecter plus tôt que les autres. Elle optait pour renforcer la stratégie de promotion par les médias traditionnels. Il fallait trouver le bon vecteur pour diffuser le Message. « Concrètement que proposes-tu ? » demanda Hakim. « Une vaste campagne de distribution de prospectus par des correspondants dans les pays cibles » répondit-t-elle. Karl prit la parole : « N’oublions pas qu’on a choisi de faire de nous positionner dans le numérique et d’éviter tout support physique. Je suis d’accord pour une campagne d’envoi de courriel mais pas de prospectus physiques. C’est trop couteux pour un faible impact. ». Étienne renchérit : « Il nous faut mieux cibler notre clientèle on peut utiliser des moyens très simples pour nous assurer que ceux à qui nous envoyons l’information sont ceux qui ont l’utilité de nos services. ». « A quoi penses-tu ? » demanda Hakim. « Le Big data » dit Étienne. « C’est dommage de rentrer dans la vie privée des membres de la communauté. » déclara Paolo. Debbie trouvait que c’était une excellente idée et désirait prendre ce volet en charge. Elle connaissait de bons spécialistes. Clara qui devait se déconnecter rappela que l’entreprise s’était engagée à respecter la dualité dans ses actions donc les moyens traditionnels aussi devait coexister avec cette stratégie. « Ok Clara, Étienne et Debbie est-ce que je peux avoir une proposition de plan d’action ? ». Les trois acquiescèrent et prirent l’échéance de la tâche qui leur était demandée. Clara se déconnecta. Hakim reprit la parole pour conclure. « Ok je pense qu’on peut commencer avec ça pour cette saison on s’adaptera selon les effets que l’on observera. Je ne vous cacherai pas que j’ai fait le vœu qu’on ait un essor aussi rapide que la firme Gougoune dans les deux premières décennies de leur existence. Pour moi ce serait un objectif suffisamment motivant pour l’expérience managériale que ça représente. Je vous écrirai un mémo à ce sujet bientôt. Merci beaucoup pour votre temps et votre contribution à l’entreprise. On se retrouve dans deux semaines pour faire le point. ». Les associés prirent acte et se déconnectèrent les uns après les autres après quelques paroles informelles d’encouragement.

 

Hakim restait seul devant son écran vide. Il s’absorba dans une profonde pensée. Tant de talents et de potentiels étaient gâchés par un manque d’effort à s’adapter à la réalité. Il croyait au dépôt d’un projet intime et divin dans l’âme de chacun et que chaque entrepreneur devait aller chercher cette définition. La sienne. Puis il fallait se former et avoir l’habilité de construire quasiment une œuvre d’art à partir de son projet. C’était le sens de l’émulation qu’il ressentait pour les grandes entreprises. Qu’importe le déclin qui les attendait, il voyait la beauté des histoires qui témoignait de la capacité à concrétiser un rêve, développer ses capacités au maximum et mobiliser une communauté. Montréal, symbole économique du Québec pour l’immigrant, détruisait le plus souvent ce processus d’accomplissement de la personne à travers sa compétence formelle et informelle tandis que Gougoune avait jusqu’ici constamment recherché à valoriser la créativité de ses employés et leur bien-être. Deux logiques diamétralement opposées. Celle d’un système politique de gestion qui voulait protéger la culture locale isolée dans une Amérique du Nord prêt à édulcorer cette présence francophone et de l’autre côté un pragmatisme et une dédicace aux résultats économiques qui justifiait de sortir de l’ornière des modèles classiques de management. Certes les Éco animistes attendait la venue des Amaru en Co-Recteurs, captifs de case réhabilités, pour accomplir le rêve de ASSOUKA, mais à vrai dire tous étaient des Amaru en devenir en processus de transmission du modèle prototype à l’archétype dont l’avènement se ferai au-delà des attentes de la communauté. Dieu se jouaient des spéculations. La prophétie était donnée. Il fallait lui laisser le temps d’aboutir dans un autre Monde. « Dussé-je faire allégeance à un Recteur Amaru venant de Chine, je ne renierai pas l’importance de porter un projet pour l’humanité quel que soit la famille spirituelle à laquelle appartient les membres de ma communauté cible. » Déclara-t-il en se levant de son fauteuil.

 

Il se dirigea vers la cuisine pour prendre une collation avant de se replonger dans ses dossiers. Il se servi un mélange de noix et de fruit séchés et un jus. Il regarda rapidement les nouvelles. Rien d’alarmant. Il s’installa à la table de la salle à manger et pris sa pause en écoutant une musique relaxante.

 

***

 

Ni le Temps, ni l’espace ont de prise sur lui. Le chantre fit son apparition et fredonna son message à Montréal, la nouvelle Jérusalem, Cité de référence des Simples. Écoute Jérusalem le chœur de tes enfants battre la mesure…

Mon réal

La tête est pleine de rêves en bleu et blanc du Lys de délice où j’entrevois mon réal
L’espoir consacre notre camp du statut d’illégitime pour l’envie ultime d’un sol idéal
C’est le combat dans les doc humant administratif et sédatif : l’attrait justifie le sacrifice
Le vice déforme le Porc trait de son laid cahier après la saillie, le décochant de son rôle d’artifice

Les mains perdues dans les posh de mon champ d’ail, je cherche mon réal
L’herbe crisse dans mes doigts et le chant dans mon labeur n’émeut peu l’air royal
C’est la crise dans les esprits et dans l’équation comptable : la bête hideuse dévore les profils
La gousse du Simple me prémunis de ce système vampire qui fait ripaille de l’immigrant en file

Le ventre est léger malgré l’emploi d’ami dont la timide aide en roseau devait garantir mon réal
La connaissance ne fait pas la communauté sans l’exercice de la fréquentation loyale
C’est la dette dans la coupe, fin de moi et de mes jours de jeunes : la vie assiste alors au défilé du Temps
La compétence chair acquise par l’effort et l’identité sang tabou exprimée aux Césars cherche son Sauveur battant

Les pieds sont meurtris d’avoir suivi le chemin, lavé, irrité et l’avis, je pleure mon réal

Le choix d’entreprendre était la seule issue, solution n’incluant pas les débouchées vitales
C’est lent, bas, raz d’images dans la quête de soie : persévérer ou revenir à l’originel Éden
La création de richesse et de valeur est un métier qui a ses codes à apprendre même pour l’Ébène

Et te voici ville ceinte qui avorte les plus beaux joyaux de la couronne du Créateur
Piège, en faire, tu te contentes d’avoir un centre vil et n’y fait pas battre ton cœur
A quand ta soumission au flux d’essences multiculturelles qui se déverse providentiellement sur toi pour l’immolation
Celle du Peuple à l’uniforme et au sang Noir, remplaçants économiques qui appellent sur toi le feu divin depuis Sion

Ô Montréal quand me laisseras-tu enfin gagner, mon réal ?

Justice

Les Compétences de l’immigrant sont déniées.

 

Sagesse

« As-tu déjà ressenti l’amer gout de la dévalorisation. Traverser les mers par les airs pour finalement ne pas plaire et vivre des situations précaires ? Quel plaisir il y a-t-il à niveler pas le bas la concurrence que tu accueil sur ton sol ? Ne peux-tu prendre graine par l’émulation et grandir en Arbre fort de la richesse de son Éco système ? L’accueil va au-delà du simple renforcement du nombre d’administré francophones. Il concerne des vies qui ont choisie de s’établir pour s’accomplir et partager le sort des accueillants.

 

Les compétences sont le viatiques acquis et servis à fil de nombreuses années de labeur ailleurs. Il convient de le respecter comme un capital précieux. Le miel n’a-t-il pas meilleur goût quand il est issu de différentes fleurs. Au final le patrimoine intellectuel de la province ne sera jamais plus grand que la somme des savoirs résidant sur son sol et non la rançon des besoins à combler pour une société plaçant de fait l’hôte au faîte de la réussite.

 

Puisses-tu transformer l’amertume des larmes de l’Autre que tu rabaisses pour le salé des sueurs que tu fourniras par tes efforts d’Apprentissage.

 

Chaque Homme est important aux yeux de Dieu »

 

 

 

PARIS,LA CORRECTION DE ROME. NORD.

Ils arrivèrent à l’autre rive de la mer, au pays des Géraséniens. Et comme il venait de sortir de la barque, vint à sa rencontre, (sortant) des tombeaux, un homme possédé d’un esprit impur, qui avait sa demeure dans les tombeaux ; et nul ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne, car on l’avait souvent lié avec des entraves et des chaînes, et il avait brisé les chaînes et broyé les entraves, et personne n’était capable de le dompter. Continuellement, de nuit et de jour, il était dans les tombeaux et sur les montagnes, poussant des cris et se meurtrissant avec des pierres. Ayant aperçu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui, et, ayant poussé des cris, il dit d’une voix forte : ” Qu’avons-nous affaire ensemble, Jésus, fils du Dieu très haut ? Je vous adjure, par Dieu, ne me tourmentez point. “C’est qu’il lui disait : ” Esprit impur, sors de cet homme. ” Et il lui demanda : ” Quel est ton nom ? ” Et il lui dit : ” Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. ” Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays. Or, il y avait là, près de la montagne, un grand troupeau de porcs qui paissaient. Et ils lui firent cette prière : ” Envoyez-nous dans les porcs, afin que nous entrions dedans. ” Il le leur permit ; et les esprits impurs sortirent et entrèrent dans les porcs, et le troupeau, (qui était) d’environ deux mille, se précipita par les pentes escarpées dans la mer, et ils se noyèrent dans la mer.

 

(Mc 5 : 1-13)

 

 

 

Long était le chemin de réappropriation de soi et d’alignement avec son destin quand le poids du mal empêchait le réveil décisif. L’Homme Noir, L’Homme Blanc. Mystère des origines. Antagonistes séculiers des Heures.

 

L’Homme Blanc, le conceptuel, l’institu-tionnel, et non le cohabitant, sympathisant, frère de sang, oui cet homme blanc régnait en maître sur la Terre de Kama depuis que ses habitants avaient perdu la confiance en eux et en Dieu. Oui confiance en eux et en Dieu. Perdu ce courage qui nourrit la Foi et non l’emploi. Ce dernier était propension à se satisfaire dans le faire d’un rituel sans sentiment en se gargarisant de paroles sans fondement spirituel. On parlait d’égrégore et de traditions gores qui nous avaient amené à Gorée ou à la mer d’Érythrée. Blanc ou Arabes, le mâle était « faits ». Faits dans l’histoire dans laquelle nous n’entrions pas assez. Par devant? Par derrière? Somme toute enculés. Par cette virilité violente de prosélytisme. Les religions abrahamiques et leur culture étaient-elles à condamner sachant qu’il était dit que Dieu révélait une partie de la Vérité à chaque peuple, époque et espace. Quelques exemples de résistances montraient à juste titre le fond vicarial et légitime des habitants de Kama que des Élus étaient venus raviver lorsque la balance devait être rétablies. Autrefois l’accomplissement visait à devenir des hommes-dieu, des dieux et porter ainsi la responsabilité de poser les actes sur la Terre au nom de Dieu. Une relation intime qui s’ouvrait par l’immortalité ou tout simplement la permanence de la Force vitale qui une fois maîtrisé permettait d’agir de son vivant ou, au-delà, en tant qu’ancêtre. La mort n’étant qu’un passage vers une autre réalité, un « déménagement » de l’âme. Mais voilà après des millénaires de règne glorieux, le déclin avait été inévitable après que les transgressions opérées sur cette Force vitale se soient multipliées. L’Homme Noir avait perdu son alignement avec Le Roi, le Soi, la Loi et la Foi. Intégration des modèles de régulation exogènes, perte de l’authenticité de l’identité, transgression imposée ou concédée de lois cosmiques et naturelles et perte de la relation de confiance entre l’âme humaine et l’Âme du Grand Tout. Les souffrances endurées par les mises sous tutelles répétitives et les colonisations du sol avait laissées des traces. La simple habitude de tolérance et de d’accueil de l’étranger se mêlait avec un syndrome de Stockholm où il entretenait des sentiments ambivalents. Parfois amour du bourreau et parfois armure rembourrée. Le Porc bien qu’illicite faisait rêver. Consommer de tout sans prendre soin de la propreté de son vêtement spirituel mais au moins consommer de tout en envoyant des portions de vie sans port à Sion. Le port du projet intime de Dieu en soi. Voilà qui motivait l’expulsion des démons de la pauvreté et de la précarité. Pour la fierté retrouvée. Celle qui ne fait plus transgresser. Parce qu’on est conscient de son état de vicaire de Dieu.

 

En effet, la situation économique et l’exacerbation des conditions de vie où entrevoir le Futur, Dieu, était de plus en plus problématique mettait les familles dans la tristesse, les jeunes générations dans la détresse et certain dans des embarcations de fortune vers la quête de richesse.

 

La solution était paradoxalement à la portée du Peuple mais demandait une intention sans faille si ce n’est une volonté de tous les instants : Recentrer l’Homme au cœur des échanges mondialisés. Une mondialisation obsolète qui évoluait du libre-échange tout azimut, du moins officiellement, aux accords de groupes entre zones à intérêt commun. Un consensus qui préservait l’intégrité territoriale et ne fermait pas la porte au commerce international.

 

C’était le tableau. À l’intérieur, l’africain devait retrouver un rôle actif au lieu de créatif où être subtilement être mis dans une « réserve » avec pour seul rôle la consommation chez eux. Ce, à l’instar des peuples natifs de l’Amérique du Nord dont le combat force à la fois le respect et le regret. L’homme Blanc, fils de la lune, sans être vraiment une couleur de peau mais un symbole malsain de désordre cosmique. Qu’il soit appelé visage pâle ou plus mythiquement Renard pâle, c’est son Attitude qui était montré du doigt par les autres locataires de la planète. Plus connectés à l’Âme et la Nature.

 

Dans ces conditions, Kama devrait son Salut au réveil de son Peuple, Africain et Diaspora, fils du Soleil et transfuge de la Lune. Ce Salut passerait par un rituel intense de Correction des Attitudes pour rétablir la Confiance par le Courage et le Calme. Ce dernier étant l’état de gravité naturel échu à la race et qui fait toute sa solennité. Le tout définissait une nouvelle Foi orienté vers l’économie et respectant les aspirations spirituelles de chacun. Cette Croyance faisant la promotion de l’Amitié de l’effort continu de reconstruction comme gage de piété. L’Humanité avait atteint la maturité et le rapport à Dieu pouvait se faire dans une philosophie de Vie personnelle rattaché à une Tradition religieuse maintenant la notion de communauté. L’objectif était de dominer cet égo que constituait la composante « chronos » du Temps en ce sens qu’il nous définissait et nous limitait trop dans la nécessité de manifester notre force d’action dans cette vie pour en faire un allier dans la perspective de l’éternité. L’Âme collective de l’Africain était habituée à la connexion avec un Temps ressenti, « kairos » et le destin « aiôn » par des pratiques initiatiques recourant au Fa, l’Iboga et les connaisances des Alphas pour ne citer que cela. Le Passé antérieur était glorieux, Le passé simple fait de domination et d’actes de rebellions, le présent fait des disparités socioéconomiques, de l’oppression des Systèmes impériaux et de l’appétit du Tigre et du Dragon et autre Gog et Magog. Quant au Futur il était infini, spirituel, eschatologique. Mais personne ne s’aventurait à partager la vision de ceux qui voyaient Kama prospère à nouveau et surtout souveraine choisissant librement d’accomplir son destin dans la soumission à Dieu, la richesse modérée respectant les besoins de chacun et la fréquentation communautaire seul forme d’union conforme à notre sentiment ethnique. Le dit rituel devait libérer l’effort, le plaisir, la conscience, l’énergie et le sentiment qui sont les éléments essentiels pour construire le nouveau vicaire, l’homo animus, l’Homme Attitude capable de s’adapter aux nouvelles réalités économiques et de donner à sa communauté son plein essor.

 

***

 

La musique résonnait dans les enceintes placées près du bar. Le quartier de Ngor recelait de nombreux lieux de détente et la clientèle cible n’était pas loin calfeutrée aux Almadies où d’autres night-club et bars tenaient en haleine les élites, riches et rivée, et la nouvelle classe moyenne, bourgeoise et bourgeonnante. A cette heure-là la piscine dégageait une grande impression de calme. Des tables avaient été disposées en demi-lune faisant face à des transats à l’autre bout du plan d’eau. Le bar et l’hôtel semblait en harmonie même si séparé par une allée. Mor et Hakam s’était donné rendez-vous pour décompresser un peu.

 

« Et ton frère ? questionna Mor.

il est à Paris pour affaires.

 

Tchipp il est allé croquer les petites weshwesh tu veux dire.

 

je ne sais pas. On n’a pas parlé longtemps la dernière fois qu’on a échangé. »

 

Mor senti de l’agacement dans la voix de Hakam et changea légèrement de sujet.

« Je me suis encore fait avoir par « On range ». Ils m’avaient promis un bonus si j’achetais du crédit avec la fin de la semaine. Finalement je n’y ai jamais eu accès. Le bonus apparait mais je consomme ce que j’ai acheté. Ils nous prennent vraiment pour des cons.

Hum encore « On range ». On engrange… vos sous. Je ne peux vraiment pas t’aider. J’ai cessé d’avoir des attentes de leur part. Ils sont en position dominante comme beaucoup d’opérateurs économiques de ce fameux pays qui nous maintient sous vérin à défaut de nous laisser souverain.

 

J’ai l’intime conviction qu’il y aura une fin à cette oppression un jour. Mais il faut cesser d’attendre que ce soit la génération suivante qui leur remette les pendules à l’heure. Chaque génération doit faire sa part dans la cognée contre les fondations du mal mâle.

 

C’est tout simplement un système mafieux où les déstabilisateurs offrent le choix entre la protection ou encore plus d’ennui. Et bien entendu ceux qui s’opposent à eux sont systématiquement éliminés.

 

Mais qu’en sera-t-il dans le cas d’un soulèvement populaire. Le 14 juillet 1789 ça ne leur rappelle rien ? Penses-tu que l’avenir de la jeunesse africaine puisse être indéfiniment sacrifié au confort, l’influence et au maintien du pré carré de la tyrannie par leur culture, de leurs prosélytes et des élites zélées ?

 

Sans le maintien de ce pré carré, ce pays n’est qu’un hexagone économiquement à la merci de ses pairs. C’est dégoutant plus qu’irritant.

 

Le Salut annoncé par le mouvement social, responsable et d’une Conscience universelle me remplit toujours d’espoir même si les évènements seraient bien fâcheux. Au moins on sortirait du statut quo de domination des minorités « racisées » pour aller vers de nouvelles bases sociales.

 

Certes mais comme tu l’as si bien dit avant que cela ne se produise il faut œuvrer chacun à notre niveau pour enrayer le Système et nous faire une place avec nos pratiques informelles et notre identité.

 

Oui l’essentiel est de ne pas étouffer sous des modèles qui ne nous respectent plus et ne sont là que pour assoir une domination culturelle et maintenir un pré carré géopolitique. »

 

Le serveur apporta la commande, un tonic pour Mor et des fajitas et un virgin mojitos et un plat de wok pour Hakam.

« Je me demande comment concrètement enrayer le Système et ramener l’équité dans nos rapports avec tous ces prédateurs.

Il faut que ça vienne du Peuple. Nos dirigeants ne sont que des gouverneurs coloniaux qui font de la figuration habile, il faut le reconnaitre, mais sans grand impact sur notre vision d’une Afrique et de sa Diaspora à nouveau digne de manifester la gloire de Dieu par la santé économique de sa civilisation.

 

Tu as tout à fait raison, vu qu’il s’agit d’un pouvoir économique, quoi de plus indiqué que les acteurs du secteur pour créer cette richesse qui leur donnera ce poids décisionnel. »

 

Le disque jockey enchaina les morceaux en vogue pour inciter les clients à se lancer sur la piste. Quelques demoiselles attendaient, le regard scrutant les alentours et berçant tout doucement leur tête sur des airs de Kizomba. Le signes que nos deux prédateurs attendaient. « Je crois que je vais faire quelques pas de danse pour décompresser.

Je te suivrai volontiers mais attendons de digérer un peu. Je veux pas faire asphyxier ma partenaire dans une échappée de grisous.

 

Tu perdrais ta précieuse veine si ce n’est toute ta mine pour ne pas dire la face ». Ils éclatèrent de rire.

 

***

Hakim et Étienne était assis sur la terrasse d’un café dans le quartier Latin. Il n’avait pas fallu longtemps à Hakim pour marcher de la station de métro Cité sur la ligne 4 jusqu’au lieu de rendez-vous. Il avait pris une chambre dans le marais, pour quelques jours, tout en restant discret. Il aimait l’odeur du bois vieilli qui avait accumulé des années de fumée de cigarette et d’effluve d’expresso. Étienne pris la parole.

« J’ai pas mal travaillé sur la campagne de promotion qui devrait nous permettre d’augmenter nos ventes.

Ok je t’écoute.

 

Je ne crois plus trop au marketing en ligne tout azimut. Il faut proposer l’utilité de notre projet aux personnes qui ont le plus de chance de consommer sans trop de réticences. Puis, on a plus de chance de convertir ces clientèles en ambassadeurs passifs, par leur bouche à oreille, si elles sont satisfaites avec le service. Au début je pensais que le Big data pouvait nous servir à d’abord mieux identifier notre clientèle, la comprendre puis utiliser les canaux de communication auxquels ils sont familiers avec les mots clés pertinents. Mais à chercher les mots clés pour attirer le trafic j’ai vite compris qu’il fallait évoluer.

 

Je suis d’accord sur le principe mais concrètement ça donne quoi?

 

La segmentation de notre marché par nos outils de communication.

 

Ok continue.

 

La promotion est notre nerf de la guerre. On a trop l’habitude de voir le marché sous l’angle des consommateurs ou des produits et services. Voyons plutôt sous forme d’un ensemble, et je ne veux pas employer le mots système, un ensemble de canaux de communication qu’utilisent les communautés que nous visons. Il suffit de s’y greffer et y inoculer, entre griffe, notre Message.

 

Donc si je te suis on doit faire l’inventaire des moyens de communication utilisés par les communautés que nous visons et juste adapter notre Message pour convertir. Il n’y a rien de nouveau. Je pense que cela a déjà été fait par le passé. Non?

 

Peut-être mais tout le monde oublie les vieilles recettes de grand-mère pour se lancer dans une sophistication de vogue qu’ils ne maitrisent pas toujours.

 

Ok ça me semble jouable. Ça nous permettrait d’intégrer les médias classiques à nos campagnes comme le suggérait Clara. Il y a encore des communautés qui en sont aux signaux de fumée.

 

Nous les rejoindrons si Dieu le veut.

 

Ok qui rencontrons nous demain?

 

Le directeur d’une agence de com. Il veut nous fait une proposition pour créer une nouvelle identité visuelle au Ka.

 

Ok qu’elle heure?

 

14h métro Bibliothèque François Mitterand Ligne 14

 

Ok j’y serai insh’Allah. »

 

Hakim prit congé d’Étienne et longea les quais de Seine mélancolique. Son père était parti de rien il y a quelques années. Se contentant d’un emploi d’appoint et mettant tous ses efforts dans la promotion des services de l’entreprise naissante. Un pari difficile. Un pas que beaucoup hésitaient à faire. Il était en effet dur de quitter le confort d’un salaire régulier jamais suffisant mais donnant l’illusions du pouvoir d’achat. À crédit bien sûr. C’était moins héroïque mais tout aussi érotique. La voiture, la maison puis les enfants, les études des enfants, le mariage des enfants, les petits enfants etc. A crédit. Tout sa vie.

Avec le para-entrepreneuriat et le concept de richesse ascétisme on ne vivait qu’à hauteur de son avoir d’épargne. C’était certes du crédit mais c’était un levier financier qui reposait sur du tangible. Maintenant l’idée d’une masse salariale de plus en plus composée de travailleurs autonome et de consultant faisaient son chemin chez les employeurs qui profitaient de la flexibilité en même temps que le risque de manquer de bras en cas mauvaise conjoncture. Au moins le jeu était clair et la règle du marché plus équilibrée. Il arriva chez son hôte. La pensée d’Hakam lui vint à l’esprit. Il était tard. Il l’appellerait demain avant son rendez-vous.

 

***

 

Hakam venait de se lever. Le café Touba qu’il avait pris à la boutique du quartier lui brulait la langue à chaque rasade. Son téléphone sonna. Son frère. Bon! Il fallait crever l’abcès. Ce n’était pas bon pour un musulman, fusse-t-il d’un mouvement post-moderne, de rester fâché contre son frère en religion à plus forte raison son frère de sang.

 

« Allo? Salam Aleykoum Hakim. Comment vas-tu?

 

Wa Aleykum Salam. Hotep. On dit quoi?

 

Tranquille je m’apprête à aller au boulot. Je prenais mon petit déjeuner.
Ok. Toujours fâché?

 

Non je pense que c’est dans l’air du Temps. Dieu est le seul qui connait le contenu des poitrines. J’ai longtemps médité sur ton orientation. Tu sais tu es mon frère et je sais que tu as de bonnes qualités d’âme. Ce que je n’ai pas vu chez des Croyants ici qui se comportent parfois comme des voyous avec leurs frères en religion ou leur femme. L’homosexualité a déjà été jugée à l’époque du prophète Lot (psl). Mais la pratique a ressurgi par la suite comme la plupart de nos transgressions. C’est le principe éternel d’entropie et d’involution pour lequel Dieu envoie régulièrement ses serviteurs pour sonner le rappel aux Hommes. Ce qui faut se dire c’est que l’Amour inconditionnel de Dieu doit être cherché en toute chose et non la simple peur du châtiment.

 

Wow bien dit. Je suppose que j’ai l’absolution.

 

Tu as surtout la solution. Elle est en toi. Tu pars avec un gros handicap spirituel si on peut dire mais je sais qu’avec ta foi tu pourrais franchir des étapes vers ta purification dans cette vie et dans l’au-delà. Dieu est aux commandes des destinées de ceux qui lâchent prise ou se soumettent totalement et non qui disent qu’ils en sont maître sans savoir ce qu’ils en feront et surtout quelles étapes ils devront franchir pour s’accomplir.

 

Je sais que le christ disait aux pêcheurs « ta foi ta sauvé ». J’espère que j’ai encore une chance au tirage même si le grattage n’est pas favorable.

 

Insha’Allah.

 

Insha’Allah.

 

Je dois filer sinon je vais être en retard.

 

Ok bonne journée.

 

Toi aussi. »

 

Hakam prit le premier Ndiaga Ndiaye qui se présenta à défaut de sa ligne de Tata habituelle. Il longea la plage du rivage et repensa à ses derniers mots avec son frère. À son pardon. Oui le Messie Issa Ibn Maryam avait dit dans sa prière parfaite aux 7 versets : « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé ». C’était un équilibre voulu pour l’âme qui se devait de se voir en une entité endurante dans l’épreuve et non comme une victime. En effet, Il était si facile de se sentir victime sans pour autant reconnaitre les moments où le rôle de bourreau nous avait si particulièrement échu. L’horizon à la vue de la corniche et de ses pêcheurs aux barques multicolores lui donna l’impression que la vie lui apporterait bientôt un Message clair sur son propre accomplissement. Lui qui priait tous les jours pour se défaire des pièges de son nafs[4] irréalisé, délivré du côté sombre de ses inclinaisons humaines. L’embouteillage pris place. Quelques privilégiés imposaient au commun des dakarois le rituel d’accompagnement de leur progéniture à leur lieu d’étude au détriment de tant de travailleur. C’était une épreuve de patience chaque matin. Bientôt il serait au centre-ville encore plus engorgé dans ses heures de pointe où la mégapole montrait sa faiblesse dans la régulation du trafic. A son arrivée une foule de badauds était regroupée près de l’entrée de son bâtiment. Le brouhaha de mots échangés en wolof ne l’interpella pas lui qui ne comprenait que très peu cette langue. Il se fraya assez difficilement un chemin vers la porte d’entrée et aperçu la secrétaire en larmes. « Que se passe-t-il? » demanda-t-il interloqué. « Hakam non! » eu-t-elle le temps de dire. Une main ferme le saisit et sans qu’il ne puisse résister un instant le propulsa dans un fourgon qui démarra aussitôt.

 

***

 

Hakim rencontrait le transfuge de la communication qui, après une courte période à l’emploi d’un cabinet privé, avait choisi de voler de ses propres ailes. C’était le propre des personnalité innovante, indépendante et surtout qui avaient hâte de s’accomplir dans l’espace d’une vie. Hakim le dévisagea plein d’interrogation sur un parcours si atypique mais plein de brio. Du moins en apparence. « Aux âmes bien nées la valeur n’attendait pas le nombre d’années » disait-on mais à présent la valeur n’était plus qu’une question de stratégie marketing et de communication qui bâtissait des leaders à partir de rien tant qu’on avait les moyens de la financer. Les vrais êtres charismatiques étaient de plus en plus noyés et leurs messages pollués. C’était alors la lutte pour retrouver la légitimité. Distinguer l’ivraie du blé. L’e-vrai du blé. L’information et la monnaie. Oui les média sociaux et l’internet avait démocratisés le pouvoir de construire des communautés. C’était à la fois une chance et un défi. L’élu et l’auto-promu utilisaient alors les meilleures tactiques pour avoir l’impact qu’ils méritaient ou désiraient. Hakim l’écoutait sans passion. On voyait très clairement la limite des deux écoles de vie se tracer. Celle qui menait au sacrifice ultime honoré ou non par Dieu et qui engendrait l’expression du sentiment décadent de l’époque. La stratégie de l’interlocuteur était intéressante. Il avait fait une maquette de l’image que prendra le Ka avec de nombreuses déclinaisons et la conservation du message central. Hakim demanda s’il était familier avec la philosophie du mouvement auquel se rapportait le travail du Ka. « Oui bien sûr, j’ai étudié les éléments de votre philosophie. » répondit le communicateur sûr de lui. « Y adhérez-vous? » demanda simplement Hakim? Le silence se fit. Hakim pensa. Comment sincèrement s’engager à prendre en charge un élément du travail d’une firme quand on n’a pas pris le soin de croire à la vision que partage le client. Cette empathie qui fait toute la différence entre les communauté forte et solidaire et une simple juxtaposition de professionnels. Étienne prit la parole pour détendre l’atmosphère qui était devenue quelque peu électrique. Le téléphone de Hakim sonna. C’était Dakar. Il écouta sans rien dire. La nouvelle était lourde. Il raccrocha et poussa un long soupir oubliant la présence des deux autres. « J’ai une urgence je dois y aller. » Il promit de reprendre contact un peu plus tard. De toute façon aucun travail n’est perdu. Tout étant recyclable ou adaptable il espérait que ce n’était qu’un différé dans l’établissement de leur rapport commercial mais espérait une plus grande proximité dans la prise en charge de l’image de sa compagnie qui plus est était la référence d’un mouvement d’affirmation.

 

La chevalière se démarqua dans la poignée de main. Un autre coup dur pour la rencontre. Hakim pensa « encore un Ténébreux ». La question des obédiences était devenue épineuse pour lui depuis que la brèche avait été ouverte pour des philosophies individuelles éclaires par la recherche de la Vérité et l’Amour pour Dieu dans une Vie acceptant l’effet de la Providence. Il savait que bon nombre d’élites et de dirigeant entretenait ce rapport mafieux qui liait leur intérêt personnel à la volonté des maîtres du Monde. Il sacrifiait bien vite le devoir envers les ancêtres et la communauté pour un peu de protection et de sécurité sans voir que cela ne faisait qu’accroitre leur esclavage (Coran VXXII, 6).

On divertissait la masse dans des soulèvements plein d’espoir pour la liberté tandis que les verrous continuaient d’être serrés dans le secret donnant ainsi lieu à des contradictions en les principes universels prônés et leur application promenée. Un système qui avait été savamment instauré dès les premières heures du déclin de la civilisation Noire : la perte de voies de proximité avec Dieu. La Mystique.

La solution viendrait sans doute de la fronde du Système : un refuge des couches populaires faibles dans des alternatives se tenant en marge des intérêts des élites et de leurs maîtres jusqu’à effondrement. La fronde de David contre Goliath. « Dieu opposait régulièrement les plus fort aux plus faibles et il appartenait toujours à ces derniers de rétablir la Justice sinon le désordre règnerait sur Terre. » se souvint-il. « Emmanuel, Dieu, est avec nous. » lui fit remarquer son rictus de leader tendu.

 

À présent il était facile, pour certains d’attribuer le sobriquet de « d’aliéné » à tout vent sans tenir compte de l’héritage de l’histoire et scander par le même temps un retour aux sources bien lointaines. Le retour devait se faire certes, mais vers le Futur (Coran XL, 4). Dieu avait lancé la création pour qu’elle se poursuive dans le sens de l’évolution et non dans un mouvement qui intégrait le rebroussement de chemin. La rupture. Pour du neuf. Le nouveau vicaire l’incarnait déjà. Restait plus qu’à attendre la descente du Messie sur le Minaret de la Damas symbolique de cette ère afin qu’il anéantisse définitivement ce Dajjal que représente la monnaie scripturale dans les pays sous oppression…

Le klaxon et l’insulte sorti Hakim de sa rêverie. Il ne songea même pas à se défendre d’être un abruti auprès du chauffeur. Ce qu’il était dans l’état mais pas dans l’être. Combien de temps avait-il été sans conscience de l’environnement? C’était le risque encouru par cette sensibilité d’âme dont il souffrait. Recevoir les coups durs et mauvaises nouvelles et être perturbé pendant un moment. Choc émotionnel. Pourtant il avait le remède dans « la Définition ». La sacro-sainte Acceptation qui caractérisait le Lâcher-prise. No stress. Maintenant le combat se déplaçait sur le front d’Hakam. Pas de répit. « L’Homme est fait pour une vie de lutte » était-il écrit. L’adaptation se devait d’être continue sinon c’était… la mort!

 

***

 

Le Temps n’était qu’une perception du cœur, du Sentiment, selon l’enseignement d’ASSOUKA. Hakim avait beau y mettre du sien pour prendre philosophiquement la catastrophe qui lui était tombé dessus rien n’y faisait. Tout d’abord s’armer des meilleures armes juridiques pour défendre son frère. Ce n’était pas chose facile. La justice avait souvent en Afrique une impartialité qui dépendait des enjeux financier ou politiques du cas. Après plusieurs efforts pour obtenir un allègement des accusations. Il prit résolument le chemin de l’abandon à la Volonté divine. Nous n’étions que les acteurs d’un grand œuvre qui nous laissait que la liberté d’adhérer ou non au rôle qui nous revenait et d’y prendre le plus de plaisir pendant notre passage sur cette scène qu’était la vie.

 

Hakim avait fait tout ce qu’il pouvait. Le chef d’accusation pour terrorisme était dur à contre carrer. La moindre activité qui s’opposait aux intérêts des systèmes impériaux pouvait avoir de graves répercussions. L’Afrique était le pré carré des anciennes puissances coloniales qui en faisait un prêt carré à leur partenaire du nouveau monde et de la table ronde. Les chevaliers tenaient à leur quête du grand râle tropical. Hakam serait extradé sous peu aux États-Unis. Triste réalité. Gougoune faisait partie du patrimoine stratégique du pays et avec le spectre de la cyberguerre mondiale qui se dessinait, des mesures de sécurité avait été renforcée. Hakam les chaînes aux pieds et aux mains pris un avion militaire vers une destination inconnue sur le sol américain dans l’attente de son procès.

 

***

 

Les ancêtres consternés par le péril d’un membre de leur égrégore dépêchèrent le Chantre auprès d’Hakim qui reçut ce Message par le Fa musical qui était à présent le commun de sa Vie d’exil dans la Cité.

 

 

Je n’ai pas ri

Mon combat pour le respect de ma personne
Se termine en sacrifice de fou qui déraisonne
Dieu mon enfer brûle de cet Arbre qui m’abattu
La douleur perdure dans la chair et l’air de déchu
L’Homme Blanc a propagé sa mort dans mes entrailles
Et de mes cris impuissants soigné sa commune grisaille
Ô ancêtres, Ô pères, Ô mères, je suis tombé pour l’Afrique
Possédé par l’esprit impur de ceux qui en veulent à notre fric
Demain la vague suivante déferlera sur leurs remparts d’égoïstes
Assoiffés de justice et avec le courage des nouveaux économistes
Qui œuvrent pour le renouveau de la civilisation de l’Énergie
Fièrement portés par leur Foi qu’ils ont su établir en philosophie.

 

 

Justice

L’Afrique est exploitée par des grandes puissances usant de l’inertie de la peur et de l’ignorance de son Peuple à fédérer.

 

Sagesse

« Espoir. Oui espoir. Un mot que j’ai trop souvent caresser sans pouvoir. Oui Pouvoir. Ce qui nous manque pour nous libérer. Je ne me fais d’illusion sur une clémence du geôlier : aide au développement, annulation de la dette, réduction de la pauvreté, bonne gouvernance etc. Autant de subterfuge pour endormir la fureur du lion et de la lionne.

 

Le prise de conscience s’opère en ligne, dans des files où nous n’attendons plus la ration mais la bonne génération.

 

Le relais doit être lancé. A chacun son action pour converger vers la libération. L’Afrique a rendez-vous avec un nouveau grand moment de son histoire : le renouveau et l’affirmation économique par l’effort de ses fils et filles de toutes les latitudes.

 

Chaque Homme est important aux yeux de Dieu. »

 

 

 

LIBREVILLE, LA DESCENTE SUR DAMAS. EST.

Un efféminé avait amené chez lui un homosexuel et celui-ci, l’ayant culbuté par terre, se mit à remplir son office. A ce moment, il vit qu’un poignard dépassait de la ceinture de sa victime consentante.

“Ô mon mignon ! dit-il, qu’est-ce que ce poignard ?”

 

L’autre répondit :

 

“Si quelqu’un avait des intentions perverses à mon égard, je lui ouvrirais le ventre avec.”

 

L’homosexuel de répondre :

 

“Dieu merci ! Je ne suis pas tombé dans ce piège.”

 

Quand tu n’as pas de dignité, à quoi te sert un poignard ? Tu possèdes un bateau de commerce mais où trouveras-tu un marin tel que Noé pour le piloter ? Tu veux réconforter ceux qui sont effrayés, mais toi, tu trembles encore plus que les autres.

 

Ô efféminé ! Tu es à la tête de l’armée mais ton membre dément la fierté de ta barbe. Tant que la peur habite en toi, cette moustache et cette barbe ne t’attireront que des quolibets ! (RUMI, L’efféminé, Mesnevi)

 

 

 

L’ancienne Cité Damas, Da Mas, la peur, la masse. Ce poison qui ne quittait plus l’Africain depuis sa rencontre avec le nouvel Homme à sa vue, blanc, porteurs de mords, porteurs de morts. Celui qui deviendrait son négrier, son colonisateur, son oppresseur économique. Pas celui qui était jadis venu apprendre dans ses universités, Univers Cités et Uni vert cité. Mais celui de retour avec la science, la poudre à canon et l’alchimie. Secrets violés, volés, dévoilés. A présent la peur s’offre l’orifice en sacrifice pour pervertir le rituel des ânes nus.

 

Les États-Unis était la terre par excellence du rêve. Tout était possible. Le libéralisme portait les plus hardis et les plus chanceux à la tête d’empire financiers. Il fallait aimer l’odeur de l’argent et en faire son culte. C’était aussi officiellement une terre de liberté. Libertés individuelles et communautaires qu’une statue qui l’incarnait si bien avait ravi le regard de plusieurs générations d’immigrants de partout dans le monde. Simple mise en scène que personne ne remettait en cause. Certes tout était permis, même le droit de tuer, d’humilier le plus faible au nom de principes élitistes exécutés par de vils servants.

 

Le vieil homme attendait dans la cellule le retour de Hakam.

 

Celui-ci revint épuisé et sanglotant.

 

« Ils t’ont encore violé?

 

Je ne sais pas combien de temps je tiendrai.

 

Ne les laisse pas avoir ta peau. AwoMawugnin! O lé djaxwudévio! »

 

Hakam fut encore plus désemparé à entendre la langue de sa mère. Il sentait la présence de ses ancêtres en son sein depuis le début de cette épreuve. Ici, il était mal vu d’être musulman et il le payait à chacun des interrogatoire-torture qui passaient le contrôle-qualité des ONG les plus concernées, con cernées. Le chien se retourne rarement contre celui qui le nourrit. « C’est toujours le caca des autres qui sent » disait souvent sa Tante. Les dictateurs se trouvaient toujours en Afrique, Moyen Orient Asie et Amérique Latine bref le « tiers immonde ». Chez eux c’était la lutte contre le terrorisme ou la fraude et sa suspicion, la dernière trouvaille fourre-tout après le communisme. On passait de la guerre froide aux mesures de sécurité renforcée contre un mal qu’ils avaient d’une façon ou d’une autre contribué à créer. C’était dans l’intérêt de leurs nations. Côté face la protection des individus côté pile la promotion sur les stocks d’armes invendus.

 

« In Godwe trust ». L’affiche dans le bureau du juge lui glaça le sang cette fois-ci. Lui qui l’avait si souvent entendue auparavant sans y trouver à redire. Pensant que se réclamer de Dieu impliquait un état d’esprit de croyants. N’avait-Il pas longtemps observé le combat des Noirs, Africains-Américains, des Amérindiens et autres communautés ethniques pris dans le tumulte des politiques de favoritisme social? Il prenait souvent acte des injustices sans se sentir lui-même menacé et ce manque de danger le laissait dans son confort de spectateur jusqu’à ce que le trop plein de sa frustration se transforme en acte désespéré et isolé de rébellion. Sans endoctrinement. Une pulsion réactive à l’excès d’iniquité. Qui n’a même pas su prendre de précaution dans une arrestation précoce et naïve. Quand le don de soi à un projet dont on ne mesure pas les conséquences donne la sensation d’être utile. Tant de jeunes marginalisés éprouvaient ce sentiment. Ceux qu’il était difficile à prévoir tant pour les auteurs que pour les victimes ainsi que pour les autorités. Son monde à lui avait basculé. Il mettait pourtant lui aussi sa confiance en Dieu sans savoir sur qui le choix de Dieu se porterait. Il écoutait désabusé le juge pensant participer à une simple mascarade en attendant son retour à la séance de viol collectif, puis sans doute sa condamnation pour un long moment. Une vie perdue.

 

Le juge lui demanda s’il avait compris. Hakam sortit de sa rêverie. Apparemment son avocate s’attendait à une autre réaction. La traductrice repris en français vu qu’il semblait n’avoir pas saisit la version originale « Vous serez jugé au Canada compte tenu de votre double nationalité et de l’acceptation de la demande introduite par votre gouvernement ». Hakam reprenait ses esprits. Il allait au Canada. Il ne broncha pas et hocha la tête. Il se sentait mort. Et pourtant l’étincelle revint dans son cœur. Elle lui donna la dimension spirituelle de son épreuve.

 

Sur le chemin du retour Hakam repensa à l’histoire de son vieux compagnon de cellule. Son péché à lui avait été d’offenser le régime en place dans un pays d’Afrique où se mêlait illégitimité, manque de sagacité et de moralité ainsi que l’impunité pour nombre d’atrocités. Il avait été rappelé à l’ordre et extradé pour une petite correction que son statut d’américain et de sage allégeait.

 

Il repensa aux mots prononcés par ce libre penseur, comme il en naissait de plus en plus face au voile délibéré de la vérité. Les mots lui venaient comme s’il les avait lui-même écrit :

 

Le Point parle à Libreville.

 

Nous sommes passé de l’érotisme colonial à la sodomie fraternelle et je ne m’excuse pas des termes. Oui, les très craints francs-tireurs ont travesti la FrançAfrique en Françanique. Et Le Titanic sombre. Ass. Berg. Le voile secret pudique et hermétique est devenu viol publique et ludique. Pour des jeunes cons sacrés dont on brise l’élan, l’air pédéraste.

 

Que dire du défi pour le membre de la communauté d’évoluer spirituellement et collégialement avec ses frères d’armes comme c’est le cas dans le monde des cercles et sociétés initiatiques de la grande Tradition. Le modèle sert de patron mais à présent les patrons se servent en modèle. La lumière blanche blafarde pure est composée de plusieurs radiations. Hélas, face à la perte de qualité dans la luminosité de certaines, l’Énergie se fraie de nouveaux chemins et recréé le Monde près des ruines de l’ancien. La nouvelle pyramide se doit d’y être construite par les nouveaux bâtisseur pour communier avec le Royaumes céleste de la nouvelle race d’Hommes. Une autre demeure. Le pouvoir économique n’est plus le discriminant réducteur de la spiritualité. L’éradication de la pauvreté ne consiste donc pas à rendre tous les Hommes riches mais à permettre à tous d’avoir la possibilité devenir riche s’ils le désirent. L’Attitude reprend le flambeau du doigt qui juge, sage au nom permanent de Yehweh, YHWH, la Force vitale.

 

L’homosexualité est un choix ou une conséquence de vie et ne peut être institué comme système de cooptation ou comme épreuve de recrutement. Elle doit, sans doute, avoir pour l’Homme, des vertus pénétrantes de rédemption et de rachat de dette pour une forme de mort de l’être (Jn 21, 15-25) mais ne doit pas le pousser à devenir une simple super chérie. Annihilation ultime des égos. Église de Vie.

 

Tes maux clés sont paresse, déficit de Fierté, Homosexualité, pauvreté, mauvaise répartition des richesses, droit de cuissage pour travail, mœurs débridée, trahison de l’initiation, Spéculation, désir de célérité dans l’acquisition de revenu, résistance à l’effort. Je passe.

 

Cesse de spéculer sur les fondations de ton Royaume économique. Le secret de l’immortalité est porté au sein de chaque membre de ton peuple : Courage et Calme.

 

« Il [l’homme] a par devant lui et derrière lui des Anges qui se relaient et qui veillent sur lui par ordre d’Allah. En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. Et lorsqu’Allah veut [infliger] un mal à un peuple, nul ne peut le repousser : ils n’ont en dehors de lui aucun protecteur. »

 

Coran XIII, 11

 

Libreville, à toi et ton peuple, j’avertis de mon châtiment.

 

Le doigt.

 

Qui freinera ta quête du Grand Râle.

 

A toi le Prince à lit.

 

***

 

Hakam avait pris conscience du Message de son vieil ami qui lui en parlait tout le temps avec passion. Un simple article, une pièce d’opinion, qui n’avait ému que ceux qui faisaient semblant d’avoir des scrupules mais qui pourtant avait une valeur symbolique.

 

Ce recours systématique au crime rituel et, dont la version élémentaire instituait le rapport homosexuel, de façon affligeante la disposition intérieure d’une majorité du peuple pris dans la paresse et la folie des grandeurs en matière de biens matériels. Ils engrangeaient de fait un karma qui pèserait lourd et pendant longtemps sur la destinée de tout un pays. Il était impératif de fournir l’effort de conscientisation pour que l’effort soit accepté comme médium d’échange avec la Richesse et la Fierté. Il fallait changer d’Attitude.

 

Hakam pensa à haute voix à une citation du Cheikh ASSOUKA qui caricaturait son enseignement : « la Vie c’est comme la sodomie plus tu résistes plus tu auras du mal. » Une belle illustration de l’acceptation qu’il devait maintenant consentir sur son destin comme Hakim l’avait déjà fait. A quoi bon se maintenir dans l’orthodoxie et laisser son âme refouler l’appel d’une allégeance à la Simplicité de l’Attitude. Les adorateurs de Dieu en Esprit et en Vérité. Mystique et Réaliste. Spiritualité et Authenticité. Soumission et Philosophie.

 

Il se sentait souillé par la barbarie et l’acharnement contre sa confession religieuse. Une pratique qui avait la vie dure chez les habituels bourreaux et opposés aux peuples remettant leur vie entre les mains de Dieu.

 

A présent plus rien ne le différenciait à présent de son jeune frère. L’orifice avait reçu son office. L’un le faisait par plaisir et orientation et l’autre avait dû le subir avec abandon. La réflexion s’attaquait à son miroir intérieur. Celui qu’il avait consacré à son Seigneur. Cette homosexualité chez l’homme condamnée à l’époque du Peuple de Lot persistait pourtant dans chaque Monde. A être un peu machiavélique, on pouvait dire que si, comme le pensent beaucoup, le péché originel avait été l’acte charnel et que si à l’origine il n’y avait pas de différenciation de genre du fait de la nature hermaphrodite des créatures, alors le premier rapport sexuel était de fait homosexuel par définition. Était-ce la cause de la condamnation vue que la première forme d’Amour requis était platonique. A chaque Monde, un Amour était célébré et offert à Dieu en guise de Foi tandis que la transgression de la loi l’avait fait naître et était montrée du doigt. Un tableau initiatique qui se perpétuait en Tradition. Mais bon la consommation du fruit défendu était préalable à tout cela et avait initié la première involution spirituelle chez l’Homme à la mesure de l’évolution du matériel dans sa dépendance. Une addiction issue de la marque de l’égo, l’Intelligence, implantée par son célèbre défenseur et imposteur usant de cette illumination pour l’amorce du processus des pensées et la formation du Mental en ennemi de l’Esprit de Dieu, la Conscience, insufflée à la Créature d’argile.

 

Certains mystiques le savaient, le siège de la peur était justement dans ce « Bottomlesspit » or la peur se guérissaient le plus souvent par l’Amour, des formes d’Amour qui venaient sauver les archétypes vicariaux à chaque Monde, et dont la forme constante prescrite à l’Homme était l’Amour de soi et de Dieu à travers l’Amour de soi en Dieu ou de Dieu en soi (Jn, 14 :11) c’est-à-dire : le Courage. Un Courage nécessaire pour dominer la Terre en Commandeur de la Nature, et Maître de la Création. C’est sûr qu’offrir sa « boite à caca », en Montagne, à la pénétration reviendrait de fait à perdre ce privilège de noblesse, tentative de Seth aux tentations d’Horus, car c’est chercher refuge face à ce penchant auprès d’un mâle, d’un mal et non auprès de Dieu pour cheminer vers l’affranchissement et le retour à la Vie après la mort spirituelle. De façon complémentaire se développait un penchant concupiscent chez l’homme partenaire qui assouvit un désir de possession de l’autre par perversion de l’acte d’Amour qui est rituel sacré et offrande faite à Dieu. Ce penchant de peur était un fait hérité par l’acquisition des pensées or beaucoup de peur étaient le fait de ces pensées, donc illusoire, et généraient dans notre Monde le phénomène du stress non réflexe, la possession.

 

Les neufs (7 + 2) perversions récurrentes de l’acte d’Amour dans le Temps à savoir l’adultère, la sodomie, la fornication, l’avortement l’homosexualité, l’inceste, la pédophilie (devenant prédation à présents), la masturbation et la prostitution, font l’objet de nombreuses exhortations de modération mais sont des sacrifices après Miséricorde. Cette dernière se justifiait, si on peut dire, lorsque des Croyants, bien qu’ayant la foi, peinaient à respecter la loi. Ainsi, des Pôles sur lesquels demeuraient le regard de Dieu, étaient soit des référents légaux soit des pénitents moraux. Cette pénitence concernait certaines trans-gressions de l’ère qui sans la compromission de ces saints auraient de graves répercussions pour le Monde dans l’ici et maintenant et pour les membres des communautés prophétiques dans l’au-delà (Jn 3 :17). Les rappels de la loi et les innovations civilisationnelles s’accompa-gnaient donc de Miséricorde. Hélas, certains misaient tout sur la Miséricorde et ne faisaient plus aucun effort pour respecter la loi encore moins pour avoir la foi. Si on revenait sur les évènements d’une certaine époque, le rappel de la loi en tant qu’Amour de Dieu et l’annonce de la foi en tant que Vérité émanant de Dieu. Dieu étant désigné dans une Seigneurie de Père, et du prochain ou celui suscitant en nous l’Amour d’Abandon (Paix, Pardon et Partage) du Messie Issa ibn Maryam (psl). L’innovation était l’eucharistie ou partage contre l’avarice ou peur de manquer en temps de famine. La Miséricorde concernait plusieurs penchants frappés de culpabilité et qui nuisaient à la vie en profondeur, éternelle et non immortelle (Jn 3 :8), à laquelle étaient invités les Hommes en Fils, Saints universels, usant de la vertu de Sincérité du Père des Croyants et origine des deux législations divines. Le chiasme symbolique lors de la rédemption par le sacrifice, Paix, Pardon et Partage, de l’antihéros prenait tout son sens dans la réconciliation entre la vie de chasteté et d’ascétisme requise pour les serviteurs et initiateurs : les Juifs, adorateurs au Temple, Terre rouge fertile, argile glissante et sainte, avant la calomnie de vol puis fornication à l’endroit de celle qui secoure adorablement les damnés… Et la vie d’érotisme et de charité des héritiers et honorés de ce Royaume des Cieux (Jn 19 : 25-27) : les Samaritains, adorateurs sur la Montagne, Terre noire fétide, argile malléable et habile, avant la venue du Paraclet puis de l’Esprit de Vérité à l’endroit désert où pousse abondamment les dattiers…

 

Un Mythe séculier de fraternité Jaune difficile entre l’abd El, M’ma lick, et l’affreux Caïn, Ka life, dans la descendance de l’Adam et du Souffle. Mère Noire fendu (Sion : ass ou ka) et Feu Rouge défendu (Passion : âme à Rû). Cela permet de préserver la Blanche pureté du Saint Grand Râ, Conscience des Hommes dans le Ciel.

 

Au commencement était le Verbe (Rouge). C’est le Cri du bébé à la naissance qui lui donne le sens de la Conscience (Blanc – Lumière), assumant son entrée dans la Vie (Noir) pour devenir Vicaire, c’est-à-dire Roi de son Livre (Jaune) d’Amour (Âme sœur soumise à Dieu) et de Vérité (secret transmis au Fils pour purification) à l’accomplis-sement de son destin.

 

L’Essence, Dieu, englobe tous ces éléments (Conscience, Verbe, Vie Amour et Vérité) sous 4 saisons et s’oppose au dernier Vicaire déchu à cause de son orgueil (Coran XXXI, 18) promis à la désintégration sous forme de poussières cosmiques avant la révélation de l’innovation de la Correction des Attitudes pour un regain d’immortalité et d’élus.

 

Ainsi, les Peuples primordiaux, de la Famille spirituelle d’Adam, précédents la famille spirituelle d’Abraham, n’ayant rien en commun avec cette disposition de loi et de foi mais par l’observation de la voie contemporaine, étant relativement plus évolués et puissants. Ils étaient jugés eux directement par La Conscience alors naturellement présente en eux.

 

La nouveauté que vivait cette ère était le mouvement poursuivi pour la recon-naissance, par l’union sacré du mariage, d’une des huit perversions de l’acte d’Amour. On passe ainsi de la Miséricorde à la légitimation source de discorde. Il y avait le besoin de donner un cadre légal à un type de foyer au sein des sociétés qu’on pouvait comprendre dans un contexte de constant progrès dans les droits humains et les libertés individuelles. Cependant, en matière de Tradition et Mystique, qui étaient le fondement des communautés croyantes, la préservation de l’orthodoxie était gage de cohésion dans le groupe et de cohérence avec la chaîne de transmission des Messages (Coran XXXIV, 49). Paradoxalement, c’était dans ces moments de blocage conservateur menant à la condamnation, l’oppression et la persécution qu’un nouveau Message se faisaient jour, portant en soi une innovation visant à accomplir un volet de la Tradition et de la Mystique et ouvrir une nouvelle Voie permettant aux Hommes vivant une autre Réalité de prétendre eux aussi à « une demeure dans la maison du Père » en suivant la prescription accompagnant le Message. Hakam, prit alors mieux la dimension du Message de ASSOUKA visant à revivifier le rapport au Souffle, la Conscience : « Chaque Homme est important aux yeux de Dieu. » C’était un appel au respect de la Vie, Seigneur, en chaque humain avec l’apparition de l’homo animus, « animus » non seulement en lien avec l’Attitude qui sera jugée selon la Simplicité, mais aussi « animus » dans le sens de l’âme qui doit s’affranchir de toute contrainte religieuse et de toute peur pour retrouver sa Nature originelle dédiée à la relation sincère et intime avec Dieu. Al Din al khalis ou le recours à l’universalité des cultes, en philosophies, styles de vie et gnoses personnelles tournées vers Dieu (Jn 4 :23-24).

 

Du coup, l’homosexualité pouvait sortir du sillage du contrat de mariage qui avait été institué pour l’hétérosexualité vers le nouveau contrat de partenariat de vie, où ce qui était recherché était l’affection envers une âme sœur quel que soit le sexe ou le genre dans lequel elle s’est incarnée pour le parcours d’épreuves sur Terre. Seul comptait le retour dans l’au-delà par le Sentiment d’Amour pour sa contrepartie vicariale selon la loi et sa foi. Paire vers Sion. Le mariage donnait un cadre moral pour célébrer et contrôler le pouvoir de procréation. Le contrat de partenariat de vie donnait un cadre légal pour pratiquer et accompagner le devoir de réalisation, d’accomplissement humain, spirituel. C’était là l’erreur de la cause homosexuelle vouloir changer la loi précédente pour insérer leur réalité au lieu d’adhérer au près aidant initiant le licite de leur sexualité à Sion. Autrement dit mettre du vin nouveau dans la vieille outre de l’humanité. La conséquence était la déchirure entre ces membres.

 

Autrefois, il s’était agi de l’Invocation secrète contre la corruption morale (Coran III, 38-39) ayant abouti à une nouvelle réalité de la sublimation de la peur rustre, du fils ou archétype de Jonas, par l’Amour d’abandon à la Volonté de Dieu (Mt 16 :17-19 et Jn 21 : 15-21) mais aussi de la peur de manquer, du Peuple élu alors, par l’eucharistie. A présent, il s’agissait de la Correction de l’Attitude de peur la limitation financière et de celle du péril de la perfection de l’image, du fils ou archétype des deux Pôles de la famille de l’Énergie (Temps et Providence), par l’Amour de Simplicité mais aussi l’insuffisance de revenu et le poids du rôle socioéconomique, du Peuple élu alors, par l’effort de promotion (entreprendre) et l’effort de charisme (grandir).

 

Ce Message, Hakim l’avait déjà pris à son compte seul lui manquait la stabilité affective dans une union pour célébrer honnêtement le secret des dieux et qui était combattu au moyen de divers périls sanitaires et injonctions morales par ceux étrangers à cette famille spirituelle de l’Énergie. La Vie.

 

Pour Hakam, le plus important avait été de sortir des tenailles du rouleau compresseur du Babylon en treillis. Le transfert dans une prison « régulière » avec des détenus de droit commun était une bouffée d’oxygène. La mesure d’extradition avait été aussi assortie d’un certain nombre d’allègement. Il était possible de payer à présent une caution et d’avoir une relative liberté de mouvement avant le procès sur les terres canadiennes. L’anathème populaire de « terrorisme » dans son cas été requalifié en « activisme sectaire préjudiciable » ce qui facilitait les choses laissait entrevoir une issue plus clémente que prévu. Dieu était à l’œuvre.

 

Hakam se sentait sale et souillé par le traitement reçu pendant sa détention. Le traumatisme était palpable mais il se refusa au gavage habituel en pilules anesthésiante d’une douleur morale. Sa fragilité du moment ne nécessitait pas ce genre de béquilles qui pourraient devenir permanente s’il se laissait dorloter dans une Attitude de victime et qu’il ne prenait pas la responsabilité de sa réhabilitation dans la communauté humaine. Il voulait affronter ses démons par une voie en laquelle il avait toujours eu foi : la spiritualité.

 

« Hakim, j’éprouve le besoin de me purifier et de partir à zéro dans ma vie.

 

Je comprends tout à fait après tout ce qui t’es tombé dessus.

 

J’ai beaucoup réfléchi et je veux répondre à un appel profond de réconciliation avec moi-même. Aligner mon être et ma Vie.

 

A quoi penses-tu?

 

Je veux découvrir la culture de nos ancêtres. Je pense que je pourrais combler ce vide en moi. Même si je poursuis tant bien que mal avec une forme de mystique, je veux faire ma propre opinion sur la connaissance traditionnelle.

 

Ce qui est sûr ça ne peut pas être un trop long séjour mais je pense qu’on peut demander une évacuation pour raison sanitaire. On peut voir avec un psychiatre pour valider ton état.

 

Je pense qu’un ethnopsychiatre serait le mieux indiqué pour éviter d’être jugé par des gens qui ont du mal à saisir certaines réalités non rationnelles.

 

Ok je comprends. Je vais faire le nécessaire.

 

J’aimerai aussi que tu viennes avec moi.

 

Oui, tu es ma priorité tant que nous ne sommes pas sortis de la situation »

 

Hakam raccrocha le combiné et quitta le parloir las et pensif. Le gardien le tenait par le bras et le conduisit à sa cellule.

Il entra dans sa cellule et se mit en méditation. Une simple connexion avec son être profond, sa Vérité. Un voyage qu’il entreprenait maintenant sans trop grand dhikr même si ceux-ci lui semblaient essentiel de temps en temps. Il était maintenant conscient un peu plus de son appel : la Justice. C’est sans doute pourquoi son père lui avait donné ce prénom. Simple prémonition ou influence du prénom sur la personnalité? Toujours est-il que Dieu ne faisait rien au hasard.

 

Il ne comprenait plus ce Monde et les habitants de la Terre. Terre des Hommes. Justement Antoine de Saint-Exupéry disait : « Nous ne vivons pas des choses mais du sens des choses. » Voilà que ce sens et ces valeurs transmis par la Tradition et la Mystique était méconnus des nouvelles pousses de l’Arbre. Il y avait tant de petit « cons » qui ne respectait plus rien et qui voulait faire les Hommes et diriger alors qu’ils ne prenaient pas le temps de mûrir et d’attendre l’élection légitime pour la voie à laquelle ils appartiennent. Autrefois les parents n’hésitaient pas à talocher ou fesser des récalcitrants pour leur donner la crainte de l’ordre et de la hiérarchie dans le groupe et la famille. Maintenant ils avaient des droits et savaient en user. Le résultat était forcément visible, baisse du civisme, délinquance, effronterie, immaturité et toujours cette propension à la célérité dans tous leurs désirs. Une idolâtrie du Temps, simple Messager de la Providence qui savait à quel moment attribuer les mérites ou les grâces. L’image prophétique de l’Islam prenait son sens : la servante engendrait, dérangeait ou voulait commander le Maître. Aberration!

 

C’est à ce moment que les serviteurs de Dieu intervenaient selon leur famille spirituelle. Comme disait le Messie Issa ibn Maryam : « la où deux ou trois personnes sont rassemblées en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Rien de trop miraculeux. D’ailleurs il fallait repousser les frontières du sensationnel par un minimum de connaissance et de Vérité pour lever le voile sur les vrais miracles. Oui, il arrivait qu’à un moment de l’histoire d’un Monde le leadership, selon une nouvelle réalité qui se faisait jour, soit mis en jeu et des belligérants apparaissaient. Alors au milieu d’eux se tenait normalement un arbitre et ou un soutien. Un Mahdi. Un Sauveur. Un Messie. Un Juge, Prophète et Roi. Ou autre rôle de la Tradition. Il facilitait alors la transition du pouvoir entre chaque famille. Un peu selon le schéma d’une compétition sportive. Un beau symbole plein d’enseignements. Il est vrai les plus lâches et puissant choisissaient parfois de prendre les armes et faire couler le sang mais rien ne peut dépasser Dieu. Tôt ou tard le secours divin arrivaient et la moindre des choses était de lui faire allégeance et de lutter avec lui jusqu’au retour du bon droit.

 

Dieu avait de tout temps corrigé des peuples récalcitrants ou rebelles. Cette Correction s’était oubliée avait le Temps dans tous les sens du terme. C’est pourquoi ASSOUKA (RA) avait été suscité avec le renfort de cet Esprit pour trier les bon des mauvais grains. C’est à présent cet Esprit de Correction qui animait Hakam face à Gougoune et consorts.

 

Voilà que son ami avait été incarcéré et avait succombé pour avoir suivi l’influence néfaste d’un Koolmondjer de la gare à Max, en gros Boa, qui avait trahi son con Paire en révélant le secret de son initiation à l’Ennemi qui cherchait à les tuer depuis. Orgueilleux mais pas Fier, Il braquait à présent les Armes, traditionnelles et mystiques non méritées, en Ibo Ga, sur les Panthères de la forêt des abeilles et détruisait l’héritage du Père que seuls certains initiés pouvaient apprécier en dépit des critiques et atteinte à sa Sainte image. Nos Rois n’était pas toujours parfaits mais les méfaits de ceux qui dénigraient n’apparaissaient pas comme des crimes de lèse-majesté vu que la souveraineté des pays anciennement sous vérin colonial était encore artificielle hélas.

 

En face, un Pingre oint par des huiles périmées, rêvait tout de même de faire sa marche d’empereur pour un panthéon détruit depuis. Arborant le jaune des foies et des cœurs orgueilleux, qui ne peuvent se retirer pour préserver la Paix et des vies après le mérite d’avoir montré les limites d’un système auquel il a contribué et entretenu tant localement que régionalement. Se sentant indispensable pour renverser des années d’une dynastie dites nasty lorsque le dieu Père, sa part faite à l’imparfait, est rentré dans le retrait des ancêtres observant son héritage brûler à chaque soulèvement attisé de façon métissée.

 

Une vie encore à déplorer. La rumeur dit que le Père depuis son siège d’ancêtre refuse le Pingre et ne veut plus du Fils. Seule la Rose aurait pu encore recombler le vide. Par un intérim vers une consultation. Le temps de l’avènement d’une nouvelle Bouille à Baise ni annale ni « front Tall ». Une Correction contre les érections de barrages et les troubles de genre. Haine-ami et Fils âme à Rû. Un présent du Sénat pour l’un récompense de la Victoire, un pouvoir présidentiel pour l’autre friandise pour l’ego à ne pas perdre la face mais surtout un super premier ministre aux pleins pouvoir constitutionnels de règne pour travailler à rétablir la situation désastreuse. Tel était le tableau voulu par les dieux pour cette monarchie bantu convertie à la démocratie dans les Monde des Boules dogs qui déboulent à la Baule.

 

C’est ainsi que le grand Caïn Pingre avait administré la « Tall hoche » et qu’on se demandait au petit Abel Koolmondjer « Thiam mal? ». Voici que ce dernier refusait de mourir. Le Mythe perdait sa valeur initiatique et ne s’accomplissait pas. Dieu réécrivait. Et le Temps s’arrêtait. Et Paris dit « art gens » et Beijing « a mines ».

 

Une situation inextricable où le Peuple subissait stoïque en espérant le retour à la Paix offerte autrefois par le luxe et la luxure et qui maintenant était tout simplement Paie du luxe et de la luxure. Le Peuple. Le Peuple. Le Peuple. Mamo! le Peuple. Et le Coup embellit.

 

***

 

Hakam perçu dans son cœur une musique de combat s’entamer. Awana Africa. Awa na A free Caïn. Le chantre revenait porter les pleurs et les souffrances d’un peuple au bord l’amère.

Le vrai way (wé) du lit on dort

Le dieu est disposé au courage et abandonné à Dieu.
Il entre dans l’éternité puis l’immortalité
Il est la Main de Dieu sur la Terre
Son culte est adapté à voie spirituelle d’énergie :
Il s’abaisse et célèbre l’acte sacré d’Amour de Dieu
Et transmet l’Esprit de cette Tradition à l’héritier légitime
La transgression de l’acte d’Amour appelle la Grâce
Mais ne peut devenir race.
Le mariage célèbre la pro-création du dieu
C’est le vrai way (wé) du Lion d’or.
Okondja!

Justice

Le crime rituel tue toute initiative d’accomplissement réel. Il est le fait d’initiés ratés ou ayant choisi les biens de ce Monde au lieu d’œuvre permanente au service de Dieu.

 

Sagesse

Il y a ceux qui font des efforts pour construire leur patrimoine et leur identité et ceux qui font des sacrifices pour attirer ou maintenir la chance des suscités qui ont de par leur étoile un potentiel de richesse et de charisme pour leur Vie. Il est clair qu’un nouvelle Alliance prenant en compte le nouveau besoin de rapport homosexuels ferait un jour l’objet d’une Miséricorde du Créateur.

Le mariage ayant une fonction précise et séculière. Un type d’union, le partenariat de vie, conjonction de la dot traditionnelle qui avalise le couple devant la communauté et les ancêtres ainsi qu’un contrat légal serait un format pour réhabilité et faire rentrer ce penchant dans une nouvelle forme adaptées de la Tradition.

 

Cependant la perversion de l’esprit ne doit pas présider dans cet acte. Cela reste une célébration de l’Amour sans procréation tant que la crainte de Dieu est de mise. Un chemin pour les Paires vers Sion. Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés pour reconstruire et libérer le continent.

 

Alors revenir au respect de l’élection humaine légitime et de son parcours de préparation et d’initiation tant dans le pays, la communauté, le groupe ethnique, la famille ou le couple devrait rendre caduque le recours aux crimes rituels pour s’aliéner en voulant posséder.

L’héritage de Paix, ailleurs appelé Fa, d’un Élu de la voie d’Énergie doit être préservé et renforcé pour l’avènement d’une nouvelle réalité après l’ère de la Rénovation et du changement de mentalité pour choisir l’effort à la paresse.

 

« Chaque Homme est important aux yeux de Dieu. »

 

 

 

COTONOU,LES MÉCRÉANTS DE MÉDINE. SUD.

Raphaël (de l’hébreu : refa- : guérir et -El : Dieu ; c’est-à-dire « Dieu guérit ») est le troisième archange reconnu par l’Église catholique et cité dans le livre de Tobit (12:15) : « Moi, je suis Raphaël, l’un des sept anges qui se tiennent ou se présentent devant la gloire du Seigneur »

 

Wikipedia

 

 

 

Le bougainvillier de Vie rosit tandis que les Bougres avilis rougissent.

 

Hakim s’était déjà endormi dans sa cellule quand il fut plongé dans une atmosphère d’un bleu sombre donnant à ses couvertures une couleur grisâtre. Sans voir ceux qui l’entouraient, il avait l’impression qu’un cercle s’était formé et attendait. La voix du dieu se fit entendre. Nous sommes venus t’initier au secret de la terre dans laquelle tu veux te rendre pour te ressourcer et ressusciter. Elle t’accueillera que si tu fais partie de ses membres vivants dès ici puis ancêtres à ta mort. Elle entrainera ta perte si tu ne respectes pas ses codes. Ceux qui régissent la Vie du groupe. Hakam éberlué sortait tranquillement de sa torpeur. Plus de repères temporels, ni de repères spatiaux. Le dieu (dont la voix s’apparentait à celle de son défunt père) demanda : « es-tu un Homme? »

 

Hakam sentant la profondeur de la question se tut. Une première voix de l’assemblée s’éleva : « Il n’est pas un Homme car il n’a pas sa femme. » Il avait reconnu celle qu’il avait convoité discrètement le temps d’avoir un trousseau minimum pour s’installer avec elle et fonder un foyer. « Tu t’es dit bon travailleur et homme droit mais que fais-tu réellement de tes journées? » Il eut la vision de ces longs passages à s’occuper de projets personnels au lieu d’effectuer les tâches demandées par son employeur. Bien sûr à la fin de la journée, il était à jour car tout avait été rattrapé. Que de temps il aurait pu utiliser pour être proactif ou plus efficace. Les griefs se mirent à fuser assez vite dès cet instant. Les membres de l’assemblé Accusateurs renchérissaient et les Défenseurs atténuaient et attendaient sa position. Le tout dans un parfait silence apparent rompu par le froissement de drap dû à son inconfort à voir sa vie mise à nue en pleine nuit.

 

L’Esprit avait ouvert la dimension de ce monde, et les esprits des Accusateurs et des Défenseurs se donnaient le relais pour ramener le calme dans cette branche de l’Arbre de Vie dont on attendait toujours les fruits. (Luc 13 : 1-9)

 

Les débats durèrent un temps ineffable, une fable, sans plus d’heures, sans pudeur, sans pue d’heurts. Au final, la question fatale éclata : « qu’as-tu appris des mois de parcours personnel depuis le décès de ton père? » Hakam se hasarda à utiliser le langage du cœur de cette télépathie : « prendre ses responsabilités dans la vie par l’effort, le calme et le courage pour se transcender en temps de lutte. » le dieu lui dit que ce n’était pas ce qu’il attendait de lui. Hakam interloqué réfléchi. L’Ange qui secrètement le gardait prit la parole. « je l’ai observé tout sa vie durant faire cela. Mais je l’orientais vers des chemins et des épreuves devant lui permettre de prendre des responsabilités de Vie, par l’effort certes mais par l’acceptation et le lâcher-prise. En préparation de son second destin voulu par notre Seigneur. Le dieu là-dessus sentant la confusion faite par l’impétrant dans les nuances du Message et pour lui donner encore une chance dans son initiation, riche comme toujours en révélations et illuminations, demanda simplement à Hakam : « Que choisis-tu de faire à présent dans la vie? ». Hakam perplexe entre impudence et imprudence à choisir le témoignage de sa Voie ou l’héritage spirituel de son père qui se révélait être le même que son dieu intérieur, Dieu en Seigneur Père au-delà de Dieu avec tous ces Attributs de Leader Absolu de toutes les communautés de créatures.

 

Il choisit l’héritage de son père : « efforts stratégiques, acceptation sellant la foi et lâcher-prise selon la loi » dans le sillage de la Vérité. Le Seigneur ne se renfrognait pas. Les schismes temporaires ou non étaient fréquents dans les Voies. Il aurait aimé garder l’unité avec Hakim qui s’évertuait déjà à « l’effort stratégique, la renonciation à soi » en valorisant l’Amour. Il aurait aimé prolonger l’initiation pour faire admettre cette valeur aussi et faire de même en admettant ce pan du Message. Mais à quoi bon. Toujours cette propension à la perfection et non la Correction. Éternelle résistance au chant « je mens ». Une simple valeur pouvait créer la dualité ou bipolarité vécue par ASSOUKA mais qui était dure à gérer quand elle était juste transmise d’âme à âme à travers le monde des Esprits d’un Père à son fils héritier au moment de se produire devant Dieu lorsque cela n’a pas été fait au moment de se dire adieu. Habitude qui se perd vu les éloignements dus aux migrations économiques.

 

La voix spirituelle (voix de son Ange) d’une femme de la famille Mer, calme et silence, apaisa le débat et ajourna la rencontre et libéra l’impétrant montrant qu’au final tout ce qu’il suffisait pour faire dans son époque était de faire preuve de réalisme dans la Vie par les résultats issus de son Attitude. Son frère d’âme, sensé et sage, précisa qu’il fallait plutôt « être dans la réalité ». Nuance. Il le mettait au défi de prouver qu’il adhérait et suivait réellement la Voie du Réalisme, La Voie Noire. Ce fut alors le début d’une phase d’apprentissage d’aspects de la Vie par une âme sensible sous le regard mûr d’une âme sensée, frère d’âne. L’assemblée disparue.

 

Hakam s’assit sur son lit, un peu hébété. Il urina dans le coin de sa cellule et se rassit. A quoi bon aller dans son pays où le visa naturel, traditionnel et mystique s’obtenait à domicile. Avance sur le Temps de délivrance virtuel et de tous les documents électroniques qui étaient déjà à l’horizon. Monde de Fu, Monde de Wu et Monde de Rû.

 

La Voie serait donc longue pour rejoindre non pas la Terre des Ancêtres mais juste le « Tètre d’aisance-être ».

 

Le regret et le rejet du jardin de sa mère se mêlait à sa confusion de revoir un Bougainvillier en fleur, la senteur du jardin, les noix de coco, les levés de soleil, les taxi moto. Nostalgie. Jeune lait pur. Jeûne laid. Pur.

 

La mer lui apparût et au-dessus d’elle le soleil de rois Noirs. L’Homme au-dessus de la femme. Dieu au-dessus des Hommes. Signes de la Nature. Symbole visible des lois de l’Univers.

 

« Vois-tu ce voyage t’aurais été funeste. Nos âmes de migrants errent à travers la Terre, âmes seules à force de ne plus trouver leurs âmes sœurs et bâtir les Arbres de Vie, Temples spirituels piliers de Sion, dont nos forêts regorgent en portes vers ce Paradis. Part à dix.

 

Nous avons quitté nos Terres pour effectuer nos combats, ceux contre l’infestation d’une culture Aux-terre, qui recouvre, celle de l’affection pour une race Aux-frères, qui couve, celle de l’agression pour une guerre house-terre. Et nous y voilà. Dans les combats de l’équilibre de l’eau et du feu, entre Amour et Richesse dans le Pouvoir de la Vie et autre Pureté et Asservissement dans le Pourvoi de la mort. Homme et djinn. Où la volonté est le partage et non l’affrontement.

 

Nous dieux, sommes les bras de Dieu sur Terre, Os d’Aisselle, tout comme d’autres familles spirituelles ont leur fonction en lien avec leurs dons. Mais voilà, ce savoir se perd et avec l’immonde dialyse à Sion, nous ne savons plus où forer, fourrer et forger nos races pures dotées d’attributs légitimes pour les futures combats de la Terre. La Conscience directe de jadis. La race n’est plus un indicateur ni un critère de famille, le sang aussi s’est quasiment perdu. Le caractère vient d’être abrogé en matière de tare de jugement. Il ne nous reste plus que la révélation sur les âmes. Elles-mêmes, le sont par le jugement de l’Attitude (disposition intérieure et comportement) dans le contemporain avec une ouverture sur le Résultat de la Vie en fruit de Vie éternelle. Modération. C’est le Point.

 

La Terre est à présent Source de convoitise et seul une élite Simple issue des anciennes familles spirituelles pourra aider les Hommes à faire face à ce nouveau péril : la faim du monde! Oui la faim. Pas seulement celle du ventre ancien siège de l’Esprit dans l’Animisme avant les Mains dans l’Islam. La Faim ultime pour notre race.

 

Ultime dans le Monde où résident plusieurs réalités cosmiques et qui ne sauront pas toutes où trouver leur pairs et paires pour ouvrir la voie du Pourvoi. Car la femme, la bonne, la mine, la femme vers mine et non mine de femme, femme mine, aura cessé de faire descendre la manne de Dieu dans les vies tant le fruit de leur sein ne sera plus béni après une union astral authentique sur la reconnaissance et la mise en relation des Archétypes d’Adam, d’Eve et d’Houris et l’allégeance de ces dernières.

 

La présente manifestation de ce changement des valeurs traditionnelles et humaines, qui nous nuit à tous, est de faire de la femme (la flamme; celle qui apporta le feu) le Vicaire de Dieu et non le complément de celui-ci. Malgré tout le respect quant à leur droits légitimes et la condamnation des préjudices et iniquités qu’elles subissent dans cette ère. Il ne serait donc pas judicieux de voir en l’oppression de l’homme la solution à l’Heure. Problème d’image qui vient de l’ego et non d’une Fierté qu’elle n’ont plus ou, en tout cas, temporairement perdue : « Une femme n’a pas à réclamer de la dignité, elle a à ressentir sa Fierté. » Fierté n’est pas image. Fierté vit de l’intérieur. Image dépend de l’extérieur.

 

De même l’enfant gâté, puiné, perd les repères de la Vie où il doit se conformer à la loi, grandir et cesser de jouir d’un confort qu’il obtient le plus souvent par manipulation. Du fait de sa vulnérabilité, apparente, ou de sa situation tout simplement. Violon. Par ignorance et innovation sur l’existant des rouages qu’ils corrompent pour dénaturer des socles séculiers, séculaires et sécuritaires sur lesquels sont bâtis la Vie :

 

Amour pour la Procréation et l’évolution de l’humanité (l’homosexualité est une grâce divine contemporaine mais pas un droit), le Travail pour le gain du pain et non l’échange partiel pour du vin d’agrément à la souffrance prescrite du jour (l’Économie est une science d’échange voulue pour unir les Hommes autour de leur liberté ou philosophie de vie individuelle soumise à Dieu et respectant la loi fondamentale : « Chaque Homme est important aux yeux de Dieu. »)

 

Enfin, la Vie, elle, est l’Attribut suprême (mais pas secret) et unique de ceux à l’image de Dieu. Le reflet des Attitudes de ces Vicaires guidant la Puissance ou la faiblesse émanant de Lui dans leurs juridictions. Qu’elles plaisent ou non.

 

À quoi bon tuer un être lié à la communauté issue de l’étoile d’un Vicaire mort si celui-ci n’a pas respecté le cœur des lois des 4 familles spirituelles et le nouveau Cadran (Sacrificateur)? Cela entraîne ainsi une pollution dans la bonne marche de l’Univers qui est chaos et Harmonie à l’équilibre. Nous jugeons selon la Loi de Dieu dont un pan s’applique à chaque être et Vie selon son adhésion à le suivre ou non. C’est cela qui est jugé et non l’apparent ordre dominant du moment car chaque Réalité spirituelle a un volet Transcendant, Immanent, Permanent, Impermanent et Conscient.

 

La Terre est une Âme avec un Cœur à maintenir pur comme une Lune, la Ka’ba et les maintes tours et temple d’adoration d’un miroir de la face de Dieu, Lumière sous forme de Soleils, des corps de Conscience où il a régné sur les formes en Pyramide symbolisant son organisation hiérarchique. A cela est rajouté le Temps qui apporte les sentences et sciences venant de Sa Providence pour chaque Civilisation.

 

Voilà ce que je voulais que tu comprennes avant que tu ne fasses un retour aux Source qui correspondent à tes fantasmes. Nous essayons de refaire une nouvelle Terre digne de Dieu en vous initiant là où la recherche du confort vous a amené pour vous rendre capable de vous défendre contre ses nombreux prédateurs qui commencent à prendre chair et chaire, à vous être cher et surtout à coûter cher. Médite un peu. Ton frère vient te chercher pour une destination de la reprise de ton cheminement dans notre Voie. »

 

Le dieu couple Paire et s’adressa encore à lui en lui répétant cette tradition du dernier Maître apparu sur Terre :

 

On rapporte que le Prophète Mouhammad (BSDL), répondant à une question de Djibraïl (DAS) au sujet des Signes de l’Heure, dit: “Quand tu verras la servante engendrer sa maîtresse, et les va-nu-pieds, les gueux, les miséreux et les bergers rivaliser dans la construction de maisons de plus en plus hautes.” (Boukhâri et Mouslim).

 

C’était une loi presque immuable en tout cas d’actualité et un peu hermétique. Elle retraçait l’épisode où le dieu Adam et son chien fidèle vivait en harmonie selon le conseil de Dieu. Adam n’avait qu’à dire « Dan! » et le Chien chassait l’habile animal de ses crocs. Sa femme Eve crée comme lui en Paire l’écrasait de ses talons. Puis un jour le Serpent déjoua la vigilance du Chien et montra à Eve le bienfait de la défloraison de son corps, jusqu’ici pur, par la tension de son corps à lui. Feu dévorant et empoisonnant. Elle aima, en jouit et y succomba. Elle fit découvrir cette innovation à l’homme malgré les grognements de son chien dont certaines dents menaçantes étaient à l’extérieur, en côte, comme celle d’un phacochère. L’homme à son tour eu le corps tendu mais la femme ayant aimé le refaire perdit encore plus les racines des fleurs de son corps, par la racine de son Arbre de Vie, le Puits qui scelle le Cœur. Ce fut pour elle sa seconde défloraison, son défoisonnement. La première transgression originelle était consommée : l’ouïe dire (oui dire), la vue de l’eau (l’eau vaut de l’or et non le veau d’or) et enfin le cœur immaculé (il m’a enculé) qui a coulé la Vie. Vérité, Amour et Vie. Souillés. Maudits et Trahis.

 

Lorsque certains aspireront aux Houris, aux jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, les sacrifices d’êtres sans progénitures resteront en rançon de la mort… de l’humanité. Certains font des enfants mais ne savent plus s’en occuper. Certains ne font plus des enfants mais peuvent s’en occuper. Peut-on s’entendre? Et vivre en partenaire de Vie s’accomplissant dans des foyers d’Adorateurs en Esprit et Vérité.

 

Une nouvelle race d’Homme apparait sur Terre pour ne plus servir de croix de séparation mais de Point d’union au renouveau et ultime conflit entre riches (pro créateurs d’OM) et pauvres (procréateurs d’Homme) issu de la vente du Chien sanctionné pour n’avoir pas tué le Serpent et de la femme sanctionnée aussi pour avoir tué et consommé l’oie d’eau, l’Oiseau, au lieu de se contenter de tenir le Chien en « laisse! » près d’elle pour sa protection sans chercher elle-même à dominer le Serpent.

 

Ainsi l’Homme de chaque ère, Vicaire de Dieu avec une nouvelle loi, passe le clair de son temps en Condé Singe, ici Homo Animus pour rétablir l’ordre perdu dans la sphère de l’Univers (Paix) tandis que son homologue Condé âne ou baudet, ici Homo Anima, en fait de même avec l’éther (Paie). Lutte de Porcs et de Dragons à travers Tigres et Lion. Le Roi Soleil, Roi Lion et le Seigneur Lion aux Sorciers (Hommes et djinns) sont en co-lutte avec La Reine Lune, Guerrière Tigre et la Sultane aux Saints (Hommes et djinns) pour l’acquisition du Pouvoir et du Pourvoi du règne contemporain jusqu’à la prochaine Heure : le modèle socioéconomique de la souveraineté financière du Peuple de Dieu sur Terre et dans le vieux Monde. Unification de ceintures. Unification de couronnes. Ainsi soit-il. Amin. Ata. INFJ.

 

Hakim vint, tout fier, le jour de la libération de son frère.

 

« Vraiment heureux que tu retrouves le plan cher des vaches et de leur « va chier! ». Ils rigolèrent.

 

Toujours motivé pour aller à Cotonou?

 

Tu sais Cotonou est venu à moi et j’ai compris beaucoup de choses.

 

Oh! Vraiment?

 

Oui une dimension qui s’ouvre dans l’espace-Temps pour éduquer ses enfants.

 

Tiens donc étonnant!

 

Tu sais, si tu enlèves le sé d’entendre, la lettre C de Cotonou, il te reste Otonou des Otonou ma sé to[5].

 

Très drôle

 

Il est bon quel que soit l’orientation religieuse ou mystique que l’on prend, de poser de façon stable ses pieds sur sa tradition ethnique, pour voguer par la suite.

 

Tu sais pour nous l’ethnique n’a rien de tribal encore moins de trip de bal, de Bâle ou de Baal. Encore moins de trou de balle. » Il sourit à son auto dérision.

 

« Oui juste une culture ou civilisation autour de laquelle on se regroupe. » Acquiesça Hakam le sourire aux lèvres également.

 

« Justement vu que Cotonou est devenu « Otonou » des « ma sé to » n’est plus à l’ordre du jour, je voulais te proposer d’aller voir un film projeté par une association chinoise qui veut travailler avec l’Afrique. Cela nous édifiera sur cette possible alternative en matière de partenariat. Tu sais la Chine s’échine sur notre continent incontinent de ses ressources mais je pense que nous devons briser surtout ces chaînes qui s’enchaînent.

 

Bonne idée, MC Hakim, mais sur le chemin j’aimerai relire les passages secrets du Livre de notre Voie sur les voyages astraux d’ASSOUKA. Ce que j’ai vécu me fait penser à des textes de ses Visions. C’est sûr que personne d’autre que nous ne saurait faire notre bonheur à long terme et surtout à la bonne Heure. »

 

Une vision ne révèle pas forcément la Vérité mais elle donne assurément une perspective sur une Croyance.

 

Le Chantre dévisagea l’auto discrète qui se frayait un chemin dans la circulation. Il pensa à un Slam qui valait le détour pour ces deux jeunes celui de la condition féminine Simple ni oppressé ni oppressante. Celle du Respect mutuel dans le couple par l’Amour et la Vérité et pour la Vie…

La femme est l’auxiliaire de l’homme

J’aime mon travail, je connais mon travail
Je saisis mon miroir et mon ego s’y fait le portrait
Le portrait que j’y vois est le mien
Je suis un ex Père en orbite dans cette ère et cette Terre
J’aime mes bébés, Fils et Eve
Mes bébés, Fils et Eve, m’aiment
Nous œuvrons pour la Renaissance de l’Afrique dès 2020
Tiens! Je ne suis pas le seul à rêver de cette fin
Fin aux Pieux
Fin du Rouge
Fin du Blanc
Ou vraie fin des Aux-femmes
Serait-ce si dangereux de conjurer ce destin
Mes Coalisés déposent aussi leurs miroirs
Nous sommes des ex Paires et peut-être qu’on s’y perd
Pourquoi ne s’ouvrirait-on pas les uns aux autres?
J’aime mon travail mais je protège mon travail
Mais ne gagnerait-on pas tous à le partager ensemble?

Et qui te l’a dit? C’est ce qu’on Mahdi. Maudit d’ici pour les mots dits dixit.

Dieu reconnaîtra le Chien.

Coran XVIII, 9-22.

Justice

Le commérage et le « Co-Mère » âge contre le Free Caïn, l’Afreux Caïn, l’À fric Caïn vise à l’asservir à nouveau dans un rôle mondain ne sied pas à sa Tradition ni à sa Mystique : travestir son Amour conjugal fait de Sel et de Naturel pour des règles Rouges et Blanches.

 

Sagesse

  1. Évangile et Tassawouf. Liberté et Ascétisme. La femme est précieuse et surtout source de passion quand elle est mise pour objet et non sujet. Ses conditions de vie ont de tous Temps fait l’objet de prescription religieuse que ce soit issu des Traditions ou du Mystique. Toujours est-il qu’elles ont leurs mots à dire dans un espace réservé ou préservé ou dans des tribunes et des urnes. L’opposition classique entre le Matriarcal et le Patriarcale perd de son souffle à mesure que les réalités socioéconomiques évoluent.

 

Pour paraphraser un jeune Saint Thomas du contemporain qui dit qu’on a appris à l’Africain une langue, à s’habiller, à tenir une fourchette et qu’on veut lui apprendre à présent à gérer ces relations de couple et son foyer. Symbole d’une lecture différente de la nécessité de faire évoluer les mœurs et les valeurs pour les rendre conforme aux modèles occidentaux dominants voire oppressants et pressants.

 

On pourrait alors passer de la notion de genre quasi plastique et définitive à celle élastique et flexible du rôle où l’homme et la femme s’adaptent de façon consistante aux défis du quotidien dans une Attitude Simple qui se réfère toujours à Dieu en Valeur sûre de jugement de la Conscience. Tassawouf et Évangile. TE.

 

Voilà qu’après moi est le Déluge, pour que sans moi, le Nuage soit en Nage, par une simple Correction de l’opérateur booléen…

 

« Chaque Homme est important aux yeux de Dieu. »

 

 

 

BEIJING, LES MURS DE CONSTANTINOPLE. EXTÉRIEUR.

Oui, Kâlâma, il est juste que vous soyez dans le doute et dans la perplexité, car le doute s’est élevé en une matière qui est douteuse. Maintenant, écoutez, Kâlâma, ne vous laissez pas guider par l’autorité de textes religieux, ni par la simple logique ou l’inférence, ni par de la tradition, ni par de la rumeur, ni par les apparences, ni par le plaisir de spéculer sur des opinions, ni par des vraisemblances possibles, ni par la pensée “il est notre maître”. Mais, Kâlâma, lorsque vous savez par vous-mêmes que certaines choses sont défavorables, alors, renoncez-y… Et lorsque par vous-mêmes vous savez que certaines choses sont favorables et bonnes, alors acceptez-les et suivez-les.

(Bouddha Shakyamuni – KalamaSutta).

 

 

Il est parfois nécessaire de s’adapter aux Stratégies de deux ennemis se battant sur son sol pour les terrasser, chacun à son tour, le moment venu et rétablir la Justice pour son Peuple en tout Sagesse.

 

Le Bouddhisme est un itinéraire d’élévation personnel et spirituel parcouru par le Bouddha (l’éveillé) et présenté en exemple à ses contemporains. Puis il a traversé le Temps par transmission de Tradition. Il n’est en rien une philosophie, une secte ou une religion. C’est une Conscience (Conscience Harmonieuse Écotemporelle, CHE) qui a été manifestée et s’est incarnée par une découverte par voie ou chemin personnel d’accomplissement soumis de préférence à Dieu (surtout à l’époque du Messie Issa ibn Maryam (psl)) mais qui a été codifié en sutra et autres textes à partir de relevé des enseignements oraux du Maître Orateur à son public puis sa communauté pour des questions de standardisation. Comme pour beaucoup de nouveau Message, passant pour des innovations à leur époque, l’une des évolutions a abouti à des courants sectaires et une religion. C’est à peu près le schéma pris par le Message du Messie dans sa première venue (« l’évangile » ou « Bonne nouvelle »). La Correction est une étape essentielle et qui s’impose avant la venue du Royaume promis sur Terre comme le Royaume des cieux manifesté en 632 AD par le Paraclet, le Prophète Mo’Ahmad (psl).

 

La projection du film avait été peu passionnante. Toujours la même propagande sur les prouesses du géant asiatique, grand bâtisseur de la nouvelle Afrique (éternellement nouvelle) mais qui, depuis avait pris la marque de « Kufr » en plein milieu du front et que même le plus beau sourire n’aurait pu rendre moins triste les artistes, artisans, moines (Cheikh, Alpha, marabouts etc.), geeks et greeks. Ceux qui reconnaissaient les miracles économiques prosélytes et les carnages écologiques post pépites de ces Chien à cœur Jaune et uniforme Noir qui comme le Charles Latents imitaient le « N’ayez pas peur! » de Jean Paul II et le « je vous ai compris! » du De Gaule, toutes deux si rassurante jadis.

 

L’empire du milieu se plaisait à empirer le milieu. Le nôtre. Un Serpent à deux têtes Chien et Porc qui imitait tout simplement le Dragon original dans le rachidien et l’import. La mue avait sans doute pris à un moment de son existence, le faisant voler. Mais le vol, actuel dans nos existences le condamnait à un retour au sol nu. C’était l’époque des choix cornés-aliens pour l’Homme Attitude déployant son Royaume Noir.

 

« Tiens donc grand Cheikh ou Cher grand. Qu’est-ce qui t’a pris de t’attaquer à Gougoune?

 

Ce n’est pas si simple ni facile à expliquer.

 

Je suis tout ouïe et huit à l’écoute.

 

Tu vois malgré le semblant de liberté qu’offre l’outil en permettant une pléthore de facilités technologiques et de communications, je trouve qu’il y a un biais majeur à ce qu’un tel pouvoir soit détenu par une seule entreprise, qui plus est privée.

 

Tu ne veux tout de même pas que ce soit l’ONU ou le Conseil de Sécurité qui le prenne en charge.

 

Même le G7 ou la jet set ne serait convenir non plus. Mais je crois fermement à une forme de trilogie où il y aurait deux choix de même stature et un guide. Comme une balance Roberval.

 

Ça me semble assez dur à réaliser compte tenu de leur avancée sur le plan des innovations et le fait qu’ils occupent quasiment toute la bulle Internet.

 

Justement cela ne s’est pas fait du jour au lendemain et les autres moteurs de recherche se sont fait devancer et évincer stratégiquement au point où on ait à présent un monstre qui peut décider de l’information disponible par pays, de l’information licite ou utile, de son référencement, des références et des nuances dans la présentation des faits. Du stockage ou de la destruction de l’information collectées pas toujours à notre su etc.

 

Oui, il est vrai que cela peut être inquiétant que les duels comme dans le domaine de la boissons Cola, des systèmes d’exploitation ou des gros porteurs de l’aéronautique ne soient plus de mises. Pourtant des alternatives existent mais sans pour autant convaincre beaucoup de personnes.

 

Justement, il faut mobiliser des Bond contre les des fonds comme ceux de Gougoune qui dès son entrée en bourse a défrayé la chronique et les acronymes si ce n’est les accros d’IM.

 

Qu’à cela ne tienne, j’ai tout de même personnellement de l’admiration pour l’expérience, l’engagement, la vision, le management et la culture de cette entreprise que j’étudie pour savoir où l’on peut se situer par rapport à l’héritage de ASSOUKA.

 

Certes tu es dans ton rôle d’héritier de la gestion et de chaînon co-Recteur, en attendant l’Archétype, tandis que moi je te parle de l’Esprit chaînon co-Recteur de la liberté de fréquentation économique et de partage communautaire en ligne. Vois-tu, je n’aime pas me faire surveiller encore moins que mes données personnelles soient utilisées dans un Big Dada qui peut trahir à tout moment lorsque les Béné Fils flanchent ou prennent le feu.

 

C’est vrai que les cookies et autre programmes cochons, espions et ex pions nous font déguster et goûter sans notre consentement conscient. Toujours la célérité de se débarrasser du pop-up ou des longues mises à jour de règlement à lire.

 

Tout est dans l’Esprit qui évolue de l’idée originale plutôt bonne et innovante vers la vente plus bonbonne pour les dérivées géniales et peu con génie Tall. Profits pro fit.

 

les logiciels et applications pullulent mais c’est ça différencier et diversifier le marché pour plus de liberté lorsqu’on ne limite pas les expertises et les licences pour viser une forme d’universalité de la créativité.

 

Ma foi, l’universalité a bon goût lorsque les principes sont clairs et partagés par tous et surtout éclairés d’une lumière pure et TIC toujours éthique. Sinon tôt ou tard c’est le schisme que beaucoup de dynastie connaissent après que les fondateurs et les témoins des fondateurs aient disparus.

 

peu import d’ici là on aura un autre médium de communication qui sait?

 

je pense juste qu’il va évoluer mais demeurer. Il y a des technologies qui sont fondée sur du roc et roulent mais d’autre sur du rock and roll.

 

pff ton humour à deux balles encore.

 

oui mais il y a les cycles et les trajectoires linéaires dans l’évolution. »

 

Ils furent prit de rire en se disant que finalement avoir Gougoune dans la peau ou dans les nerfs, c’est tout simplement ça qui permet l’équilibre. Non pas d’une Olympe qui semble presque inviolable mais des adeptes qui peuvent à tout moment se rebeller, boycotter en synergie et stratégie et s’opposer pour un renouveau des règles du jeu dans un matrice elle aussi nouvelle sans trilogie mais centrée logis…

 

En tout cas, comme se dirent les frères : « vaut mieux porter ses gougounes pour aller prier, que prier pour que Gougoune se porte encore mieux. » Vient le temps des Savates et des Tong qui iront mieux flatter les nés des petits génies baveux.

 

***

 

Vraiment choisir entre Paris et Beijing pour le « développement » économique de l’Afrique francophone relevait du choix cornélien. Lorsqu’on sait que cette Afrique plutôt « francaphone » dans ses nouvelles pousses et As pires à Sion n’avaient plus besoin de se développer mais de « s’authentifier » sur l’échiquier mondial avec son ou ses modèles propres d’autonomisation; pluralité et diversité oblige. Un autre Géant dormant non pas dans une baie à éclairs mais bien dans l’éparse et un peu connasse, car pris dans sa mélasse de pécasse, Diaspora répartie à travers le globe qui, alliée à de bons sympathisants, pouvait lever des fonds substantiels pour financer des projets socioéconomiques. Pas toujours dans les infrastructures, alibis de gouvernance, mais aussi dans les structures organisationnelles, culturelles et intellectuelles capables de mettre à jour de nouveaux modes de vie à notre portée. Certes l’Homme de toutes les couleurs d’âme sauf le Noir apprenait à celui-ci qu’un pont valait mieux que mille pirogues traversières même si elles permettaient aussi de faire vivre 998 familles (il s’en trouvera toujours un aisé pour avoir 2 pirogues) au lieu de permettre au maire, au préfet, au ministre de détourner un peu de fonds pour le fond de teint de leur nombreuses et précieuses mères, sœurs, femmes et filles qu’ils doivent faire marrer haut.

 

Comment faire alors? Demanderont les « Ânes-nie-mots » de la forêt. Ben déjà mieux considérer les Singes qui y sont et accepter de se mettre à leur service en lâchant-prise sur sa propre vie. Car le combat ne sera pas éternel mais les fruits auront un goût d’éternité de part et d’autre.

 

L’exemple de l’Islam nous montrait aisément que « Il vaut mieux être un Analphabète qu’un Alpha bête. ». Alors le Savoir n’a pas tant besoin de tant de diplômes mais plus de License dans la Conscience, le Livre, le Pouvoir et la Parole à travers une spiritualité vivante que nous appelons de vœux sous forme de philosophies personnelles ou arts de vie personnels naviguant autour d’une foi commune.

 

L’histoire avait fait que la majorité de la Diaspora Noir se retrouvait en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique Latine cela en dehors des Caraïbes, Antilles et du Brésil. Laissant de côté ces derniers cas comme équivalent à l’héritage de l’auto exclusion ethnique, d’un point de vue d’indépendance mal négociée comme quasiment partout ailleurs, qui a suivi l’esclavage. On pouvait considérer en matière de valeur de solidarité que « un individu en Afrique sans stabilité sociale (famille, clan, appartenance ethnique) était marginal ou sans importance aux yeux des autres membres de la communauté. De même en Amérique du Nord pour un individu sans emplois et en Europe ou du moins en France et en Belgique (car nous nous mirons toujours dans un espace francophone) pour un individu sans statut ou ressources administratives qui le plus souvent étaient symbolisé par le diplôme, le corps intellectuel, confraternel, religieux ou institutionnel, ou encore la noblesse ou la richesse apparente. Rien de neuf depuis la révolution. Bleus, blancs, rouges. Sans Dans.

 

Ainsi mettre à contribution la Diaspora dans la marche de l’espace francophone revenait tout simplement à se défaire des Attitudes héritées de colonisés et à faire comme d’autres communautés plus décomplexées et déconstruites (Indes, Pakistan, Chine, Latines) qui usaient d’outils plutôt efficaces : le transfert d’argent, le transfert de connaissance, le maintien de l’identité ethnique et le maintien d’un droit de décision (assez contraceptif face au coercitif) sur la politique interne à leurs pays.

 

Inutile alors de sortir les vieux démons de l’inefficacité, de la désunion ou du manque de patriotisme versus l’intérêt personnel des digérants dits gérant lorsqu’une somme d’engagement individuels en synergie et en stratégie envers une solution peut déjà faire la différence.

 

« Le problème de l’Afrique est qu’on n’est pas assez rentré dans les listes noires. A force d’avoir peur de déplaire con plaisance.

 

Je te sens président à Dakar, Hakam.

 

Non sérieux. La peur de mourir nous lie tellement qu’on préfère vivre mort.

 

Faut dire qu’ils tuent aussi et beaucoup d’entre nous voulons vivre et ne pas tous finir en martyrs même si certains reçoivent cette Grâce de Dieu.

 

Oui les hommes mais les visions doivent pouvoir rester si on prend le soin de les déployer sagement et de façon réaliste vis-à-vis des risques.

 

Tu penses que l’époque des icônes du temps de l’indépendance a fait feu de bois.

 

Mais on reste des boas à ne pas faire feu de nos mots en ligne.

 

Le pouvoir de l’Internet et des réseaux sociaux certes mais pour quels vrais changements quand les grumeaux se font beau dans le gruau et chantés par les griots sans honte de se vendre en porcs.

 

Que de gros mots. Tu attrapes la maladie du slam des silencieux apparemment.

 

Tout ça pour dire que face aux connivences et aux collusions évidentes à la tête des états, il nous faut une ou des armes aussi coercitives et efficaces pour redonner un regain de contrepouvoir aux vrais acteurs représentant le Peuple. Ceux qui sont à présent les entrepreneurs artistes, artisans, moines, geek et greeks.

 

Je le conçois aussi et le reçois aussi. Pourquoi n’a-t-on jamais essayé de renverser cette vieille technique de l’apartheid, « à part side » pourrait-on dire, qui a été traitre pour les Noirs du Sud et pour les Palestiniens mais qui serait notre traite pour faire renaître l’espoir dans l’espace francophone d’abord et dans toute l’Afrique par la suite en leur donnant une bonne Correction.

 

C’est-à-dire?

 

Ignorer les mauvais joueurs et mauvais perdants en développant des « vies russes » si possible par des Attitudes alternatives qui se mettent en place en cas de vol de liberté ou folie de grandeur pour enrayer les Systèmes corrompus ou qui se corrompent avec certains modes de gouvernance passés de date.

 

Poursuis.

 

Je m’explique : tu corromps ton exercice du pouvoir et par mécanisme accepté et rodé le Peuple ignore tes canaux socioéconomiques : je me mets à vendre en ligne des produits d’ailleurs sans les faire stocker ni transiter dans les ports des porcs des douanes. Je suis taxé certes à l’international mais rien ne rentre dans les caisses des états vendus à la cause transgressante. Bien sûr j’évite leurs sites comme l’ECO World se déploie par l’e-Commerce. Vu que ma marchandise dans le modèle du Mix de l’Entrepreneuriat Ethnique peut être physique, virtuelle, troc, de talents ou services, ou encore communautaire par le porte-à-porte et le bouche-à-oreille. J’utilise le capital ou le revenu fait en ligne pour faire du troc avec mes pairs acteurs et activistes te je laisse le physique en berne jusqu’à l’asphyxie du système de rente douanière et de taxe fiscale. La monnaie dite en liquide ne sert alors que pour les transactions de base et urgente du rituel de vie à savoir l’alimentation, l’hygiène, les déplacements populaires etc. Et même là il vaut mieux privilégier les micro commerce adhérent au commerce que les grandes surfaces dont les parts sont détenues par ceux qui sont sanctionnés.

 

C’est osé. Pas trop nouveau vu que le commerce informel échappe déjà à ces deux têtes de Serpent. Mais n’est-ce pas de la fraude ou de l’évasion fiscale. Surtout que les chaînes de transactions virtuelles ne sont pas maîtrisées par tous?

 

Je ne pense pas car, sauf états très malfaisants qui pourraient couper l’accès à Internet, on est libre de vendre, sur le net et de se payer des revenus en local qu’une fois l’an, or, certains sites stockent les revenus de ventes jusqu’au transfert volontaire de l’entrepreneur. Sinon il y a la possibilité d’une monnaie virtuelle et libre prenant la forme de principe de crédits de consommation octroyés entre acteurs soit par bons de consommation soit par transfert d’équité selon la loyauté de chacun.

 

Je me demande si ce troc a de l’avenir et je suppose que la Diaspora doit contribuer en achetant des biens de ce marché alternatif de sanction ou de prédilection.

 

C’est l’ancienne arme de guerre des Peuples sous occupation mais seul les africains semblent, naïf en apparence, ignorer ce don tant que leur « Maîtres » ne leur ont pas vraiment appris cela à l’école et qu’ils le voient tous les jours c’est-à-dire « Gassiagamè » dans leur localité appelée à devenir virtuelle.

 

Ok pour le troc, mais son seul intérêt n’est pas que de limiter les recettes douanières car les pays même seraient seul à souffrir mais je vois plus le fait de ne plus utiliser la monnaie et la main d’œuvre respectivement en Francs et d’Asie pour faire perdurer la domination et l’exploitation honteuse.

 

Effectivement, c’est là où les prédateurs et leurs amis horodateurs au pouvoir seraient le plus vulnérables et non plus vénérables.

 

En fait le tout est de réguler cette dynamique de troc et de ne pas en revenir à des coupons de rationnement des temps de guerre qui représentent in fine des monnaies de singes venant d’eux, et non des Signes venant de Dieu, qu’ils nous ont affublé par le passé.

 

Que dire d’un site en ligne qui sert de bourse de ce troc pour divers produits sensibles et à risque de spéculation. Ce vieux démon contre lequel on lutte toujours et qui nous impose cette fameuse inflation qui ne semble faire souffrir que les couches populaires.

 

Nous l’avions essayé avec le projet des financements sages mais il faut aller plus loin avec des ECO Termes et tout l’encadrement juridique car je pense que l’Afrique a le droit de se passer de monnaie lorsque sa valeur dans les cours boursiers et de change n’est pas reconnue ni utile et ne sert semble-t-il que d’instrument de torts et de tueries. Pourquoi même ne pas utiliser directement les monnaies étrangères pour mettre plus de transparence et d’efficacité à cette mascarade de taux fixes qui ne sont que des laisses venant de leurs banques centrales? On n’aurait plus à manipuler du scripturale en local mais se concentrer sur notre monnaie virtuelle de transfert mobile et Internet.

 

Oui, mais on peut recommencer le processus à zéro par le troc de boycott puis un moyen d’échange commun dont le cours a plus d’assise socioéconomique et qui tient compte de nos ressources tangibles avec des indicateurs en ligne accessibles à tous.

 

Sachant l’explosion du Web qui se poursuit sur le continent…

 

Po popopo! Tout ça fait réfléchir mais c’est à approfondir avec plus de technicité et de praticité. Essais erreur de la communauté connectée.

 

En tout cas, c’est mieux ce type de « Master Baston » que tous les discours qu’on nous pond pour justifier les œufs en or qu’il faut leur pondre.

 

Tchip! En tout cas!

 

J’ai une petite soif.

 

On n’a même pas fêté ta sortie qu’on se fatigue avec ces idées de renouveau.

Heureux nouveau. »

 

Le vol de retour était prévu tard dans la soirée. C’était une exception de n’avoir pas d’escorte policière apparente. Une faveur échangée contre le silence sur les mauvais traitements à con signé dans les annales de détenus détendus. Comme quoi parfois le Ciel et les oiseaux de proie pouvaient s’accorder sur la clémence et la clé d’éminences.

Ils arrivèrent tôt à l’aéroport et prirent leur temps avant les formalités et le retour à l’espace de modération entre la Terre et le vieux Monde.

***

Les premières notes du Chantre furent tristes. Il s’adressait à certains de ses frères griots grillés par la soif d’argent et aux artistes, artisans, moines, geeks et greeks jadis neutres dans les conflits mais pris cette fois-ci en bouquets mystère d’une nouvelle lutte pour une économie plus juste et un Monde nouveau.

Ces idées de troc donnaient enfin un pouvoir semble-t-il minime à la jeunesse francaphone africaine mais qui avec le poids critique d’une pierre lancée par les quatre nouveaux Archétypes de David téméraires pouvait faire chuter le nain Gaulleath au front hexagonal. Quand les grains de moutarde pouvaient s’assembler pour dominer la montagne par leur mort et résurrection (et non mords et insurrection) en une forêt d’Arbre.

Les jeunes devaient donc non seulement développer leurs talents naturels (grain de sel) mais aussi y adjoindre dorénavant le travail (sueur de suaire). Et, la communauté le payer à sa juste valeur. Comme le disait le Maître Davido dans son opus « Fall » : « Theywant to spoilourmarket. » Du cœur venaient la Paix et la foi. Des mains la Paie et la loi.

Freedom, Trade Fighters

We don’t want to be World Trade slave no more
They took us by surprise
Broke the veil of our hospitality
Rapting first Raping then
By fist and fierce
We were Warriors ready to fight them
They asked us for help and trade
They ruined our confidence in gods and God
With gifts and tricks between us
how dare can they say that they sailed the world before us
When we travel every time without ships
So we worshiped the almighty God
And believed we still need to enter their mercurial and colonial battle
Amazons, Buffalos, Lions, Panthers and so one
Soldiers of the elite went on work in the “New world”
The shrines of the Souls resting
And now? What has been changed?
From the beginning to 2020 AD and 1441 HG
The need to be taken at the right Time
For the sentences without continuous mode
We don’t want to be World Trade slave no more
2000 must be a Black era!

Justice

L’exploitation tant mentale que commerciale bien qu’elle prenne le visage et le profil de toute sorte de prédateurs doit prendre fin dans ce Jour. Et cela ne doit pas être l’œuvre d’une clémence ou d’une clémentine dans sa bulle mais le combat de tout un Peuple qui remet en cause son oppression. Les Hommes naissent égaux en droit et tout Peuple a droit à sa Liberté de Conscience (Confiance), de Livre (Connaissance), d’Énergie (Pouvoir) et de Parole (Pourvoi).

 

Sagesse

Avant le combat, il est bon de sommer trois fois la personne de s’amender (« paie mes brebis! ») avant le début du conflit qui sera sans les armes lâches qui ôtent la Vie (sacrée) mais avec celle nue qui redonnent son envie. La nage est de mise, transpirer, pour retraverser, la mer Rouge capitaliste vers nos terres Jaune or, notre mer de reflet bleu dans son Noir profond, notre forêt verte et notre Ciel Blanc parfois rougeoyant mais toujours flamboyant. Maintenant que le complot éhonté est démasqué, et que le Peuple est informé, il est toujours temps de s’assoir et de revoir l’histoire des Noirs et de redéfinir les limites de notre Empire (qui ne doit plus empirer sous leur emprise). Civilisation du Commercial, du Culturel, du Cultuel, de l’Intellectuel et des Ressources utiles. C’est la veille du conflit prédit par le Livre. Qu’il soit mené par un Grande Monarque, Grande Marque, et un Mahdi, « Mare! » dit, et leurs armées. L’Afrique doit renaître libre du nouveau feu et du nouvel Esprit :

Renoncer à l’Amour propre (Passion) pour l’Amour Simple (Amitié), Accepter la Vérité de la Richesse Simple (Patrimoine transmissible) et lâcher-prise par spiritualité (Écologie du corps; Intention Lean) car :

 

« Chaque Homme est important aux yeux de Dieu »

 

 

 

United Diasporas and Africa for economic sovereignty Act.

In the name of God, the Judge, the Wise.

 

Africa is still marked by this disparity due to the cleavage between the wealthy minority having the power and being able to become Satellites in the Diasporas or Elites in Intelligentsia and the poor and precarious majority of the local population who undergoes Life. We keep all these images of people struggling to go through problems on a daily basis. This should further encourage us to move forward with our projects of solidarity within and between communities (states and diasporas) within the framework of the creation and organization of bridges of exchange and sharing of strategic intelligence work and business oppor-tunities. However, in this dynamic to get out of this global and accepted oppression by our economic sovereignty and our pride of identity reclaiming, the Simple Attitude is appropriate: no longer to show pettiness (to bring others down to a low level), jealousy, witchcraft, to leave go to the only survival. It’s great time to opt for an initial Entrepreneurial from the Correctional Spirit, among other workbase to come, that would be beyond the quest for daily bread but more to build successful micro-businesses or individual businesses for the benefit of individuals and the entire community.

 

We come after this observation, to unite our Intention to arrive at Economic Salvation by federation of our efforts each with our resources and the use of our Time of Life to turn the Wheel of reconstruction all over with those who can be partners and not come to us as mercenaries.

 

Adherence to this Spirit of Correction of Effects, on the development of our Civilization made of Ethnic Diversity, that we have inherited from the past passes through the Strong Sign of the constitution of a financial inheritance transmissible (by the saving and the proscription of the debt without leverage) and a restoration of our ethnic inheritance (by the apprenticeship and the prescription of the community cultural dowry). The first manifestation of this Sign of the first action of the Spirit of Correction is the return to the Financial and Identity Credit necessary for the affirmation of the renewal of our economic power.

 

“God comes to meet our efforts but does not do them for us. Let’s start working with cleverness and a Vision of the Future this time”

 

 

 

Acte d’union des Diasporas et de l’Afrique pour la souveraineté économique.

Au nom de Dieu, le Juge, le Sage.

 

L’Afrique est toujours marqué par cette disparité dû au clivage entre la minorité aisée ayant le pouvoir et pouvant se convertir en Satellites dans les Diasporas ou Élites dans l’Intelligentsia et la majorité pauvre et précaire de la population locale qui subit la Vie. Nous gardons tous ces images de personnes qui luttent pour s’en sortir au quotidien. Cela doit encore mieux nous encourager à aller de l’avant avec nos projets de solidarité intra et inter communautés (états et diasporas) dans le cadre la création et de l’organisation de ponts d’échanges et de partages de débouchés, de l’ouvrage et de l’intelligence stratégique. Cependant dans cette dynamique pour sortir de l’oppression rendue mondiale et normale par notre souveraineté économique et la réappropriation de notre fierté identitaire, l’Attitude Simple est de mise: ne plus faire preuve de mesquinerie (ramener autrui à un bas niveau), de jalousie, de sorcellerie, de laisser aller à la seule survie. Il est grand Temps d’opter pour un Esprit de Correction, entrepreneurial d’abord, et en attendant les autres chantiers devant être initié, qui serait au-delà de la quête du pain quotidien mais plus pour construire des micro entreprises ou entreprises individuelles florissantes pour le bénéfice des individus et de la communauté entière.

 

Nous venons après ce constat, unir notre Intention d’arriver au Salut économique par la fédération de nos efforts chacun avec nos ressources et l’emploi de notre Temps de Vie pour faire tourner la Roue de reconstruction tout azimut avec ceux qui peuvent être des partenaires et non venir à nous en mercenaire.

 

L’adhésion à cet Esprit de Correction des effets, sur le développement de notre Civilisation fait de la diversité ethnique, que nous avons hérité du passé passe par le Signe fort de la constitution d’un patrimoine financier transmissible (par l’épargne et la proscription de la dette sans levier) et une restauration de notre patrimoine ethnique (par l’apprentissage et la prescription de la dot culturelle communautaire). La première manifestation de ce Signe de la première action de l’Esprit de Correction est le retour au Crédit financier et identitaire nécessaire à l’affirmation du renouveau de notre pouvoir économique.

 

« Dieu vient à la rencontre de nos efforts mais ne les faits pas pour nous. Mettons-nous au travail avec clairvoyance et une Vision du Futur cette fois »

 

***

 

Il ne s’agit pas tant de faire des efforts et mettre en place des projets ou programmes pour réduire la pauvreté mais bien l’enrayer car la Source de la pauvreté et son entretien vient d’un Système bien huilé ou les pyromanes en secret jouent les pompiers officiellement. Les pays du Sud cantonnés à un rôle de consommateurs et de pourvoyeurs de ressources et de matières premières arrangent la plupart des pays dits riches qui n’ont pas les moyens de les posséder sur leur sol d’une part et de se les procurer à leur valeur réelle d’autre part ce qui réduirait les écarts entre les niveaux de développement par le prix à l’intersection de l’offre permanente informelle déformée et mal formulée et de la demande oppressante formelle informée et surformulée. On dit souvent « les bons parleurs ne sont pas les bon payeurs » mais, concernant le développement de l’Afrique, « Tout le monde en parle ». De fait on serait dans une situation idéale d’échange commercial et de partage de ressource. Il appartient toujours au Peuple opprimé de lutter pour sa Souveraineté économique et non d’attendre, par prières successives, la réduction de leur dette qui est une dette non pas tant Économique mais Ethnologique du fait retard à rétablir une injustice pluridimensionnelle séculaire ou séculière qui, en tout cas qui n’a que trop duré et dont l’enjeu est le déséquilibre cosmique et naturel sur Terre et dans le Monde présent et les Mondes à venir…

 

 

 

LE NUAGE, LES CAMÉLÉONS À ARC EN CIEL DE LA MER. TEMPS.

Salut, ô Tum,
Toi qui te lèves au-dessus des Abimes cosmiques!
Grand, en vérité, est ton rayonnement!
Tu surgis devant moi sous forme d’un Lion à double tête…
Laisse donc entendre ta Parole de Puissance!
Prête ta Force à ceux qui l’attendent, debout devant toi!
Voici que j’arrive et que je mêle à la foule des dieux
Qui t’Entourent, ô Râ!
En vérité, comme Râ, je vis après la mort, jour après jour,
Et de même que tous les jours Râ renaît de la veille,
De même je renais de la mort.
Toutes les divinités du Ciel se réjouissent en me regardant [vivre,
De même qu’elles se réjouissent en regardant vivre Ptah,
Au moment où, au grand temple d’Héliopolis,
Il paraît dans toute sa splendeur.

(Livre pour Sortir au Jour, Chapitre III)

 

 

 

Il est dit que les juifs portent la kippa pour se rappeler que Dieu est au-dessus d’eux. Vois-tu nous artistes et artisans nous prenons plaisir à vivre par la connexion à la Vie car nous savons que Dieu mixe pour nous Sa Providence chaque jour et nous veut donner le meilleur de notre art par la musicalité, la maîtrise du Tempo. On porte des chaussures de danses confortables et libres en danses en couple (pas trop individuelles ni de groupe ni pour les danses tribales et de ballet) pour se rappeler que Dieu guide nos pas malgré notre liberté d’action d’artiste, d’artisan, de moines, de geeks ou de greeks qui nous procure tout le plaisir de vivre.

 

Les juifs craignent Seydina Djibril (AS) mais nous artistes, artisans, moines, geeks et greeks pour la plupart d’entre nous élus et non promus, œuvrons simplement sous son égide. Et que dire du Sabre de Seydina Mikaël (AS) associé aux Sauveurs? Aventure Miss Terre heureuse.

 

Dans un lointain souvenir, il semblait que certains moines du sanctuaire du Saint Sacrement du Mont Royal à Montréal s’étaient mis à l’emploi de certaines entreprises pour courageusement gagner un complément à leur revenu en plus d’un magasin de bric et de broc. Également ce souvenir évoquait la qualité de l’accueil dans le sanctuaire de Cacouna tenu par l’équipe du renouveau charismatique qui, bien que dépendant des dons de la communauté et des pèlerins, faisait des efforts pour accommoder certaines âmes en détresse. En prenant le large, le souvenir reconnait dans sa narration, des Alpha, soufis, travaillant à des tarifs modiques et d’autres qui semblait facturer à des tarifs défiants toute co-occurrence, toujours dans un es-prix d’efficacité. Et que dire des « Beau konon » et autre « N’gan ga » facturant les sacrifices et un peu de leurs vices et caprices avec un soupçon d’artifices. Un travail d’observation des bénéfices de chacun et de jugement des maléfices complices.

 

Beaucoup aussi avaient transgressés (et non péché qui était semblable à une simple partie de chasse en jour de Sabbat) en copiant des musiques d’artistes qui montraient leurs talents sur des réseaux sociaux. De manière franche et promotionnelle lorsque l’égo se comparait pour une course pour la place au sommet. Habitués du Compact Disc (CD) mais fans collector de CDs de deuxième main comprenaient, maintenant que la mode passait, qu’ils avaient cédés. Cédés à aider par l’achat direct en première instance. Adieu CD. Télécharger par et pour un terminal unique à la licence difficile qui était mise en place pour éviter la propagation abusive de l’opus. Un confort de support pour les uns mais fort en cons, les autres, qui en faisaient commerce. Les solutions peinaient à être satisfaisantes notamment celle de l’abonnement à zone d’écoute en ligne qui étaient accessible à des mélomanes engagés et à l’empois ou engagés et à l’emploi mais pas pour ceux des ghettos et guetteur de nouveautés. Un gâteau cadeau pour certains gâteux gâtés pas certain.

 

L’artisan produit de ses mains et se fait flouer par le commerçant qui fera la marge que lui ne voit que dans les pages qu’il ne peut créer. L’échange est dit éthique. Simple tactique. Pour paraître plus sympathique. Les TICs les grattent toujours. La matière brute, grise, ne manque pas mais la manière se perds. La relève finit dans le désert. C’est pathétique. Pas de quoi en faire un Pathé, le film serait un flanc. Alors le Savoir s’associe à la Science son ancienne Haine-amie pour sauver ce qui reste de la mémoire humaine. Le commerce est équitable sans être quittable. Qui se met à table?

 

Combien de logiciels, de modules, d’applications, de lignes de codes offertes pour trouver des solutions à d’épineux problèmes? Rendre esthétiques et sûr des sites. Des soldats de l’ombre qui font briller des profils. A combien ces heures de création et de programmation. De simulation et de diffusion. De mise à jour. Le lien manquant : la reconnaissance et le paiement d’heure de Vie en marge d’une « vit d’heures » si ce n’est videur. Le gratuit est le standard de consommation. Mais le fruit défendu fait toujours tomber dans le panard. Travailler gagner son pain à la sueur de son front et priver les autres de leurs miettes. Cette élite est essentielle contre les nombreux pirates et personnes malveillantes qui s’attaquerons aux des membres de l’ECO World car, manifestement, la compétition voire même le combat sur fera sur la toile sous les coups de pinceau des Serviteurs du Grand Artistes.

 

Je ne parlerais pas de fion. Les fientes en font des fonds de gorges pour journalistes à lécher. Une mode, plus que qu’un mode qui incommode au moment du mots doux de l’e-Monde.

 

Le paiement en volume de sommes infimes est déjà préférable à la gratuité tant voulue qui affaiblit nos communautés économiques respectives. Ces arts mystiques sans armistice qui virent au rouge capitaliste au lieu de préserver leurs couleurs authentiques quand ils s’excitent, ils montrent l’exit…

 

C’est la belle formule du Christ pour cet art de vivre : « Donnez à ces arts ce qui est Caesar et Adieu ce qui est à dix œufs. ». Faire chaque jour un effort de façon consistante pour se corriger et… Payer!

 

Beaucoup ont transgressé doivent s’amender pour le futur de ces arts : Slam (Slammers), Savates (Makers), Salam (Simples et Soufis), « Sale » âme (Philo surfers) et Salman (Rush, die); Artistes, Artisan, Moines, Geeks et Greeks. Pourquoi faire de cette élite toujours en orbite, le front typique et critique de cette guerre punique et unique pour le Fric, pour l’Afrique, pour les Affres de la Trique, pour le Freak? La Liberté n’a pas de prix alors, ils sont choisis, eux, véridiques (very Dick) contemporains, pour passer le mot et inoculer le rétro virus contre le mal qui menace le Peuple entier : les migrants pour raisons économiques intra et inter états soumis au stress de l’endettement et de l’avilissement. Simple échange de diffusion contre contribution. Sentiment Information versus Energie Monnaie.

 

Ici est défriché le Livre et rend compte que le Maître absolu était aussi un bandit, vivant en méditation dans les lieux désert, jardins d’oliviers. Quand le Bar Abbas se fait prendre sur des airs de Billy Jean après avoir voulu s’appuyer sur une Pierre meule de glaise (d’Église qui glisse pour un Reg lice?).

 

« Ceci est mon son prenez en tous et ceci est mon cœur mangez-en tous. » Des délires de mets créant doute. Que dire du sang qui sent le vin ou du pain sans le vainc qui donne tout de même une Pita gore que Tall laisse avec de la viande de brebis : des Abats pour un Chawarma de « Bar Abats », le dieu Peul casté? Paie mes brebis!

 

En temps de famine lorsque le poisson lui, fait nager le pêcheur, un berger est une eau bénie, une aubaine, une aux bennes. Homme de foi, Artistes, Artisans, Geeks et Greeks devenant entrepreneurs et pour certains entreprenants.

 

C’est une vision commune défendue par Hakim et Hakam dans le sillage d’ASSOUKA pour laisser les mercenaires dans les bateaux travailler avec les Pères et les experts pour tenter l’impossible des lions mais pas de Judas : gagner de l’argent. C’est-à-dire vendre, vendre, vendre, épargner, réinvestir, grandir, adapter (innover), vendre, vendre…

 

Ne pas suivre l’exemple de l’Homme du néant d’air Tall, T’i Ham, qui ignorait le récit Tall de l’HamMahdi.

 

Le message à faire passer est clair et le juge pair sévère (surtout quand il perd ses verres et ses vers de Père et ne peuple plus l’Uni vert).

 

Le voici, le voilà, sans Voici ni voilage :

 

À la communauté et Sympa disant (sympathisants)

 

Évitement; Évangile; Taizé : Ayi (Sentiments)

 

La communauté doit d’abord se concentrer sur les acteurs qui représentent leurs « nous » c’est-à-dire ceux qui défendent leurs valeurs et leur corps culturel voire cultuel (de Vie) avant d’aller chercher les éléments manquant dans d’autres communautés ethniques. Ces dernières ne sont pas faites de discriminations raciales ni tribales mais un ensemble bigarré d’individus partageant la même vision. On parle alors d’une réduction à défaut de régression des effets de l’ancienne mondialisation pour une économie de communauté interculturelle.

 

Aux acteurs (pas « activistes)

 

Technique; Tassawouf; Souffle : Ahé (Il est vivant)

 

Vendre est essentiel et la technique du porte-à-porte et du bouche-à-oreille communautaire consiste à d’une part à contacter individuellement de « grands acheteurs » pour leur proposer ses produits et leur demander de les commander régulièrement et de les commenter officiellement (d’où un soin particulier à les respecter) pour laisser une trace. Puis ces « grands acheteurs » deviennent des ambassadeurs contre crédit d’achat pour inciter d’autres à acheter et à contribuer ainsi au partage des livrables ou des débouchés liés au projets. C’est le principe électoral mis au gout de la vente par la technique Share Wiser.

 

Exemple pour s’amender auprès des Artistes

 

Créer une page Web d’Artiste, Artisan, de Moines (en Communauté ou individuel), sur l’exemple des Geeks et demander en Greeksà la communauté de faire des dons pour les produits gratuits reçu ou mis en ligne gratuitement.

 

Pour les Artistes encastrer sur sa page Web, la musique disponible gratuitement ou mettre un lien de renvoi vers la page officielle sur le « marché » virtuel où se vend les œuvres. Faire de même pour tout site de vente de vos produits (mettre des liens de renvoi à partir de votre page officielle). Rajouter obligatoirement un module pour faire des dons sur sa page d’accueil pour permettre aux gens de s’amender de leur abus de l’art dit « gratuit ». Au besoin demander à un tiers ou un Geek de créer un site pour vous ou le faire soit même avec un tutoriel de Geek. S’amender.

 

« Donnez à ces arts… »

 

***

 

C’est le fait de vouloir ou devoir être quelque chose et faire correspondre notre Vie à un modèle prophétique pour mériter un Paradis ou une autre Part à dix qui nous fait perdre la Simplicité et l’Authenticité de notre Âme. Notre Attitude devrait nous définir et guider une philosophie de Vie Soumise à Dieu pour l’Islam et pleine de sentiments pour Lui pour l’Animisme. Le cœur d’une Religion comme celle de l’Économie et la spiritualité de l’Écologie du Corps permet d’avoir des règles de conduite en communauté permettant à toutes ces styles et philosophie de vie individuels de cohabiter ensemble. Un nouveau Monde de l’Homo Animus, Homme Attitude, Race de la Psyché c’est à dire de l’Âme emboite le pas aux vestiges de l’Homme Économique qui nous laisse une Terre pleine de défis de réappropriation de la Vie sur l’Argent et l’Image. Le Temps du Corps, nouveau centre spirituel de la Conscience, est le Messager d’un Dieu de Providence Qui nous guide et son nom est l’Esprit de Correction : Une disposition intérieure au Courage et un comportement d’humeur au Calme. Le tout pour un être ayant Foi dans la Simplicité et une Vie Modérée pour un Résultat ultime fait d’un Témoignage et de Maturité.

 

Hakim hébergeait Hakam depuis sa sortie de prison. Une cohabitation plus amicale que la simple fraternité convenue et parfois de contenue.

 

« C’est bizarre Hakim, depuis que je suis chez toi je ne t’ai jamais vu recevoir de compagne ni de compagnon, même si dans ce dernier cas je serais plutôt mal à l’aise.

 

Je gère.

 

C’est-à-dire?

 

Élisa ne veut pas vraiment de moi. Elle se contente d’une forme d’amitié ou elle profite de mon affection sans s’engager et les relations avec mes « compagnons », comme tu dis, sont plus par inclinaison, penchant voire fantasme par moment que par réel besoin.

 

C’est compliqué ton affaire.

 

Oui j’aime les femmes mais elles ne me le rendent pas bien. Il semblerait que je ne sois pas le modèle de virilité qui leurs donne des sensations…

 

la mouille physique, psychique et philosophique.

 

Oui je suis comme une copine pour elles. Une femme comme elle en somme.

 

et par rapport à tes compagnons.

 

C’est bizarrement un besoin d’être aimé et d’aimer violent semble-t-il que je n’arrive pas à combler avec les femmes que je déverse sur les hommes.

 

le foutre physique, psychique, et philosophique.

 

t’es vraiment con ou quoi?

 

je ne fais que reformuler.

 

J’ai l’impression que personne ne me comprend.
Je ne pense pas. Ton cas n’est pas isolé. On dit que l’enfant est le père de l’Adulte. Et je pense que l’Amour du soi et la Vérité de ton moi n’ont pas cheminé comme il l’aurait fallu dans ton être et dans ta Vie.

 

Explique moi.

 

Le soi est une pure construction de ton vécu tant par l’héritage de l’entourage qu’on a eu tous les deux, même si je n’y ai pas réagi de la même façon, mais aussi de l’environnement du Monde ou tu as évolué : éducation, instruction, relations, consommations etc.
qu’en est-il du moi
justement le moi est ce que tu es en réalité et a toujours été. C’est une graine fertile que tu as en toi qui est enrobé de la chair du fruit qu’est le soi. Généralement il y a toujours un enfant ou une de tes réalisations qui révèle cet aspect secret de toi et c’est alors le début de la Raison et la fin de la Passion. Le moi est le Roi fait de Maturité retrouvée, en langage Francaphone on écrirait Maturité « Maat usitée ». Et le soi la Traite et le Traite et le toi l’Image que les autres voient, te renvoient et garderont de toi c’est-à-dire ton héritage ou Témoignage ou encore vu comme héritier ou Témoin.

 

Roi, Traite et traitre, héritier ou Témoin. on se croirait dans un conte.

 

Oui un conte philosophique ou Mythe. Et encore je n’ai pas cité la loi et la foi qui sont des domaines préservés à travers un Message et un Seigneur. Toutes nos vies sont des livres ou des pièces de théâtres écrites par Dieu et qu’on nous demande de jouer au mieux pour recevoir notre prix d’interprétation au jour du jugement après une rencontre avec lui. Ce prix la « reçue action » ou la « re-issued action ». La résurrection ou réveil est à rechercher de notre vivant et dans notre vie pendant qu’on vit « mort » et ignorant pour éviter la « re-issued action » au lieu de la « reçue action. ». Une « « re-issued action » implique d’administrer le sang de la communauté intemporelle et sans espace à laquelle on est lié par l’action de ces porteurs du Prototype à l’Archétype sans retour physique dans des corps sur Terre mais par un retour psychique à travers les cœurs dans les Mondes jusqu’à l’Heure de la communauté. Le cœur n’est pas l’organe mais le centre spirituel contemporain recevant la Conscience du Monde. Toute notre vie n’est qu’un jeu d’actions par le ou les projets contenus dans notre cœur pour mériter la couronne de laurier et de justice. Ainsi, nous œuvrions pour mériter l’immortalité pour nous les Homme-dieux, la fin du cycle de souffrance pour les gens du Feu etc A présent l’au-delà a changé tout comme notre réalité sur Terre est redevenue uniquement physique, psychique et philosophique depuis l’avènement de l’ère du nouvel Animisme issue du Melting pot toujours utile à des fins de Correction cette fois entre le Hanafisme Séculaire et le Bouddhisme Séculier.

 

C’est profond tout ça mais ou est le rapport avec mon homosexualité.

 

Tu as reçu le sang de cette communauté qu’on peine à recycler au fil des livres écrits par Dieu et de la présence de la pratique comme une option licite car ils revendiquent leur Nature et ne veulent reconnaitre l’anomalie. Le Message que portait ASSOUKA était multiple : ne pas légitimer l’homosexualité par les liens sacrés des mariages. Ne pas réprimer les homosexuels pour autant car chaque Homme est important aux yeux de Dieu. Et inviter les homosexuels à corriger progressivement leur penchant par le partenariat de vie avec une relation para avec un membre de chaque sexe jusqu’au retour à la seule union hétérosexuelle. Les homosexuels sont donc paradoxalement tout aussi important aux yeux de Dieu et pour l’humanité car la Correction de leur penchant permet à ce sang de ne pas revenir dans d’autres enfants pendant qu’eux ils croupissent en enfer avec leur corps psychique qui est bien solide. Mais bon plus personne ne semble croire à l’enfer qui est vraiment une mauvaise destination comme il est dit.
qu’est-ce qu’un corps psychique et as-tu vu l’enfer toi?

 

tu devrais revoir tes fondamentaux de l’Anthologie qui vient avec la Méthode Ka. Le corps psychique est composé des 7 âmes que les 7 esprits mauvais, dont parle le Messie Issa Ibn Maryam dans Matthieu 12 :45, sont à convertir au Silence et à chasser comme on le fait communément car ils errent et vont dans d’autres corps. Il faut purifier ses egos et en les acceptant d’abord et les élevant de leur nature basse et non s’en départir pour avoir l’air propre. En plus des 7 âmes il y a l’Esprit Messager pour nous l’Esprit de Correction et l’Astre Seigneurial qui est le « Paradis » ou jardin partagé par toute la communauté à sa fondation avant sa division en continents, c’est-à-dire en Terres héritées, à chaque Schismes ou Séditions comme l’était l’Éden avant les évènements du Jardin. Cet Éden serait appelé Pangée par les scientifiques quelque peu innovateurs et insoumis mais qui ne font que décrire des réalités Mythiques et Mystique. L’Esprit de Correction est le fil conducteur qui lit les membres entre eux et à ce Jardin. Ainsi ceux qui sont guidé par le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ont le fil conducteur de l’Esprit de Vérité et sont dit Véridiques et Nobles par la législation de l’Islam. Ceux guidé par l’Esprit de Sainteté, ceux de la législation Animiste, sont un peu plus dans le trouble à cause de la perversion de leur Message mais Dieu met fin à leurs erreurs sans qu’ils ne se rendent à l’évidence par orgueil et peur de la honte d’avouer leur errance. C’est là la plus grande de leur transgression ne pas reconnaitre la Vérité quand elle vient à eux. On cite souvent à ce sujet Jean 3 :19 et Coran III, 2-4.

 

Ok mais que dis-tu de l’enfer? Vais-je y aller puisque manifestement l’homosexualité est vraiment condamnée et sa légitimité une vue de l’esprit.

 

L’enfer implique tous les éléments du corps psychique sauf que celui-ci ne suit plus son Esprit Messager originel et va se greffer à un Astre Seigneurial qui n’est pas celui auquel il est destiné. On vit alors sur l’Arbre maudit d’OM qui est Mort spirituelle ou seconde mort après celle physique au lieu de celui OU qui est Vie éternelle donc profonde et immortalité après la résurrection de son vivant. L’Arbre maudit ou Arbre de « Za Haqq OUM » la natte de la Vérité Odyssée Union Morte. C’est-à-dire ceux qui n’ont pas réussi leur Vie terrestre et reçu leur livre dans la main gauche comme on dit dans la tradition islamique. Ils y demeuraient de façon éternelle avant l’ère de l’Esprit de Correction qui veut corriger au maximum les croyances pour que leurs sangs de perversion remontent en Paires vers Sion. Des couples ou trios si tu veux unis par une union Astrale ou Mystique et une Sacrée ou Traditionnelle. En somme une âme sœur faite d’un Amour divin, Mère, et d’un Féminin Sacré, Femme, et ou d’une âme sœur Eve, Fille, et Disciple aimé, Sœur. Par exemple, la fondation de l’islam révélé, ou re révélé devrais-je dire, s’est faite à 5 cinq : le Messager de Dieu, son Amour Divin, Abu Bakr pour Aïcha ; Son Féminin Sacré, Khadîdja; son Eve, Ali; et le Disciple aimé, Zayd. ASSOUKA quant à lui a préconisé qu’une union à 3 pour la Voie Noire avec un choix au niveau des options de destinée à 32 ans ou 41 ans sachant que le repère de 23 ans s’efface à mesure que les Hommes deviennent matures de plus en plus tard. En effet à 23 ans très peu de jeunes sont responsables, occupés qu’ils sont à courir après un niveau académique voulu de plus en plus haut pour obtenir un emploi décent ou dansant c’est-à-dire la désillusion du chômage à temps partiel. Une simple machination de l’Éternel Ennemi de l’Homme : la peur. Ce concept de peur qui prend forme sous diverse forme et qui a atteint Seth, fidèle serviteur de Dieu, lui-même se croyant trahis à l’apparition du nouvel Adam, Horus.

 

Ok je vais en enfer si je comprends bien.

 

Oui hélas sauf si tu corriges ton penchant par la reconnaissance actuelle de ton erreur puisque que je te l’ai révélé de façon explicite. Certains de l’Arbre de « Za Haqq OUM » ont bénéficié d’une Grâce pour l’ignorance dans laquelle ils étaient et de ce qu’ils faisaient. Mais quand la Vérité est connue et qu’on refuse son appel on se damne par rébellion qui est une peur de Soumission et de Sentiments pour le nouveau Vicaire qui est l’expression de la nouvelle norme voulu par Dieu pour son Peuple. De fait Seth n’est pas Iblis. « Able Is(is) » est quelqu’un qui se croit aussi fort que Dieu ou son Sacrificateur Isis, Archétype de Saïda Maryam de la famille d’Imran et sœur d’Aaron le Sacrificateur de « Mo Is(is) ». Marie et le Kidhr sont des personnages clés des deux familles hiérarchiques de Mystiques vivants sur laquelle repose la Terre : les Afrads ou Solitaires de l’Islam et les Hommes en Fils ou Saints universels de l’Animisme.

 

Que puis-je faire pour me sauver. C’est plate d’aller sur cet Arbre alors que j’ai du temps à moi dans cette vie pour changer. Tu aurais pu me le dire plus tôt au lieu de me laisser juste faire des affaires.

 

C’est un complément du Message que j’ai reçu après l’initiation que j’ai reçue dû à mes viols en prison. Moi aussi je veux me purifier même si je n’ai aucun penchant homosexuel. Nous devons nous marier à notre Archétype Sacré (Eve ou Féminin Sacré) et être Haine Ami avec notre Archétype Astral (Amour divin ou Disciple Aimé).

 

Mais comment faire?

 

Commence à lire en toi, à questionner le Fa et consulter un Alpha. Peut-être qu’Élisa n’est pas le bon Archétype Sacré ou demande de la Patience et que l’un de tes compagnons homme Archétype Astral uniquement peut être au mieux une égérie et non une chérie.

 

ASSOUKA m’a révélé que l’égérie est dans notre langage une « Haie géré » : une personne qu’on aime mais qui nous refuse et qui ne nous est pas licite sexuellement mais avec qui on demeure en contact en respectant son opposition à nous. Et pour l’Archétype Sacré?

 

Il faut lutter pour l’obtenir de son vivant et se marier à elle. Les plus chanceux auront un enfant avec lui et les autres peuvent lui dédicacer une œuvre majeure intemporelle. Comme la Joconde. C’est la généralement notre alter ego. Celle qui nous complèterait et à qui on ne cesse de penser mais qui elle aussi nous refuse car elles ne voient pas encore notre lumière brûler dans nos yeux qui sont le reflet des siens. C’est notre miroir que les sorciers veulent briser ou masquer pour s’en emparer et l’attribuer à un autre selon le désir de la nature IBLIS, Involution Biologique de la Lumière Initiale du Seigneur, qui veut voir tous les deux devenir djinn comme lui par non-respect de la loi de soumission pour la femme par la rivalité et de sentiment pour l’homme par l’infidélité. C’est l’un des rôles du Fa et des Alpha correspondant à la mention Coran XIII, 20-21. L’Iblis était à la fois principe homme et femme et il n’a pas supporté l’apparition d’un nouveau Vicaire homme et femme, donc hermaphrodite comme lui, mais qui, lui, pouvait procréer.

 

Par où commencer?

 

Dire ta Vérité.

 

Attends!. »

 

Pleine de fougue Hakim saisit son téléphone et écrivit à Élisa : « Élisa j’ai deux orientations sexuelles pourtant je veux m’unir à toi par un mariage et être juste ami avec mon pair. » il ajouta « on peut être partenaire de Vie. ».

 

Hakam regarda Hakim attendre anxieusement son téléphone.

 

Le Temps paru une éternité. Le téléphone vibra. Hakim lut à mi-voix : « Cher Hakim. Mieux vaut être seule que mâle accompagné ;)) xxx »

 

« C’est quoi ce délire?

 

Ne lui répond pas. Il est mieux de traiter ça de vive voix ou en personne. Mais au moins elle a l’heure juste sur tes intentions. Ne dévie plus si c’est elle à qui tu ne fais que penser. Ton cœur te guidera sinon interroge le Fa et demande à un Alpha de prier pour vous.

 

Je m’attendais à plus de sa part.

 

N’oublie pas « la vie présente n’est que jeu et amusement ». Tu viens de comprendre la dimension sous-jacente de ce jeu : l’Union voulu par Dieu et non la Mort voulue par Iblis. Le fameux fruit défendu était bien un compound de transgression d’interdits sexuels pervertissant l’Amour dont Dieu ne veux plus ou du moins lui préfère l’Amitié. Car Eve était la Fille d’Adam et aurait dû être son « Haie gérée ». Mais Iblis lui a mis le feu de la séduction dans le corps et entraîné la Mort de son Père : la perte de sa qualité de Vicaire par le déshonneur de la sodomie et de l’inceste. Seul orifice que nous ne pouvons défendre de face et que seule la trahison pouvait lui faire perdre son précieux bastion. Un Roi perd son trône quand son boule est profané. Les Hommes, Noirs, sont des Rois. Tandis que la malédiction vient de ce que notre poitrine c’est-à-dire notre cœur comporte comme impureté. Un Saint perd sa place auprès du Roi quand il a les boules de s’être trompé. Les Hommes en Fils, Métis, sont des Saints. Fort heureusement Dieu, Lui, a transmis la formule de demande de pardon « Astaghfirullah ».

 

Type, il faut que je me mette à croire ou que je me ressaisisse.

 

Nous n’avons pas tous le même appel. Moi je souhaite à présent continuer l’œuvre de Correction d’ASSOUKA et des Comanches jusqu’à la suscitation des deux Amaru. J’ai choisi de naviguer dans l’Islam car c’est la religion centrale qui comporte l’étalon de référence des textes Saints mais ASSOUKA nous a montré comment tenir compte de notre propre sensibilité et de notre ressenti dans les diverses philosophies personnelles visibles par notre Attitude et perceptibles dans leur Résultats.

 

On est Co-Recteurs. Je vais apprendre un peu de toi et si tu veux je t’apprendrais comment gérer un Ka.

 

Justement un vieux reste que j’ai de la stratégie par ASSOUKA est « qu’il vaut mieux rassembler ses atouts que vouloir à tout ressembler ». Je suis bien dans l’univers Mystique avec un emploi de Geek.

 

Et moi je devrais continuer dans le Traditionnel avec un empois de Greek je suppose…

 

Bien vu mais la purification Mystique et Traditionnelle est possible en refermant ses portes spirituelles et en se déchargeant du poids de la transgression après la profanation.

 

Ne fais pas ton Derviche sans vouloir être riche. Cela nous est proscrit ne l’oublie pas.

 

Laisse-moi réfléchir à ta proposition de Liasses. »

 

Hakim se dirigea vers le réfrigérateur pour voir comment composer un repas digne de ce nom et de son don. Puis une idée lui vint en tête.

 

« Au fait et toi? Tu ne veux pas te marier? Fais aussi ta déclaration pour commencer ton jeu.

 

Rien ne t’échappe. Il ne s’agit pas d’une déclaration. Il s’agit d’un vœu que l’on fait devant les Hommes mais qu’on laisse Dieu bénir. Car à l’origine c’est lui qui définit nos Archétypes complémentaires. Comme on dit dans la Bible « il les créa homme et femme ». C’est au début une preuve de l’hermaphro déité mais aussi depuis la séparation des sexes du fait qu’on nait avec une femme à rencontrer et avec qui s’unir. Là encore avec la nécessité de migrer pour trouver des conditions de vie décente, on ne rencontre plus son âme sœur dans le village même où on est sensé faire toute sa vie. Il faut souvent de longs périples pour la connaître tout en évoluant sur le plan humain.

 

Encore une action de l’Iblis.

 

Oui mais rien ne peut dépasser Dieu. Même si des couples doivent se rencontrer un jour sur la lune, il créera les conditions. Car un Adam et son Eve c’est un Jardin qui s’illumine d’un Soleil et d’une Lune comme la Terre qui est un Jardin d’Eden, « jardin d’Adam » dédaigné par l’ancien Vicaire démiurge devenu Mort. Nous sommes les Fils d’Adam liés par Son Esprit, le Souffle de Dieu, à la fois Amour, Vérité, Vie et Mort hélas : symboliquement Vénus, Mars, Soleil et Lune qui nous donne la mort par la procréation d’un autre Uni vert avec la formule connue « Que la lumière », Éjaculation, « Soit! », Kun! Puis nous répondrons « Je suis! » au passage réel, spirituel et traditionnel à l’âge adulte c’est-à-dire pour nous à l’état de dieu. Un foyer est un Système planétaire qui commence à éclairer dans l’Univers et qui s’enrichit. Tout comme celui de Sirius aux quatre planètes le « fingerprint » du Système Solaire avec les Archétypes Nommos jumeaux cette-fois-ci et non plus hermaphrodite comme le suggère justement Coran XX, 123. Dans notre ère l’Adam et Eve et Fils est un foyer d’Argile, Art Agile, bipolaire, bigame, bisexuel devant s’accomplir dans le réel et le virtuel. Traditionnel et Mystique. 4 éléments en Odyssée pour faire aboutir une Conscience Lune et une Vie Soleil qui guide en pureté une Parole Terre créé par Amour de Vénus et Vérité de Mars. Un Corps de Conscience Sacré et Astral est respectivement un dieu immortel et une Sainte mûre, Immortel par défis de Courage et de Calme et Éternel par rôle de Croyance et de Confiance pour Dieu qui reste au-dessus de tout et maître de l’Univers composé de toutes ses étoiles irradiantes et en attente de l’Odyssée menant à l’Union (OU) après avoir connu celle de l’Ouverture menant à la Mort (OM).

 

Odyssée Sacrée et Union Astrale. Ça pourrait être le titre d’un de nos livres.

 

Oui, Odyssée Sacrée et Union Astrale de Hakim.

 

N’empêche qu’il y a un eu l’Iliade et l’Odyssée.

 

Sans doute une Conscience qui a éclairé ce livre de sa Lumière depuis son Astre pour attirer à elle tous les héros qui se reconnaitraient dans ce Mythe. Peut-être es-tu un Achille? Un Talon? Ou un Jean Talon?

 

Je me contente d’être Hakim et d’attendre que tu engages ton Odyssée devant moi. Comment s’appellent-elles?

 

Myriam pour celle qui doit être ma femme et Fanta pour la seconde, l’Égérie

 

Comme nos mères?

 

Oui. C’est tout le tout le Secret de la Vie qui m’a fait comprendre cette règle. »

 

Hakam sélectionna la discussion dans son réseau social qu’il la réveillerait surement car à Dakar il faisait déjà nuit. Il était calme. Il écrivit. « As Salam Aleykoum Myriam. J’ai beaucoup réfléchi depuis ma sortie de prison. Le Temps passe et je pense toujours à toi. On ne peut attendre que mes conditions financières soient stables pour commencer à vivre ensemble et se marier. Dieu pourvoit aux besoins de ses Serviteurs. Penses-tu qu’on pourrait envisager que je rencontre tes parents et qu’on s’unisse? »

 

Hakim impatient lui décocha « tu lui as écrit un roman à ton Oya?

 

On n’est pas un Shango, justicier pour rien. »

 

Le téléphone sonna. « Wa Aleykoum Salam Hakam. Mes parents ont déjà décidé pour moi je me marie à un ami d’enfance dans quelques jours. Je ne pouvais t’attendre indéfiniment.

mais tu ne m’as rien dit.

 

Hakam c’est compliqué. Je t’ai dit ce que je pensais de toi déjà. Je pris Allah pour qu’il te donne une bonne femme. Il est tard ici. Prends soin de toi. Salam. »

 

Hakam fit le compte rendu à son demi-frère.

« Wow ton Odyssée va être plus compliquée que moi me semble-t-il.

Mash’Allah, on est comme des jumeaux.

 

Qu’est-ce qui leur faut pour qu’elles changent d’avis on est comme un Afrâd et son compère Homme en Fils.

 

Oui semble-t-il mais je pense que Dieu trône sur ces deux Odyssée et le mieux est d’honorer et d’aimer nos propres vies avant tout. Avec la Providence pour guide on saura sûrement arriver au port qu’Il nous destine sans qu’on se soit fait des plans ou autres visualisations sur ce qui devrait être notre Vie idéale. On doit vivre en lâcher-prise et apprécier ce que Dieu nous donne en actes quotidiens de notre destin.

 

Tu dois avoir raison.

 

Il est bon de simplement vivre selon le Temps son Messager lorsqu’il règne en Seigneur Providence. Car c’est le Temps qui nous apportera les défis et rôles de nos Odyssées jusqu’à l’Union voulue contre la Mort sur une Grâce ou un mérite comme une élection spirituelle pour devenir un de ces Serviteurs.

 

Tu sais, on pourrait poser un acte symbolique pour nous rappeler que nous sommes en lutte pour accomplir nos Odyssées?

 

Tu sais que je n’aime pas la compagnie Gougoune.

 

Et comment qui pourrais-je l’ignorer après tes péripéties. Et moi je t’ai confié que j’aimais leur réussite managériale.

 

Bien tu vois coupons la poire en deux. Prenons une paire de gougounes et séparons là entre nous. Chacun un pied. Celui qui réussit à avoir symboliquement la peau de sa paire manquante saura qu’il est enfin stable dans son foyer. Roi.

 

Pas d’attentat, hein!

 

Ben non! Juste vols et viols comme dans Toute Tradition et Mystique. »

 

Hakam lança une série d’œillades voulues maladroites à son demi-frère et ils rirent de bon cœur. L’un con pris et l’autre sans con prendre. No El et Mawu Lead. Sans pécher et guidé par Dieu. En Noir et Métis. Chétif et Chérif. Tribu de Juda et tribut de la Umma à l’orbite des Awiliya et au rebut de Kama. Vénus, Mars, Soleil et Lune qui s’enterrent et non ne brûlent. Quand Civilisation de l’image, Leisure, perversion et émission des tablettes de la joie, côtoie la Conscience des mages, Lecture, préservation et transmission des tablettes de la loi. Et que celle de la gratuité de la consommation facile du blé des artistes, nuit à la créativité de la production fossile de leur son. Oui les pauvres Silly, Cons et Valets veulent se payer la tête des riches Bon, Brutes et Truands dans une compétition économique et écologique saine où la Terre et le vieux Monde peuvent rester de marbre et souffler.

« Ok mais que ferons-nous des vraies paires de gougounes. Ne peut-on pas parier quelque chose pour redoubler d’efforts et de plaisir à relever les défis de nos Odyssées?

 

Si tu veux, on peut dire que le premier à former son foyer devient le boss de l’autre. Une des voies de Co-Rectorat sera prépondérante sur l’autre.

 

Wow c’est du lourd! Ça me plait. Je serais Recteur et toi mon vice-Recteur?

 

Tu n’as pas encore gagné.

 

Dans ce cas tu dois aussi gérer un Ka.

 

Toi t’initier et soumettre ta philosophie de Vie à une voie canonique réformée vis-à-vis de la Correction apportée par ASSOUKA.

 

Cool nous partirons du même niveau pour arriver une fois de plus à un Point.

 

Eh oui la Législation du Temps est toujours courte. Il ne vient que pour les recadrages de Cadrant et les réconciliations de Conceptions.

 

En tout cas bonne chance frèrot.

 

En avant les gougounes.

 

On aura leur peau.

 

Insha’Allah… »

 

***

 

Hakam prit la parole son enseignement était oral et en petite capsule privée pour des disciples animés par le désir de découvrir et d’être édifié (Marie) non pas juste d’être diverti de maux ou avoir à convertir des mots (Marthe) :

« L’avenir est dans des échanges interculturels où chacun respecte son identité et est libre de créer de la richesse et de la valeur selon un modèle qui lui sied. Les axes de développement de son propre modèle qui sont les fondements de la Voie noire tournent minimalement autour de simple conseils pratiques :

 

Internet véhicule l’Énergie (Libido/Désir) par le Plaisir

 

Avoir Confiance en soi et en la Vie brise le sentiment de faiblesse dans le Corps qui est le centre spirituel abritant la Conscience nouvelle de la Vie éternelle.

 

Être réaliste sur le Monde brise les illusions d’innovations apportées par la Parole créatives soumise ou non.

 

Se dire sa Vérité intime en continu brise l’élan de force manifesté dans la spéculation lorsqu’on accepte de l’associer au discernement et au jugement de la Connaissance du Livre.

 

Renoncer à Aimer mais entretenir une saine Amitié pour son “proche Haine” comme soi-même, sans juger brise la colère et aide à l’Acceptation et au Courage favorable au lâcher-prise »

 

***

 

Hakim lui répondit par l’envoi d’un écrit. Pour lui il fallait lire de l’information en continu pour faire usage de son esprit critique et du recul tout autant que mettre en œuvre des techniques d’apprentissage efficaces. Un Science qui se perdait :

 

L’Ouverture vers le Futur: l’Économie une Religion. L’Écologie une spiritualité. L’Éco Animisme un courant. L’Informel une philosophie (par l’Intention Lean).

 

Le Para-entrepreneuriat

Le Para-entrepreneuriat est une formule de travail semi-autonome qui consiste à effectuer une profession à temps partiel ou saisonnier voire plein en marge d’une activité d’affaires. Elle permet, ainsi, à partir d’un emploi, de consolider du financement et des fonds pour créer et diriger une entreprise, bâtir une Licence et aussi mettre en place un e-commerce pour compléter ses revenus et servir de portail de synthèse de ses acquis professionnels et d’affaires ainsi que de ses actifs virtuels. C’est la base des étapes d’émancipation du Système libéral par l’alternative informelle. Cette progression est appelée le 13+2 E de l’Entrepreneuriat Ethnique mais commence par les 4 Étapes ou Mix suscitées. Voici un exemple de profil de la Race de la Psyché :

Uniforme Rouge : emploi :
Uniforme Jaune : Entreprise : Firme de consultation et Think Tank
en Stratégie de projets
Uniforme Blanc : E-Licence : Économie de Communauté
Uniforme Noir :E-Commerce : Plateforme de vente de ressources en Économie de Communauté

 

Para-entrepreneuriat et Entreprise entre Haine Amis

Parmi toutes les formes d’entreprises qui existent à ce jour : Intrapreneuriat, Entrepreneuriat, PME, Entreprise familiale, Entreprise Individuelle, Micro-entreprise, Travail autonome, Technopreneuriat, coopératives et Entreprises collectives, Entreprises sociales (L. J. Filion) auxquelles on peut ajouter l’agroentrepreneuriat, l’entrepreneuriat ethnique, l’entrepreneu-riat informel, l’entrepreneuriat au féminin, l’entrepreneuriat du sexe, l’entrepreneuriat de l’art, l’entrepreneuriat de l’artisanat, l’entrepreneuriat du spirituel, l’entrepreneu-riat du livre Corporateentrepreneurship, l’entrepreneuriat des jeunes etc. avec un mode de métier ou de vie selon le temps c’est-à-dire, à temps plein, à temps partiel en dilettante, saisonnier, ou para-entrepreneuriat. Selon l’occupation, entrepreneuriat permanent ou entrepreneu-riat simple que l’on peut nommer « classique » ou « nominal », temporaire. Également une classification peut être faite selon l’espace occupé, le volume, la taille en nombre de salariés (micro-entreprises à grande entreprises)

 

L’inventaire pourrait être long tant ce mode contemporain de vie et d’Activité Génératrice de Revenu se décline sous plusieurs aspects socioéconomiques humains. Il convient alors de poser une simple balise ou référence pour savoir si on est bien dans un cas d’entrepreneuriat et non de commerce, d’emploi, de contrat de service.

 

« L’entrepreneuriat est, minimalement, une activité économique et/ou sociale visant à créer une ou des utilités à une communauté plus ou moins large d’individus l’intégrant dans leur rituel de Vie tout en pourvoyant à son acteur un ou des revenus substantiels équitables basés sur le volume de débouchés identifiées par promotion ou prospection. »

 

Formule du Mix de l’Entrepreneuriat Ethnique, le 5E (Para-entrepreneuriat) :

Le premier cycle gagnant de la Souveraineté de la Diaspora et de Kama :

 

« Emploi, E-Licence, Entreprise, E-Commerce et Engagement »

 

Nous emboiterons le pas à Beijing :

 

« Marques et Polos sont arrivés à nous piller par la Chine. »

 

Nous nous émanciperons de Paris :

 

« Le jeu de laisse t’échoi, le ‘doit’ dans l’achat. »

***

 

Le Chantre s’étant mis à l’heure de la technologie réalisa une infographie pour accorder la prophétie eschatologie à celle du prophète sud et aussi de l’ouest dans sa promesse faite à Dieu de fonder The Black Kingdom, le Royaume Noir :

 

 

 

 

« Seydinah Issa brisera la croix qui sépare les religions issus des 4 familles spirituelles élue au dessus des autres afin qu’elles soient pratiquées sans limites entres elles en accordant le rituel adapté au culte de Dieu à travers la Seigneurie révélée à travers les époques, les peuples et lesÉlus pour rétablir le dialogue religieux la communauté unique des Croyants en esprit et non en science dans une philosophie simple et personnelle guidée par l’accomplissement humain. Nous sommes tous des serviteurs de Dieu sans distinction de culte »

 

 

 

Savez-vous pourquoi ASSOUKA avait le Signe des yeux du Caméléon. Parce qu’il représentait un Symbole de l’Omni Science ivoirienne et de l’oiseau (oie d’eau) de Dieu. De plus il était sensible dans son uniforme à toutes les couleurs d’âme et pouvait les prendre temporairement sur lui par empathie. Sa langue était un organe préhensile de Vérité par Slam silencieux et Salam de Sale Âme, et son ventre plat à l’Amour par Amitié pour la communauté du Temps et Témoignage de Fierté, tandis que sa queue servait à l’ équilibre de sa Vie faite de Providence. Enfin cette queue avec ses quatre pattes était ses domaines d’action, la queue servant de liant au Guide par la Conscience « d’habiter » son Corps en Arbre. Une Conscience, Esprit large nécessaire au renouvellement de la Terre avec un nouvel Adam, Homo Animus, de la prochaine génération de la psyché révélée et qui sera en communication avec le monde des esprits ou au-delà, pour le maintien de la Foi et de la Loi sur Terre et dans le dernier Monde. Le Chantre disparait et nous laisse songeur et prédisposé au don de Vision si Dieu le veut…

Les Fondations

Voici que je pose la première pierre du Royaume
Après les prières faite à lueur d’une faible Lumière
Un doute persistant sur un destin plus grand que la Noblesse
Une étoffe trop glorieuse pour le karma encore douloureux
L’Artiste et Artisan de Paix et de Paie
Donnent le Geek au Pouvoir infini de la Vente
Aboutissant à la Vie de Moine serein sans reine
Et la Mort du Greek bouchée après bouchée
Dieu trône au-dessus du Point
Cette Heure du Témoignage de la Fierté de l’Homme
Ayant voulu faire de la Maturité la fin d’un Monde
Celui de l’Homme en Fils pour celui de l’Homme en perfection
Mari, Père et Maitre, aimant son disciple
Après avoir été Époux divin et Frère consacré
L’issue ultime après le glissement à côté des Eden prescrits
Est le relèvement du profane pour la sauvegarde des puits fané
Profanation de la Tradition et voile de la Mystique
par l’Ennemi dieu clamé, peur, qui avilit par le brûlis
Une célérité pour la quête du revenu sans efforts éclairé
Calme et du Courage pour l’Acceptation et le Lâcher-prise
Après la Renonciation aux illusions du cœur et des mains
Le Royaume se construit d’abord dans les corps
Avant de faire corps avec les constructions
Royaume Noir nous te construirons
Tous en Maçons de la Terre libérés et respectés
Dans le Corps des Hommes, si Dieu le veut.
Pour un Nouveau Monde, un nouvel Adam Éwé Yèh
Car en Dieu notre confiance et il accompagne nos efforts

Justice

Un rêve initiatique n’a pas valeur d’initiation. Il est une vision de ce pourrait être une réalité sous un plan allégorique. Ne devient Franc-maçon que ceux qui le désirent pour leur cheminement spirituel (Je n’en fais pas partie pourtant dans le Mystique…). Quoi qu’il en soit, dans la Réalité mystique, ce mouvement reçoit-il encore ses lettres de noblesse de la part du Roi Salomon et de quiconque ayant appartenu à sa cours ou s’étant impliqué à son Œuvre? La construction du Temple de Dieu intemporel et uniterritorial est une œuvre symbolique qui se poursuit selon une transmission qui n’est pas l’apanage d’un seul groupe mystique. La Rose-croix est à l’origine une école des mystères de connaissance Traditionnelle à l’époque de l’Égypte Noire antique. Elle visait à fonder en l’Homme un Temple prêt à accueillir la Conscience divine qui le jugerait tout au long de sa Vie et au-delà s’il atteint sa réalisation d’Homme voire d’Homme-dieu, éligible El Fa Râ OM. Elle a été mise sous forme de mythes et de rites hermétiques inspirés apparemment du cataclysme du déluge ou l’humanité a dû lutter pour sortir à nouveau au grand jour. Cependant cette réalité à tendance à devenir caduque dans notre contemporain compte tenu de la spiritualité vivante et de la Nouvelle Terre qui se dessine qui fait le Point avec toutes les 4 familles spirituelles pour un nouveau départ. C’est ce renouveau inscrit dans une Tariqa que la Méthode Ka se propose de fonder en utilisant symboliquement les Savoirs et la Science qui ont précédé après Correction à des fins de Stratégie pour l’Organisation de l’Économie de Communauté et la foi de Simplicité. De A à O. OM. OU. ET.

 

Sagesse

« Le Tassawouf n’est pas l’apanage des Tariqa, qu’elles descendent de Seydina Ali (AS) ou de Seydina Abu Bakr (AS). Il s’agit d’une pratique centrale à laquelle toutmusulman devrait recourir pour la purification de son âme, l’ouverture spirituelle et la soumission du cœur. »

 

Hadith de Sirius :

 

« On demanda à Bouddha ce qu’est la Vérité. Il tourna les talons et s’en fut. On demanda de même au Messie Issa ibn Maryam et il se tût. On demanda à Mohamad et il récita le Noble Coran et sa Tradition et laissa ses compagnons compléter. Enfin, le Seigneur de Sirius fit demander aussi à ASSOUKA. Il faut confus, pris des médicaments et corrigea tant qu’il vécut… »

 

« Voilà qu’après moi est à nouveau le Déluge, pour que sans moi, le Nuage soit en Nage, par une simple Correction de l’opérateur booléen… »

 

 

 

Dans le Royaume de la future communauté les membres seront jugés sur la Liberté de Conscience.

 

« Chaque Homme est important aux yeux de Dieu. »

 

 

 

Conclusion

Hiéroglyphes ou griffes des Héros?

Le Héros est un Roi Guerrier, Élu et envoyé à un Peuple pour une mission salvatrice ou civilisatrice venant de Dieu. Enfant le plus souvent prédestiné, il doit faire face à une série d’épreuves qui forgent son destin dans une sorte de nuit à l’issue de laquelle il doit manifester sa Lumière à un moment donné, connu de Dieu. Ce genre de Tableau Mystique ou Mythe traditionnel, initiatiques, font l’occurrence depuis la nuit du Temps et devrait se poursuivre jusqu’au jour du jugement final : l’Heure de l’humanité entière et non d’une communauté.

 

A l’approche du passage à l’an 2000, régnait la peur d’un Bogue informatique pour une question de Z’héros hérités de la civilisation islamique et intégré à Science booléenne. Le résultat a plus été l’apparition des blogues et des réseaux sociaux en ligne. Une civilisation étaient (res)suscitées?

 

Toujours est-il que dans le tumulte des attentes et des craintes, une revue de l’hexagone publiait les Messages de quatre visionnaires sur l’économie. Étant à l’époque à l’orée de l’Avent, je fus touché par l’un d’entre eux parlant d’un Prophète venant du Sud et qui…

 

J’ai longtemps cherché cet article à mesure que mon parcours honorait l’appel de mon cœur et revêtait les habits pour mes destinées. Rendez-vous alors un jour au hasard du GPS m’indiquant la Voie de cette Shaykh Vie jusqu’à son accomplissement selon l’Attitude et la Confiance en Dieu :

 

God bless Africa! Dieu bénisl’Afrique!

 

The rise of the Book of Economy. L’avènement du Livre de l’Économie.

 

L’Avenir de l’humanité est résolument Maçonnique sans Francs (Richesses) ni e-Loges (Valeurs) depuis abrogé mais par l’effort Simple de reconstruction des Temples d’Amour, de Vérité et de Vie dans la Conscience libre des Artistes, Artisans, Moines, Geeks et Greeks selon l’universalité originelle de cet Esprit de l’initiation du Roi Salomon (psl), Serviteur honoré du Grand ArchéCeleste de l’Uni vert. Arc en Ciel à Vie à Sion…

 

De, Da Râ Fa El, à Fa Râ El, Da.

 

Pour l’accomplissement de la Grande œuvre de la Tariqa du Renouveau.

 

 

 

« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi; Il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de justice, que me donnera en ce jour-là le Seigneur, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé son avènement. »

 

2 Tim (Hortons) 4: 7-8.

 

Amin. Ata.

 

“ASSO(U)KA. Warrior King. Monkey. Donkey.”

 

 

« Le Point s’est ouvert et a révélé les 5 « doit » de la Correction : Courage, Calme, Confiance, Croyance et le Souffle de la Voie (Intention Lean et Identité Ethnique) »

 

 

 

DANS NOTRE COLLECTION

La firme The Wisemen Council et Arnaud Segla se sont engagées à publier des livres numériques selon trois lignes éditoriales à savoir « le Développement économique », « l’Identité ethnique » et « le Développement durable ». Notre but est d’accompagner l’effort de réappropriation du Futur économique et le renouveau de la civilisation Noire dans une logique de valorisation et de partage aux autres cultures de sa philosophie et de son Attitude informelle. Notre collection s’inscrit dans le cadre du projet de recherche empirique de son Think Tank, la Méthode Ka, ainsi que de ses activités de consultation en Stratégie de projets.

 

Publié à ce jour :

 

 

Collection Développement économique :

 

Catégorie Analyse

Un aperçu des défis au sein de la communauté des entrepreneurs ethniques, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2015, ISBN: 978-2-924872-24-6

 

An overview of the challenges within the ethnic entrepreneur community, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2015, ISBN: 978-2-924872-21-5

 

L’entrepreneur informel entre efforts et peu de richesse, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-22-2

 

The informal entrepreneur between efforts and little wealth, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-23-9

 

 

 

Catégorie Guides

Une entreprise ethnique en 40 heures, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2014, ISBN : 978-2-924872-20-8

 

Business in the box, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2014, ISBN: 978-2-924872-13-0

 

L’art de s’intégrer par l’entrepreneuriat, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2014, ISBN : 978-2-924872-15-4

 

Successful Citizens through entrepreneurship, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2014, ISBN: 978-2-924872-19-2

 

Stratégie de projetsethniques, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-17-8

 

Ethnic Project strategy, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-14-7

 

Réussir par la voie Informelle, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN : 978-2-924872-16-1

 

Succeeding through the informal way, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-18-5

 

Catégorie Manuels

Attitude, Correction, Simplicité et Modération, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2017, ISBN : 978-2-924872-41-3

 

Introspection, Intuition, Réalisme et Indépendance, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2017, ISBN : 978-2-924872-52-9

 

Catégorie Précis

Comment fonder mon entreprise Informelle, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN : 978-2-924872-03-1

 

How to settle my informal enterprise, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-04-8

 

Comment présenter mon projet informel à des personnes a ressources, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN : 978-2-924872-05-5

 

How to present my informal project to people of resources, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-06-2

 

Comment créer mon entreprise ethnique, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN : 978-2-924872-07-9

 

How do I create my ethnic business, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-08-6

 

Comment lancer monentrepriseethnique, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-09-3

 

How to launch my ethnic business, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-10-9

 

Comment faire durer mon entreprise ethnique, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-11-6

 

How to make my ethnic business last, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2016, ISBN: 978-2-924872-12-3

 

Catégorie outils

Gabarit pour rédiger un plan d’affaires informel, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN :978-2-924872-31-4

 

Template to write an informal business plan, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN:978-2-924872-32-1

 

Gabarit pour rédiger un plan de stratégie Marketing informel, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN :978-2-924872-33-8

 

Template to write an informal strategic Marketing plan, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN: 978-2-924872-34-5

Collection Identité ethnique :

 

Catégorie Citations

Les Anges dans l’esprit, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2014, ISBN : 978-2-924872-25-3

 

Catégorie Nouvelles

Le Point, quatre saisons pour reconstruire (édition révisée), Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2013, ISBN 978-2-924872-26-0

 

Au nom de l’a-guère, le jour du réveil, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2015, ISBN : 978-2-924872-27-7

 

Catégorie Méditations

Le Rat psalmiste, de là part, de mon cœur, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN : 978-2-924872-51-2

 

Catégorie Prose

Le Cri de la Calebasse, Arôme antique, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN : 978-2-924872-35-2

 

Le Cri de la Calebasse, Perles d’exil, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN : 978-2-924872-36-9

 

Le Cri de la Calebasse, Oasis à l’orient, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN 978-2-924872-37-6

 

Le Cri de la Calebasse, Noir Mystère, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN : 978-2-924872-38-3

 

 

 

Catégorie Roman

The Black Kingdom, la voie des dieux, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2013, ISBN : 978-2-924872-28-4

 

Arc en ciel, Gougoune j’aurais ta peau, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN: 978-2-924872-50-5

Collection développement durable :

 

Catégorie Méthode Ka

Introduction à la Méthode Ka, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2013, ISBN : 978-2-924872-30-7

 

Introduction to the Ka Method, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2013, ISBN: 978-2-924872-29-1

 

Charte de projet de la Méthode Ka, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2012, –

 

Concept Ka, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN: 978-2-924872-40-6

 

Ka Concept, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN: 978-2-924872-39-0

 

Ka Concept Ka, Arnaud Segla, The Wisemen Council, 2018, ISBN: 978-2-924872-49-9

 

Ces livres sont disponibles à ce jour sur Amazon.

 

 

 

 

[1] La Fayda (innondation en arabe) ou est une expression métaphorique qui traduit l’adhésion massive d’hommes et de femmes à l’Islam et à la tarîqa Tidiane. C’est un effluve des connaissances gnostiques et des vérités essentielles.

 

[2] Voie de Dégagement Nord

[3] The truman Show, 1998, drame et comédie satirique américaine produite par Peter Weir avec Jim Carrey

 

[4] Âme et Égo, partie noble et décadente.

[5] Oto nou ma sé to: ceux qui sont têtus

An overview of the challenges within the ethnic entrepreneur community θ ARNAUD SEGLA

An overview of the challenges within the ethnic entrepreneur community θ ARNAUD SEGLA

 

An overview of
the challenges within the
ethnic entrepreneur community

ARNAUD SEGLA

Segla, Arnaud, 1978-, author
An overview of the challenges within the
ethnic entrepreneur community
ISBN KDP: 978-1790649020

Legal deposit
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017 Bibliothèque et Archives Canada, 2017

Book and cover design: ASSOUKA
Cover illustration: © rabbit75_fot
Translation: ldoron – Fiverr.com
admin@thewisemencouncil.com.

 

Sommaire
Sommaire 4
Introduction 7
OVERVIEW 9
Financing 9
Strategy 11
Knowledge 13
Network 15
Recognition 18
Profile 20
Attitude 24
Conclusion 26

What is ethnic entrepreneurship?

Ethnic entrepreneurship applies to business projects developed by the new immigrants. Also applies to resident entrepreneurs who enrich the offer of local products and services by those of their culture.

“Each Human is
important to the eyes of God.”

Introduction

The idea of writing an overview of the challenges within the Montreal ethnic entrepreneur community was given
by my former director to assess the need for new services and initiatives. Instead of making an inventory of specific needs from my day to day work experience with the Black entrepreneurs I created a general picture of the main realities within the ethnic community in the Cities of Western countries where we live as Diaspora. This analysis target essentially the ethnic entrepreneurs that recently immigrated, emphasis on the Black community, who have the challenge to integrate themselves as individuals or communities. Most of you are familiar with them, but at least we can now have a document that we can share so that everyone will be on the same page to start an action against these challenges and initiate CHANGE…

OVERVIEW

Financing
The major obstacle that ethnic entrepreneur community is facing is access (qualification) to financing sources for ethnic projects. The banks are focusing on the project in technology with a high degree of innovation and are more willing to give money to projects already in the commercialization phase. This is not the case of most projects that we support. They still need to have some aspects of their concepts finalized. Apart of the banks there are institutions that give loans or grants. Most of the loans have quite high interest rates due to the fact that there is a risk to finance this kind of projects or due to the credit score of the entrepreneur. There is high demand for the grants, but the offer is reduced. The last sources are contests that offer grants as prizes, but you can find few Ethnic entrepreneurs, so far, in those general contests except those targeting this public. That justify the specialization of the supporting agency, such as the one for women, immigrants, or the ethnic community to address those specific needs. A fund that can provide kickstart money as loan or grant especially for small projects is needed and could make the difference in our Cities. That will complement the offer of community credit (based on microfinance) that is available all over the province. These financial initiatives to help entrepreneurs can create many success stories: “Small amounts for great impact.”

Strategy
Despite high creativity in building a concept or expressing a business idea most entrepreneurs still don’t know the basic elements of strategy to position themselves on the market and be sustainable by grabbing market share based on a continuous marketing strategy. This is due to two main aspects. The first aspect is the business culture of the ethnic community in which businesses are initiated for surviving or everyday living purposes. This cliché deeply influenced the way people consider their businesses when they start without previous experience: Just as a source of income to live and not to grow and create wealth. The second aspect is that the businesspeople who are really successful already live in the circles of businesspeople (family, network, inspiring figures etc.) in most of the cases. Some will say that they learn from other communities, such as Jewish people, how to deal with money or that it’s natural for them. In Africa where the Black people originated, we have a cast of merchant and informal trade is accessible to everyone. The business culture, including strategy, is not an obstacle that we cannot overcome. This resource is still inside us and we can learn the best from others and take advantage of the technology to be higher performers in developing our community economy.

Knowledge
Doing business implies learning every day and staying connected to the trends that affect our market. It is not common to see an ethnic entrepreneur value informative or business intelligence to question himself or evolve. Most of them think they already know everything and just have to run their businesses. They often neglect the market research since they want to start selling and be active as soon as possible, then see that they are not making the money they were expecting. This obstacle applies not only for ethnic entrepreneurs but is within us. I call it “knowledge”, but it can be seen as everyday readiness to adapt and pivot due to change in the environment. It’s all about habit and behaviour because the information is available and other entrepreneurs will make the effort to go and learn every day from blogs, online newspapers, or traditional media. The only solution is to keep on sensitizing entrepreneurs to this necessity in their work. One example of essential knowledge is financial literacy to cope with bad credit profiles that limit ethnic entrepreneurs in accessing grants, loans, or credit lines.

Network
One important asset for doing business is the network. Experts say that you need to have at least one accountant and a lawyer to run as SME efficiently. A good network also includes a potential partner or supporter. I make the difference with a consumer or supporter community of a business and the entrepreneur network. This network should be full of potential resource people or businesses. It should be an assortment of useful profiles and be as reliable as possible. The mistake that some Ethnic entrepreneurs often make is that they stay in a small and defensive network to “strengthen” the relationships and solidarity between businesses and peers. They keep on developing the vision of the “for us by us” reacting concept. This a way of doing business, but, in the Cities, we are not numerous enough to have a strong ethnic economy as an enclave. “The money needs to circulate” as we need to keep in mind. We need to make the difference between solidarity among us to sell outside the community and developing local market to sell within us. There are different manners of supporting ethnic enterprises apart from being an exclusive client. The Chinese (or Asian) community is showing solidarity, but still sells outside the community, because there is a promotion of specific products that are now part of people’s regular needs (food or restaurant, proximity grocery, low cost product). Other ethnic community could also think about their specialization as part of the strategies to enter the Cities market: art, dance courses, craft, sports coaching, consulting, freelance etc. at a high level of QUALITY or HIGH ETHNIC ADDED VALUE to what is achievable with natural strengths and not only through niches. “Quality can sell everything to everyone”. Building an efficient network means opening the door to other cultures and skilled people. It’s all about the mindset of the entrepreneur. Better networking choices will lead to a generally better integration of ethnic entrepreneurs in the Cities. If we reinforce our strengths, by specializing our offers and not competing with others in what is common in the market, we could avoid too much diversification due to our creativity.

Recognition
The ethnic project suffers from lack of recognition compared to the rest of integrated entrepreneurs. The analysts don’t understand the relevance of these projects which are in most cases look the same. As I said, we are creative, but this creativity scarcely leads to innovation, which is what makes the difference in market economy (neo liberal). Creativity is usual business for informal economy, but lack of realism in the transition to the market economy limits the impact of this talent. The ethnic entrepreneur does the same thing as the neighbour and only add a specific personalizing touch to be “unique”. Thus, they often think that people steal their ideas. Creativity is not enough if you don’t create a breakthrough that helps your competitive advantage to have more impact on the market and make the difference with the competition et strengthen the sector entry barrier. We see a lot of hair, skin, health care, wellness companies, and alsoonline fashion store ideas from women, and technology based, professional services firms from men. It’s all about taking risk. By taking more risk in using their creativity and being realistic, it will lead ethnic entrepreneurs to more innovation and then diversify the portfolio of ideas issued from Diasporas in the Cities.

Profile
The profile of the ethnic entrepreneur is affected by diversity, low financial power and the difference in the immigration period. The diversity is a common aspect and part of the community’s inner reality, which is why we state, “cultural groups within the ethnic community”. That means that our approach to business is different from one culture to another: Francophone vs. Anglophone vs. Lusophone vs hispanophone …; African diaspora vs. Caribbean diaspora… The way you do your promotion or offer services to these different cultural groups should be different. One will prefer the prestige and the other will prefer low price or identity. Some are straight in their business relationships and others will prefer flexibility. Addressing those groups as unique entities could lead to certain mistakes despite the fact that there is an apparent dynamic of sharing an “ethnic culture” based essentially on the common origin of the ancient people or the sense of belonging to a great and major religious group. Traditions are as various as people, so they can’t be a real factor of unification. Personally, I prefer to talk about “federation” of people instead of union concerning Africa and beyond ethnic groups. In general, the ethnic community members value education, but don’t come from the same realities. For example, most of the Africans had access to low price education, but that was for an intellectual elite created through a system of eliminating examination that narrows the number of students all along the process. Nowadays quality education is more challenging. In North America studies are accessible to those who can afford them without a great selection process. That leads the low financial power population to stay in the lower part of the socioeconomic category. That creates a difference between the African immigrants and the Afro descendants in North America who can barely share the same vision of their life in the Cities nor the action to be taken to change the situation. The low financial power is also due to the fact that jobs accessible to most members of our community are often with low wages despite the level of education. That creates a class of people with the same (middle) revenue level even if some have different experiences with social outreach (or social mobility). Indeed, these success stories from ethnic community members are the result of success in integration and sometimes lead to a rupture or less engagement with the ethnic community and realities. Ethnic groups are not the only ones to suffer from insufficient revenue, but lack of integration reduces access to key social and strategic positions. At last the difference in the period of immigration of communities foster or not the social outreach of new comers. There is no fate in the fact that the members of the community have less social outreach. Entrepreneurship is a good way to change things. We need discipline and efforts to walk this way and ensure that many of us succeed.

Attitude
The attitude of ethnic entrepreneurs is often between distrust (they know everything for their business) and victimization (the world is against nous). In the middle you have ignorance of the basic codes of business: realism and power. Once again, it’s all about the mindset. Most of us are Soul people and despite the challenges we can rely on our faith (on God or on what we believe in and that drive us) to move forward and build better conditions for the next generations. We spent a lot of time fighting against other cultures or regions, but the great fight is still within us to free the intimates (and maybe spiritual) sources that lead to PRIDE and WEALTH and unify us in the symbols of civilization. At some point we need to have a point of no return to the past and see the potential of the future to build a better economic situation for our people all over the world. We need to change and correct our attitude (mindset and behaviour) by firstly believing in ourselves and considering us as bearers of essential projects for Humanity (no matter what the size or the impact). Secondly by federating ourselves as a strong and diversified community. Then we will prosper together to build a better heritage for the next generations. And at last share our heritage with the next generations so we achieve a quantum community revenue leap at each generation. Changing the attitude is a process: Believe – Federate – Prosper – Share. It’s a new deal that we can achieve because “Faith is our strength and drive”.

Conclusion

With globalization all the people are fighting for the sake of their civilizations or cultures. Economic development and even power should prevent people from losing their identity and disappearing by adopting other people’s ways of life. More than this cultural concern, the fight against insufficient revenue and beyond “poverty” that affects the ethnic community is a legitimate reason to change our mindset to succeed in everything we achieve, especially business. We are the only ones to understand and invest in the future of the next generations by committing to efforts, efforts, and efforts again for the rest of our lives the same way we pray… until Justice prevail again. The Quality in what we do is the key to open all the doors that were closed for our economic development. That takes the correction of our attitude (realism) and a better Time management as inner guide (power). The vision is that if entrepreneurship can help the skilled workforce which cope with insufficient revenue (new immigrants, non-integrated residents, bottom middle class citizens) to afford social outreach then, they could create jobs with their businesses to help the group of our community “suffering” from poverty. This is the reason of our engagement for ethnic entrepreneurship as consulting firm. This type of entrepreneurship should be ideally a vocation (as a life style) and not the worst-case option (for surviving). Hence the idea of performance that should we should consider. Despite the fact that God and Faith are not part of the business vocabulary we need to keep our Identity as Soul people to prevail in the market. This time the Recall that is made to us is about moderation; respecting each Human being and value Life:

“Each Human is important to the eyes of God.”

Photo: Awa Lake Diop

Arnaud Segla M. Sc., M. Sc. Admin., CAPM. Consultant, Manager and coach in ethnic, informal and corporate entrepreneurship. I organize and animate learning activities and accompany many entrepreneurs in the attaining of the objectives of their business project.

Since 2009 I offer consulting services for ethnic and informal entrepreneurship projects within the economic and identity development for migrant workforces. I associated myself with every helping stakeholder to realize my vision with the business The Wisemen Council.

After the advent of globalization, migration for economic reasons between and within states have increased strengthening ethnic and informal entrepreneurship phenomenon. This raised the question of the installation, integration and the success of these adventurers in search of an El Dorado. We believe that entrepreneurship is a solution for the reclaiming of economic power of the popular classes by creating wealth and value.

Our goal is to improve the performance of ethnic and informal structures and the quality of their outputs. To do this, we define better strategies and projects to improve the competitiveness of our partners and the knowledge of our partners’ customers. We definitely involve our skills to serve the community. This is the meaning of the message: “Every Human is important to the eyes of God.”

Our target clientele is usually divided into 3 major groups:

entrepreneurs and business incubators;
universities and entrepreneurial training organizations;
associations and organizations with a mandate to support entrepreneurs (community projects or development of entrepreneurship;

We invite you to discover our services in order to consider with us a beneficial partnership by leveraging our mutual resources to provide an efficient and quality solution for you and your customers.

The Wisemen Council is a firm focusing in strategic consulting for ethnic projects. Since 2009, it specializes in the implementation of simple management practices, effective and on measures for a better project performance and competitiveness of entrepreneurs and organizations operating in a critical financial environment. The Wisemen Council has developed an alternative method, the Ka Method, that we offer to some economic actors in the context of our Think Tank.

 

 

www.thewisemencouncil.com

 

ARNAUD SEGLA θ Le Point « Quatre saisons pour reconstruire » θ Nouvelles

ARNAUD SEGLA θ Le Point « Quatre saisons pour reconstruire » θ Nouvelles

 

ARNAUD SEGLA

Le Point
« Quatre saisons pour reconstruire »
Nouvelles

 

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Segla, Arnaud, 1978-a
Le point: quatre saisons pour reconstruire
Comprend du texte en anglais.
ISBN KDP:9781790629282

I. Wisemen Council. II. Titre.

Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Bibliothèque et Archives Canada, 2017

Maquette et mise en pages: LawalAjibola et ASSOUKA
Photo de la couverture: © MalandaLoumouamou
Illustration intérieure: MalandaLoumouamou
admin@thewisemencouncil.com
www.thewisemencouncil.com

© THE WISEMEN COUNCIL, 2017

Chaque Homme est important
aux yeux de Dieu

Sommaire
Sommaire 4
Introduction 9
PREMIÈRE SAISON 13
L’homme de la ruée hèle 14
Esclavage: chauds Mages et prêts Karité 20
Isoloirs et bon parti 25
Mentalités non modelables 30
Coopération informelle 36
Évolution dans le passé 42
Initiation à la musique 46
Arts martiaux autochtones 51
Le déclin de l’empire 55
La note de frais 60
Commerces et détail 65
La religion du Peuple de Dieu 69
DEUXIÈME SAISON 75
Seconde main 76
Sans papier, sans perdre pied 81
Union astrale 86
Entreprise nouvelle 91
Les deniers incultes 95
La menace des clones 100
Tribut à individus 105
Le chant du Coq 109
Pelures et noblesse 113
Civilisations masquées 118
Langage universel 123
À l’école du cirque 127
TROISIÈME SAISON 135
Imposture sur le revenu 137
Instruction continue 142
i-pote 146
Civilisation noire contemporaine 150
Diaspora économique 155
Unité 158
Slam 162
Bénévoles de bon secours 167
Rustines de l’emploi 172
Aux raisons 177
À ciel ouvert 182
Un monde en projet 186
QUATRIÈME SAISON 191
Habitats dans la Cité 193
Éco-logique 197
Sentiment marginal 201
Renégats ou mercenaires 205
Ignorance et peur des asservis 209
De « guère hier » à « a bons dons » 212
Trahison de garnison 218
L’information en réseau 222
Affirmation professionnelle 226
Terre promise 230
Déclaration de « l’a-guère » 234
Pour la dernière foi 237
Les illustrations de ce livre sont réalisées par Malanda LOUMOUAMOU, conceptrice d’œuvres graphiques, qui ancre ses racines en Afrique, et dont les branches, nourries àla lumière d’études artistiques en France, portent au delà des frontières. Son style original est une invitation au voyage proposée à tous les lecteurs, unis vers un imaginaire universel. Grâce à sa touche picturale, elle nous transporte dans l’espace onirique des textes de ce recueil, afin de s’en faire une image en quelques mots…

Aux femmes instruments de paix en temps de conflit.
À leur contribution à l’essor des peuples.

Aux victimes de « l’a-guère ».
Pour leur combat de libération.

À la famille et aux amis d’enfance,
première communauté de référence

Introduction

Lors d’un voyage à Belloc dans le pays Basque français, j’ai eu la chance de découvrir des stèles discoïdales funéraires datant de l’avant christianisation du pays. La symbolique des gravures a beaucoup retenu mon attention notamment la représentation de Dieu: un point. Selon le moine qui nous servait de guide, ce point était gravé d’un coup de burin en fermant les yeux et en ne pensant à rien. Une manière très humble de reconnaitre sa méconnaissance de l’Essence divine tout en manifestant sa présence dans sa foi traditionnelle.

Le point par la suite a été aussi ce poing levé la tête basse par un athlète dénonçant les conditions des droits civiques des noirs d’Amériques. Poing levé par une organisation radicale, au logo félin, dans le combat pour la réhabilitation d’un peuple. Toute une culture du poing levé qui a traversé les continents de la terre mère jusqu’aux plages des exils de la diaspora.

Le point peut être ce qui a manqué à l’étudiant immigré pour valider son année et s’épargner les coûts supplémentaires d’un redoublement. Dans une notation «mythologique» dont la coloration rouge reflète souvent le sang trahi de ces peuples économiquement nomades ou les yeux des autochtones inconscients de l’apport des longues années de contribution.

Le poing quand il tombe est la preuve qu’une discussion est nécessaire. Le dialogue est toujours le meilleur moyen de s’ignorer lorsque les actes ne découlent pas des joutes oratoires. Alors j’écris ces lignes pour un peuple coloré aux accents chantants qui n’appartient à aucune nation si ce n’est celle de l’exode vers les Cités en or du monde. Oubliant Sion dans cette ruée vers le phare «Western», dont l’union valide la réussite, les communautés peinent à garder leur identité et l’héritage de leur passé.

Le point c’est le salut de jeunes se reconnaissant de la même sensibilité néo-culturelle. Le poing à poing n’est plus une question de couleur de peau mais d’attitude.

À défaut de redresser tout le tort, ce recueil de nouvelles est une exhortation à la prise de conscience d’un peuple économiquement opprimé à s’investir dans la restauration et la préservation des cultures issues de civilisations masquées. Spora, Fanta et les autres seront nos guides. Bienvenue dans cette fable économique construite avec un regard contemplatif mais qui, au final, devient un tableau de la vie communautaire et populaire dans les cités occidentales, attendant une nouvelle aube sur leurs sociétés…
«Notre quotidien autrement dit »
C’est un point de vue, un point de départ.

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PREMIÈRE SAISON
L’homme de la ruée hèle

Son origine se perd dans le flot des existences. Les siennes et celles de ceux qui combattent comme lui. Il hante les rues, de sa quête d’autonomie à la couche qu’il partage ou souhaite pouvoir fournir à son futur en devenir. Il erre dans cette oasis aux reflets miroitant un bonheur confortable et exportable aux compagnons restés dans le besoin loin, loin de son terrain de compétition. Telle une spore expulsée pour aller porter du fruit ailleurs au nom de l’arbre fixé, Spora tenait son nom de ses pères.

Spora marchait depuis longtemps dans une ruelle du centre ville, l’allure toujours féline de son style Spora’ttitude. Un jean bleu porté bas, un chandail porté très ajusté sous son survêtement, des chaussures de sport mises au goût de la mode contemporaine. Il avait toujours aimé le «vintage», le «oldschool» mais l’attitude a son prix et ses contraintes. Les nombreux emplois qu’il occupait lui imposaient une couleur noir professionnelle que son uniforme naturel ne reflétait pas aux yeux de ceux censés employer ses compétences plus glorieuses.

Il approchait lentement du club où il avait maintenant l’habitude d’oublier sa condition. Un professionnel en formation extradé et purgeant sa peine d’intégration dans un pénitencier aux murs de verre. Ça fait réfléchir, mais lui prenait tout cela sportivement avec le minimum de sagesse que sa pudeur et son humilité permettaient; Spora’ttitude! Les accents de la musique emplissaient à présent ses oreilles, pendant qu’il entrait. L’accès était gratuit mais par correction Spora contribuait par une boisson et un pourboire pour soutenir l’activité de son club. Son peuple à lui n’était pas fait d’une couleur de peau mais d’une réalité économique.

Ses chaussures de sport troquées pour celles de danses, il prenait la mesure de l’ambiance et des partenaires de danses potentielles. Les danses latines et urbaines avaient marqué sa vie tout au long de son parcours. Il s’identifiait à présent à cette culture composite faite de nombreuses influences modernes et traditionnelles. Une famille de cœur en somme.

La première danse fut pour lui plus qu’un échauffement. Le rythme envoûtant soutenait sa créativité dans une légitimité des peuples qui l’avaient dans le sang. Spora ne voulait pas vivre de ses attributs car ils faisaient aussi place à des préjugés qui tenaient d’une époque où aucun autre rayonnement que les attributs n’était reconnu à sa culture. Les partenaires se succédaient mais aucune relation ne s’établissait. Il était venu chercher un peu de chaleur humaine et briser son isolement mais pour l’heure impossible d’apprivoiser dans un lieu fait d’éphémère et de superficiel à tort ou à raison. Passer sa soirée à danser à sourire mais se sentir seul et le rester à son retour. Où trouver les membres de cette famille de cœur qui seraient dans l’interaction quotidienne? Trouver la bonne connexion dans les combats à partager. Il y songeait très souvent et la notion de communauté lui semblait à présent essentielle pour naviguer dans sa ruée vers l’or. Il lui semblait qu’il n’y réussirait pas seul tant la «Matrice» établie était dure à surmonter par le simple courage d’individus isolés.

Spora rangea ses chaussures et prit congé au hasard des visages qui le regardaient. Il n’aurait pas dû penser à tout ça mais son quotidien ne pouvait s’arrêter de vivre en lui. Les heures de transport en commun non plus. Il avait envie de crier son exaspération et sa lassitude. Être ligoté dans son expression mais devoir se sentir heureux d’être tout de même là et pouvoir y vivre. À quel prix sacrifier ses rêves et envies aux réalités implacables d’une «Matrice» qui dicte sa loi invisible dans des textes indicibles. Il était captif de case pour son bien et celui de son honneur resté en friche dans l’attente de l’emploi épanouissant qu’il souhaitait sur les bancs.

De dépit, il composa son numéro d’urgences. Un moment d’absence pour retrouver sa présence. Un grand râle qui exprime la mort à une vie de conformité et l’acceptation du Chemin tout tracé vers un point de mire Divin.

« L’homme de la ruée vers l’or hèle mais personne encore ne souhaite entendre son cri. »

Esclavage: chauds Mages et prêts Karité

Spora s’était réveillé ce jour-là crucifié au sens symbolique. Il venait de perdre à nouveau son emploi et sa situation financière limitait toute initiative sociale. L’isolement qui en découlait et sa forme physique rudement mise à l’épreuve par les évènements de ces derniers jours chez son employeur finissaient de planter les clous de son agonie dans la passion. Quel était ce monde insensible et impassible qui se détournait instinctivement des détresses humaines. La vitrine reluisante semblait plus intéressante à maintenir que le bien-être du vitrier. Tant de générations avaient servi à bâtir cette réussite sans qu’aucune ne cherche réellement à assurer un avenir stable pour les progénitures et les émules pris de la même frénésie du bonheur ailleurs et du développement de la mère patrie par contumace.

Sa foi ne l’avait pas quitté jusqu’ici même s’il semblait accorder plus d’attention à sa propre culture. Un Christ Sauveur ou un Dieu unique pouvait selon lui s’accommoder d’un panthéon de dieux traditionnels qu’il considérait finalement comme des archanges ou des djinns venus administrer la vie divine sur son sol. Dieu ne se faisait-il pas toujours plus proche de son peuple? L’envie de rire le prenait malgré sa situation. Pour avoir tant négligé les hommes médecine, Bokonon, N’ganga et autres marabouts, il s’était coupé d’une symbolique qui reflétait sa nature profonde. Mais bon, la notion de Mal était tellement associée à ces pratiques qu’il était mal vu de les croire œcuméniques. N’était-il pas non plus victime d’un coup du sort? Voir sa vie lui glisser entre les mains au point de vivre réellement du don de pain quotidien ; lui un ingénieur technico-commercial ! Le rictus se figea et la moue de dégoût prit place sur le visage envoûté par l’odeur du café. L’agent du service de chômage allait encore se sentir performant en demandant une tonne de documents. N’était-il pas capable de se retrouver dans ce fatras administratif ? Que dire de ces autres compagnons d’armes limités par la maîtrise de la langue, le manque d’organisation et la déroute d’une finance dans l’urgence ? Quelle vie!

La file d’attente du service était comme à l’accoutumée au pire de son effectif. Une armée d’hommes et de femmes de la rue et de la ruée venait quémander le bon secours divin administré par des anges aux allures mesquines. Tout était une question de point de vue. Un budget ministériel à faire tenir sans grand déficit. Un budget ménager à obtenir d’eux sans grande illusion. Chacun tenait sa position et dévisageait l’attitude du plus à plaindre. Dans un affrontement Macro ou Micro économique. La Société contre l’Individu, les Ménages contre le panier de la ménagère. Seuls les statisticiens pouvaient encore donner le score d’un affrontement sans merci mais juste fait de «Au revoir à la prochaine». Spora savait que tôt ou tard sa contribution sociale serait prélevée lorsqu’il aurait l’activité stable que tous cherchaient mais maintenant il avait faim et besoin de cette avance pour vivre. Un prêt qui n’était qu’une actualisation de son propre apport en tant qu’actif potentiel. L’éternel regard dur l’accueillit au guichet, malgré le sourire et la politesse de la Spora’ttitude, l’immense Canyon désolait toute tentative d’échange entre le prolétaire par la force des choses mais qui se savait compétent et le pro lettré qui jouait le rôle assigné pour maintenir les brebis de sa condition dans le troupeau. Un chien à laine en somme…

L’argent ne venait toujours pas. La durée de traitement des dossiers était estimative et contemplative. Aucune science ne pouvait définir le temps mis à chercher des poux à des affamés en tenue d’apparat. Alors on attendait l’allocation de ce prêt aux allures de pommade, du Karité de premier choix. À défaut d’engraisser on reluirait aux yeux de l’entourage. Les sacrifices ne faisaient plus mal et la réputation était une notion trop abstraite pour un ventre aux talons hauts qui martelait son besoin tous les jours. Fallait bien trouver une solution. Se faire chaud Mage de sa propre vie et exorciser les factures et les dettes d’un monde à qui on rendait compte avant de se confier à Dieu. Ce ne sera pas facile mais la solution ne pouvait consister à briser la partie la plus fragile de la prison de verre. Retirer le membre le moins fixé par le clou dans un pénible effort charnel mais salutaire ou… Mourir.

Hors de question! Nul ne pouvait laisser sa vie partir ainsi pour une théorie ou la pensée d’une minorité autovouée à dominer par le truchement des limitations et de la rétention de connaissance.

« L’âme du monde vit de ses fils les plus inutiles car ils sont froment qui unit la richesse et le commerce des hommes. »

Isoloirs et bon parti

Le baptême battait son plein, cet après-midi-là. La communauté et les familles les plus proches avaient tenu à être présentes. On baptisait le petit dernier mais c’était aussi l’occasion de se réunir et de reprendre contact pour certains. Les tenues traditionnelles ramenées du dernier séjour en vacances rehaussaient en couleur le panorama des générations d’un peuple qui avait accepté de se mêler à une autre culture. On riait de bon cœur et seuls les dialogues en dialecte divisaient pour un temps ceux qui l’avait appris et ceux qui n’y rêvaient même plus.

Fanta n’aimait pas beaucoup ce genre de rendez-vous. Elle était venue par amitié et pour briser son isolement. Un an qu’elle ne voyait plus personne. La dernière relation avait encore tourné à l’illusion. Les hommes savaient cacher leur jeu et se révéler décevants au moment où onattendait d’eux un engagement ferme. L’âge aidant elle ne voyait plus son avenir laissé aux mains de beaux parleurs et incapables de s’assumer. Fanta sentait l’urgence de faire un choix définitif et d’assumer toute sa vie. Au moins les enfants seraient une richesse à préserver. Elle s’étonnait à réfléchir de la sorte, elle qui, à défaut d’être féministe, se sentait «femme moderne» émancipée, à l’emploi de tous les attributs de la réussite féminine… Seule.

La tradition s’était imposée à elle par l’accumulation des coups de la vie. Une femme indépendante ça dérange certains ou en attire d’autres. Elle savait que sur cette terre quelqu’un était son homme idéal mais elle n’avait plus le temps de l’attendre. Le destin se mettrait à jour de lui-même. Elle dévisageait distraitement les mâles de l’assemblée sans trouver un grand intérêt. Sinon un, oui Spora, le mystérieux Spora. Nul ne pouvait dire si elle l’aimait ou pas. Elle avait déjà repoussé ses avances maladroites et pressantes mais il n’en demeurait pas moins qu’il l’intriguait. Que savait-elle de lui si ce n’est ses grandes études, sa précarité actuelle, son long combat pour s’en sortir, une maladie confuse mais un charme naturel. Elle aurait bien aimé lui donner une chance mais cela prendrait trop de temps de le mettre à son standard de vie. Elle ne se voyait pas comme une femme suivant aveuglement son conjointmais plus comme une partenaire avec qui il fallait faire des concessions. Sa vie aussi elle l’avait bâtie seule et ne voulait pas tout remettre en cause sur un passage affectif ou une impression diffuse. L’amour devient sérieux à partir d’un certain âge.

Elle se leva pour donner un coup de main à la cuisine. Ce n’était même pas une question de tradition ni même de bienséance, juste de la solidarité entre femmes, entre copines. La modernité s’en accommodait volontiers. Spora la vit et la suivit du regard. Un pincement dans son cœur était imparable. La femme de sa vie disait-il souvent. Il ne savait pas pourquoi elle restait peu encline à ses avances. Il n’aurait pas pu aimer avec plus de franchise qu’avec elle. Il déplorait son côté romantique et fleur bleu ou «oldSchool» qu’il ramenait au goût du jour parfois; Spora’ttitude! Il n’avait jamais vraiment été très macho ni homme fort par le passé mais depuis sa déception, il s’imposait une loi martiale et beaucoup de rigueur. Si seulement il pouvait savoir ce que voulaient les femmes et surtout Fanta. Ses amis lui rappelait le B A BA : mentir aux femmes, être fort de caractère, un bon compte en banque et une performance dans la complicité. Drôles de valeurs! Fallait-il revoir la Spora’ttitude? Il avait tant aimé danser avec elle par le passé, lui qu’on appelait «el Gato» pour son style particulier. Il partageait cette passion avec elle. Faire le deuil d’une telle relation même éphémère lui semblait inhumain avec l’intuition qu’il avait de pécher par manque de foi. Il s’en remettait alors aux mains divines. Elles avaient su le mener à faire la rencontre de Fanta alors pourquoi s’acharner à forcer le moment où les conditions seront plus propices. Qui sait?

« Deux adultes libres et potentiellement disposés ne constituent pas un couple tant que l’union de leurs conditions de vie ne leur semble plus impossible. L’Amour est une éternelle enfance de sentiments »

Mentalités non modelables

L’ambulance venait de quitter le domicile laissé à la vue des nombreux badauds. L’infortuné se rendait à moitié conscient à L’hôpital. Son mal ne venait pas vraiment de l’imminence d’une perte de conscience mais plus d’une trop grande pensée mystique et exaltante qui menaçait de lui faire rejoindre le monde des anges. La solitude aidant et le stress de l’angoisse face à un univers initiatique que seule la vie semblait lui imposer le ramenait à son état de transes naturel et spontané. Un lourd héritage voilé par l’éloignement des sociétés traditionnelles de son pays. «Le village ce n’est plus d’actualité, on y va pour voir les anciens se reposer et c’est tout» avait-il déclaré un jour. Son assurance et sa foi monothéiste avaient pris un coup depuis que son trouble se mettait en place. Où trouver des réponses à ces facultés nouvelles?

Le médecin aux urgences fut plus prosaïque: «Manie psychotique, Délire religieux, on ne se prend pas pour un prophète ici. » Il avait prescrit un lourd traitement et une période d’observation.

Comment avait-il pu en venir à cette situation ? Un étudiant brillant, un avenir plutôt ouvert, une famille solidaire? Que lui manquait-il, pourquoi lui? À mesure que les questions fusaient, sa tête bouillonnait et ses pensées s’accéléraient tel le cyclotron de ses cours de physique à l’université.

Pendant ses études à l’extérieur de son pays, il avait su prendre le pli du monde dans lequel il évoluait. La vie stressante et pleine de contraintes administratives. La solidarité entre étudiants exilés avec ce que cela comporte de quolibets mais aussi de moments de joie. Sa foi restait encadrée et se développait dans un univers d’où des moines étaient venus apporter la Bonne Nouvelle du Salut et la mauvaise de l’impérialisme. Aujourd’hui il faisait sa route avec cet héritage ou du moins cette amputation car le dialecte maternel était le seul lien avec son village et sa tradition. Les soirées au clair de lune sur les plages, les danses traditionnelles, la pêche et la chasse, les cérémonies de dot etc. Tout cela était depuis devenu surréaliste et alimentait ses fantasmes d’initié hors lignée. Où allait cette Tradition sans s’associer aux religions dominantes et aux réalités du monde contemporain ? Le vieux sage rescapé ne devait-il tenir sa vie du virement d’argent international ou de ville à village sans voir sa science traverser les âges?

Il pensait en s’endormant difficilement, fatigué de ne plus pouvoir dormir, que ses symptômes tels que décrits dans une science implacable et guidée par le contrôle sans implication de la société, pouvaient trouver un autre accueil dans une culture différente ou un autre système de pensée. Une simple traduction des sciences exactes et médicales vers l’informel de l’art mystique et empirique des sociétés traditionnelles dans ce qu’elles ont de plus noble à offrir. Une transe reste une transe mais dans des sociétés où l’individu reste isolé et où la quiétude du voisinage ne tolère pas les écarts de comportements, la sécurité devait primer. Aurait-il pu finir autrement que dans un cloitre traditionnel de son village?

Le réveil se fit avec une sensation d’avoir seulement cligné des yeux. Que pouvait-il dire au temps? L’horloge était intraitable. Il avait dormi quatre heures. C’était un bon début selon les infirmières qui se pressaient autour de lui. Un bon petit déjeuner avec son traitement et la journée allait commencer. Il était important qu’il se réapproprie son corps. L’esprit pouvait survivre sans le matériel mais il avait encore une vie à mener à son terme.

Il repensait à ces idées reçues sur sa tradition, les envoûtements, les morts vivants ou autres zombies, les dieux à sacrifices, la géomancie, les arts divinatoires, les initiations, les danses, les chants… Tout cela ne vivait plus en lui par profession de foi et, bien que le Mal semblât roder par le truchement de personnes peu recommandables, il lui était important de se réconcilier avec cette part de lui qui allait avec sa peau. S’il sortait de cet hôpital il essaierait de rattraper le passé : Tradition, Religion et Modernité mis dans un même talisman : son corps équilibré. Pour l’histoire, la sienne.

Pensant aux malades de son pays hôte coupés depuis des années des sciences initiatiques, il posa instinctivement l’index sur la tempe tout en caressant sa barbe taillée en bouc et quelque peu hirsute depuis ses jours d’absence. Devait-il compatir ou s’alarmer que des solutions empiriques aient pu être mises de côté pour des questions de rationalisme. À voir sa propre culture se vider de son essence c’était comme condamner le monde entier à n’entrevoir son salut mental que par la couleur des pilules à avaler sans autre alternative. Il osa même ce constat avant de plonger dans une lecture riche de sens et de symbole.

« Si le Sauveur d’une religion devait venir s’incarner par une natalité, la plupart de ses dons seraient en conflit avec son médecin et son entourage exaspérés par des attitudes exaltées qui ne se justifieraient qu’une fois sa nouvelle Mission entamée. »

Coopération informelle

«Un peuple doit pouvoir compter sur sa diaspora répartie à travers le globe et, une famille de cœur sur les membres de sa communauté repartis à travers la ville, la région ou le pays. Le lien entre les membres est essentiel pour mener une lutte sur le plan économique ou celui de l’identité sur l’échiquier international. La notion de peau fait place à celle de l’uniforme plus complexe à définir tant qu’elle joue sur des notions subjectives d’attitudes et d’oppression économique. La frontière entre les besoins identitaires et les comportements culturels en voie de disparition reste un art que le monde économique ne peut s’illustrer. »

Le lieu de conflit devenait celui du commerce international. Spora suivait avec beaucoup d’attention la chronique diffusée sur la radio communautaire. Un ensemble d’associations qui se partageaient l’antenne et offraient une couleur bigarrée mais cohérente à l’onde d’un mouvement naissant auquel il croyait. Que ce soit la musique, l’art, la littérature, l’entreprena-riat, la recherche, les compétences professionnelles ou le commerce, une vague de soldats se battait pour faire reconnaître leur valeur, leur mérite.

Le vieux système paternaliste et conformiste qui rétribuait au compte-goutte les efforts mais avalait goulûment les profits et les performances, avait fini par tuer l’enthousiasme des consommateurs les plus fidèles. Privés de cette manne pour les chiffres de la croissance, les États bien en vue dévisageaient l’immigration comme la clé pour un renouvellement de l’actif. Pari risqué lorsque l’emploi servant d’appât n’était pas au rendez-vous et que le bulbe des compétences inassouvies risquait de s’ouvrir et de diffuser un parfum d’une originalité que les autres fleurs du jardin ne sauraient ignorer.

Spora aimait réfléchir à haute voix pendant l’émission. Ça faisait longtemps qu’il attendait ce réveil idéologique. Le coup de départ pour un monde économique supporté équitablement et durablement par des structures à dimension humaine. Sa formation universitaire lui avait présenté les principaux courants de pensée mais lui, s’identifiait à celui répondant à son besoin quotidien et non à une prévision financière et des profits vendus avant leur atteinte. Il enrageait de se voir et de voir ses frères restés au pays pris au piège d’un jeu de stratégie d’un monde qui ne voulait pas se résoudre à passer la main à une autre réalité qui connaîtrait elle-même des ajustements et sans doute un déclin.

Il posa son verre de soda à l’oseille sur sa table de cuisine. Même certaines multinationales très critiquées pouvaient jouer un rôle prépondérant dans la vie des communautés où elles s’implantaient. Toujours cette question d’attitude et de redistribution des richesses. La responsabilité sociale et environnementale que son professeur lui avait durement inculqué d’un cinglant «hors sujet» quant à sa notion d’attitude économique. Il fallait encore du temps pour intégrer la Spora’ttitude à l’université.

Dans un monde idéal, il aurait souhaité envoyer une bourse à un proche resté au pays, monter un projet avec des jeunes professionnels locaux, s’impliquer dans la communauté de sa cité, développer une activité économique informelle ou à petite échelle complétant son revenu professionnel. Il manquait des moyens pour le faire et sûrement n’aurait-il pas le temps de le faire une fois les moyens garantis. S’il avait bénéficié du même programme de micro crédits que les pays émergents, il aurait trouvé le tremplin à son initiative personnelle. Il rêvait que soient reconnues des communautés émergentes dans les grandes Cités aux mêmes titres que les pays sans distinction quant à l’origine. Ces compagnons de précarité pourraient s’in-tégrer à l’économie déjà en marche et ne pas dépendre d’un chèque institué et donné en montrant le baromètre des dépenses publiques.

« Les États assistés ne vivent pas d’une manne naturelle, ils s’endettent tant que leur avenir ne dépend pas des efforts communs de toutes leurs ressources. »

Évolution dans le passé

Ça faisait maintenant longtemps que Spora pratiquait les danses latines et urbaines. Là d’où il venait on improvisait sur les pistes de danse ou copiait le pas du voisin le plus au fait de la dernière mode. Rien de technique, juste une relation corporelle avec son cœur et l’âme de la musique. On disait que son peuple avait le rythme dans le sang. Il pensait plutôt que le sang était pulsé par le cœur mais que celui-ci prenait le tempo des musiques qu’il appréciait. Des cris de joie ressemblant parfois à des incantations d’une société secrète musicale venaient marquer l’accent des mouvements du danseur. Les rondes de danses étaient l’occasion de prouver qui on était et de s’affirmer par le courage de sa création artistique. Rien de technique juste une tradition de danse et de musique qui entretenait cette œuvre commune et populaire dans la vie des hommes. Spora’ttitude!

Dès son arrivée au pays de ses études, l’univers avait changé pour lui. Plus question de faire spontanément des gestes approximatifs et de simplement suivre la musique. La danse avec une partenaire devait être codifiée pour permettre aux deux d’être à l’aise et de ne pas se marcher sur les pieds (même au sens figuré). Il regardait médusé des couples aligner des mouvements d’une rare beauté et d’une complexité qu’il ne reconnaissait pas dans des musiques si festives et populaires. Sans attendre l’accord de Darwin sur ces notes de musiques, il lui semblait clair qu’il fallait s’adapter, codifier ses pas et apprendre à respecter celui des partenaires. Comment le présenter à son cœur ? La rythmique naturelle devait être éduquée d’abord avant d’être à nouveau sollicitée pour la musicalité et la spontanéité des créations chorégraphiques. Cercle vicieux ou vertueux, Spora savait depuis qu’il avait ressenti le vide de sa propre culture, qu’il fallait apprendre des autres d’abord en âne docile et fidèle avant de rugir et régir ses connaissances. Il y avait déjà comme un air métaphorique et philosophique à ses pensées de métamorphose.

Avec le recul, celui qu’on appelait maintenant « el Gato» pour son style quelque peu félin et plein de charité, voyait tout le parcours depuis les moments des danses innocentes jusqu’à la technique qu’il maîtrisait à un bon niveau maintenant. Il avait des allures de vedette de plancher lorsqu’il côtoyait ses anciens compagnons qui n’avaient pas investi dans les formations en danse. Fallait-il leur expliquer le bienfondé de la codification des mouvements ou penser à la modification de l’esprit d’enseignement dans les danses. Sciences corporelles ou Cœur vivant, le dilemme prenait toute sa place en lui. Faire commerce dans l’enseignement codifié des danses chez lui le tentait car il trouvait qu’il y avait beaucoup à apporter de tout ce qu’il avait appris. Que deviendrait alors cet enseignement dans le creuset de ceux qui dansent avec le cœur et le rythme planant dans l’air ambiant? Il craignait d’être la risée des siens ou d’importer un niveau que les couches populaires ignoreraient mais qu’une minorité de privilégiés s’accapareraient pour mieux rayonner sur d’autres en toute sophistication.

Le pas, c’était à lui de le franchir et de l’exécuter. Il se sentait atrophié d’une jambe qu’il avait trop négligée au profit d’un grand investissement en cours et atelier de toutes sortes. Il voulait réapprendre ce qui se comprend par le cœur. Renouer avec les danses ancestrales, traditionnelles et populaires. On ne devait pas perdre cet héritage au profit de la modernité mais il fallait aussi en tenir compte pour équilibrer l’échelle du temps. Ce grand écart facial était l’étirement souhaité pour amener plus de souplesse dans un art divin commun.

« L’art de la danse se communique comme une onde de chaleur. Elle se saisit par les sens ou par l’essence. La science est l’outil qui la décrit. »
Initiation à la musique

Fanta et Spora s’étaient retrouvés dans le tumulte d’un bar équitable dans une rue commerçante de la Cité. Ils observaient avec grande curiosité les particularités de cette nouvelle idée du mouvement social, responsable et d’une Conscience universelle. Des produits choisis pour leur apport aux communautés, des serveurs sauvés de la précarité, la musique d’artiste en herbe, en somme tous les ingrédients de la lutte qui s’était engagée. Le gouvernement avait mis du temps avant d’accorder son crédit puis ses subventions à ce type d’initiatives mais les chiffres du chômage et les caisses de l’état avait vite appelé à la sagesse politique.

Fanta portait un de ses ensembles amples, qui sans faire penser aux boubous africains, s’inspiraient du confort de ce type de vêtement. La modernité se nourrissait tellement du passé pour faire croire à sa créativité. Ils commandèrent des boissons d’un pays différent pour laisser place à la découverte. On pouvait effectivement tout découvrir dans ces bars, des décors à l’histoire des personnes. La musique qui passait jusqu’alors s’arrêta. Le gérant introduisit le dernier opus d’un artiste issu du combat comme eux. Il avait commencé sur les planches d’une scène modeste dans un restaurant où l’émergence de l’artiste et du mélomane audacieux était en gestation.

Spora prit une rasade et s’essaya:
«Sais-tu qu’on peut s’initier à la vie par la musique?

— Encore une de tes théories à dormir debout?

— Non sérieux. J’ai appris avec le temps que le contenu des albums était à la fois personnel et intemporel. Tout est une question d’écoute et surtout de dons d’écoute. Les paroles trouvent leur place dans notre présent avec parfois une telle acuité que l’on se demande si cela était écrit pour nous. Les instruments n’apportent que la ponctuation d’un tel message. C’est tellement agréable de vivre en soi la création d’un artiste.

— Tu vas me dire sans doute que les artistes sont un peu sorciers. Mais comment comprends-tu le message de ceux qui parlent une autre langue?

— J’avoue qu’en matière de musique les miracles sont permis. J’ai longtemps accepté l’idée de comprendre de façon musicale les langues insulaires du fait de l’héritage commun et des racines des mots. Mais rapporté à la musique, je dirais que tout cela est assez intuitif et personnel. Peu importe le sens exact, l’essentiel c’est l’interprétation que cela suscite. C’est comme un hologramme révélé par la bonne fréquence musicale. Chacun peut avoir son interprétation ou partager son sens avec un autre.

— Une sorte d’Espéranto musical en somme…

— Je dirais plus une langue arable sur laquelle on peut semer son sens en tenant compte de sa perception et des accents et ponctuations des instruments. Les instruments parlent aussi d’une certaine façon et le fait de n’avoir aucun mot à écouter, facilite aussi en nous l’interprétation dans le quotidien.

— Tu devrais vraiment prendre soin de toi. Ces théories sont trop fantaisistes et tu sais que je n’aime pas quand tu les développes. Tout ça m’éloigne toujours de toi. »

Fanta savait ramener les débats à leur plus simple et ultime expression: la conclusion. Spora ne désarmait pas pour autant mais savait que seuls des artistes pouvaient avoir le même «feeling» que lui. Ce qui était perçu comme tel ne pouvait qu’avoir été créé comme tel. Cela prendrait trop de temps de réapprendre à jouer un instrument pour prouver les vertus de l’acoustique. Il avait déjà la faculté de marquer les accents musicaux dans sa danse mais rattraper le temps perdu en apprentissage d’un instrument serait trop pour lui. Il s’était promis tant de raccommodages entre l’héritage tronqué et la modernité cherchant à s’inspirer de ce même passé. «Rien ne se crée, tout se transforme» savait-il sans savoir pourquoi certaines cultures avaient condamné des traditions musicales avant de vivre de la sécheresse dans leur création machinale dans cet art. La musique était encore le seul langage dont le contenu était conservé et transmis sans grande opposition doctrinale.

« La musique s’enseigne pour la valeur du message à passer mais aussi pour celui à comprendre. »

Arts martiaux autochtones

Comme beaucoup de jeunes garçons, Koua avait passé des heures sans limites à suivre des films d’arts martiaux et s’était exercé à mimer les combats du novice qui devient son propre maître et venge sa famille. Les cinémas de fortune de son quartier avait été ses repaires favoris après l’étude. Très vite, ses compagnons et lui avaient pris le chemin des écoles martiales où la fiction laissait place à la réalité du conditionnement physique et moral. La peine endurée ne pouvait qu’être salutaire. On y retrouvait une seconde famille, des compagnons d’armes et des partenaires de combat pour des luttes qui présumaient déjà des conquêtes à mener pour s’affirmer dans la vie.

Des années de pratique menaient sans nul doute à un confort technique et à un état d’esprit conquérant. La vision d’un entraînement martial obligatoire pour les mâles de l’époque avait pour objectif de combler le vide laissé par l’abandon de l’enseignement religieux traditionnel dans les écoles au nom de l’œcuménisme et de la laïcité sacro sainte. Les mouvements nobles aux culottes courtes pouvaient faire place aux ensembles de combat. Il était essentiel de ne rien retrancher sans rien mettre à la place.

Koua vivait malgré tout un malaise. Il avait appris tous les styles possibles et intégré des techniques qu’il comprenait dans leur exécution et leurs applications, mais il recherchait à présent la poésie du maître ou de celui qui s’apprêtait à le devenir. Les réalités qui avaient guidé les fondateurs à créer des coups et parades à partir de la contemplation et de la méditation dans la nature lui semblaient à la fois universelles mais aussi incomplètes. Le monde moderne révélait de nouveaux défis pour l’Homme, une autre façon d’être au monde, mais la Tradition martiale intemporelle ne se renouvelait que peu ou pas du tout. Que dire aussi de son interprétation à lui de son milieu naturel? Les animaux et les réalités de sa tradition pouvaient aussi enrichir des styles martiaux et passer à la postérité. Seuls des maîtres audacieux pouvaient élever leur technique ou s’élever dans la méditation sur l’essence de leur art pour retrouver le vocabulaire avec lequel les premiers maîtres avaient décrit leur monde.

Être son propre maître lui semblait à sa portée et le partager avec des proches aussi. Ce qui l’ennuyait c’était de devoir le faire accepter à sa tradition martiale. Son origine n’était pas noble ni du sang de ceux qui étaient les dépositaires de la science des maîtres. Son initiative ne pourrait qu’être perçue comme farfelue et manquant de respect pour l’enseignement reçu.

Il devait s’y mettre malgré tout et montrer la voie à d’autres. Les maîtres de son pays ne déméritaient pas et la Tradition martiale aussi devait trouver sa déclinaison dans le mouvement créatif contemporain.

Koua sortit de son appartement pour courir. Un maître en devenir ne devait se permettre aucun écart dans sa formation ni son conditionnement. Le défi qu’il s’était fixé de relever lui redonnait l’énergie de souffrir la rigueur de l’entrainement.

Un jour, son pays, sa région, son continent mais aussi son corps, sa famille, son peuple aurait son Art martial identitaire. Il y croyait déjà à mesure que ses foulées se déployaient dans le sable chaud.

« L’art martial tribal est une connaissance issue de toutes les cultures. L’effort de codification est à l’honneur de ceux qui ont su prendre la voie de la sagesse. L’oubli est de renoncer à recréer par paresse ou bassesse. »

Le déclin de l’empire

La finance en tant que religion économique se devait de redevenir l’outil stratégique pour la prise de décision sans reproduire les influences néfastes des marchés assoiffés de profits rapides et virtuels. Les crises successives et la perte traumatisante et, plus que symbolique, des deux colonnes du temple montraient, aux yeux de certains esprits de l’époque, la fin d’une conception du monde des affaires.

Spora et Koua s’étaient rencontrés sur le lieu d’un emploi alimentaire que beaucoup d’étudiants et de jeunes aux revenus insuffisants étaient contraints de faire. Koua n’étudiait pas pour le moment. Il avait dû abandonner à l’arrivée précoce de son fils. Elle avait insisté pour être mère dès la première année de leur relation et il ne lui avait pas tenu tête longtemps. Un empressement et non une erreur, selon lui, qu’il avait réussi à assumer par la force de son travail et le soutien de sa famille. Le poids financier l’obligeait néanmoins à arrêter ses études en attendant la régularisation de son statut de résidence. C’était deux beaux jeunes hommes qui se respectaient et croyaient en la force du mouvement d’émancipation que portaient les couches populaires dans une nouvelle forme d’identité.

Ils discutaient souvent pendant leur travail à l’usine qui les employait à temps partiel lorsque les pics de production le nécessitaient. Koua soutenait avec force que le nouvel Empire à la tête du monde saurait prendre la cause du mouvement d’économie sociale même si sa politique intérieure ne donnait pas encore des signes clairs de liberté et d’identité des minorités tels que le défendait le mouvement. L’Empire serait un partenaire de choix pour le commerce de bien, la coopération technique et le développement des industries. Spora n’y croyait tout simplement pas. Comme toute puissance hégémonique, l’Empire se devait de maintenir des consommateurs permanents des produits qu’il développait astucieusement avec les anciens impérialistes. Spora maintenait qu’il était plus judicieux pour le mouvement de changer le système impérialiste classique d’antan ou même de créer une alternative nouvelle qui reprendrait ses concepts à la base c’est-à-dire au plus près des consommateurs identifiés. Un jour ou l’autre le passage de témoin devrait se faire pour un système ou pour l’autre et il valait mieux s’impliquer pour celui qui était plus à même de défendre les intérêts du peuple ne fût-ce que même par désir de domination.

Koua riait de ses arguments à mesure qu’il chargeait la palette de produits. Il appelait cela vendre son âme au diable. À suivre le raisonnement de son ami, il préférait que des élites et intellectuels du mouvement social, responsables et d’une Conscience nouvelle, prennent le risque de s’imposer au plus haut des Cités. Ils souffraient hélas d’un manque de crédibilité. Même le peuple opprimé économiquement hésitait en fin de compte à leur confier leurs voix, incrédules qu’ils étaient que ce type d’idées puisse un jour aboutir à un gouvernement du monde. Les leaders charismatiques ne manquaient pas mais leur portée et leur nombre ne suffisaient pas à faire changer la Terre.

À mesure que le charge-palette allait et venait de l’aire sous douane à l’entrepôt, les deux hommes poursuivaient leur argumentaire en surveillant l’horloge et l’heure de la pause.

À défaut de se convaincre, l’un et l’autre, de celui avec qui il fallait s’associer pour réussir, une chose semblait émerger de cette discussion : un mouvement alternatif pouvait faire sa place auprès du peuple et pour le peuple sans faire de démo classiques. On se devait d’y croire et de refléter par l’attitude les principes de base du combat: bonne gouvernance, éthique, respect de l’environnement, respect et redistribution des richesses aux communautés, commerce équitable, intégrité par adhésion…

« Le monde économique influence la vie d’une planète dont les habitants sont tributaires des richesses produites. L’har-monie vient de l’échange du surplus d’équité*. »

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*Capital

La note de frais

«C’est un scandale!» s’exclama-t-il en tenant sa copie d’examen. «Ce prof se fout du monde!» Spora ne décolérait pas à la vue de sa note. «Qui pouvait mériter un tel affront si ce n’est ceux de sa condition?» pensait-il les doigts tremblants de colère. Une larme coula sur sa joue. Il la nettoya dans un geste nerveux et imprécis. Le restant de goutte finit tout de même dans la commissure de ses lèvres. Il se dirigea vers la cafétéria de l’établissement. Il venait de rater sa session.

Malgré l’anonymat des copies, Spora et beaucoup d’autres étudiants issus de l’immigration temporaire ou de résidence, pensaient que les dés étaient pipés à chaque examen voire même que les notes étaient indexées à des plafonds de pénitence. Tous les prétextes étaient bons: mauvaise maîtrise de la langue, idées pas claires, raisonnement confus, calculs intermédiaires non présentés, théorie non élaborée, argumentaire faible… «C’est du délire!» pensait-il. Il se savait d’un niveau supérieur à celui de certains dans son cours mais il savait qu’une attitude négative n’arrangerait pas les choses. La Spora’ttitude pouvait être dure à vivre parfois. Les préjugés sur son peuple et ses capacités intellectuelles devaient encore subsister malgré l’essor des technologies et de l’information. C’était encore à sa génération de payer la note de frais.

Spora pensa à Koua qui était sorti du système sans ressentiments malgré son brio et son potentiel. Il s’était fait aux réalités des études en terre d’exil et avait choisi d’in-vestir pour son fils pour le moment. Spora savait que tôt ou tard il faudrait changer les choses pour ces descendants et suivants qui seraient aux prises avec un système et non plus avec les hommes qui l’ont institué.

Encore un dur casse-tête. Trouver à nouveau les sommes pour payer une nouvelle session. Déjà l’aide du gouvernement ne suffisait pas et la famille peinait à suivre le rythme des dépenses à l’extérieur. Son nouveau boulot à l’usine ne garantissait pas des revenus stables et il ne pouvait pas consolider tous ces micros revenus pour améliorer sa note de crédit et demander une marge étudiante. Il n’avait personne pour cautionner ses emprunts. Seule une rigueur dans les dépenses pouvait le sortir des ennuis financiers.

Travailler à l’usine lui prenait du temps. Vivre cette précarité lui causait du trouble et sa concentration n’était plus aussi efficace. Étudier dans ces conditions n’était pas aisé mais ne plus étudier signifiait pour lui partir. Des esprits pratiques et quelque peu cyniques lui avaient maintes fois conseillé de rentrer chez lui s’il n’avait plus les moyens de vivre pendant ses études. Il entendait encore clairement ces voix dans son esprit et le souvenir prenait place dans la situation présente comme un coup de glaive. Cette conception rapide et simpliste de la vie d’une élite d’un pays émergent ou, plus exactement, pauvre, représentants en mission de formation pour son pays, méritait que le voile soit levé sur le sacrifice de ces générations d’apprenants qui quittent tout pour rentrer dans un long processus de sélection.

Le programme du gouvernement avait été établi dans le cadre d’accords de coopération avec des pays qui ne pouvaient pas former les meilleurs étudiants sur place. On octroyait une bourse aux meilleurs afin qu’ils se forment et surtout qu’ils retournent développer leurs propres pays. Au début, le contrat était clair pour les jeunes postulants mais avec la découverte d’un monde offrant de nouvelles perspectives et la perception que le retour chez soi ne serait pas accompagné d’un changement accueillant dans les mentalités, faisaient dévier un bon nombre, les changeant en mercenaires amnésiques de la dette morale.

Spora se souciait peu du débat idéologique. Il lui importait plus de réussir ses sessions sans ces discriminations qui lui semblaient comme une flagellation pour le ramener de son statut d’élite d’un pays pauvre à celui de pauvre dans un pays d’élite. Il sortit du bâtiment pour attendre le bus. Il avait hâte d’être chez lui et d’écouter sa sélection de musique des moments durs. Celle du réveil de la conscience d’un peuple auquel on ne reconnaît aucune valeur.

«L’équité dans la formation s’apprend aussi par l’exemple donné. Les jeunes sont le terreau des nouvelles idées. »

Commerces et détail

Plusieurs épiceries de proximité se répartissaient l’espace du quartier où Spora habitait. Elles le dépannaient bien souvent lorsqu’il n’avait pas le temps ou le courage de se rendre dans le centre commercial ou ces magasins de «Discount» pour y dénicher la dernière promotion sur les produits de son quotidien. Aller en grande surface était un exercice de choix car il prenait le temps non seulement de comparer les prix, la qualité, les quantités mais aussi l’origine et la réputation des compagnies. Depuis qu’il le faisait, il s’était constitué une base de connaissance qu’il aurait bien partagée avec d’autres ou vendue à un magazine de consommateurs. Les astuces d’achats ne manquaient pas, selon lui, et les pièges des producteurs évoluaient à mesure que le marché devenait exigeant et les consommateurs conscients. Vérifier le prix relatif (au poids, à la quantité), et les emballeurs faisaient place à la nécessité de connaître les compagnies, leur engagement dans les communautés et vis-à-vis de l’environnement. Son cours de marketing l’avait initié dans cet art mais il continuait à éplucher les journaux et analyser les autres médias.

Le marché populaire était le lieu le plus indiqué pour se plonger dans la cellule de base de l’économie sociale: les petits producteurs. Ils venaient directement vendre leurs produits aux clients sans passer par des intermédiaires coûteux. Il aimait poser des questions sur leurs coopératives et exploitations. C’est toujours mieux de s’informer à la source. Spora flânait plus que de raison dans les ruelles du marché à défaut de se sentir dans son pays, il se sentait chez lui, dans sa famille. Son lourd sac au dos, il s’avançait vers le magasin de produits exotiques, sa dernière escale ce jour-là. Les produits n’avaient rien d’exotique pour lui, c’était juste des produits locaux de communautés exilées et immigrées qui recréaient un espace familier dans leur lieu d’intégration. Quoi de plus agréable que de mixer les plats indigènes de la Cité et ceux de son pays! L’ambiance à l’intérieur n’était pas celle des autres petits magasins d’alimentation. Tout le monde y portait l’uniforme. On y recherchait les prix bas, comme toujours, mais aussi une relation avec les vendeurs qui ressemblaient, dans le combat, à ceux qui achetaient. On contribuait ainsi à leur essor en maintenant soi-même son budget et en gardant le contact avec des réalités des pays. D’aucuns diraient que c’était une forme de protectionnisme à petite échelle et un frein aux échanges mondiaux. Pour Spora, cela ne le gênait pas de supporter d’abord un acteur économique communautaire local avant de consommer des produits de multinationales ou importés. D’ailleurs le commerce équitable permettait déjà des échanges entre pays mais leurs volumes ne pouvaient pas encore soutenir l’économie mondiale. L’enga(ge)ment envers les efforts des entreprises de la communauté était un bon début pour soit développer un nouveau système économique, soit en créer un complémentaire qui prendrait en compte les couches populaires. Une économie à deux vitesses, une pour les financiers pollueurs et une autre pour les entrepreneurs écolos, ne pouvait être envisagée même de cette façon caricaturale car les systèmes se devaient d’être communicants. Communautés riches et pauvres se devaient de vivre dans le même environnement, la mondialisation restait le juge-arbitre entre une «mondanisation» outrancière et une paupérisation illégitime.

« Acheter c’est aussi voter pour son parti économique. Il n’y a pas de bon parti définitif mais des voies de médiation entre les Peuples. »

La religion du Peuple de Dieu

Le Peuple de Dieu est le peuple opprimé et le Sauveur qu’Il lui envoie vient des pousses les plus inattendues de sa Racine. Spora s’amusait à dire qu’Israël ne méritait plus d’être le peuple de Dieu s’ils avaient fini d’être opprimés. Mais Dieu était fidèle à ses promesses et son peuple à lui se devait d’attendre le Salut économique d’une Bonne Nouvelle ou d’une Révélation qui bousculerait l’ordre du monde et libérerait les poches de ceux qui usaient leur vie dans un système prolétaire devenu plus pernicieux que jamais.

Un Sauveur, noir dans l’uniforme, celui des professions alimentaires, d’usines, temporaires ou tout simplement précaires, voilà ce qu’il attendait. Le Salut venant des couches populaires et défiant l’élite financière mondiale. Il pouvait rêver mais avec un peu de force et de conviction, cela pouvait arriver.

De la traversée d’une mer rouge et foncièrement capitaliste non pas à pieds nus mais à mains nues, celles de la nage pour l’espoir, il parcourrait l’étendue désertique des lendemains de crise. Dans la lignée de son règne idéologique, ses descendants affronteraient des peuples accrochés à leur pré-carré dans un combat où tout le Peuple devrait apporter sa contribution électorale et son engagement à s’émanciper. La Terre promise serait celle du respect de la personne dans son besoin de vivre et profiter des richesses auxquelles il contribue et pour lesquelles le don de Dieu initial n’a pas été remis en cause.

Spora aimait se raconter des histoires farfelues. Comme bon nombre de jeunes il les qualifiait de «délires» et en abusait pour le simple plaisir d’ouvrir ses horizons de pensée et de rire. Fanta n’appréciait pas ce manque de sérieux qu’elle qualifiait de puéril.

S’il devait jouer le rôle du Sauveur du Peuple auquel il s’identifiait, il devait naître doué mais amoindri dans sa nature et sans doute avec une origine inattendue. On a beau être un futur «boss», il fallait commencer au plus bas avant la gloire. Une fois ses dons totalement manifestés et sa feuille de route divine reçue, il choisirait des associés et bâtirait une société ou encore une coopérative pour entamer les joutes avec ses détracteurs et adversaires. Il serait présent également sur le plan de la pensée économique en contribuant à l’élaboration de nouvelles théories qui révolutionneraient le monde des affaires de façon durable comme les religions monothéistes ont fixé la notion du Dieu unique et tout puissant avant de se perdre quelque peu dans des batailles de disciples et de révélations.

La fin, il n’osait l’imaginer. Il vivait déjà au quotidien, selon lui, la limitation de la crucifixion — comme le disait un maître contemporain — en ne vivant pas à sa faim et en brisant son rêve professionnel et d’accomplissement. Non ce qu’il craignait c’était l’élimination d’un coup soufflé dans une arme silencieuse ou d’une lâcheté à la hauteur de la victoire idéologique. « Heureusement le Sauveur ne meurt pas toujours en martyr mais choisit de se retirer » se dit-il à lui-même en se levant du divan. Le match de Basket-ball allait bientôt commencer et il voulait soulager sa vessie pendant l’interlude. Les sportifs étaient les vrais héros des temps modernes. On pouvait croire en eux, prendre exemple sur eux ou même parier sur eux. Jamais un économiste ne pourrait soulever les foules si sa volonté politique ou son charisme ne le mettait pas au-dessus des détails techniques de sa théorie. Héros ou Sauveur ? Le monde trouverait son mot pour une réalité déjà prédite mais longue à se mettre en place. La Spora’ttitude passait le relais à la vraie Sport‘attitude des héros en unie forme physique.

«Dieu a crée l’Homme par Amour et pour qu’il soit heureux sur la terre qu’Il lui a léguée. Quand certains avilissent d’autres par un moyen qu’ils se sont approprié, la libération doit venir comme Miséricorde suprême pour ceux qui subissent. »

DEUXIÈME SAISON
Seconde main

Ça faisait un bon moment que Fanta et Asi cherchaient, fouillaient et comparaient les habits dans ce magasin. Elles étaient adeptes du «shopping» comme bon nombre de femmes mais elles accordaient une grande importance à ne pas dépenser pour rien. Autrement dit, acheter des habits d’occasion pour elles et leur entourage ne les dérangeait pas. Elles réussissaient de bonnes affaires et pour les enfants c’était l’idéal.

Asi était mère de deux magnifiques bambins. Elle savait que c’était un sacré budget de changer la garde robe de deux fiers garnements qui semblaient avoir signé un contrat avec les marques d’habillement pour enfants afin de faire des tests de résistance et d’usure. Elle optait pour la seconde main le temps qu’ils soient grands et choisissent eux-mêmes leurs tenues d’apparat. Les adolescents étaient si exigeants à ces moments-là. Elle n’était pas pressée de passer à cette étape. Pour l’instant ils s’accommodaient de leurs vêtements surtout qu’ils ne se souciaient pas de l’origine.

Les deux femmes savaient aussi se faire coquettes en alliant habit neufs et d’occasion. Les fripes, comme on disait, recelaient souvent des trésors qui avaient été à peine touchés par les acquéreurs initiaux. Elles mêmes devaient souvent se séparer d’habits qu’elles ne pouvaient plus porter lorsque le tour de taille et la balance s’alarmaient. C’était un heureux cycle qui selon elles était à la fois à l’avantage du porte-monnaie mais aussi pour limiter les productions abusives de biens de consommation.

Ce raisonnement était plausible du point de vue du consommateur mais pour une industrie déjà en crise qui délocalisait les unités de production pour baisser les coûts et favoriser l’achat en masse, la note devait être salée. Le commerce de luxe pouvait se cacher derrière la notion de marque et justifier des marges importantes mais pour des produits qui visaient justement des couches populaires, la seconde main devenait une concurrente sérieuse.

Des deux côtés la contribution aux communautés était réalisée même si l’échelle n’était pas la même. Les nombreuses familles vivant du travail en usine avec le salaire d’un pays au coût de la vie non élevé se voyaient mises en comparaison avec celles d’un autre où les quasi-bénévoles se satisfaisaient d’un modeste revenu juste préférable aux revenus du chômage. Ce qui était important pour avoir un statut quelque peu reluisant. Une réalité fratricide qui opposait directement les chiffres de la croissance des uns à ceux du chômage chez les autres. Ce n’était pas pour arranger le débat interne sur l’attitude à adopter face à ces mises en relation issues des échanges mondialisés.

À voir le volume réel de la seconde main dans les cités, il ne semblait pas alarmant de considérer une telle activité comme problématique pour l’industrie même si son essor pouvait faire craindre une baisse du chiffre d’affaires provenant des couches les plus pauvres et des consommateurs avertis comme Asi et Fanta.

Elles faisaient déjà de même sur Internet pour d’autres objets toujours par conviction et avec le secours du conjoint dans le cas d’Asi. Les domaines où la production effrénée de biens nouveaux dont la vente devait être dopée par la suite ne manquaient pas. La seconde main dans les grandes Cités trouvait de plus en plus d’adeptes et d’homologues dans les pays au coût de la vie bas quand il ne s’agissait pas tout simplement de vivre du marché de la contrefaçon.

« Vendre ou produire pour le bien des communautés locales ne signifie pas soustraire des biens de l’équation économique qui permet aux gouvernements de redistribuer les fruits de l’effort commun du pays. »

Sans papier, sans perdre pied

Spora avait dévié. Il le savait depuis que l’arrêté d’expulsion lui avait été envoyé. Les études ayant pris un coup dans sa condition d’étudiant vivant la précarité et son corollaire de contre-performance intellectuelle, il ne voyait plus le chemin du retour aussi glorieux qu’il l’avait maintenu jusqu’ici dans ses pensées. Il n’avait rien réalisé et avait échoué si près du but. Rater ses sessions avait un coût et, même si ces professeurs semblaient l’ignorer dans leur impartialité obséquieuse, il ne voulait pas plaider son cas auprès des instances gouvernementales. Il n’était plus officiellement une élite d’ailleurs et son pays aurait à rougir d’avoir donné un tel titre à un de ces fils pris dans le piège de l’échec.

Il était hors de question de rentrer chez lui avec si peu de considération à attendre à l’arrivée. Il s’obstinait à vouloir remplir ses filets avant de suivre la suite du chemin. Inexorablement, il rejoignait le flot des combattants dans l’illégalité des statuts qui ont basculé pour une raison ou pour une autre. Les cas étaient tous différents et les histoires à la croisée des destins manipulés jusqu’à la désillusion.

Spora se devait d’être pratique et de quitter son piédestal d’intellectuel peu représentatif. La réalité était dure pour lui à présent. Trouver du soutien et s’encadrer de personnes capables de défendre son cas. La famille restait dans la confusion. Elle n’avait pas vu la dérive se mettre en place avec ses multiples échecs mais elle se gardait de communiquer une telle humiliation à l’entourage. La notion de communauté s’arrêtait au porche lorsque le déshonneur était à la porte.

D’un naturel débrouillard, Spora se plia aux règles de vie de ceux qui ont échoué dans la ruée vers l’or et qui deviennent mendiants d’un statut défraichi. Triste conso-lation que l’on se souhaitait comme deuxième chance de briller aux yeux du commun du peuple.

L’avocat était optimiste mais la procédure serait longue. Pas question de se manifester officiellement avant la fin des débats. Il fallait cependant vivre dans ce monde paral-lèle qui s’ouvrait tel un conteneur de poubelle pour accueillir la prochaine victime effacée du registre des hon-nêtes résidents de la Cité.

Beaucoup ne comprenaient pas à quel point il était facile de sombrer dans ce cauchemar. Les témoignages des victimes étaient souvent réservés aux professionnels ou aux proches qui n’avaient pas peur de leur venir en aide tout en défiant la loi.

L’immigration telle qu’elle était, c’est-à-dire sans être affublée de qualificatifs aux bons prétextes, était le corollaire dérangeant des pays qui s’étaient adonnés à un impérialisme glorieux. Ils fuyaient à présent la responsabilité d’honorer la présence de ceux dont l’affranchissement n’avait pas suffisamment mis hors d’atteinte de l’accoutumance à un système maître-sujet. Accoutumance maintenue aussi par les uns pour toujours satisfaire des besoins de domi-nation et d’exploitation dans des domaines nouveaux. Et par les autres pour faire retarder le moment d’une émancipation franche paralysée par la croyance en une infirmité de l’enfance ou par peur d’un affrontement sur des terrains où seul le mouvement populaire et intellectuel indigène peut faire rebasculer le fléau de la balance.

« L’écriture ne va pas sans support, sans papier. Imprimer des statuts arbitraires à des hommes c’est corrompre l’œuvre de liberté à laquelle tous ont droit dans la déclaration universelle issue de leur esprit. »

Union astrale

La sagesse se manifestait au détour des rencontres de la vie et en profiter apportait beaucoup de bien pour l’oreille et l’esprit attentifs. Le vieil homme avait abordé Spora à sa sortie du centre commercial. Il cherchait son chemin depuis un certain moment. «Je vais vous y amener. J’ai du temps», proposa Spora avec déférence.

Les deux pas s’accordaient à mesure que le chemin se déroulait devant eux. Le vieil homme brisa le silence qui était à vrai dire plus une absence de dialogue à entendre le brouhaha environnant de la Cité. «Dis-moi jeune, comment un si bel homme peut-il se balader sans sa dulcinée à son bras ? » C’était une question osée mais Spora ne semblait pas si gêné. Fanta était la dernière peine qu’il vivait et il ne savait ce que l’avenir lui offrirait en réhabilitation sentimentale ou conciliation de destin. Le vieil homme sourit aux mots pleins de confiance et de lucidité de Spora. «Jeune homme laisse-moi te conter une légende de la tradition de mon pays. » Le vieil homme se racla la gorge et expulsa son contenu dans un bac à sable municipal qui bordait l’avenue.

Un jeune homme de ton âge s’éprit d’une belle femme qu’il avait croisée un jour près du puits de son village natal. Elle avait des réticences à voir un homme de la ville et qui n’avait plus rien à voir avec sa tradition se préoccuper d’une femme sans éducation ni connaissance des sciences modernes. «Si tu veux de moi, tu dois me promettre de respecter ma condition de femme traditionnelle et donc accepter de t’initier comme tous les hommes de notre village. » La jeune femme le dévisagea pendant qu’il réfléchissait. Elle en avait connu d’autres qui ne s’étaient pas montrés braves jusqu’au bout. Il finit par acquiescer malgré sa peur des pratiques ancestrales dont il ne retenait que les envoûtements et autres rites occultes. Ils allèrent tous les deux voir leurs familles et demander consentement et date pour la cérémonie préalable du jeune prétendant.

La communauté se réunit le jour dit et tant attendu. Il avait insisté pour que son initiation se fasse comme celle des autres villageois. Au terme d’une épreuve de courage, il devait recevoir son identité traditionnelle puis être d’astreinte tout le jour dans le cloître pour finir d’ac-compagner la course du soleil.

Dès l’aube on lui fit absorber un élixir pour déclencher son voyage spirituel. Il devait traverser l’univers hostile de la forêt sacrée pour puiser de l’eau pour sa future femme. La cérémonie commencerait à son retour.

Vêtu d’un treillis militaire mais pieds nus pour les besoins de l’initiation, il rentra dans l’imposante forêt sacrée. D’étranges singes suivaient son parcours en sautant d’arbre en arbre. Il lui semblait que leurs yeux étaient d’un rouge étincelant. Les choses se compliquèrent lorsqu’il se mit à voir des ombres menaçantes joncher le chemin. Elles demeuraient menaçantes aussi longtemps qu’il ne leur accordait pas d’attention. Elles s’évanouissaient par la suite comme par enchantement. Il arriva au bout d’un temps qui lui parut très long au bord du lac où il plongea la jarre tout en ayant l’eau à hauteur des fesses. Il s’arracha à la vase et prit le chemin du retour.

Les chants accueillirent sa sortie de la forêt. Sur le rythme d’une troupe de musiciens préparés pour tenir la journée, on lui fit quitter ses habits et sa belle fut mise à ses côtés. Le prêtre du culte ancestral lia spirituellement et symboliquement leurs deux cœurs. Partout où ils seraient, ils pourraient rester en contact quasi télépathique et ressentir les dangers mutuels. Ils s’unissaient également dans l’âme du monde car, selon la tradition, si leur amour restait pur jusqu’à leur mort, tous deux donneraient naissance à un astre du ciel dont ils seraient le couple originel dans un nouvel Éden et une nouvelle vie en recréant un monde à l’image de leur amour terrestre. Car ceux qui ne respectaient pas cet amour pur était condamnés à revenir sur Terre le chercher naissance après naissance. Dès l’instant de cette union pour nos jeunes amoureux, plus aucun obstacle des deux mondes ne pouvait se mettre en travers de leur union.

Spora restait bouche bée à l’écoute de l’histoire. Si seulement il avait pu vivre une telle union avec Fanta! Le vieil homme ricana «Il est des traditions qui traversent le temps et savent se mettre au goût du contemporain. Qui sait peut-être qu’un jour tu sentiras ton complément d’astre dans une femme comme elle. »

« Amour et tradition demeurent compatibles dans le prolongement du devoir de mémoire. »

Entreprise nouvelle

Spora pouvait s’estimer heureux. Il possédait à présent le précieux sésame qui l’autorisait à séjourner dans la Cité. Il pouvait finir son diplôme et envisager ouvrir son activité comme il avait toujours rêvé. Sa contribution à l’essor de son pays et au bien-être de son entourage serait plus importante. La fameuse coopération informelle dont il se sentait solidaire. Koua et lui avaient quelques idées des opportunités à saisir. Ils étaient prêts à s’associer le moment venu mais pour l’heure il fallait se constituer un capital et finir de se former.

Cette nouvelle entreprise dans sa vie le remplissait d’espoir. Il savait que beaucoup le voyaient rentrer plutôt chez lui pour trouver une activité mais lui rêvait de le faire en investisseur ou en contributeur et partenaire extérieur. Il fallait bien que les entrepreneurs restés là-bas puissent se fier à d’autres connaissant les rouages de la Cité et pouvant défendre leur cause commune. Il fallait se faire confiance et être solidaire. Koua avait compris le défi et s’était associé à l’entreprise sans hésitation.

L’idée d’entreprendre et les capacités pour réussir n’étaient pas données à tout le monde. D’ailleurs peu de jeunes gens recevaient l’appel pour se lancer. Malgré le désir de trouver des débouchés sur le plan socioprofessionnel, l’idée d’affaires avait besoin de naître dans des esprits altruistes et des corps à l’épreuve de la compétition. Le mouvement social, responsable et d’une Conscience universelle, devait pouvoir compter sur des structures qui agiraient selon les principes mis en avant et qui pouvaient donner une coloration autre à l’économie mondiale à mesure que grandirait sa crédibilité.

La finance avait fini par nuire, selon lui, à la bonne marche des entreprises en faisant d’elles des esclaves qui servent à la gloire d’indicateurs et des profits de spéculateurs peu scrupuleux. Les flux physiques et l’impact sur l’environnement et les communautés ne s’invitaient pas dans les bourses mais étaient indexés à chaque calcul de croissance. On peinait à quitter le virtuel des prévisions financières pour le présent des exercices d’exploitation qu’on pouvait aussi rétribuer après de bonnes performances. Les turfistes des bourses ne se préoccupaient plus du sport mais seule-ment de la côte des acteurs économiques. Et dans ses courses tout le monde pouvait s’instituer parieur et influencer le sort des écuries.

Koua rejoint Spora au bar. Ils se devaient de trinquer pour ce nouveau départ. Ce ne serait pas facile comme bien des combats populaires, mais ils voulaient y croire. L’élite serait encore ce qu’elle est mais le saut quantique auquel devait se livrer le Peuple devait permettre de réguler l’accès aux richesses et au bien-être.

« L’espoir naît du fait que l’entreprise dans laquelle on s’engage mobilise les ressources personnelles et donne un sens à l’avenir. »

Les deniers incultes

Le téléphone sonna tôt ce matin-là. Spora eut du mal à émerger de son sommeil et à retrouver l’appareil sous les habits disposés en vrac au pied du lit. Le conseiller de la banque semblait avenant mais son propos était clair: le compte était à découvert depuis trop longtemps. On se devait de trouver une solution rapide. Comme beaucoup de jeunes étudiants, les entrées d’argent n’étaient pas toujours régulières et une fois la marge de crédit consommée, il restait peu de souplesse pour gérer les situations urgentes. Spora raccrocha et se recoucha les yeux fixés sur le plafond. Il soupira profondément et poussa son juron favori. La journée commençait bien.

L’ouverture d’un compte bancaire était obligatoire pour forger son statut dans la Cité. Avec l’adresse civique et le titre de résidence ou de citoyenneté, il constituait les piliers de l’existence sociale. Les activités procurant du revenu ou celles permettant d’échanger ce dernier contre des biens et services ne pouvaient avoir lieu légalement que si ces trois conditions étaient remplies. Des garanties à l’ouverture du compte exigeaient parfois des talents de stratège pour pouvoir bénéficier des pleins services notamment l’accès aux crédits. Après avoir lutté pour se mettre en conformité avec le système, Spora devait se battre pour équilibrer son budget au prix d’importantes privations et d’efforts pour gagner le complément toujours manquant. Il saisit à nouveau son portable et composa le numéro de Koua.

Koua revenait juste de la crèche quand le téléphone sonna, Spora lui parlait calmement mais l’air désabusé. La situation était fréquente, lui-même avait connu ces moments mais avec l’arrivée du petit, il ne se permettait plus d’écart. La vie à deux avait su lui apporter plus de confort pour gérer les fins de mois difficiles. Ce mois-ci, il pouvait aider son ami mais il lui semblait plus judicieux de trouver une réponse durable à ce problème de précarité récurrente dont ils souffraient tous à des degrés différents. Ils se devaient de mettre sur papier leurs idées d’entreprises pour voir si une phase pilote pouvait précéder le démarrage des activités. On ne pouvait attendre indéfiniment que les conditions soient favorables à souhait pour lancer cette initiative économique.

Les banques étaient des acteurs incontournables pour les entrepreneurs en devenir et les entreprises en activité. Le poids de leur influence était ressenti dès la création des structures. Le passé financier et le charisme de l’entrepreneur jouaient dans le crédit accordé à l’initiative. La seule éthique de ces institutions ne pouvait garantir des dérives dans le traitement des dossiers et dans la considération des profils humains des futurs hommes d’affaires. Le soin apporté à l’allure et à l’éloquence offrait certes une bonne première impression mais l’historique financier pouvait ruiner facilement tous les efforts entrepris. Pour deux jeunes étudiants ayant connu des difficultés financières la tâche paraissait déjà dure. Les assurances à donner aux gouvernements et organismes financiers régulateurs sur la solvabilité des comptes commerciaux imposaient un contrôle rigoureux lors de la sélection des dossiers. Les couches populaires, souvent confrontées à des difficultés de revenus, se trouvaient ainsi limitées dans leur essor par des côtes de crédits pénalisantes, du surendettement et l’impossibilité de bâtir un capital de constitution adéquat pour entamer leurs activités. Le secteur informel servait alors de cuve de récupération pour tous ceux dont les idées ne pouvaient s’immiscer dans le système financier canonique. L’accès à la vie économique était trop souvent cantonné à ceux dont l’héritage humain les plaçait au-dessus de la lutte pour la survie.

« Le secteur informel n’est pas un camp où se réfugient les déplacés de l’économie de marché. Il est la force de ceux qui commercent dans un marché complémentaire. »

La menace des clones

Dans l’effervescence du changement de millénaire, et dans la suite de la longue quête de la vie extraterrestre, la Terre de l’Homme avait envoyé dans l’espace plusieurs objets et signaux pour attirer l’attention de potentiels homologues en forme de vie intelligente. L’Adam s’était déjà senti seul après sa création mais il fut comblé par un être de sa nature et dans son jardin.

Nul ne s’était aperçu de la présence d’individus bizarres dans les Cités qui allaient et venaient parmi nous. Les extraterrestres tant espérés étaient là, mais nul ne le savait. Ils avaient étudié la Terre dès le moment où ils avaient collecté les premiers objets dans l’espace. Leur planète était trop petite pour eux, même s’ils n’avaient pas besoin de forme physique pour y vivre. Ils y demeuraient à l’état de spectres et communiquaient par télépathie. Même pour des spectres vivant sans oxygène c’était un enfer de vivre la promiscuité et les interférences télépathiques. Une partie des habitants s’était alors portée volontaire pour être les pionniers d’une invasion de la Terre. Il leur fallait cependant trouver des corps humains pour vivre avec les réalités atmosphériques de la planète bleue et apprendre les langues. Ils pouvaient habiter n’importe quel organisme vivant et se substituer à la matière mais pas à l’âme. Inutile d’envisager de capturer des hommes et de les posséder ni d’utiliser des corps morts et dégradés pour se couler à l’intérieur. Le propriétaire récupérerait son bien à un moment que même eux ne savaient pas mais que leur Guide avait prophétisé.

Il fallait créer de nouveaux corps humains pour eux. Fins scientifiques et profitant des balbutiements de la recherche génétique humaine, ils prirent de l’avance sur leurs hôtes en les clonant et modifiant les génomes. Ils se servaient de tous les rejets même anodins pour récupérer de l’ADN. Les tout premiers avaient créé un laboratoire qui servait de pouponnière pour les candidats à l’invasion. Dans le même temps leurs scientifiques infiltrés influençaient les recherches pour réduire la fertilité des humains et diminuer les naissances. Ces techniques étaient appliquées sur les aliments qu’ils modifiaient pour mieux servir leur cause.

Le plan aurait marché sans aucun problème si plusieurs humains n’avaient pas muté dans ce nouveau contexte et s’était doté de facultés particulières. D’abord montrés du doigt par la médecine et la société, ils étaient enfin admis parmi le reste des humains mais sous haute surveillance car leur originalité faisait peur.

Le scandale éclata lorsqu’un premier mutant affronta un clone dans une situation anodine de la vie. Un médecin cloné souhaitait faire des prélèvements pour étudier les facultés du mutant. Celui-ci prit conscience du danger par intuition et, par un concours de circonstance, son don de télépathie lui permit de capter les pensées peu amicales de ses soi-disant soignants. Il révéla tout le complot aux autorités qui mirent tout de même du temps à le croire.

Les hostilités étaient lancées depuis. Les mutants, considérés comme non sains au départ, avaient des allures de saints à présents. Seuls eux avaient la capacité de démasquer les envahisseurs. Ils étaient intégrés à des troupes d’élite qui faisaient le ménage à travers la Terre. Le clonage et les manipulations génétiques furent mis sous une réglementation sévère et les scientifiques finement triés pour leur éthique.

Koua se leva pour éteindre la télévision. Il s’était endormi devant son émission de paranormal. Cela avait dû influencer le contenu de son rêve. Il prit un verre d’eau et se dirigea vers la chambre où sa compagne et le bébé dormaient déjà.

« Se sentir seul à l’échelle de l’Univers ne doit pas être une occasion de créer la convoitise de ceux dont on ne connaîtrait ni la force ni les intentions. »

Tribut à individus

Le poids de la communauté n’a pas toujours été si lourd à porter dans un temps où l’individu se reconnaissait comme partie intégrante des valeurs qui fondaient sa tribu.

Asi était une femme battante de nature. Elle s’impliquait beaucoup dans les activités des ressortissants de son pays vivant dans la Cité. Au dernier baptême qu’elle avait organisé, elle avait fait l’effort de faire venir les membres de familles éloignées et qui ne s’étaient plus vus depuis des années. C’était la force de nos cultures, selon elle, le milieu familial et par extension communautaire devait souder les membres et permettre de construire un tissu social à l’épreuve des vicissitudes de la vie à l’extérieur. D’ailleurs ceux restés au pays ne bénéficiaient pas de mesures sociales performantes de la part des gouvernants mais pouvaient compter sur la solidarité naturelle de ceux vivant dans la proximité et la promiscuité.

Le bénéfice était double pour ceux vivant dans la Cité: avoir non seulement une aide financière minimale et un encadrement associatif en cas de manque de revenus ou d’incapacité, mais aussi pouvoir compter sur les conseils et le soutien naturel de la communauté de ressortissants avant même celui des amis liés à nous par des intérêts qui n’entrent pas dans le cadre de la culture traditionnelle. Le tribut à payer pour vivre cette solidarité était la réciprocité et la mutuelle disponibilité à aider son confrère de toute sa capacité et de toute son énergie.

Pour Koua la vie en communauté avait vécu. Il s’était impliqué à son arrivée mais n’en avait tiré, selon lui, que des déboires. Les conseils-influences sur ses choix de vie, les commérages sur sa vie privée et son union, avaient fini par l’exaspérer. Sa communauté à lui se montrait trop sectaire à son goût. Le sentiment d’être des privilégiés à la naissance et des bénis des dieux leur donnait de fiers airs d’arrogance et une opacité dans l’échange avec les autres. Koua se disait moderne. Il aimait sa tradition mais ne s’y accrochait pas au point de ne pas profiter du contact avec les autres ressortissants vivant dans la Cité. Un brassage culturel dont se privait sa communauté à trop vouloir maintenir sa pureté de sang et de culture. Le contact avec les activités de son entourage était ramené à leur portion congrue. Les fêtes religieuses principales et les évènements majeurs lui suffisaient. Pas question de s’impliquer dans un club, un regroupement générationnel ou d’hommes pour y discuter sans fin de problèmes du pays sans jamais prendre de décisions concrètes. L’argent avait fini par briser la relation. Les contributions solidaires se multipliaient et semblaient n’aller qu’aux mêmes qui manquaient de pertinence dans leurs choix de vie. À trop rester dans le traditionnel, ils ne s’adaptaient pas assez aux réalités de la vie dans la Cité et revenaient sans cesse avec de nouveaux problèmes. Son choix de se lier avec une femme de la Cité avait fait couler beaucoup d’encre et Kouaavait senti leur baisse de motivation à l’aider dès les premières difficultés de son couple. La communauté aidait mais jugeait bon de le faire quand ses membres restaient dans le sillage des valeurs qui souvent tardaient à s’adapter au monde contemporain.

Koua et Asi aux vies si différentes appartenaient à des groupes qui savaient se montrer solidaires dans les moments difficiles. Il importait plus d’aider les membres en peine que de montrer au grand jour l’incohérence de leur système de valeurs traditionnelles sur lesquelles ils se basaient pour se maintenir malgré l’exil.

« Le ferment d’une société bâtie sur les communautés est le tribut qu’accepte d’endosser chaque individu pour assurer à son prochain les mêmes chances de réussite que lui. »

Le chant du Coq

Le Monde finissait sa nuit, le foyer encore éclairé à la lueur des lampes attendait les premiers rayons du soleil pour mener la vie telle qu’elle se transmettait et évoluait de générations en générations. La nature avait offert au Coq d’être le métronome naturel de l’aube chargée d’espoir et de devoirs.

Le monde «à-fric» ou du moins ceux qui souhaitaient en détenir un minimum pour ne plus survivre mais vivre décemment de leur contribution à l’économie, attendait le saut quantique; le relèvement du minimum social de bien-être.

D’où viendrait le son du clairon? Ce coup d’éperons qui subjuguerait l’adversaire et rassemblerait le Peuple dans un même mouvement. Des traces de sursaut identitaire apparaissaient de ci de là mais pas de quoi créer l’impact d’un Prophète qui guiderait le combat et les luttes jusqu’au dénouement final: la reconnaissance et le respect des communautés économiques et culturelles dans les échanges mondiaux.

L’Histoire recelait de figures au destin unique et tournées entièrement vers l’accomplissement de la volonté Divine à leur époque. La disparité des luttes identitaires diluait à présent la portée d’un mouvement transformé en guérillas locales sans coordination pour résister à l’ennemi dans son ensemble. On se devait d’avoir un porte-parole unique et symbole de ce nouveau vent de libération. Un groupement ou une figure charismatique? Les avis pouvaient diverger tant la compétition en face présentait une équipe rodée et au fait des terrains de lutte. La joute économique prenait son sens dans le politique et la diplomatie internationale. L’usage des armes était toujours le recours de ceux qui à court d’arguments se retournaient vers la force de leur arsenal meurtrier pour justifier des interventions réparatrices.

La Cité prenait plaisir à se faire peur d’une telle prophétie. Elle tenait sur ses acquis de richesse, fruits du travail d’un grand nombre et de l’exploitation par une minorité. Il semblait tellement évident que seule cette minorité ne pouvait qu’être riche et le reste asservi à travailler pour maintenir ce déséquilibre. Ce paradigme jamais remis en cause confortait la déclaration selon laquelle «les Hommes naissent égaux en droit» mais pas en richesse. Un monde sans riche ni pauvre était dur à conceptualiser et les modèles qui avaient été au bout de la tentative avaient fini par montrer leur limite. Ici, il était question d’équité dans la redistribution des richesses aux communautés ayant fourni leur effort et d’éthique envers les identités minoritaires non pas par le nombre mais par le crédit qui leur est attribué dans leur milieu de vie et à l’extérieur.

Cette oppression ne pouvait durer éternellement en défiant les lois naturelles et Divines. Comme tout écosystème en déséquilibre, la Terre économique et celle écologique se devaient de réveiller leur instinct de conservation et de susciter la réaction capable d’éloigner le prédateur pour longtemps. Ce n’était que processus naturel et non intégrisme doctrinal face à une cause qui pouvait servir d’alibi à d’autres querelles ancestrales entre hommes. On luttait pour la fin de l’oppression économique des communautés dans un monde aux échanges libéralisés.

« Les Hommes naissent libres et égaux en accès aux biens et en partage du fruit des efforts économiques communs. »

Pelures et noblesse

Même dans un mouvement populaire, l’union n’est pas toujours une réalité acquise. Au sein du Peuple en lutte certains s’arrogent d’avance des privilèges de la perception qu’ils ont d’être au fait des stratégies et de l’administration du combat. Seul le soldat brave et fidèle à son engagement est digne de son uniforme.

Le Peuple en lutte pour son émancipation économique comportait des communautés dont l’héritage historique et culturel ne donnait pas le même éclat à ses membres. Pourtant l’unité forgée par fédération contre le même oppresseur, se devait d’aplanir les orgueils et fiertés personnelles.

Halid était un des rares de sa génération et de sa communauté à s’être engagé dans l’armée de la Cité. Il reprenait la vie de ses pères venus portés secours jadis à la Cité en perdition face à une menace totalitaire. Aujourd’hui, il fuyait son quotidien pour s’offrir au combat que d’autres décidaient pour le bien de toute une nation. Il avait en lui toutes les vertus du parfait soldat voire même du guerrier d’élite. Le fait d’amasser une somme d’argent pour repartir dans la vie complétait son désir de contribuer par son don d’honneur à défendre ses concitoyens. Il n’aurait jamais osé faire cette démarche dans le pays où il était né. Les corps armés bâtis et entretenus sans grande idée d’une stratégie de défense finissaient en mutins ou mercenaires pour un régime plus graisseux.

Halid était détaché dans une unité de police militaire. Il assurait la sécurité de la base avancée de drones et d’hélicoptères de combat. Il était fier de sa mission et des compagnons qu’il avait rencontrés sur ce chemin sous les ordres. Il était la sentinelle sur le rempart des guérillas et actes solitaires de combats mais dont les victimes étaient trop souvent nombreuses parmi les innocentes. Porter le combat à la source culturelle du mal présupposait que celui-ci soit tiré d’une seule origine et d’une seule armée.

La situation humaine de Halid était parfois inconfortable. Il était de ceux qui représentaient les minorités commu-nautaires de la Cité mais il était au contact d’un peuple pris en otage de l’idéologie d’une minorité de nobles qui rêvaient d’un monde au couleur de leur interprétation du combat. Ils luttaient contre la Cité pour leur identité mais confondaient aussi le sens de la lutte avec le profit futur qu’ils pourraient tirer d’une reconnaissance. L’identité du peuple serait à mettre au pas de celle de l’idéologie, celle administrée par les mineurs qui ne descendent pas dans le puits.

Halid représentait le corps de la Cité qui luttait contre des idées d’un petit nombre. Ses idées à lui et ses pensées saluaient le peuple opprimé qui attendait l’issue du conflit pour reprendre une vie simple, faite de providence et d’abandon à la volonté Divine. Ils savaient que la guerre était déclarée par ceux qui la subissaient le moins. Cependant, Halid était un soldat et savait obéir aux ordres de sa hiérarchie. Le peuple obéissait à ceux des autorités du pays. Le combat fratricide était inévitable quand des alliés dans l’Âme du monde devaient s’affronter au nom de la mesquinerie qui prenait des formes diverses pour se manifester sur des ordres irresponsables.

« L’a-guère est le pion idéal dans l’échiquier des conflits pour des causes qui oublient son besoin légitime de paix. »

Civilisations masquées

«Je ne saurais te dire à quand remonte l’apparition du premier masque sur Terre. Notre visage peut déjà être vu comme une figuration du Divin. C’est d’ailleurs le seul qui n’a pas trop varier dans sa structure mais plus dans les couleurs et le dessin.» Spora et Fanta éclatèrent de rire. Il faisait un temps clément cet après-midi de fin de semaine. Fanta avait eu du temps libre ce jour-là et le partageait avec son rêveur de Spora.

«Sérieusement, si on y voit de plus près les masques ont presque toujours servi dans les cultes aux dieux mais nous passons notre temps à nous masquer vis-à-vis des autres alors que Dieu peut nous voir de l’intérieur. Nous altérons l’image de Dieu qui pourrait se profiler à travers nous pour révéler un peu de Sa vérité à autrui.

— Ce serait trop simple si nous devions rester transparents et laisser ainsi tout le monde nous déchiffrer, ne fût-ce que pour une cause divine. On se doit de préserver un minimum de confidentialité et de personnalité.

— Bon! OK! je te l’accorde. On ne pourrait vivre de la sorte en continu. Il faut reconnaître que certains esprits malveillants en profiteraient pour exploiter cet excès de franchise. Si tu veux, j’aimerais plutôt revenir sur la place du masque dans nos vies actuelles.

— Vas-y. Tu sais qu’il est dur de te retenir quand tu as une idée à développer.

— Bon! OK! je te l’accorde encore. Vois-tu, nous avons tendance à ne garder que la valeur esthétique et quelque peu exotique du masque. À défaut d’avoir des masques ayant effectivement servi à des cultes et qui sont remisés aux vendeurs en artisanat, le symbole même du masque ne retient plus l’attention des acquéreurs.

— On n’a pas le temps d’apprendre toute l’histoire du masque chez le vendeur. Internet est là pour ça!

— Oui mais déjà on se coupe de la tradition orale de transmission de la culture. Les vendeurs, sachant qu’il y a Internet, ne se sentent plus obligés d’en savoir long sur leurs produits. Ainsi, tout le monde peut s’instituer vendeur de masques et vendre indifféremment des masques de traditions non voisines.

— Veux-tu rendre la vente de masques professionnelle, voire sectaire?

— Je n’irais pas jusque-là. Je pense juste que les spécialistes doivent être reconnus pour leurs connaissances et ne pas être aux prises avec des faiseurs d’argent. La culture traditionnelle ne se vend pas comme un sandwich de fastfood. Un masque représente un peuple et en est l’ambassadeur dans la pièce où il est disposé.

— On est tout de même loin de la connaissance du sens du masque et de son emploi dans une vie normale. Moi si j’achète un masque, c’est parce que je le trouve beau. C’est tout!

— Mon confort est plus grand, quand j’observe le masque et que je m’imagine tout ce qu’il représente pour le peuple dont il est issu et qui m’a été expliqué par le vendeur. C’est déjà un symbole de communication entre les peuples que d’avoir des masques différents et de savoir quelle culture est représentée dans son assemblée de bois de salon»

Spora dévisageait Fanta. Il la trouvait toujours aussi belle. Il savait qu’elle travaillait dur en semaine et ne voulait pas l’ennuyer avec ses idées de conservation du patrimoine de l’humanité. Il s’essaya à quelques blagues. Son sourire finit par lui confirmer son impression : il aurait donné tout pour vivre à ses côtés.

« La tradition du peuple se reflète dans le masque que l’homme façonne à l’image d’une représentation du Divin. Nos masques quotidiens se dévisagent pour mieux voiler l’âme révélée par la taille du Grand Artiste. »

Langage universel

Le mime offre au jeu du langage toute une richesse que seule l’imagination peut saisir. Associé à la parole, il devient théâtral, complexifie la perception entre l’écouté, le vu et le compris.

Spora savait danser et le faisait avec plaisir malgré la tentation de s’asseoir sous les commentaires élogieux de ses partenaires. Sous l’effet de la musique il improvisait des pas, des figures et des attitudes qui lui faisaient dire qu’il devait être un acteur de comédie musicale sans parole à prononcer. Les partenaires avaient beaucoup de plaisir à s’amuser ainsi même si plusieurs semblaient effarouchés par tant de liberté prise vis-à-vis de la technique chorégraphique et des techniques de danses codifiées par de grands instructeurs.

Le mime venait sans doute d’une époque très ancienne et servait à certaines cultures de tradition orale pour transmettre des histoires, hauts faits historiques ou des connaissances ancestrales. Il permettait d’enseigner mais aussi de faire la satire des mœurs et des satyres. Que ce soit en danse ou sur les planches d’une scène de spectacle, les artistes souhaitaient transmettre un message composé du contenu manifeste, de l’émotion et du code de compréhension. Un tout qui se transmettait sans support physique qui allait droit au cœur du spectateur.

Ce langage était universel et sa compréhension personnelle. La tour de Babel, dont les plans auraient pu être mimés, ne serait jamais bien plus haute que la somme des interprétations des ouvriers attelés à construire cet autel de sens. Le langage des signes, utilisé par les personnes malentendantes avait son vocabulaire mais le mime pouvait se jouer sur la scène de pays différents. La magie s’opérait toujours tant que les gestes n’amenaient pas de confusion avec le code non verbal des spectateurs.

La danse apportait quant à elle la richesse du son pour exprimer le même langage sans voix. Bien que les danseurs puissent improviser sur les paroles du chanteur, leur interprétation était libre. Deux danseurs n’avaient pas la même chorégraphie au même moment, indépendamment de leur niveau de danse. Les danses traditionnelles avec ou sans masques laissaient aussi place à un minimum d’improvisation tout en respectant le vocabulaire du personnage mythique qu’on représentait dans la danse.

En somme, le mime était une interprétation libre et silencieuse d’une œuvre de l’esprit et la danse celle d’une œuvre musicale créée en amont par et dans un autre esprit. Le message donné à la vue du spectateur était la conséquence d’une autre interprétation faite de fantaisie ou d’analyse. Dans ce cœur à cœur entre artiste et public, la déformation du contenu importait peu car le ressenti était le fil conducteur.

« Mimer sa vie sans excès de paroles, c’est aller à l’essentiel des gestes qui parlent d’eux-mêmes. »

À l’école du cirque

Un maître de musique et artiste chanteur parcourait les contrées avec sa troupe de troubadours et de danseurs. Il avait beaucoup de succès et les foules s’amassaient pour entendre ses dernières créations musicales et ses paroles qui allaient droit au cœur. Les journalistes se délectaient cependant de sa vie privée qui était faite du reste de rêves d’un enfant qui avait grandi dans le plus grand dénuement et qui s’offrait à présent tous les menus plaisirs de la vie. Les autorités des mœurs suivaient avec grand intérêt les évolutions de ce transfuge de l’art musical qui, dans un style nouveau, avait une grande influence sur le public.

Au fil des années de concert, il s’était autant fait d’admirateurs et soutiens que de farouches opposants et ennemis. L’un d’eux, l’élu des autorités s’était mis en compétition acharnée avec le maître. Il voulait tout faire mieux que lui dans une technicité à toute épreuve. Il n’avait pas ce talent divin et inné, qui faisait du maître un artiste hors pair, mais il savait diriger les hommes et s’associer à de talentueux musiciens et artistes qui donnaient toute la substance à son œuvre à lui. Il avait ses supporters mais voulait être déclaré le «meilleur artiste» des deux. Le maître ne se préoccupait pas d’une telle jalousie. Il menait sa vie décousue et offrait à son Dieu tout le plaisir que le public tirait de ses créations.

Au plus fort de son esprit de compétition, l’artiste jaloux, ne trouvant plus la paix, lança un défi au maître. Il lui proposait, dans un même concert de les défier sa troupe et lui pour savoir qui serait le plus apprécié dans des improvisations musicales acoustiques. Les danseurs et les musiciens de chaque équipe viendraient en soutien de l’improvisation de chant des deux leaders. Le stade de la ville se transformerait en un espace de duel ou «Battle» pour certains. Au-delà du conflit entre les hommes, c’étaient deux écoles qui s’affrontaient: ceux qui faisaient de la musique avec leur cœur et qui peinaient longtemps avant de rencontrer le succès mais savaient l’apprécier et ceux qui avaient tous les moyens en main et qui faisaient de l’art musical une science technocratique, tout dans le divertissement sans message édifiant.

Le maire de la ville était aux anges. On lui offrait l’occasion de juger un conflit qui s’éternisait et qui manquait de diviser sa municipalité. Dans toutes les communautés on parlait de cet affrontement et les camps se formaient pour porter par les applaudissements celui qui serait l’élu du peuple de mélomanes à l’issue de l’épreuve. Cette dernière était lourde de conséquences pour le perdant qui se voyait alors retirer le droit d’éditer des opus dans les maisons de disque. Autant dire que sa carrière serait terminée.

Le jour tant attendu arriva et le stade était à son comble. Le phénomène n’avait plus été observé pour un concert depuis des lustres. Des deux côtés du stade, des scènes se faisant face étaient disposées. Le public remplissait les gradins et les plus audacieux avaient pris place sur le terrain de jeu pour y danser et supporter les équipes. L’applaudi-mètre avait été calibré avec soin et des juges «impartiaux» choisis par le public.

Inutile de dire et de décrire la foule en liesse à chaque prise de parole des chanteurs accompagnés de toute leur équipe. Les gladiateurs musicaux étaient à la hauteur de l’arène qui les accueillait. Un moment mythique. Les autorités avaient malgré tout usé de leur influence pour que la balance penchât pour leur protégé aux méthodes sans saveur mais qui respectait leur doctrine. Au grand dam du public le maître fut vaincu et dut se retirer de la chanson. Il savait que d’autres prendraient le relais à sa suite et que son échec ne compromettait pas l’avenir de ceux qui partageaient ce courant de pensée. Il n’avait pas vraiment rêvé d’intronisation mais voulait rester actif pour la mission dont il se sentait investi et responsable.

Après de longs moments, laissé au deuil et à la déception de la troupe, il revint avec une idée qui regonfla l’ardeur. À bien lire les termes du contrat il pouvait encore s’adonner à une activité d’expression et de création qui ne l’obligeait pas à éditer des albums. Il pensa au cirque populaire.

La troupe fut emballée par l’idée et l’amour du métier revint au son impromptu des percussionnistes qui s’essayaient à ouvrir la parade. Les danseurs ravis improvisèrent des gestuelles et des mimes évocateurs du quotidien. La passion reprenait là où elle avait été laissée: l’amour désintéressé de l’art et dévouement à la culture du peuple.

Le prof de danse racontait souvent cette histoire en début de session pour rappeler de quelle école il se réclamait. Spora était tout petit quand tout ceci arriva. À présent dans la Cité on faisait taire cette notion d’école de pensée. Le passé c’était le passé mais Spora sentait bien les influences dans sa Spora’ttitude. Les rencontres, les hommes et les objets, ce n’était pas nous qui les choisissions et les faisions, mais ils nous étaient envoyés. Spora était déjà fier de son parcours, de ses rencontres et du reste du chemin.

« La musique et la danse sont aux confluents d’influences créatrices appartenant à des sensibilités différentes. Loin de la lutte entre le bien et le mal, elles forgent des attitudes qui laissent à leur tour une marque dans l’Histoire. »

TROISIÈME SAISON

Imposture sur le revenu

La solitude et le besoin de complétude pèsent sur celui qui désire satisfaire pleinement son essence par les sens. Sous bonne escorte, le plaisir prend le fruit du devoir et de l’effort dans un troc où chacun y laisse de sa légitimité d’Homme pour revêtir un instant d’humilité et d’impuissance.

Halid était de permission durant la fin de la semaine. Ses camarades et lui prévoyaient se mêler aux tumultes des villes occupées et se trouver un troquet où faire la fête et décompresser. La troupe avait rendez-vous après le repas au mess des officiers pour prendre le bus de l’armée qui les conduirait vers la ville la plus proche située sur les bords de l’océan. Ils auraient quartier libre jusqu’à 8h, heure à laquelle ils commenceraient leurs beuveries pour enfin se diriger vers la boîte de nuit que les anciens leur avaient conseillée.

C’était la première sortie dans cette région où il avait été détaché. Avant cela, il avait été affecté dans une unité de police militaire de la capitale qui surveillait juste les sorties délirantes des soldats en permission. Il connaissait bien ce type de soirée même si c’était nouveau pour lui de le faire avec des fantassins du corps régulier. Il n’était pas là pour les surveiller mais pour faire la fête lui aussi.

Ils montèrent tous dans le bus, un brin éméchés. Des fuites dans le stock d’alcool de la garnison sans doute. Halid regardait le paysage à mesure que le bus avançait. Il le trouvait beau. Il n’avait pas l’occasion de s’attarder sur les alentours pendant ses patrouilles car sa vigilance pouvait sauver la vie de plusieurs camarades. Il se détendait à présent et put ouvrir légèrement la fenêtre pour se créer une brise légère.

Le bus les déposa au port de la ville. L’effervescence se sentait déjà et le concert de klaxon de l’heure de pointe de sortie des bureaux rajoutait un air de carnaval à l’atmosphère. Halid voulait prendre du temps seul avant de retrouver les autres au bar. Il longea les bords de l’océan et mit le volume de son baladeur au minimum pour entendre le chant de la mer. Très vite l’environnement changea au fil des pas. Il en croisa d’abord une à qui il rendit son salut poliment, puis, à mesure qu’il avançait, il comprit qu’il était rentré dans une zone d’escortes. Rien à voir avec un corps d’élite mais bien des corps et des lits, décors et délits. À mesure qu’il refusait son désir augmentait.

Après tout pourquoi pas. Il était seul depuis un bon moment, son solde comparé au coup de la vie le lui permettait et la morale religieuse avait ses limites lorsque la guerre pouvait mettre fin à tout rêve d’union chaste et honnête. Il rebroussa chemin et rappela une qui avait retenu son attention. Il n’aimait pas trop recourir à ce service surtout pour des jeunes femmes qui luttaient pour vivre ou que la cupidité avait rendu insensibles aux blessures morales. Il ne négocia rien même si le faire aurait honoré sa partenaire en affaires. C’était un échange de bons procédés : une pause dans la solitude contre une dans la sollicitude financière du jour. Il ne voulut pas abuser du temps que son argent aurait pu justifier mais voulut mieux connaître la vie de ce «sniper» qui avait descendu sa retenue.

Les histoires se ressemblaient mais toutes n’en parlaient pas. Leurs genèses se terminaient trop souvent par une expulsion d’un paradis de rêves et d’espoir auquel nous pouvions encore croire. Elles portaient les multiples peines, du jugement moral, du risque sanitaire, des blessures d’humiliation, de violence. Rares étaient celles qui le faisaient par vocation ce qui poserait un problème éthique quant à la valeur d’un don inné pour la luxure… Halid reprit le chemin du centre-ville. Son esprit était léger. Il ne pouvait que souhaiter faire la rencontre de sa vie un jour mais en attendant il garderait le voile sur son
besoin simple d’humanité.

« Frappe et ouvre les portes de ton cœur à celle qui te reçoit. L’épouse offre son amour et son attention à l’instant qui en a besoin. »

Instruction continue

La femme d’un certain âge tenait son livre d’exercices sur ses genoux. À mesure que le métro passait les stations, elle continuait, imperturbable, son étude. Spora se pencha pour mieux lire la matière: Informatique pour la gestion. Spora n’en revenait pas. Comment pouvait-on se former à des sciences si complexes à cet âge?

Malgré la retraite prononcée ou l’âge avancé, plusieurs hommes et femmes tenaient à garder l’œil sur les nouvelles connaissances de leur domaine ou sur des sujets qu’ils n’avaient pas pu exploiter dans leur carrière. Simple curiosité, seconde vie professionnelle ou fuite dans une activité intellectuelle contre le ramollissement.

L’éducation était le nerf de l’«a-guère». Plusieurs jeunes des communautés y avaient accès à la base. Mais au fil des années, le cortège des apprenants s’étiolait. Les «notes de frais», le mauvais suivi familial, l’absence de perspectives, les influences générationnelles, l’appât du gain précoce, etc., finissaient par faire perdre les repères essentiels à ces jeunes apprenants. Rejoints à l’université par le renfort venu de l’extérieur, les rescapés formaient avec ceux-ci, la couche composite de jeunes du Peuple qui devait relever à nouveau des défis empreints de précarité: boulots alimen-taires, «notes de frais» encore, départ précoces pour le marché de l’emploi, problème de statut etc. Le deuxième portail de sélection livrait alors une élite qui avait fini d’être malmenée et qui devait faire ses preuves dans un monde du travail où la sélection se faisait surtout sur des critères informels. Pas le choix de conserver et de vivre sur ses acquis. Il fallait être un apprenant en constant renouvellement et garder l’excellence qui gênerait au moins à défaut d’être reconnu par de rares sympathisants.

Jusqu’au bout l’instruction était l’arme de prédilection du Peuple. Les aînés prenaient plaisir à s’instruire et à garder le contact avec les réalités changeantes. Le nombre éjecté au cours du long processus de sélection des élites conformes à la Cité se devait aussi de rattraper son instruction pour aller au-delà des lacunes qui limitent les compétences, un temps physique, mais qui finissent par se complexifier avec l’ancienneté et la prise de responsabilité. Apprendre, apprendre et encore apprendre était le leitmotiv.

Cet effort d’instruction ne pouvait être efficace que si, dans l’action, aucune mesure ne permettait la méconnaissance de ces savoirs et compétences par ceux qui privilégiaient l’arbre généalogique ou la discrimination figurée. La lutte devait se faire à tous les niveaux professionnels par ceux qui pouvaient intervenir sur les systèmes et les processus non seulement par leur influence mais aussi par le témoignage de leur expertise. Il n’y avait pas de mal à servir de référence à un mouvement identitaire et d’émancipation qui touchait plusieurs communautés dont l’accès aux postes de compétence n’était pas garanti.

« Acquiers le savoir mais sache que son application passe par ton affirmation sur les lieux d’exercice. »

i-pote

Koua dévala rapidement les escaliers pour rattraper son métro. Il était déjà en retard pour l’entraînement et le maître lui ferait faire sûrement des pompes pour lui apprendre la ponctualité. C’était la règle. Ça faisait un petit moment qu’il avançait à allure forcée mais quelque chose semblait lui manquer. Il fouilla dans sa pensée et poussa un cri d’agacement. Il avait oublié son baladeur. Sa frustration était grande. Il avait un long trajet en transport en commun et il ne pouvait compter que sur sa musique pour s’isoler et se conditionner. Quelle… !

Le précieux appareil était le partenaire de choix dans un quotidien fait de déplacement et de côtoiement d’inconnus qui représentaient pour chacun une menace potentielle de perte d’argent ou de son sang-froid. Il ne croyait plus aux rencontres pour lier amitié dans la rue ou les lieux publics. Le monde était intéressé et individualiste en ces jours. Il fallait se méfier d’abord avant de donner une chance à l’amitié.

Écouter ainsi la musique avait des allures de paix sociale. Plus personne ne pensait à violer la bulle vitale des voisins pour chercher un sujet de conversation ou passer ses émotions sur autrui. On observait ses îlots musicaux se déplacer le regard quasiment dans le vide et ignorant les mendiants, chanteurs ambulants et distributeurs de prospectus. On se refugiait désormais derrière une ouïe trop occupée pour refuser de voir le monde tel qu’il était.

Quelle que soit l’origine de la musique, le précieux partenaire se devait d’être avec soi. Les moments d’absence ou les bruits environnants noyaient l’attention, remontaient l’inconfort d’une âme fuyant à la fois les bruits extérieurs et le vide interne. Un effet Larsen imminent que le «i-pote» atténuait de son onde familière. Il ne suffisait plus qu’à monter le son pour être à l’abri du vacarme et à la merci des risques de la circulation automobile.

Quand la logique d’être à soi et de ne vouloir s’exposer à discuter qu’avec des personnes connues l’emportait, l’œil servait de clef pour déverrouiller le puissant système de son: je ne te connais pas, je ne t’écoute même pas. Ceux qui réussissaient à faire tomber les énormes casques isolants devaient avoir de bonnes raisons pour le faire au risque de recevoir un regard de geôlier qui verrouillait à nouveau la relation, l’agresseur étant libre d’errer à l’extérieur.

Nouvelle façon de vivre où l’outil se démocratisait et menaçait les rapports de ceux qui vivaient du contact humain et bâtissaient des liens par l’échange spontané. La vie en Cité et son stress développaient un instinct d’adaptation qui prenait les airs de concept de management: les communautés étaient maintenant formées d’une somme d’individus et non plus aussi de la force des interactions les unes envers les autres. Les signes visuels de reconnaissance ne suffisaient pas à briser le confort de «l’i-pote» pour initier une conversation et renforcer le sentiment d’appartenance et de solidarité. «Il a beau sembler être de chez moi, je ne le connais pas. On s’attire des ennuis à essayer de connaître les autres. » Dite en musique et au son des basses qui faisaient battre le cœur et des aigus qui caressaient le tympan, la symphonie de la désunion entamait sa mesure. Aucun combat ne pouvait être entamé avec des effectifs dispersés et inconscients de la nécessité d’être le garant de son prochain.

« Se couper du son de la rue, c’est voir les couleurs de la vie sans connaître leurs origines. »

Civilisation noire contemporaine

Dans son ouvrage Nations Nègres et Culture, Cheikh Anta Diop a fait un exposé sur les origines Nègres des civilisations égyptiennes et éthiopiennes. Nous ne souhaitons rien rajouter au débat scientifique mais observer les vestiges de cette civilisation Nègre passée et y retrouver des éléments de fierté commune et d’identification aux causes communautaires. Reprenons donc pour un temps le ton imparfait.

De tous les peuples rattachés à une race et dont la civilisation avait marqué l’histoire, la nation Nègre était considérée comme l’une des premières — sinon la première — à avoir influencé l’humanité et ses connaissances. Que reste-t-il aujourd’hui de cette société humaine rattachée à la Terre et l’Âme qui est née en Afrique et dont l’héritage peine à se transmettre dans le tumulte des modèles axés sur l’avenir et le matérialisme?

La civilisation noire contemporaine, comme bon nombre de peuples ayant vécu un impérialisme à un moment donné de leur histoire, pouvait être qualifiée à présent de civilisation de l’humain en ce qu’elle préservait le rapport de l’Homme avec son milieu naturel et la relation avec l’Âme et ses manifestations. C’était une valeur refuge et sans opium à partir de laquelle pouvait être reconstruite une nouvelle société et une identité conforme au potentiel des communautés, leur capacité à créer de la richesse et leur force d’affirmation dans le concert mondial.

L’animisme avait su respecter à la fois la nature et l’Âme et, avec l’introduction des religions monothéistes, également l’évolution vers un culte unifiant toutes les réalités spirituelles en une seule Divinité suprême et aimante. Ils se savaient fils de la Terre et non uniques apprenants de l’Univers et de ses lois. Avec cette capacité humaine de la foi, ils avaient pu endurer les oppressions, les déportations et l’acculturation en prenant un retard certain dans la course aux sciences mais moins dans la lutte pour garder l’héritage traditionnel.

La force actuelle de cette civilisation s’exprimait dans le commerce et l’organisation de la société civile selon un modèle non imposé. Aujourd’hui encore, l’essor d’un commerce informel des pays émergents qui pouvait encore être mieux accompagné prouvait le dynamisme de ce peuple mais qui ne pouvait plus y associer une régulation adaptée — les élites et satellites ayant mis en orbite toute crédibilité à ce phénomène économique. Le retard dans les sciences et l’industrie demandait une réelle révolution dans les habitudes pour être comblé. Les esprits et connaissances acquises dans l’expatriation, le développement de pôles de recherche et d’innovation régionaux et la construction d’infrastructure étaient autant de mesures envisageables seules ou en partenariat. Le secteur des services était celui qui présentait le plus de potentiel. Outre le commerce des biens, il était possible de renforcer et se spécialiser dans des domaines qui étaient déjà des forces tels le recyclage et la transformation de produits, la création artistique et de modèles, l’épargne populaire et un système bancaire adapté aux revenus modestes, le tourisme basé sur la nature préservée… L’agriculture et l’exploitation minière perdaient quant à elles de leur vigueur mais un second souffle était possible en privilégiant des cultures qui font la spécificité des régions et en réhabilitant les sites miniers. Seule la volonté effective de changer le cours des choses menait à la définition de solutions collectives pour le plus grand bien du continent.
« Une civilisation noire issue d’un passé glorieux, poursuivait son existence à travers des épisodes dûs à son déclin mais dont le cycle de vie pouvait reprendre dans des domaines nouveaux, fort de la force immuable du contact avec l’Âme du monde. »

Diaspora économique

Rencontre entre héritage et métissage, le nouvel homme de sang noir complétait le flot de la diaspora noire aux nombreuses alliances culturelles de ceux contraints aussi à l’exportation de leur force de travail dans le sillage d’un impérialisme passé. Le sang noir était aussi celui du travailleur asphyxié économiquement par les dettes, hypothèques et autres prêts à la consommation qui le faisaient vivre dans le rêve des lendemains meilleurs. Plusieurs sympathisants s’identifiaient aussi au combat de ce peuple et contribuaient à l’édifice d’une civilisation maintenue à travers les mers. Une nouvelle diaspora issue des conditions économiques naissait et s’unissait sur le terrain de leur lutte mais avait encore à encourager les échanges mutuels.

Cette nouvelle culture noire du monde et aux visages multiples se distinguait dans diverses activités qui demandaient du cœur à l’ouvrage et l’acceptation de zones réservées où son excellence était injustement chahutée. Un ensemble cohérent avec la valeur de ralliement des peuples restés sur leurs terres d’origine et qui se rapportaient à l’Âme et à la nature.

Le bassin de technologie et les possibilités matérielles dont disposait la diaspora vivant dans les Cités faisaient d’eux une force intrinsèque qui, ramenée en complément des économies des peuples restés résidents en terre natale, constituait le fer de lance de la diaspora économique. Plusieurs cependant choisissaient la voie de l’assimilation totale aux peuples hôtes et perdaient de vue la nécessité de créer des ponts ou des connexions entre la terre mère et ses îles et îlots urbains. L’âme ne pouvait être convertie, elle pouvait vivre sous des enveloppes de conditionnement et de méconnaissance mais elle gardait son appartenance profonde à la culture source.

En somme, cette civilisation contemporaine de déplacés était celle d’un rapport au Divin et à l’héritage des origines. Elle était aussi celle des connexions dans l’Âme du monde entre une majorité encore invisible de peuples dont l’unité et l’affirmation devaient permettre de faire reconnaître la grandeur de leur contribution au Grand Œuvre à travers leurs réalisations terrestres.

« L’éclatement des cellules représentatives d’une même culture, guidée par la recherche du bien-être, dilue la concentration des efforts pour construire une nouvelle civilisation multicolore. »

Unité

«Tous fiers, tous solidaires» c’était la mention sur le T-shirt que Spora arborait fièrement à la remise de diplôme. Enfin, il l’avait eu! De voir le drapeau de son pays et d’autres pays d’étudiants de l’extérieur lui gonflait la poitrine. Il aurait fini mascotte d’une marque de pneu s’il ne prenait pas le temps de profiter du buffet et des conversations avec ses camarades de promotion pour détendre ses épaules.

Il aperçut son professeur de « Stratégie et politique générale de l’entreprise». Il s’avança lentement vers lui en esquivant les étourdis qui manquaient de renverser son verre de champagne. Le professeur à sa vue lui sourit et déclara: «Alors cette fois-ci c’est la bonne! Toutes mes félicitations. Votre continent va avoir besoin de compétences telles que celles que vous avez acquises ici. ». Spora lui rendit le sourire poliment puis lui exposa ses projets d’entreprises et d’entraide sous forme de coopération éco-nomique à sa diaspora.

Le professeur avait vécu longtemps sur le continent justement en tant que coopérant et attaché pour les questions économiques à l’ambassade de la Cité. Il lut le slogan sur le T-shirt de Spora et but une autre gorgée de vin rouge. La fierté et l’unité semblaient les ingrédients de base pour entamer l’œuvre de reconstruction de ces régions.

Le concert économique international ne permettait plus aux petites structures isolées et désorganisées d’avoir du crédit et de tirer leurs épingles du jeu dans le commerce des richesses produites ou extraites. La complémentarité des pays et les économies d’échelle seraient à renforcer. On devait changer de paradigme sur la notion de souveraineté nationale et d’intégration économique. Les modèles calqués avaient leurs limites dans les aspects culturels et l’histoire des régions qui n’étaient pas pris en compte. L’unité et la fierté c’était les peuples qui les faisaient et les vivaient et non des dirigeants complaisants ou des semblants de stratèges recevant un coaching de ceux qu’ils auraient à affronter plus tard. Comment engager une telle lutte avec des armes d’entraînement face à un arsenal meurtrier? La plus brave des amazones ne comprendrait pas son roi.

L’unité était une question de volonté et la fierté de réveil identitaire. On devait s’en convaincre et convaincre chaque couche de la population, des sommets à la base, dans une campagne de sensibilisation quasi électorale à l’échelle de la région et du continent. Des États unis, c’était des peuples et des diasporas unis, des économies unies et des dirigeants adhérant volontairement à cette vision supranationale et combattant pour la reconnaissance d’un tel bloc politico-économique. Le combat de David contre Goliath avait trouvé grâce aux yeux de Dieu, pour la victoire, la libération et l’indépendance. C’est en tant que Roi de plusieurs tribus que David fut à même de fonder une organisation forte et de se maintenir face aux autres peuples. L’unité après de multiples combats d’indépendance puis des règnes de continuité masquée de l’impérialisme « avec vouvoiement », devait faire place à une structure forte pour protéger les intérêts des entités indépendantes mais unies pour la cause. «Tous fiers et solidaires» pour exister dans cette nouvelle économie.

« L’unité n’est pas que la quantité infinitésimale d’un corps. Elle est aussi l’intégration des éléments du corps dans l’homogénéité. L’unité du tout passe par celle de chaque unité. »

Slam

Le micro grésillait encore. L’ingénieur du son, qui était un ancien DJ de la Cité venu lui aussi servir la bonne cause en arme et s’affranchir d’une faillite personnelle, réglait tant qu’il pouvait le matériel mis à leur disposition par l’état-major. Halid s’essayait encore bien que le filage soit clôturé depuis. Il irait bientôt se préparer dans son dortoir avant de monter sur scène. Les autres étaient allés boire un pot pour passer le stress. Il n’avait pas peur, bien au contraire, il aimait le contact avec le public, l’opportu-nité de pouvoir faire passer des messages et toucher les esprits et les cœurs surtout car ces derniers retenaient bien mieux la leçon.

L’idée du spectacle venait du génie militaire. Le colonel en charge du service estimait que pour briser l’impression d’occupation aux yeux des populations, on pouvait échanger par la culture et diminuer le risque d’attentats ou autres actions de guérilla des jeunes esprits manipulés par les doctrines rebelles. C’était osé de voir des soldats et des artistes se relayer pour passer des messages de paix en temps de guerre. Cette initiative servait de projet pilote et serait déployée à d’autres fronts si le résultat était concluant.

L’unité recelait d’artistes en herbe qui avaient quitté les rues de la Cité pour trouver une alternative à la prison ou à la délinquance. Plusieurs connaissaient parfaitement la culture urbaine et ses sons qui étaient en vogue chez les jeunes du monde entier. Là aussi pas de problème de barrière linguistique puisque le pays partageait l’héritage de l’ancien colonisateur qui revenait pour protéger ses métropoles d’une politique d’émancipation par les armes et les sacrifices de civils. Le message à faire passer et qui servait de thème à tous ceux qui avaient écrit pour passer sur scène: «la paix guide l’amitié. »

Le spectacle battait son plein. Les jeunes étaient au rendez-vous et, à la grande surprise, les jeunes filles étaient venues en grand nombre. L’entrée était gratuite mais la police militaire veillait scrupuleusement au respect des règles de sécurité. On avait choisi de monter le spectacle hors de la base dans un quartier populaire où les rebelles recrutaient des volontaires pour servir leur cause. C’était donc un front avancé de lutte par la culture mais pour obtenir la paix et sortir de cette guerre sans trop de pertes des deux côtés. Les rebelles y voyaient cependant une tentative d’endoctrinement. Certes cela y ressemblait, mais pour la paix, aucune stratégie ne devait être épargnée.

Halid monta enfin sur scène, le public de jeunes était déjà électrisé par les musiques urbaines et populaires qui avaient précédé. Il fit taire la foule et lança son thème musical. Une camarade sergent l’accompagnait à la vocalise et un autre à la trompette. Son style tranchait avec le reste: Il faisait du Slam.

Les mots étaient profonds et la musique s’accordait parfaitement avec le ton du message dit par un descendant de peuple opprimé. Halid accélérait par moments sa déclamation comme dans un rap et les percussions accentuaient les mots. Les premières larmes coulèrent chez les anciens et de nombreuses jeunes filles. À défaut de le lever les hommes serraient le poing et les dents. Entre opprimés on se comprenait quand on était les otages de deux logiques qui mettaient en suspens l’écoulement naturel de la vie de tous les jours telle qu’on la voulait: simple. Halid avait censuré certains mots sur ordre de l’état-major pour ne pas desservir son propre camp. On eût dit le discours d’un politicien de la rue qui s’exprimait comme dans la rue pour ceux de la rue. Quand il s’arrêta, le public mit un temps à sortir de la rêverie dans laquelle il avait été plongé. Les applaudissements s’annoncèrent, s’amorcèrent puis ce fut le déluge comme ces pluies tropicales qui font résonner les tôles d’alliage d’aluminium. L’amitié commençait par la paix dans les cœurs.

« Vivre de son art c’est pouvoir s’exprimer tant que son cœur bat et ses poumons s’emplissent d’air. Le Slam expulse l’émotion des mots créés dans l’esprit et l’âme du monde. »

Bénévoles de bon secours

La main invisible pour les économistes ou la main de Dieu pour le commun des immortels en devenir avait besoin de relais humains pour permettre à ses largesses de se manifester et de toucher ceux qui la sollicitent. Laissons les économistes méditer sur la portée divine de la théorie d’Adam Smith et voyons les retombées écono-miques de la volonté du Divin.

Les associations communautaires étaient aux premières loges pour accueillir ceux que les dysfonctionnements du système économique ramenaient inexorablement à la précarité, voire à la rue. Il n’y avait pas assez d’emploi pour tout le monde et les joueurs sur la touche avaient un coût social tant qu’ils ne produisaient pas des richesses à leur tour.

Une répartition des richesses de la Cité se faisait à travers les mesures sociales élémentaires tels l’accès à un revenu de vie minimum, l’accès aux soins de base et la possibilité de se procurer des biens, vêtements et aliments pour un prix modique. Cette forme d’interventionnisme de certaines Cités ne faisait pas l’unanimité mais le modèle avait ailleurs des déclinaisons qui mettaient plus ou moins du poids sur l’administré afin que, se sentant aidé temporairement, il en vienne à prendre conscience de l’urgence de retrouver un emploi. Aucune Cité ne voulait entretenir une organisation où il était possible de vivre de ces revenus sans fournir d’efforts pour avoir un apport actif dans l’économie.

C’est en bénéficiant de subventions et programmes d’aide des autorités de la Cité que les associations communautaires animaient leur vie par la gestion d’un budget serré et le désir de servir le plus grand nombre. En plus d’un ravitaillement peu coûteux et des dépenses limitées au strict minimum, le recours à un corps de bénévoles était souvent la seule façon de résoudre une équation vitale pour plusieurs nécessiteux.

Asi aimait donner de son temps dès qu’elle le pouvait. À la naissance de son deuxième enfant elle avait réduit ses heures dans le groupement d’aide de son quartier. En tant que bénévole, elle participait à la journée de distribution de vivres. Elle confectionnait des lots de nourritures dans des sachets de supermarchés, qu’ils recevaient moins de la part des usagers depuis qu’ils étaient devenus payant par soucis écologique. Elle s’impliquait dans la distribution par la suite. Chaque bénévole pouvait recevoir lui-même un lot pour lui en fonction de la taille de son foyer. Certains ne jouaient pas toujours le jeu de la bonne mesure mais on s’en tirait toujours bien. La précarité habitait des deux côtés du comptoir.

Le grand plaisir d’Asi était d’être au contact avec les amis, comme on les appelait. Les visages, tiraillés par la peur, l’agacement face à l’attente pour être servi et la faim, s’illuminaient devant les victuailles qui pleuvaient dans les sacs de courses ou de voyage. Des fois, on n’avait pas grand-chose à offrir mais les amis acceptaient ce qui venait comme des pêcheurs confiants que leurs filets rapporteraient mieux une autre fois.

Les associations avaient la chance de voir certains sortir des rangs et retrouver une situation meilleure. Quand ils ne pouvaient montrer leur gratitude directement par leur implication physique ou financière, ils savaient au moins que certaines sommes prélevées sur leurs revenus de travail avait des retombées sociales au plus près d’eux. La Main invisible ne l’était que dans la discrétion de son intervention. Sur son modèle ou son incitation les mains d’hommes agissaient pour former une chaine de solidarité autour d’une économie qui pouvait parfois cesser de marcher de son pas efficace.

«La pratique des vertus passe par une implication au plus près des êtres dont le besoin appelle la marque humaine de la réponse Divine. »

Rustines de l’emploi

Le groupe d’hommes s’était réuni au coin de la rue. La camionnette venait de livrer le prospectus à distribuer. Sans être vraiment camelot ni vendre de la camelote, ils distri-buaient ce dont peu de gens avaient besoin et qui finissait souvent à la poubelle. Munis de robustes sacoches ou même de chariots de supermarchés, ils parcouraient les rues dans l’espoir de finir leur pile. Le maigre salaire suffisait à peine pour un et pourtant des familles en vivaient. Celles restées au pays et, pour les plus chanceux ou malheureux selon le point de vue, celles qu’ils avaient dans la cité. On n’hésitait pas à diminuer les charges en partageant le loyer ou en mettant en commun l’approvisionnement en vivres. L’économie d’échelle s’apprenait spontanément sans professeur érudit ni école de renom. Les plaisirs étaient rares et les sacrifices pour venir en aide à ceux restés dans la distance procuraient la seule raison pour se sentir responsable en cette vie.

Sans éducation, venus se réfugier dans la Cité d’exactions menées contre leur minorité du pays, le saut était grand entre les réalités de la Cité, le village et son agriculture ou encore entre la ville et le commerce informel. Il fallait servir de maind’œuvre même non qualifiée dans un système où les règles imposaient une pléthore de démarches administratives et de documents justificatifs. Ils auraient bien aimé travailler encore la terre mais la sélection là encore était dure. Les natifs et ceux maîtrisant la langue se taillaient la part du lion dans l’accès à la terre. Seul recours alors, les emplois alimentaires de basse besogne tout aussi concurrentiels ou une activité informelle de légalité imparfaite.

L’essentiel était de pouvoir vivre et faire vivre d’autres, lorsque l’emploi noble était obstrué par des moyens de prévention de la concurrence venant d’une main-d’œuvre externe. Ces laissés pour compte du marché de l’emploi agissaient comme rustines pour des tâches que les acteurs de tous les chômages (classique, frictionnel, structurel et naturel) possibles et non imaginés, rechignaient à occuper.

Les entreprises pouvaient donc tout de même compter sur une force de travail résignée et exploitable à souhait. Les charges sociales les concernant ne se discutaient même pas. On les employait et c’était tout. Pas question de tomber malade ou de prendre un congé, les remplaçants de ce mini marché de l’emploi à bas coûts et dissident, ne manquaient pas.

Pour l’économie, l’impact était non négligeable. Il fallait bien qu’ils vivent et dépensent le peu qu’ils gagnaient sans avoir l’honneur de le faire légitimement. Alors, les magasins de produits de grande consommation, les marchés, les compagnies de services téléphoniques, les épiceries communautaires, les services de transfert d’argent, etc., encaissaient la dime pour le bien des chiffres de la consommation des ménages.

Nul n’osait crier qu’une telle économie de personnes marginalisées pouvait être d’un secours pour tout un système qui souhaitait toujours tourner en roue libre en évitant la crevaison des crises ou les fuites dues à la pression d’un marché déséquilibré. Devait-on être reconnaissant que de telles rustines existassent? Après tout c’était une question de politesse, de gratitude et d’honnêteté.

Le sage Amadou Hampâté Bâ révélait, il y a peu, l’adage Peul: «Honore l’étranger de passage car tu ne sais pas si c’est Dieu qui te l’envoie. »

« Les miettes laissées au chien ne font pas de lui un gardien médiocre de la maison. C’est devant le voleur qu’on apprécie sa bonne forme. »

Aux raisons

« Je vous le déclare, c’est la vérité : un grain de blé reste un seul grain s’il ne tombe pas en terre et ne meurt pas. Mais s’il meurt, il produit beaucoup de grains. » Jean 12, 24.

Et voilà qu’une femme tombait à son tour et souhaitait livrer humblement le fruit de sa vie pleine et simple. M’ma Kpayo avait vécu.

Asi vivait dans l’angoisse constante de la perte de ses parents restés au pays et qu’elle ne voyait plus assez. Nul ne savait ce que portait comme message douloureux, l’appel reçu à une heure qui n’était pas de coutume. Simple erreur due au décalage de compréhension des heures différentes du monde ou urgences d’un signal électrique qui allait plus vite que le pas du messager d’antan ou des tambours grondant des villages de savanes.

Elle avait vraiment vécu par amour pour l’Autre, son prochain, celui qui suscitait sa charité inexorable. Elle avait été de tous les combats; surtout lorsqu’elle essayait d’aimer ceux qui ne la comprenaient pas encore. M’ma Kpayo avait appris la déception et le rejet quand on lui fermait tout réconfort et lorsqu’on lui demandait de se tenir à l’écart des vies bien rangées et confortables émotionnellement.

Femme au caractère de feu, c’est pleine de son amour débordant qu’elle acceptait certaines vexations même si elle se devait aussi d’attaquer pour se défendre. En effet comment concilier un héritage de sensibilité et des conditions de vie si hostiles?

M’ma Kpayo avait su trouver la solution en se tournant vers son Maître et Sauveur de toutes ses forces, pour marcher sur Ses voies à tout moment, avec une ferveur sincère et une assiduité exemplaire. Elle avait trouvé son équilibre entre religion et traditions héritées tout en jouant le rôle de mère et de grand-mère moderne. Elle donnait tout ce qu’elle avait pour aider et même de sa santé fragile. Nettoyant la maison de Dieu, soignant le moribond, s’engageant dans les prières en groupe. Elle donnait de son temps, de sa santé, partageait son rire, ses peines et offrit sa vie bien au-delà des apparences. Vers la fin, elle accueillit sa maladie avec son cœur blessé et ses émotions pleines, dures ou douces, sans les voiler ni les taire. Dans un dernier effort d’abnégation elle accepta l’appel du Père. Consciente qu’elle ne pouvait que mieux y intercéder pour ceux qu’elle avait toujours portés dans ses peines, ses joies et ses histoires de vie.

Elle eu de nombreux enfants de son mariage et Asi était sa toute première fille. À présent, toutes les personnes qui l’avaient aimée telle qu’elle était, la portaient dans leurs prières pour qu’à jamais son cri d’action de grâce résonne dans les cœurs de ceux qui s’apprêtaient pour leur propre lutte d’émancipation: « J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat… » 2 Tm 4, 7-8.

Les femmes à histoires, celles qu’on raconte sur elles et celles qu’elles auront marqué à jamais. Ces femmes à histoires donc, nous laissaient à nos légendes. Elles coupaient court à nos mots et s’en allaient tout simplement l’une après l’autre. Elles léguaient le rôle de maîtresse de maison et de vie féminine pleine des secrets des origines à leurs suivantes si peu enclines au passé mais habiles à jouer avec les promesses des sciences d’avenir.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » proclamait autrefois un certain Iesu. La communauté une fois de plus faisait taire les dissensions et dans un élan solidaire, plus que de coutume, amassait des fonds pour aider Asi et sa famille. Les messages de soutien lui redonnaient du baume au cœur et lui rappelaient qu’elle aussi elle comptait pour d’autres dans une famille dont l’étendue ne noyait pas l’importance du membre.

« On ne peut vivre sans attaches affectives humaines ni mourir sans le concours, a posteriori, de ceux qui hériteront du devoir de mémoire. »

À ciel ouvert

Koua regardait les prix des billets d’avion pour se rendre chez lui. Une vraie fortune! Il devait compter suffisamment d’économies pour faire voyager une famille de trois membres et les frais du séjour sur place. Depuis sa naissance, il n’avait pas présenté le bébé à la famille et repoussait la date chaque fois. Voyager dans sa région qui n’était pas si éloignée coûtait plus cher que visiter un lointain pays touristique desservi par plusieurs compagnies.

Il ne pouvait y avoir de réelle concurrence sur la qualité des services et surtout des prix, quand une seule compagnie aérienne bénéficiait d’avantages vénaux sur l’occupation du ciel et l’accès aux infrastructures aéroportuaires héritées d’un temps féodal où le vassal ne pouvait se déplacer sans le carrosse de son suzerain. Dans la mesure où celui-ci daignait se montrer bon seigneur à accorder une place.

Avec la première phase d’émancipation des pays longtemps mis sous tutelle, les compagnies locales avaient pu prendre leur envol pour la fierté nationale mais sans être prêtes pour le concert international. On faisait vivre ces symboles au prix de ponctions sur des artères alors suffisantes pour alimenter tout le pays. Mais les poumons vieillissent et le cœur s’essouffle. Le pays supportait moins les chocs surtout quand on avait pris l’habitude de fumer sans prendre garde aux lendemains. On tarda à retirer les intubations jusqu’au crash des machines. Des avions cloués au sol et des compagnies en cessation de paiement. La réanimation ne donna rien tant la libé-ralisation, tel un infarctus, délivrait des illusions d’une vie sans risques économiques, sans efforts pour rester en santé financière, ni lutte contre l’assaillant selon les lois de la concurrence.

Là où l’aveuglement, si ce n’est la « innée cécité », prenait le pas sur l’arrêt cardiaque des compagnies d’apparat. C’était alors la politique du statu quo unilatéral. Les compagnies suzeraines rescapées et rodées étaient garanties d’un ciel sans nuage tant qu’aucune structure n’arrivait à se mettre en place pour durer face à elles. Les velléités étaient nombreuses mais partir tous en attaquant contre les buts adverses c’était néanmoins ne pas être sûr de marquer le moindre but mais de s’en prendre un en contre-attaque. En espérant que le goal lui-même ne se soit pas institué attaquant. Le monopole était facile à tenir face à des troupes en ordre de marche dispersée et non coordonnée. Le poids des pratiques commerciales et des manquements au service aux usagers pouvait se développer sans menace de retournement d’une clientèle déjà prise en otage dans un détour-nement d’avoirs.

Chaque pays de la région avait ses forces et ses faiblesses. Tous ne pouvaient tenir seuls l’affrontement contre une flotte bien déployée mais en se réunissant en escouade ou en armada soudée et apprenante, le jeu pouvait être rééquilibré. La dénonciation d’accord d’exclusivité, de droits d’atter-rissage et baux féodaux était l’effort à fournir de la part de dirigeants audacieux. L’arrivée de nouveaux partenaires loin de totalement noyer les opérateurs locaux serait l’occasion de se construire une efficacité au contact de la concurrence. Loin alors l’idée de se cacher derrière un sous-développement pour aimer rester en classe préparatoire primaire. Le but était d’at-teindre la maîtrise du domaine et il fallait pour cela apprendre des autres et faire ses preuves: une région unie dans un ciel libre.

« L’air est l’espace où les obstacles devraient être les moins nombreux à surmonter. Asservir économiquement l’air dont ont besoin les peuples pour se rejoindre est comme couvrir une marmite qui déborde de frustration. »

Un monde en projet

Le mot projet existait depuis longtemps dans le vocabulaire courant mais il devenait d’un usage fréquent pour le commun des immortels en devenir qui l’associait à plusieurs de leurs activités sans dissocier la Science projet et les outils de gestion de projets auxquels ils avaient recours. Pour des professionnels, il devenait dur de naviguer dans un environnement autre que celui de grandes entreprises qui prenaient la mesure du mot et savaient à quoi s’attendre en initiant ce type d’activités.

Les entrepreneurs individuels ou indépendants n’avaient pas tous la formation pour agir au titre du métier de chargé de projet (un métier à part entière) mais, par phénomène de mode ou de courant de pensée, qualifiaient volontiers comme projet chaque contrat entrant dans le cadre de leurs affaires courantes. Les clients étaient différents et les outils mis en œuvre réadaptés mais les produits souvent similaires. L’innovation et la part de l’inconnu dans la solution à trouver perdaient leur sens pour des gestionnaires qui voulaient gérer un portefeuille de «projets» comme de simples opérations de production de solutions. Chaque portefeuille devenait une mini PME pour lequel le budget, les délais, l’envergure, l’effectif, etc. n’étaient plus centrés sur le bien livrable mais sur la conformité à l’environnement économique de l’entreprise.

Le métier de la gestion de projet pour se distinguer du sens commun se devait d’insister sur l’expertise des membres et d’éduquer les entrepreneurs et entreprises profanes sur le bienfondé de l’application professionnelle du corps de connaissance et des pratiques de ce domaine. Le mot projet tendait à se vulgariser mais la science de gestion de projet devait garder sa particularité et regagner ses lettres de noblesses en achevant des œuvres qui témoignent de la seule capacité du métier à venir à bout d’innovations ou de réalisations sans commune mesure.

À la vue des cycles économiques qui se déréglaient au même titre que ceux écologiques, les prévisions de croissance n’étaient pas à l’abri de contrecoups conjoncturels qui affectaient les performances et le rayonnement financier. On pouvait découper les périodes de prévisions sur de petits intervalles de stabilité, tels les programmes quinquennaux du système communiste, sauf que le marché avait le pouvoir de fixer les objectifs en fonction des tendances de croissance sur la durée choisie. Du fait du caractère temporaire ou, mieux, séquentiel de l’activité économique, la gestion par projet pourrait se développer pour soutenir cette nouvelle économie. Les outils et méthodes de gestion de projets seraient transférés aux gestionnaires et hommes d’affaires avec le concours constant de ceux dont c’est le métier. La gestion de projet au sens pur serait donc plus une activité réservée qui permettrait de réaliser des évolutions dans les corps de connaissances ou de pratiques d’autres domaines d’activités socioéconomiques. L’avenir s’ouvrirait sur un monde de projets…

« Gestion par projet et gestion de projet émane de la même essence. L’une est chair comestible du fruit et l’autre le cœur fertile du métier. »

QUATRIÈME SAISON

Habitats dans la Cité

Koua habitait dans un quartier populaire de la banlieue de la Cité. Le loyer était modique pour un appartement à quatre pièces. Ce n’était pas le grand luxe mais on avait au moins de l’espace et les infrastructures minimales pour ne pas avoir à se rendre au cœur de la ville à chaque fois. Bon nombre de ces logements à loyer réduit était d’imposants immeubles où s’entassaient les strates des classes populaires. Telles des carottes de forage, on y retrouvait tous les instants de l’immigration ou des périodes économiques.

On n’eût pas su dire si c’était la présence de loyers moins chers qui faisait la concentration de cette partie de la population ou l’intention cachée de les éloigner qui amenait à offrir ces loyers à l’extérieur des villes. La pression immobilière aidant la banlieue offrait un coût foncier qui se répercutait sur les dépenses de construction et les taxes étaient moins élevées par la suite. Il existait aussi ce genre de logement au sein de la Cité. L’enjeu en filigrane était la réponse à donner à l’insécurité qui naissait de ces oasis artificieuses.

Koua, en moniteur d’arts martiaux, avait acquis le respect des jeunes du quartier. Il les connaissait pour la plupart et leur conseillait d’avoir une activité sportive comme base de vie. Pour lui c’était aussi vital que faire ses courses dans l’épicerie du coin de rue. Ce n’était pas la panacée mais en attendant qu’ils aient un avenir plus dégagé cela permettait de garder un groupe de référence sain lorsque l’autorité parentale avait été reléguée au second plan par insolence, incompréhension ou influence négative. Ils étaient souvent les premières victimes de ce qui devenait bien vite une spirale d’actes regrettables.

Là encore la précarité familiale supportée par humilité religieuse par les parents, fidèles tirailleurs économiques, rentrait en conflit avec les désirs de réussite et d’aisance financière que reflétaient les exemples du cinéma. Quelques affranchis, au succès pas toujours clair, faisaient rêver en attendant le redressement de leur cursus énigmatique. Tous les moyens pour y arriver et sortir de la résignation des générations précédentes étaient bons. Qu’ils soient d’initiatives personnelles ou d’une opportunité venant de l’extérieur, l’informel prenait sa place avant que des conditions de commerce licite ne soient établies. Le quartier était un terreau de recrutement de jeunes renégats prêts à conquérir le monde financier.

La banlieue était aussi le lieu d’extension d’un habitat pour résidents cossus ou d’une classe moyenne à l’apogée. Il était étonnant que dans une même zone ne se côtoient pas ces deux réalités. Avait-on à craindre que l’insécurité des oasis artificieuses n’affecte la tranquillité de ceux pour qui la misère ne se voyait que dans les reportages à la télé et aux informations? Avait-t-on une chance à donner à ces jeunes sans repère de voir des exemples de réussite concrets dans leur voisinage et leur permettre de s’en sortir par émulation? Bien sûr la forme des carottes de forage devait être revue pour ne pas gâcher le paysage d’une mini Cité au mixage de cultures urbaines et couches sociales. Deux tours se traduiraient par deux quartiers de triplex où s’intégraient des résidences d’un riche aspect. La sécurité de l’ensemble serait sans doute plus gérable si le sentiment de frustration et de marginalisation dispa-raissait des jeunes esprits. Les anciens accueillaient comme une forme de réussite d’être intégré dans un univers gratifiant où les services et équipements prévus pour mettre à l’aise la minorité aisée servaient aussi à la majorité populaire.

« Il faut une grande concentration d’hommes pour s’apercevoir que le manque de réflexion entre les couches sociales empêchait la connaissance mutuelle des réalités profondes de leurs vies. »
Éco-logique

«Parfois je me demande si voter «Vert» n’est pas comme envoyer un bulletin au recyclage de deuxième tour. Pourtant construire un programme Béton avec de l’Essence dans le contenu devrait tout de même profiter à la Terre. A quand des ministres des finances, de l’intérieur, de la défense… «éco-logiques» et non des personnages qui se battent juste pour être représentés dans l’arc-en-ciel idéologique?» Cette réflexion sans être une offense ouvrait le débat sur la capacité des mouvements écologiques à défendre efficacement les intérêts de la Terre et des communautés sur le plan politique.

Rouler à gauche du chemin à parcourir ne garantissait pas l’édit de lois économiquement et socialement respon-sables ainsi que universellement cons-cientes. Les clivages électoraux ne devaient plus être des freins à la constitution d’équipes faites de spécialistes et d’adhérents à une cause populaire renouvelée. Les mesures prises ne serviraient plus de justification d’une doctrine politique mais plutôt à servir les intérêts d’un pays pris dans les interactions internationales notamment dans le commerce et l’économie.

L’environnement était une préoccupation légitime et souvent urgente. L’opposition avec les intérêts économiques était classique et constante. On n’évaluait pas majoritairement un pays à son écologie mais à son économie et sa production de richesses. Or pour produire cette richesse il fallait utiliser les ressources terrestres et humaines tant que l’humain était considéré comme une ressource terrestre.

De l’autre coté du clivage politique, la prise en compte, bien souvent sous la pression populaire, des défis écologiques amenait à prendre des mesures de préservation mais qui n’allaient pas au-delà des remparts économiques. Le développement durable trouverait sa logique s’il constituait aussi une assurance d’un accès durable aux ressources et donc d’une production de biens durables.

Où placer alors la cause populaire des communautés revendiquant leur identité et l’équité économique? Fallait-il rouler à gauche sur une autoroute aménagée ou rouler à droite sur une avenue truffée de feux tricolores?

La logique « éco » servant la Terre où la gestion de richesse pouvait être revendiquée par chacune des formations politiques. Seul le discernement des populations concernées pouvait les aider à ne pas confier leur voix à des faux champions prêts à surfer sur les vagues et tendances politiques pour usurper la vocation d’être à la tête d’un peuple sans en être l’élu légitime pour représenter ses intérêts. La sensibilisation au vote était un investissement important auprès des ignorants, déçus et réfractaires de ce droit acquis dans la douleur et le sang et serait encore décisif pour faire aboutir ces idées nouvelles. La transparence du jeu politique avait besoin de ses ardents défenseurs dans les structures supranationales qui négligeaient de dénoncer les abus souvent par mépris, indifférence ou complicité.

« Le jeu politique dans un environnement sain devait servir au débat et à la construction d’un consensus représentatif de la population d’un État. »

Sentiment marginal

Quel pouvait bien être le genre d’une âme? D’où venait ce renouveau de l’orientation physique des sentiments humains. Bien que le phénomène soit ancien, des années de lutte aboutissaient à une meilleure intégration et une contribution à la vie économique sans trop grande discrimination. Il restait encore du chemin à parcourir pour une pleine reconnaissance de cette identité.

La discrimination en matière de jeu économique en général était toujours dure à prouver. Les contrats refusés, les attitudes condescendantes ou carrément hostiles, resserraient les liens au sein de ce mouvement identitaire. On affichait un signe d’appartenance multicolore pour attirer sa clientèle, et d’autres sympathisants. Un réseau, discret mais soudé, de contacts d’affaires finissait par créer le contrepoids nécessaire à la résistance.

Il était inspirant d’observer l’histoire et les caractères de cette communauté, de voir combien une lutte identitaire aux retombées socio-économiques et politiques pouvait amener le monde à changer sa perception et lui faire sa place au soleil.

En plus des causes raciales, civiques, nationales, culturelles, etc., plusieurs autres pouvaient ainsi trouver leur source d’inspiration et faire lever la clameur et le son de cor: la reconnaissance mutuelle de la psychiatrie et des cultures de tradition spirituelle, l’accès des femmes à la vie économique et politique, les luttes pour le respect des propriétés foncières et leur répartition, l’indépendance d’un peuple et de sa religion…

La création d’une synergie, sans nécessité de fédération, à partir de ces courants revendicatifs pouvait faire naître une nouvelle société plus proche de l’état d’évolution des humains. Tel qu’avait été le cas lors de la chute du bloc d’idéologie politique extrême ou, plus tôt, de la remise en cause des impérialismes et des sociétés au modèle de morale très conservateur.

La présence de mécènes et de facilitateurs était à la fois l’atout majeur, voire la clé de voûte de l’élan général. Il fallait en effet des personnages pour oser croire à la vision, financer les efforts et surtout parler au nom de ceux qui ne pouvaient siéger dans les hémicycles où se prenaient les décisions les concernant.

L’adjonction d’une portée politique, loin de réveiller pour beaucoup les déceptions quant aux hommes et les scandales de corruptions qui étaient encore trop de cou-tume, était un outil dont on pouvait se servir pour faire passer ces vagues marginales en vraies lames de fond pouvant renverser les tendances déclarées souveraines. Ces Champions de la cause se devaient d’adhérer à la culture et à l’attitude qui faisaient le ciment de ceux qui s’unissaient pour faire changer les mentalités et le confort économique sans partage.

« Être en marge d’une société et d’un système économique c’est avoir le défi de retracer un chemin nouveau vers les lieux d’interactions et d’intégration identitaire. »

Renégats ou mercenaires

En plus des cas de commerce non légaux et des activités portant préjudices à des tiers, une partie des activités économiques échappait au contrôle fiscal et ne générait aucune recette pour les autorités. Ce secteur informel servait de filet socio-économique dans les pays en émergence et de complément alimentaire dans les Cités. Certains en dépendaient totalement pendant que d’autres y trouvaient un surplus de confort et une occupation guidée par l’habitude de l’attitude culturelle.

Les tentatives de prélèvement fiscal sur ce système n’aboutissaient qu’à de rares taxes et amendes jamais pérennisées dans la plupart des cas. Plus qu’un problème de corruption des administrations c’était un réel refus de se plier à des ponctions qu’aucun investissement en retour dans les infrastructures et les conditions d’exercice ne justifiait.

La liberté d’exercer une activité informelle se manifestait lorsqu’un vide d’intervention sociale et financière des autorités touchait une couche de la population. La règle du pélagianisme «Aide-toi, le ciel t’aidera» prenait tout son sens pour ceux qui ne pouvaient vivre d’espérance étatique mais devaient plutôt chercher leur pain au quotidien. De là naissait la vocation mais l’investissement initial était encore le fruit du tissu social représenté par la famille et la communauté.

Ne pas accepter de contribuer au système économique étatique avait valeur de revanche pour l’absence de mesures sociales de soutien et de minimum vital. Les renégats du système étaient, si on le voulait, les premiers artisans d’une logique de régulation de la contribution et de la répartition des richesses. En somme «je participe, tu me rétribues» et vice versa.

Dans les Cités, les commerces de confort ou du moins de soutien au confort, lorsqu’ils étaient déclarés étaient considérés comme des activités de choix pour des acteurs à revenus multiples. Bon nombre de ceux qui choisissaient de ne pas avoir d’autorisation légale pour ces activités le justifiaient par sa taille effective que la lourdeur administrative ne pouvait que compromettre. Là aussi le poids fiscal et l’insuffisance du revenu demandaient de se sauver soi-même et de pénaliser l’autorité pour les choix mis en œuvre afin résoudre les équations économiques.

L’apport fiscal du secteur informel devait-il forcément tenir à cœur aux autorités si les mesures sociales créées en échange n’étaient pas à la hauteur du gain minimal dont profitaient les acteurs?

Les mesures les plus fréquemment observées étaient celles du maintien de l’ordre lorsque l’exercice indiscipliné de l’activité informelle causait des nuisances à la société. Par exemple, le coût des mesures de régulation et de police appelait donc aussi une contribution des acteurs informels afin de garantir un encadrement sécuritaire au développement de leurs activités. Un tel exercice d’échange entre contribution et rétribution des uns et des autres pouvait amener à définir des bases solides d’un système fiscal et d’une réglementation pour un secteur dont la vigueur était aussi source de richesse pour les pays qui en présentaient les caractéristiques. Il était dommage de se priver d’une telle manne pour des Cités et états qui plaçaient le bien-être des communautés au centre de leurs préoccupations.

« Ceux qui vivent au quotidien dans la lutte économique informelle pour se nourrir, déchargent les états de la satisfaction de leurs besoins de base et de l’obligation du droit fiscal»

Ignorance et peur des asservis

L’esprit demeurait incarcéré dans des années de conditionnement mental où fatalité et complaisance, impuissance et résignation retardaient le sursaut de la grenouille. Vous connaissez cette grenouille des contes en science de gestion, celle qu’on trempe dans de l’eau chaude ou de l’eau chauffée. Belle expérience qui édifie l’esprit mais fait cuire du même coup les facultés d’adaptation.

C’était l’instinct de conservation qui se devait d’être le recours à la pérennité des communautés mais dans un minimum de bien-être. Ce dernier se devait d’être ajusté à chaque époque en fonction du niveau global des richesses produites.

Les asservis de systèmes économiques vivaient dans l’ignorance de leur état et un manque d’éducation. Ainsi, ils avaient peur de s’opposer à ces systèmes établis de longue date. La loi naturelle du plus fort ou plus riche qui domine le plus faible, souvent pauvre, régulait les écosystèmes mais ne pouvait toujours se vérifier lorsque la pensée, la volonté et la parole avaient été données en héritage à une espèce qui se devait de dominer la Terre et non de s’inféoder les uns les autres illégitimement. L’épouvantail pouvait se sentir riche d’avoir autant de blé autour de lui et de régner en maître sur le champ, mais seuls les oiseaux connaissaient la valeur nutritive des graines et finissaient un jour ou l’autre par se délivrer de la peur d’une illusion que le vent trahissait toujours.

« Chassez le naturel, il revient au galop », prévenait La Rochefoucauld mais pouvait-on lui opposer qu’à force de chasser et de prendre de l’expérience à le faire, le galop vindicatif laissait place au trot puis à l’indifférence et à la paix. Le but n’était pas de chasser le naturel à proprement parler mais de s’adapter au naturel afin de dompter sa fougue et apprivoiser son instinct. Dresser ses peurs et son ignorance c’était à la fois oser changer d’attitude à chaque fois que l’inclinaison naturelle portait à la faiblesse de la résignation et aussi apprendre toute méthode et technique pouvant servir l’objectif d’émancipation.

Aucune lutte populaire ne pouvait s’engager avec un peuple ignorant de la nécessité de combattre et bien plus encore ayant peur de la taille de l’adversaire ou de l’inconnu de leur situation après la victoire. La terre promise était à se dépeindre avant de la construire sur les ruines des anciens lieux d’asservissement et d’exploitation de l’Homme par les hommes.

« Peur et ignorance sont les ruines des consciences. Leur aveuglement se guérit par la foi, l’effort et l’adhésion à sa propre lutte de rédemption. »

De « guère hier » à « a bons dons »

La nouvelle lui avait parcouru l’esprit puis le corps. Un frisson qui se finissait dans le tremblement du faire-part qu’il tenait. Il s’était douté qu’elle voyait quelqu’un ces derniers temps et que leurs rendez-vous s’étaient espacés. Il n’avait jamais osé en parler avec elle et sans doute parce qu’elle non plus n’avait pas souhaité lui causer de la peine. La peur de la vérité avait emprisonné deux réalités, deux personnes qui se respectaient à défaut de s’aimer. Fanta se mariait à un homme d’affaires en pleine réussite et Spora peinait à lancer son entreprise et au-delà, sa vie.

La tendresse et l’affection qu’ils avaient partagées ne présumaient pas d’une issue si brutale. Koua disait souvent à Spora que les femmes aimaient la sécurité et que sa précarité et son isolement ne pouvaient que le desservir. Spora malgré le premier refus avait continué à y croire. Comment ne pas s’imaginer qu’une femme était mieux à être rencontrée dans les difficultés de sa vie présente pour partager tout et tout construire avec elle. Il ne voulait pas en attirer dans l’opulence et se retrouver seul dès les premiers signes de mauvaise fortune. La réalité lui tombait drue dessus. Il posa le faire-part et s’allongea.

Que pouvait-on en penser? Matérialisme ou esprit pratique? L’aimait-elle? À défaut d’être de bonne foi, il attribuait son échec à son manque d’aisance financière. Le rayonnement de l’homme devait venir de là.

Fanta avait pris sa décision de façon adulte. Elle aimait Spora pour sa personnalité un peu originale et son charme mais elle ne pouvait oser le présenter à ses parents ni passer son temps à lui servir de rempart. Elle voulait un roc sur lequel compter elle-même. Son indépendance précoce lui avait inculqué des règles de vie assez pragmatique. Aussi, n’avait-elle pas vu d’inconvénients à accepter les avances de son actuel fiancé. Les sentiments et les débordements de romantisme n’étaient plus de son époque, de sa culture ni de ses valeurs personnelles. Elle voulait un homme mature et responsable et qui ferait un bon père. Elle l’expliquerait sans doute à Spora pour lui permettre de comprendre et pour alléger quelque peu sa propre conscience.

Spora avait réfléchi et pleuré toute la nuit. Son monde se brisait et ses espoirs volaient en fumée. Encore une dure épreuve: il était seul et sans argent mais il s’en sortirait. Au bout de deux semaines son état nécessita que Koua appelât l’ambulance. Une dépression que l’on n’avait pas vu venir pour le maître de la Spora’ttitude en personne.
Fanta fut peinée à son tour par la nouvelle. Elle souhaitait le voir mais voulait qu’il aille mieux d’abord. S’adressant à Koua, elle fit passer un long message:

« Dis à Spora que les sentiments mutuels de nos jours sont des perles rares à pêcher. On fait ce qu’on peut et non ce que l’on a en rêve sur Terre même dans le choix de nos conjoints.

Dis à Spora qu’on ne choisit pas ses combats. La vie nous les apporte au matin et vient récompenser les vainqueurs au soir. Il faut nouer des partenariats solides.

Dis à Spora qu’il n’y a pas une ultime défaite dans la vie. On se relève toujours pour avancer et la mort n’est qu’un passage vers une autre réalité. Il faut aimer tant qu’on vit pour se réaliser.

Dis à Spora que l’argent est indispensable pour vivre. Qu’il ne néglige pas sa quête de richesse et qu’il garde l’humilité et la pauvreté pour le cœur.

Dis à Spora que la musique apporte le réconfort qu’il faut dans les moments durs. Les artistes sont les infirmiers du Divin qui soignent les âmes dans le cœur des douleurs.

Dis à Spora qu’il ne garde pas de rancœur ni de ressentiment. Ils détruisent celui qui les éprouve et n’affecte pas le destinataire tant qu’on ne se laisse pas déborder par le sentiment.

Dis à Spora qu’il y a un temps pour tout. Qu’après la douleur, le bonheur attend pour les travaux de rénovation.

Dis à Spora qu’il faut garder ce qu’il y a de positif en tout être et offrir le complément à l’action de sanctification de l’Âme du monde.

Dis à Spora de croire en lui car chacun a sa voie avec le lot de difficultés mais il est regrettable d’arrêter de marcher à cause du volume de graviers sous les pieds.

Dis à Spora que l’adversité est un manteau qui recouvre l’action de maturation de l’être.

Dis-lui que j’ai été sincère avec lui mais que je lui souhaite de trouver une compagne qui bâtira son bonheur. »

Elle raccrocha et se mit à pleurer. Son fiancé n’était pas encore rentré. Elle avait sans doute abusé de la présence sentimentale de Spora comme soutien affectif pour elle avant de trouver son homme idéal. Comment lui dire? Cela changerait-il quelque chose à ce gâchis dans leur relation? Au destin de juger.

« L’amour prend des chemins, que le rêve et la réalité ne peuvent rarement emprunter pour s’unir. »

Trahison de garnison

L’hypocrisie et les relations guidées par les intérêts menaçaient fortement l’équilibre des troupes en marche. Semant le doute et la déception dans le cœur de vaillants entrepreneurs, elles leur faisaient perdre de vue la destination finale de leurs efforts et occasionnaient la même souffrance qu’une flèche de l’adversaire aurait produite. L’honneur de cette blessure n’était même pas de mise lorsque le coup porté venait des rangs de l’armée en lutte.

Se déclarer de l’armée du Peuple, n’était pas une question de couleur de peau ni de culture mais bien d’attitude et d’engagement à œuvrer pour défendre les intérêts de ceux que l’économie de marché dans sa logique extrême écartait du partage des richesses et privait de reconnaissance en tant qu’ayant droit légitime.

On acceptait d’offrir son activité économique pour le bien des couches délaissées par adhésion et conviction. Des esprits malins y voyaient un phénomène de mode ou une opportunité pour être marqué d’un sceau éthique ou socialement responsable voire écologique pour certains. Le mouvement engagé allait au-delà de l’image d’une entreprise ou d’une communauté; c’était une question de foi.

Faisant croire par une attitude feinte et des déclarations frauduleuses de «n’a guère», les imposteurs s’attendaient uniquement à voir les retombées sur leurs activités professionnelles et commerciales : contrats noués avec des partenaires soutenant la cause, subventions du gouvernement solidaire, portée médiatique… À si bien montrer pattes blanches, ils intégraient le réseau et développaient des activités en toute impunité. Quand venaient les premières difficultés et les attaques contre les penseurs et tenants du mouvement, ils prédisaient un changement de vent et soufflaient sur les braises ennemies pour attiser la flamme qui consume charbon et maître de fourneaux.

De telles défections semblaient à première vue la cause d’impies mais avec le temps, la trahison devenait évidente et les auteurs mis hors des effectifs, lorsque ceux-ci ne s’étaient pas déjà désolidarisés officiellement. Il restait à recoudre le tissu abîmé par des étoffes sans consistance morale ni valeurs. Les mites de l’ennemi économique aimaient à s’attaquer aux mailles faibles et laisser derrière elles un chantier de patch en friche.

Beaucoup de théories et de pensées économiques connaissaient des remises en cause. La création d’un courant est une longue marche vers l’acceptation des idées et méthodes. Les esprits opportunistes au sein des mouvements servaient de catalyseurs de doute lors de revers ou de renversement de tendance des indices de mouvement sur les places financières (on ne pouvait s’en passer, hélas!). Une famille de cœur en combat se devait de rester unie malgré les difficultés et de mettre ses membres réfractaires à des occupations qui n’altéraient pas la cohésion du groupe.

« L’imposture même légère est une première cellule qui peut se développer anormalement. La vigilance permet de se prémunir d’ablations pénibles pour le corps. »

L’information en réseau

Pour maintenir coordonnées les troupes réparties sur des fronts différents, la circulation de l’information était pri-mordiale voire indispensable. Les réseaux d’affaires et leurs rencontres servaient ce dessein.

Asi était tombée sur Koua tout à fait par hasard. Il était venu chercher de nouveaux contacts pour le projet d’entreprise en l’absence de Spora malade. Elle venait présenter les activités de sa communauté et chercher des partenaires et des investisseurs. Ils ne s’étaient pas beaucoup vus depuis le lycée et leur immigration sur les terres de la Cité.

Des îlots d’initiatives existaient çà et là, mais leur représentation et la communication de leur existence, produits ou services, à d’autres structures peinaient à se faire, faute d’organismes fédérateurs auxquels on pouvait adhérer. L’unité et l’attitude semblaient encore desservir la cohésion de l’ensemble dans la communauté de professionnels.

Asi fut étonnée d’apprendre le projet de Spora et de Koua. Elle-même avait fait une tentative par le passé mais le poids de la fiscalité comparé à ses gains avait mis fin au rêve. Elle évoluait dans une structure collégiale à présent et développait des activités informelles de façon sporadique et juste pour elle. Koua souligna l’avantage d’avoir un associé et de répartir les risques et les investissements au démarrage de l’activité. «Oui vous pouvez aller plus loin. Pensez aux coopératives. Plusieurs entrepreneurs comme vous peuvent se mettre ensemble en cabinet ou en coopératives. Inutile de toujours penser qu’on a soi-même les meilleurs services ou qu’on réussira mieux que les autres. On doit apprendre à se supporter ou s’apprécier dans le cadre d’une entreprise commune. » Asi martelait son discours en appuyant de l’index le coin de sa table d’exposition.

La confrontation entre professionnels présentait l’avantage de recadrer les idées qui grandissaient en vase clos dans l’impression qu’une inspiration ou une innovation nous venait prête à l’emploi d’un Ciel toujours prêt à renouveler l’évolution de la pensée humaine. La peur du débat ou de la contradiction pouvait se révéler catastrophique lors du développement effectif de son idée.

Joseph E. Stiglitz affirmait que les raisons pour lesquelles les marchés ne fonctionnaient pas parfaitement selon certains modèles économiques étaient dues à une asymétrie de l’information. Sans rentrer plus avant dans cette théorie on pouvait à juste titre penser que la grande désillusion planait sur les entrepreneurs et acteurs qui s’isolaient. Il faillait non seulement être unis et fiers mais encore garder le contact avec les autres et partager les informations non confidentielles issues de son activité, son expérience ou confronter ses connaissances et idées.

Il était nécessaire maintenant de se faire confiance de ne pas avoir d’a priori, par habitude, sur la compétence d’un acteur économique. Si entre membres d’un réseau, les affaires ne se nouaient pas sur la base d’une attitude d’ouverture d’esprit, quelle campagne de communication pouvait efficacement relayer les prouesses d’un entrepreneur de ce réseau? L’aura d’une famille d’hommes d’affaires ne se limitait pas à la circulation de l’information mais plus encore en la confiance en celle-ci et en ses émetteurs.

« La vie à deux est un échange permanent pour maintenir la stabilité du couple. En groupe le défi est enrichi de l’obligation de maintenir une synergie et garder en tête l’objectif final : le succès de la communauté d’hommes d’affaires. »

Affirmation professionnelle

L’élite de professionnels issus des communautés vivant dans les Cités était le corps d’infanterie de l’armée en marche. Dans leurs prises de position, ils pouvaient ouvrir la voie à d’autres combattants et aux générations suivantes venant assurer la relève. La lourde responsabilité d’avoir les actes et les paroles associés à l’image de l’efficacité professionnelle de sa culture, pouvait paralyser ou servir de motivation pour montrer la qualité de sa prestation à chaque exercice de sa compétence.

Les idées reçues, les clichés et l’historique des acteurs précédents qui ont manqué d’adaptation créaient un obstacle au départ de la vie professionnelle. On recevait d’entrée de jeu, de la part d’une certaine catégorie de collègues rivés à ces dogmes professionnels, le défi de prouver sa valeur là où d’autres n’avaient qu’à vivre l’intégration humaine en milieu de travail.

Koua dut faire vite pour arriver à l’heure au travail ce jour-là. Il devait animer une session de formation pour les usagers du nouveau système d’information de l’entreprise. Il connaissait la difficulté de la conduite du changement dans des structures où les générations n’avaient pas été renouvelées depuis un certain temps et où les habitudes de travail figeaient le désir d’apprendre.

En l’absence de Spora, encore à l’hôpital, il avait quitté l’usine et mis de côté le projet d’entreprise pour faire une carrière à temps partiel dans une administration publique. Il se remettrait en scelle lorsque Spora serait prêt. Avec sa jeune famille, il ne pouvait rester longtemps sans revenus décents.

D’un naturel peu sensible au stress, Koua avait bataillé quelque temps avec le rétroprojecteur et, avec l’aide d’un participant connaissant mieux cet appareil que lui, il avait pu donner le change aux murmures et ricanements étouffés. Malgré le soin porté à la tenue vestimentaire et à son attitude, son uniforme naturel représentait des années de privation à l’accès aux technologies faute de moyens. Il ne le portait plus en lui car des années de formation avaient redressé le tort mais, l’environnement professionnel aidant, il éprouvait ànouveau la sensation et le désir de se justifier en actes de brio et d’expertise. La barre était toujours haute pour lui tant que la taille de son échelle de valeurs lui faisait penser à accepter l’idée d’imperfection et d’incapacité. C’était aussi entretenir la défiance générale qui pénaliserait les prochains. Son lot était de résister maintenant et de passer le relais à un autre combattant. Lorsqu’il prit enfin la parole les esprits se calmèrent. La voix pleine de force et d’éloquence, celle de celui qui s’affirme dans son discours, il montrait la maîtrise de son sujet, des outils et des méthodes de communication. Fallait-on toujours passer par là pour se faire une place durable dans l’estime des collègues quand on était par défaut présumé coupable d’incompétence?

Ce sentiment s’invitait dès la sélection à l’embauche où faire pattes blanches ne se résumait pas à produire une pléthore de parchemins ou d’expériences mais à créer la confiance chez le recruteur. Une science qui ne s’enseignait pas et que tous n’avaient pas à maîtriser pour faire une entrée triomphale qui faisait du bien à l’estime et à la carrière.

Le rayonnement des élites du peuple était une course d’astres dans un ciel constellé d’experts et où la compétition demandait de briller tout en gardant sa révolution dans l’univers.

« La vie professionnelle est un jeu de stratégie et la dévalorisation doit trouver une réponse qui met en avant les résultats avant la culture personnelle de l’individu. »

Terre promise

Le jour se lève sur le monde mais l’homme se couche dans la douleur, puis, la nuit.

Koua, Asi, Spora et Fanta se recueillaient devant le cercueil avant l’inhumation. Ancien camarade de classe du lycée, Halid venait de rendre son dernier devoir au pays qui l’avait accueilli. Longtemps il avait cru que la terre changerait grâce au combat et l’engagement de volontaires qui y consacreraient leur vie. Les formules consacrées l’accompagnaient à l’image de son rêve d’Éternité, sa Terre promise…

Spora prit le micro et lut lentement le texte de Halid. Il n’aurait pas pu le dire en Slam comme lui-même l’aurait fait, mais il domina son émotion pour ce dernier hommage.

« Terre promise

Si je meurs et que mon esprit demeure
Que le monde apprenne quelles sont les valeurs
Qui, jour après jour, ont forgé ma clameur

L’espoir qui a guidé mes pas reste le cristal du glacier
Qui mue au soleil dans un torrent désarmé
Et la crue inonde les berges égoïstes des rassasiés

Voir un jour se lever le poing de l’unité souveraine
Pousser le cri de guerre d’un conflit sans haine
Mais retrouver la richesse et l’identité humaine

Fierté d’un peuple, civilisation en survie
Le respect de l’héritage mais tissage par envie
Tolérer les fois par lesquelles nous donnons de la Vie

Si je meurs et que cet esprit demeure
Alors vivra pour toujours l’arme de l’honneur
Où l’Âme recentre la Terre dans les cœurs »

Sur le chemin du retour, les quatre amis se rappelèrent leur idéal de vie, ce rêve qui avait fait vivre Halid et en lequel ils voulaient toujours croire.

« Économie, Société et Écologie» le respect de ces trois dimensions de la vie était primordial pour un équilibre durable. L’économie était l’outil qui servait la construction d’une société où l’équité avait sa place. Être riche ou pauvre n’avait plus sa valeur de réalité opposée tant que la valeur des patrimoines était le juste fruit des contributions effectives à l’économie. La société donnerait à tout individu la chance de s’exprimer et d’œuvrer par son initiative à créer un apport même informel au bien-être général de la grande communauté humaine. L’écologie prenait tout son sens car pour héberger une telle société rétablie dans ce qu’elle a de plus naturel, il fallait que le cadre de vie puisse être respecté et permettre à plusieurs générations d’humains de profiter des fruits d’un monde où la promesse d’une Terre de vie abondante se réalisait dans une ère de paix sociale durable.

«Halid X, R.I.P. »

« Mon uniforme est noir comme cette terre dans ma main, mais je demeure à tout jamais dans le cœur de Dieu. »

Déclaration de « l’a-guère »

Nous hommes et femmes de cette Terre, qui formons le peuple opprimé économiquement.

Affirmons contribuer à la production de richesses de nos nations, régions et communautés économiques internationales.

Revendiquons l’apport de nos efforts dans l’économie et le commerce international et le droit à une rétribution équitable des fruits du labeur commun.

Revendiquons la reconnaissance des identités culturelles, raciales, économiques et spirituelles dans le cadre de l’accès libre aux droits civiques et de la pleine intégration dans les sociétés.

Confessons la légitimité de nos revendications et de notre lutte.

Rejetons toute action violente, dégradante ou pouvant porter préjudice à autrui et aux biens publics et communautaires.

Nous déclarons prêts à défendre notre cause et à œuvrer pour l’avènement d’une justice économique et sociale.

En foi de quoi nous rédigeons la présente déclaration pour servir et valoir ce que de droit.

Ici, hier, aujourd’hui et demain.

Pour la dernière foi

Les rapprochements entre les religions et courants de spiritualité manifestaient la volonté de voir le monde sortir d’un état permanent de conflit entre les dogmes fondateurs et les révélations des maîtres ou guides. L’œcuménisme était dans les esprits mais la diversité religieuse se devait d’être respectée. Il semblait qu’il y eut suffisamment de sentiers pour atteindre le sommet de la montagne Divine. Le respect mutuel était de mise malgré des divergences manifestes entre certains. Il ne pouvait y avoir d’uniformité de culte car les peuples avaient en héritage une part de la Vérité conforme à leur histoire et leurs besoins dans son milieu de vie.

Pour un peuple fédéré par l’oppression économique aucune prédominance ne pourrait être favorisée. Car respecter l’identité des communautés constituant le Peuple c’était justement ne pas vouloir assujettir le grand nombre à une seule doctrine censée être la plus apte à révéler les Voies divines sur lesquelles justifier le sens de la lutte. Bien au contraire, il était nouveau de mettre en commun les apports de chacun et d’aplanir les incohérences en prenant le risque de frustrer certains. Il importait plus de voir la réalisation de l’œuvre que de discuter des mécanismes pour favoriser la foi populaire.

La dernière foi, qui pourrait accompagner le mouvement d’émancipation était issue de la richesse du partage. Une mise en commun des facultés de l’âme avec un vocabulaire adapté à chaque communauté. Tout en restant dans son bassin culturel, il était possible de connaître celui des compagnons d’armes et de respecter leurs pratiques : jeûnes, abstinences, purifications, sacrifices, ablutions, libations, louanges, méditations, yoga, danses, transes… Loin d’un syncrétisme religieux, le but était de maintenir la tolérance par la connaissance mutuelle.

Ainsi, si on devait reprendre un passage de l’Évangile: Mais l’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; tels sont, en effet les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en esprit et en vérité. Jn 4, 23-24.

L’espoir d’une nouvelle ère d’Hommes était à l’aube d’émerger dans les consciences et de se traduire dans des actes de paix et d’une spiritualité riche et répartie entre les communautés. Alors seulement pour la dernière foi, les Hommes diraient, poings levés au ciel, «Solidaires et fiers fils de la Terre!»

 

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