L’art de s’intégrer par
l’entrepreneuriat

ARNAUD SEGLA

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Segla, Arnaud, 1978
L’art de s’intégrer par l’entrepreneuriat
ISBN KDP:9781790675036

1. Entrepreneuriat. 2. Entreprises appartenant à des minorités. 3. Minorités dans les affaires.
I. Wisemen Council. II. Titre.

Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Bibliothèque et Archives Canada, 2017

Maquette et mise en pages: ASSOUKA
Photo de la couverture : © Alexey Khromushin

admin@thewisemencouncil.com
www.thewisemencouncil.com

© THE WISEMEN COUNCIL, 2017

 

Sommaire
Sommaire 3
Introduction 5
Avant De Commencer 7
L’ARRIVÉE 9
L’INSTALLATION 13
L’ADAPTATION 20
L’ÉVALUATION ET LE TEMPS DES CHOIX 24
LE MÉTIER D’ENTREPRENEUR 29
L’ART D’ENTREPRENDRE EN IMMIGRANT 31
L’ENGAGEMENT SOCIAL 34
RÉUSSIR SON INTÉGRATION 35
Conclusion 37

Je dédie ce guide aux membres des communautés culturelles qui forment les diasporas dans les Cités de pays industrialisés. Aux organismes communautaires et associations qui œuvrent pour les soutenir et mettre à leur disposition les ressources nécessaires à leur intégration et leur succès en affaires. Au peuple canadien et à la nation québécoise pour leur accueil et leur apprentissage de la tolérance face à la diversité. Aux peuples autochtones et leur témoignage de l’héritage commun à conserver. Puisse les erreurs du passé ne plus se reproduire en matière d’immigration. La diversité fait l’unité de nos sociétés.

« Chaque Homme est important
aux yeux de Dieu »

Introduction

L’intégration est un défi pour les pays accueillant des flux d’immigration venant de plusieurs régions du monde. Elle se définit par le fait de s’adapter à un pays et à une culture. Le Canada a été longtemps considéré comme une terre promise à des migrants économiques ballotés par les effets de la mondialisation, la pauvreté et le manque de transparence dans la gouvernance de certains états. Ainsi ce pays multiculturel et bilingue s’est distingué par sa politique en faveur des immigrants économiques. Ceux-ci se voient attribué le titre de résident permanent au terme d’une sélection sur la base des profils professionnels et d’autres critères socioéconomiques. La citoyenneté vient par la suite conclure le parcours pour ceux qui ont tenu à rester dans le pays et à s’investir dans une vie de diaspora puis de transmission, à travers les générations, d’un patrimoine métissé.
Mais à quel moment peut-on se sentir intégré?

Disons-le sans ambages, les conditions d’une bonne intégration impliquent une suffisance de revenu et une identité culturelle et personnelle s’ancrant dans les éléments de référence de la communauté domestique. Au Québec, par exemple, la langue française est mise en avant comme élément de distinction et de rassemblement. Que l’on soit étudiant en fin de cycle, travailleur qualifié ou gens d’affaires, les deux éléments identifiés comme base d’une intégration feront appel à des stratégies spécifiques selon son point de départ dans ce parcours de réalisation sociale. Quelles sont les stratégies à mettre en place pour réussir son intégration à la société d’accueil?

En tant qu’immigrant, l’une des solutions est de recourir à l’entrepreneuriat à temps complet ou partiel. Les motifs de ce choix peuvent trouver leur origine dans les barrières à l’emploi ou aux opportunités qu’offre le bassin économique pour atteindre les deux objectifs suscités. On ne réinvente pas la roue; il existe de nombreux guide tels que « ImmigrAffaires » du SAJE et « Entreprendre au Québec » de Immigrant Québec, pour ne citer que ceux-ci, qui recèlent d’une foule d’informations techniques sur les ressources disponibles pour lancer une entreprise en tant qu’immigrant. Mon propos ici est de donner des pistes pour faire un meilleur usage de ces ressources, ainsi que de partager un point de vue issu d’un immigrant et, par extension, de sa génération. Nous aborderons alors, dans ce court guide, des stratégies d’intégration ayant pour mire l’entrepreneuriat, tout en évaluant toutes les autres options pour réussir son projet de vie dans la Cité où nous avons choisi de faire toute ou une partie de notre vie. C’est donc une main tendue à titre de contribution pour vous éviter certains écueils, ainsi que rendre explicite un savoir enfoui dans la mémoire collective d’une communauté d’entrepreneurs issus des diasporas. En vous y souhaitant la bienvenue, nous allons naviguer à travers les différentes étapes d’une immigration pour la faire aboutir à une place à part entière dans l’économie de la Cité.

Avant De Commencer

Dans mon précédent guide « une entreprise ethnique en 40 heures », il était question de donner une méthode alternative et informelle pour se lancer en affaires, tout en mettant l’accent sur la réflexion sur le projet et laissant la rédaction d’un plan d’affaires à des demandes de financement se faisant dans un cadre formel ou institutionnel. Cette méthode a pris ses libertés vis-à-vis de l’approche académique. Je crois fermement que compte tenu de l’accès actuel au financement par les entrepreneurs des diasporas et leur héritage culturel en matière d’affaires, cette initiative a toute sa pertinence. Il convient alors de revoir la définition de l’entrepreneuriat ethnique pour mettre en perspective la notion d’intégration. Certains entrepreneurs issus de la diaspora ne se reconnaissent plus en tant qu’entrepreneur ethnique, parce qu’ils estiment pour la plupart avoir plus de références identitaires avec la société d’accueil ou une indépendance qui ne nécessite plus ou pas le recours au soutien économique de la communauté d’origine. La relation s’équilibre vers un partage d’un héritage uniquement culturel. Certains sont à plusieurs générations après l’immigration du premier membre de la famille et peuvent ne plus se reconnaitre dans une étiquette purement ethnique. Notons que selon une étude réalisée par HEC Montréal auprès d’immigrants asiatiques, il existe 5 raisons qui poussent à l’entrepreneuriat ethnique: l’intention, la chance, le réseau de contacts, les compétences, le parcours de vie. (GA Brenner – 2000).

La définition que je donne de l’entrepreneuriat ethnique est la suivante:

« L’entrepreneuriat ethnique, c’est l’ensemble des projets et initiatives économiques menés par les membres non encore intégrés des communautés ethniques minoritaires d’un pays accueillant des flux migratoires.»

La notion d’intégration fait intervenir la notion d’accès équitable aux ressources du bassin économique par les membres des communautés voulant se lancer en affaires ou faire croître une entreprise existante. Cela implique aussi une dynamique de solidarité entrepreneuriale au sein de la diversité économique d’une communauté. Cette définition est valable pour les membres des diasporas présentes minoritairement dans le territoire. La notion de « minorité » ne fait pas apparaître l’influence d’un petit nombre sur une société. Certaines « minorités » migrantes peuvent suffisamment contrôler l’économie pour que leur type d’entrepreneuriat soit ramené directement à l’économie de marché, et non à celle des communautés via l’entrepreneuriat ethnique. C’est notamment le cas quand cette minorité a une forte capacité d’investissement sur le marché et un accès facile aux ressources. Le modèle informel vient en renfort des entrepreneurs ethniques lorsqu’il constitue l’unique exemple sur laquelle l’activité économique à mettre en place sera calquée.

En un mot
« L’entrepreneuriat ethnique c’est l’ensemble des projets et initiatives économiques menés par les membres non encore intégrés des communautés ethniques minoritaires d’un pays accueillant des flux migratoires.»

L’aspect culturel de chaque modèle informel stratifie l’efficacité et la performance économique de chaque communauté ethnique. D’où notre approche visant à sensibiliser et habiliter l’entrepreneur ethnique tout en offrant un partage des différents niveaux de pratique et une codification commune. L’insuffisance de revenu n’est pas le faible revenu. Elle s’apparente à la précarité, mais concerne des actifs qui font face à leurs dépenses quotidiennes sans pour autant bâtir de patrimoine et d’héritage. C’est comme si le produit de leur emploi ou de leur activité économique était destiné à une consommation sur le court terme, sans provision pour le futur et ses aléas. L’entrepreneuriat ethnique est une solution à l’insuffisance de revenu en ce sens qu’il permet une consolidation progressive de son patrimoine à travers le concours de sa communauté. Par exemple: un individu isolé travaille à son projet d’affaires et offre progressivement une utilité à sa communauté qui va œuvrer pour son maintien dans le patrimoine commun. Les membres contribuent à leur richesse personnelle via le développement économique de leur communauté par le partage. Chaque projet est donc une occasion de faire provision pour son patrimoine.

Voyons à présent comment se construit cet entrepreneuriat autour des phases ou étapes de l’immigration, puis de l’intégration. Cela s’applique à l’individu qui peut alors avoir cette double occupation ou à un ménage dont les membres peuvent conjuguer l’une ou l’autre des options.

L’ARRIVÉE

Vous venez de passer la longue et angoissante étape de la sélection pour obtenir le précieux sésame pour immigrer. Dans le cas du Québec, il s’agit du Certificat de sélection. Plus important encore, il vous a été imposé d’avoir une somme d’argent minimale pour vos besoins pendant les premiers mois de votre présence sur le territoire. C’est notre point de départ. Nous tenterons de tenir la voie moyenne dans nos conseils, sachant que plusieurs cas peuvent se présenter selon le profil (réfugié, gens d’affaires, étudiant, travailleur qualifié). En tout temps reportez-vous aux sites officiels de votre gouvernement pour disposer des dernières mises à jour de l’information. Dans un autre ordre d’idée, le poids de l’immigration n’est pas le même qu’on arrive en célibataire, en couple ou en famille. Très tôt il va falloir lire et comprendre les codes sociaux, professionnels et d’affaires.

En un mot
Il faut aller à la recherche de l’information. L’exercice est de poser des questions aux résidents, qu’ils soient natifs ou issus d’une immigration plus ancienne, lire des guides ou tout autre document donnant les statistiques sur les secteurs d’activités, faire des observations ou encore assister à des évènements communautaires ou corporatifs.

Gardez en tête que notre point de mire est de réussir notre intégration en utilisant l’entrepreneuriat. Nous allons donc suivre les étapes en jaugeant les options qui s’offrent à nous pour lancer une entreprise. C’est donc une question de « moment propice » ou de « fenêtre d’opportunité » que nous allons saisir.

Il est plus aisé à ceux de la catégorie gens d’affaires d’entamer les démarches de mise en place de leur structure économique dès cette étape. Pour ce faire, les organismes gouvernementaux sont les premiers interlocuteurs pour finir d’assoir le statut et être légalement autorisé à exercer. Un homme ou une femme d’affaires, d’instinct, aura préparé son immigration par des voyages préalables pour lier des partenariats ou repérer des occasions d’investissement. Le jeu économique commence donc très tôt pour cette catégorie, et n’est que le prolongement d’un métier exercé par le passé. La maturité les met à l’abri de conseils stratégiques, excepté celui de penser réseau dès le début et de ne pas hésiter à avoir toutes les informations en mains pour investir dans un secteur. Il peut y avoir des particularités locales qui ne s’appliquent pas à ce qui a été vécu dans le pays d’émigration. Un temps d’adaptation est souvent nécessaire si les voyages exploratoires n’ont pas permis de percer les mécanismes du bassin économique. Autre conseil: ne pas être dans l’urgence de la réalisation d’une opération financière pour justifier son statut. Cela peut fausser le jugement et augmenter le risque entrepreneurial.

Dans le cas des immigrants qui arrivent avec des économies destinées à la vie quotidienne pendant un certain temps, il est bon de consolider tout d’abord ses revenus avant d’envisager tout risque entrepreneurial. Là encore le but est de ne pas se mettre dans une situation de détresse financière qui peut remettre en cause le projet d’immigration et d’intégration. Vous êtes cependant libre de vous lancer en affaires si vous avez l’idée du moment. La question est alors d’apprendre les codes de la société d’accueil pour se donner une chance de durer en affaires.

À cette étape, mon conseil est de vous consacrer aux tâches administratives et de prendre pied dans votre nouvelle société d’accueil en vous exposant aux autres. Il s’agit tout d’abord de faire l’inventaire de toutes les options qui s’offrent à vous pour réussir votre immigration (l’intégration interviendra plus tard). Dans cette étape il faut aller à la recherche de l’information. L’exercice est de poser des questions aux résidents, qu’ils soient natifs ou issus d’une immigration plus ancienne, lire des guides ou tout autre document donnant les statistiques sur les secteurs d’activités (surtout si vous ne l’avez pas fait en ligne avant de venir), faire des observations ou encore assister à des évènements communautaires ou corporatifs. Cette étape pourra sembler frustrante car elle ne donne pas l’impression de prendre des actions pour commencer son ascension sociale; pourtant, c’est le meilleur moyen de ne pas avoir à tout recommencer et avoir à se réorienter plus tard. L’un de mes professeurs de traitement du signal et automatique à l’université disait, il y a longtemps « Pour aller vite, il faut aller lentement ». C’est également le conseil que je vous donne. C’est pourquoi la somme d’argent dont vous disposez doit vous permettre de vivre minimalement pendant que vous prenez vos repères. Nous la compléterons par la suite.

Beaucoup de travailleurs qualifiés arrivent et ont une idée claire de ce qu’ils veulent faire : ils veulent travailler dans leur domaine. Inutile d’envisager l’entrepreneuriat. Le temps presse. Une fois le Numéro d’Assurance Social en poche, ils font reconnaitre leurs diplômes et s’engagent dans une formation pour l’adaptation de leur curriculum vitae (CV) et se lancent à la recherche d’un travail. Les plus chanceux d’entre eux sont conscients des codes : le marché caché, les recommandations et non l’envoi de CV tout azimut. Il nous serait difficile de leur expliquer et à eux de comprendre que bon nombre d’entre eux auront à faire un transfert de compétences ou renoncer à leur rêve. Je ne juge pas cet état de fait; je veux simplement leur faire perdre leurs illusions excessives. Beaucoup sont appelés mais peu sont élus; ce n’est pas une question de chance mais de réalisme. Mon conseil est de n’éliminer aucune option à cette étape de l’arrivée, et puisque nous parlons d’entrepreneuriat, considérer celle-ci comme possiblement développable à court, moyen ou long terme. C’est important et cela facilitera la prise de décisions dans le futur. Je ne saurais finir cette partie sans encourager à suivre un cours ou une conférence sur les finances personnelles. En tant que potentiel entrepreneur il serait dommage de dégrader sa note de crédit par des choix malheureux faits dans l’ignorance la plus totale du système financier du pays d’accueil.

Boite à outil. Ce qu’il est bon de faire à l’arrivée:

 

Documents utiles: une carte d’affaires, permis de travail ou Numéro d’Assurance Social.

L’INSTALLATION

Il est temps de poser des actions et de se lancer dans la construction de son projet de vie dans la terre d’accueil. L’étape précédente nous a permis de prendre nos repères et de mieux connaître notre environnement. Avant de commencer, on doit s’assurer avoir suffisamment de ressources pour tenir le temps de prospection que va nécessiter la quête de notre principale ou première source de revenu. Bien que le filet social de la plupart des pays industrialisé soit utile pour éviter les cas extrêmes, il est important d’y avoir recours en dernier lieu. Le premier pas est d’intégrer le marché de l’emploi par un travail alimentaire pendant qu’on poursuit notre prospection pour intégrer notre cible initiale (un poste dans notre secteur ou lancer notre entreprise pour les plus chanceux.) Jusqu’ici rien de nouveau, et on peut l’avoir appliqué dès l’arrivée et l’obtention des documents de travail officiels. C’est un réflexe et une question de bon sens. Cependant il est temps de mettre en place les balises qui peuvent permettre à l’entrepreneuriat de venir en support de notre immigration, puis de notre intégration.

Ceux des étudiants ou des travailleurs qualifiés qui sont déjà intéressés par l’entrepreneuriat peuvent intégrer des programmes de lancement d’entreprise qui leur permettront de réfléchir à leur idée et à bâtir un plan d’affaires. Il existe plusieurs institutions qui offrent différents programmes et approches. Certains doivent consacrer un pourcentage de leur temps à leur projet d’affaires. Le temps restant doit être mis pour consolider la situation financière. « Éviter les situations d’urgence » est le leitmotiv. Inutile de recourir à certaines offres de crédit faciles parce que vous ne voulez pas travailler en marge de votre projet d’affaires. D’ailleurs, travailler dans le domaine dans lequel vous voulez lancer votre entreprise est un plus qui donnera du poids à votre plan d’affaires. Si vous envisagez souscrire à des réseaux d’entreprise ayant un modèle de marketing clé en main ou demandant d’être trop vite autonome, soyez sûr que vous maitrisiez les tenants et les aboutissants et que vous pourrez faire face à la construction d’un réseau en partant le plus souvent de rien. Sans vouloir jeter l’anathème sur un modèle économique, je souhaite juste préciser que cela peut souvent correspondre à des personnes qui ont déjà une bonne présence sur le territoire ou ont un bon contact. Vous pouvez plutôt opter pour vous servir des ressources disponibles.

Le Québec recelle d’une pléthore d’organismes qui sont là pour vous donner un service adapté à vos besoins tout en justifiant leur pertinence et leur existence. Il faut savoir les connaître et les choisir. D’où le recours aux guides que j’ai mentionnés (il en existe d’autres). Beaucoup choisissent d’aller d’organisme en organisme jusqu’à trouver chaussure à leur pied. Tenez compte plutôt de la territorialité, de la clientèle cible principale et de la spécialité de chacun d’eux. Les programmes et services sont souvent similaires.

En un mot
Si l’objectif est de bénéficier d’une suffisance de revenu comme critère d’intégration ou tout simplement d’avoir accès à l’indépendance financière, il faut pouvoir trouver des moyens alternatifs de créer de la richesse afin de bâtir un patrimoine transmissible.

Pour ceux qui se lanceront à cette étape, sachezvous inscrire dans un partenariat gagnant-gagnant lorsque vous sollicitez l’aide d’un organisme ayant mandat d’animer l’entrepreneuriat, l’immigration ou l’employabilité. Sachez que vous êtes un client et qu’en contrepartie d’une subvention qu’ils reçoivent ils ont des objectifs à atteindre. Ils ne peuvent donc consacrer un temps infini à vous aider au risque de ne pas atteindre leurs objectifs. Ayez donc des questions précises et soyez acteur de votre projet d’affaires. N’attendez pas que le conseiller prenne des décisions à votre place ou soit sensible à votre quotidien. L’empathie peut avoir des limites et comprenez qu’ils ont le droit de se proteger pour être mieux efficaces à servir leur clientèle. C’est une question d’assertivité et d’efficacité du temps de travail. Sachez que si vous ne savez pas tirer profit de sa compétence, le conseiller sera payé pour son travail car il aura rempli des objectifs, bien que vous n’aurez pas évolué dans votre projet. Soyez donc spécifique et clair dans votre besoin.

Vu que nous posons nos premiers actes d’intégration par l’entrepreneuriat, j’aimerais vous présenter quelques avantages de pratiquer cette activité en marge de toute idée de carrière ou de voie royale professionnelle. Un entrepreneur est celui qui offre un service ou un produit au public au titre d’une activité économique. Les modèles sociaux auxquels ont été habitués les générations précédentes sont ceux d’une vie professionnelle avec retraite assurée. Avec le phénomène des « Baby boomers » qui partent à la retraite il est plus ardu de garantir cette sécurité à tous lors de l’arrêt des activités. Certains gouvernements ont choisi de rallonger l’âge de la retraite, alors que d’autres réduisent le montant des pensions. Toujours est-il que pour les générations plus jeunes (je pointerai du doigt les générations Z notamment) si l’objectif est de bénéficier d’une suffisance de revenu comme critère d’intégration ou tout simplement d’avoir accès à l’indépendance financière, il faut pouvoir trouver des moyens alternatifs de créer de la richesse afin de bâtir un patrimoine transmissible. C’est une approche que je défends et qui fait partie des messages que je fais passer dans ma pratique quotidienne. Je prends souvent l’exemple des pays du tiers-monde, tout particulièrement de l’Afrique dont je suis originaire, pour montrer qu’une classe moyenne a pu se bâtir à partir de son travail, des activités de commerce informel réalisées en parallèle des activités professionnelles (en grande partie issues de la fonction publique) et d’investissement dans la construction de maisons à louer ou toute autre entreprise devant permettre de dégager du revenu à long terme. Ce modèle auquel sont habitués la plupart des immigrants peut être transféré à l’économie domestique et ses membres. Il est alors important d’accompagner cette dynamique et de la faire adhérer au cadre légal existant.

En un mot
Il faut aller à la recherche de l’information. L’exercice est de poser des questions aux résidents, qu’ils soient natifs ou issus d’une immigration plus ancienne, lire des guides ou tout autre document donnant les statistiques sur les secteurs d’activités, faire des observations ou encore assister à des évènements communautaires ou corporatifs.

Les possibilités sont immenses au vu des ressources disponibles dans les terres d’accueil. Certes, certaines ne seront pas facilement accessibles par la voie institutionnelle (physionomie des projets, profil des entrepreneurs, fonds de démarrage insuffisants, manque d’habilité entrepreneurial, etc.) mais le contournement informel de ces obstacles redonne l’espoir aux couches immigrantes. L’Internet à lui seul permet de mettre en place des stratégies commerciales et de « branding » sans précédent. Dans un de mes articles, je parlais du « 4 E ou le mix de l’entrepreneuriat ethnique » : avoir un Emploi, un E-commerce, une Entreprise et une Expertise. Ce changement de paradigme sur la façon de réussir un projet de vie sous le volet économique vous interpelle en tant qu’immigrants qui avez tout quitté pour vous relancer.

Mon conseil est donc, dès le début, de voir quel type d’activité économique vous pouvez lancer en marge de l’emploi souhaité, quitte à y consacré un temps progressivement plus important en fonction du succès que vous pouvez rencontrer. Il n’y a pas si longtemps la réussite professionnelle pouvait encore se mesure à la médaille de travail ou la légion d’honneur que l’on reçoit à l’issue d’une longue carrière. Sans dénigrer cet honneur, je pense que les situations économiques actuelles appellent à une plus grande affirmation sociale en termes de richesse et de valeur créées au titre de son patrimoine individuel ou communautaire. L’innovation est la clé du succès de ce nouveau mode de vie, car elle permet d’être engagé dans son projet d’affaires et de le défendre tant qu’on a un avantage concurrentiel à défendre ou que l’on est leader dans une niche ou un secteur plus large. Aussi les diasporas se doivent d’être compétitives à l’échelle du bassin économique local, régional, national ou fédéral. Le choix de créer des « ghetto » économiques masque des malaises plus profonds sur un refus de s’affirmer avec les moyens et la culture des affaires qui est propre aux communautés immigrantes. Ainsi, si au bout de quelques années d’exercice, l’ensemble de votre portefeuille de clients provient encore de votre communauté, peut être devez-vous encore faire des efforts d’intégration.

L’un des points que je porterai à votre connaissance est la règle tacite qui a souvent prévalu, notamment au Québec, que pour avoir un emploi dans son domaine il faut avoir une expérience dans une entreprise locale, avoir un diplôme local et maîtriser la langue anglaise. Cela amène plusieurs à s’enliser lorsqu’ils s’obstinent à y complaire. Votre emploi alimentaire est une expérience sur le sol; un bénévolat réalisé dans la quête d’information de l’étape d’arrivée est une expérience. L’anglais peut s’avérer très nécessaire puisqu’on parle français au Québec (il est vrai que le Canada est bilingue). Le plus regrettable est le diplôme, qui vous alourdira d’un prêt du Ministère de l’éducation que vous mettrez longtemps à rembourser. En étant à votre compte à moyen ou long terme vous redonnez de la valeur à votre parcours d’avant l’immigration. Vous avez l’opportunité d’accumuler de l’expérience dans votre domaine en tant que consultant, pigiste ou travailleur autonome pendant que vous exercez un emploi pour survivre. La conformité à des ordres professionnels est plus difficile à éviter. Très souvent des ajustements sont nécessaires. Réfléchissez bien avant de projeter des désirs sur un tableau socioéconomique qui échappe à ce que vous avez vécu jusqu’à présent. C’est une question d’adaptation et de réalisme. Parlezen autour de vous avant de prendre la décision d’engager de gros montants. La plupart des cultures qui immigrent valorisent le niveau académique; il est temps de penser à l’efficacité d’un tel profil (dit « d’intellectuels ») pour le projet de vie qui comprend le projet d’affaires sensé aider ce à quoi vous aspirez: la suffisance de revenu.

À partir de ce moment vous entrez dans une nouvelle façon de penser et de faire: « L’art de s’intégrer par l’entrepreneuriat. »

Boite à outil. Ce qu’il est bon de faire à l’installation:

Documents utiles: CV aux normes locales, plan d’affaires si nécessaire (en cas de demande de financement).

L’ADAPTATION

La prospection concerne dès à présent deux volets: le coté professionnel et l’entrepreneuriat. Je précise que vous êtes libre de toujours croire au modèle classique de carrière à vie et de ne pas vous engager comme entrepreneur en parallèle.

Le temps de prospection d’un emploi peut être plus ou moins long. L’idée d’entreprise s’avère plus accessible si on sait faire preuve de réalisme dans la lecture de l’économie et des tendances et d’effort pour la mise en place du projet. Toujours est-il que le mode opératoire est de se servir de son emploi pour financer son entreprise. Pour les plus jeunes il existe des subventions d’aide au démarrage. Se référer aux guides techniques cités ci-haut. Des prêts sont aussi disponibles pour se lancer, mais cela augmente le poids sur les premiers moments de l’entreprise où il devient impératif de réaliser des ventes. « Éviter les situations d’urgence » rappelez-vous. Il est préférable de commencer avec un faible volume et d’étendre sa clientèle avec le temps. De toute façon vous serez bien occupé par votre emploi dans le même temps.

Nous allons supposer que vous avez à présent trouvé un emploi dans un domaine particulier. Cet emploi n’est plus uniquement alimentaire. Il vous permet de développer une compétence. Vous avez également développé une activité économique informelle déclarée en parallèle. Un temps d’adaptation vous est alors nécessaire pour à la fois apprendre à vivre cette double occupation et trouver votre équilibre professionnel, entrepreneurial et personnel. D’autre part il vous faut apprendre à connaître les comportements d’achat de votre clientèle en même temps que les codes professionnels et de vie. Certains qui sont en couple ou en famille peuvent choisir de répartir le risque : l’un travaille, l’autre se consacre entièrement à l’entrepreneuriat. L’hybridité de l’activité économique que nous décrivons s’applique non plus à l’individu mais au ménage (couple).

Plusieurs années tout comme quelques mois peuvent s’avérer nécessaires pour faire les bons ajustements et commencer à fidéliser la clientèle. Il est fréquent que certaines entreprises soient mises en mode dormant pendant un certain temps avant que les conditions soient à nouveau favorables. Prenons un exemple: vous avez entamé votre démarche en ayant un contrat à temps partiel et vous avez une activité économique qui vous demande d’être physiquement actif le reste du temps. Votre emploi change et vous êtes à temps plein. Il vous est impossible de travailler pendant les fins desemaines et vous décidez alors de mettre en suspens votre activité jusqu’à un nouvel emploi à temps partiel. La flexibilité de l’emploi du temps permet de tenir deux activités en même temps, mais surtout c’est le modèle de vie auquel il faut adhérer dès le départ pour prendre les bonnes décisions professionnelles et ne pas étouffer le côté affaires.

En un mot
La flexibilité de l’emploi du temps permet de tenir deux activités en même temps; mais surtout c’est le modèle de vie auquel il faut adhérer dès le départ pour prendre les bonnes décisions professionnelles et ne pas étouffer le côté affaires.

Vous êtes donc un acteur économique polyvalent, voire ambivalent. Le recours à la technologie peut vous permettre de sauver du temps et de déléguer certaines tâches. La vente en ligne peut être une solution pour ceux qui veulent vendre des produits dont l’envoi peut se faire par courrier postal. Il y a aussi les documents électroniques. Les prestations de consultants ou de pigistes peuvent se faire au fil de l’eau lorsqu’on est disponible. Attention à ceux qui doivent rencontrer des clients; assurez-vous qu’il n’y a pas non seulement de conflits d’horaire, mais aussi de conflits d’intérêts.

Ce style de vie appelle à faire une évaluation et des choix, car on doit garder à l’esprit que l’on vise à atteindre de meilleurs revenus et construire un patrimoine par provision. Certains sacrifices sont nécessaires mais l’effort doit rester naturel; inutile d’aller chercher une charge que vous ne pouvez porter. Chacun de nous a une capacité particulière qui est en harmonie avec notre personnalité intime et profonde (ce que certains courants spirituels appellent l’être).

Je ne suis pas sûr d’avoir du succès dans le service traiteur mais j’ai d’autres facilités. Il importe de connaitre sa définition et de savoir ce à quoi on s’engage avant de déployer tout le reste du projet d’affaire (cf. « Une entreprise ethnique en 40 heures »).

L’adaptation constante à l’environnement externe (économique) et sa capacité interne (intention) permet de maintenir l’équilibre et garantit la durabilité du projet d’affaires.

Boite à outil. Ce qu’il est bon de faire à l’adaptation:

Documents utiles: plan de carrière, audit comptable.

L’ÉVALUATION ET LE TEMPS DES CHOIX

Vous avez déjà passé quelques années sur le sol que vous avez foulé en immigrant et, bien que vous ne vous habituez toujours pas aux hivers, vous vous inscrivez dans une routine et envisagez un meilleur confort de vie. Le patrimoine est une priorité. Certaines compagnies offrant des services de placement financiers vous auront déjà contacté pour assurer vos arrières, surtout si vous pensez à ou avez fondé une famille. Ceux qui étaient déjà en couple ont dû faire des sacrifices.

Vous avez mis de l’argent de côté, ce qui vous donne l’opportunité de négocier des crédits par constitution d’une épargne bloquée (effet de levier) ou d’avoir une marge de crédit sur la base de vos revenus. Vous êtes sensé n’avoir pas trop dégradé votre note de crédit, sachant que vous avez pris un cours sur les finances personnelles dès votre arrivée. Attention aux factures que l’on paye avec du retard.

Il est temps d’envisager de mettre de l’ordre dans votre stratégie et la fiscalité. Il est conseillé de commencer en tant qu’entreprise individuelle ou autre structure simple. Mais au moment de faire des investissements comme une hypothèque, il est judicieux de séparer le patrimoine de l’entreprise et celui de la famille. Une solution est notamment l’incorporation. Compte tenu des frais pour faire une bonne incorporation, je n’ai pas souhaité vous présenter cette option dès le début. Il est aussi temps de penser à la relève ou au partenariat pour consolider votre entreprise. Il existe plusieurs formes d’entreprises qui permettent de garder un contrôle relatif tout en intégrant du sang neuf tant en ressources humaines que financières. Il est bon de prendre en considération le potentiel de l’économie sociale par le biais des coopératives et des entreprises lucratives à but social dans le cadre du développement économique des régions et des communautés.

Si les ventes ne sont pas au rendez-vous évaluez si vous êtes dans le bon créneau. Faut-il s’obstiner? L’entrepreneuriat peut être un hobby, mais dans notre cas on cherche à créer de la richesse. La réactivité est importante pour sauver du temps et des investissements. Si votre entreprise marche et que vous voulez la développer, foncez. Voyez grand pour votre entreprise surtout si vous avez l’intention de vous y consacrer à temps plein par la suite. Il est dommage de voir des entreprises ethniques ou de très petites entreprises n’exister que parce que le gérant a des problèmes avec

l’autorité et préfère vivoter d’un petit commerce. Visez la PME, puis l’entreprise plus grande et surtout n’oubliez pas de préparer la relève.

En un mot
La constitution d’un patrimoine individuel n’est pas dissociée de celui d’une communauté. L’individu bénéficie de la richesse créée mais la communauté bénéficie d’une utilité dont elle peut se servir pour se développer.

Les choix visent donc à faire une plus grande place ou non à l’entrepreneuriat. Vous pouvez encore définir des parts de votre entreprise, garder le contrôle et vous consacrer à votre carrière si celle vous procure un engagement autour d’une cause ou d’un message (pourquoi ne pas vous lancer en politique?). Les transitions de carrières peuvent faire perdre la physionomie de départ. Il faut réévaluer les objectifs et voir si l’intention est toujours de s’investir dans son projet d’affaires.

La constitution d’un patrimoine individuel n’est pas dissociée de celui d’une communauté. L’individu bénéficie de la richesse créée mais la communauté bénéficie d’une utilité dont elle peut se servir pour se développer. Il est toujours regrettable de voir des entreprises qui n’ont pas pensé à la relève ou qui ont négligé des éléments de gestion disparaitre de l’Inc. local, privant ainsi les membres de la communauté de certains produits ou services. Il est donc important de soutenir les entreprises ethniques ou non pour garantir la pérennité de la satisfaction d’un bien ou service.

Abordons à présent de façon thématique le métier d’entrepreneur et les autre éléments clé qui font de ce style de vie une tendance et bien plus encore une dynamique porteuse.

Boite à outil. Ce qu’il est bon de faire à l’évaluation:

Documents utiles: rapport de performance ou d’orientation de carrière (spécialistes en ressource humaines), mise à jour de l’étude de marché.

LE MÉTIER D’ENTREPRENEUR

Le point ultime du style de vie qui est présenté est de devenir entrepreneur à temps plein et de créer de la richesse et de la valeur tout en puisant sa fierté de son parcours. On peut croire que la notion de fierté n’a pas sa place ici tant l’emphase a été mise sur le patrimoine individuel. Cependant cette valeur humaine vient au soutien de la cohésion sociale par le sentiment qu’il imprègne dans chacun des membres des communautés, leur donnant l’envie de construire une civilisation commune à défaut d’une nation forte. Toujours est-il qu’il y a débat sur le fait de savoir si l’habilité entrepreneuriale est une capacité ou un acquis. Je pense que les deux ont leur justification. Certains individus ont une personnalité propice à l’exercice du métier d’entrepreneur (intuition, indépendance, goût pour le risque etc.). D’autres bénéficient de leur environnement immédiat qui recèle d’exemples de réussite, ou ils peuvent baigner dans une atmosphère où l’entrepreneuriat est le quotidien de la famille ou du groupe de référence. Enfin, les autres qui choisissent cette option en dernier choix en réponse face contraintes du milieu ou par goût pour un projet qui leur tient à cœur, peuvent s’initier progressivement par essai erreur ou tout autre mode d’apprentissage faisant intervenir l’expérience et la connaissance de notions de base tels : l’avantage concurrentiel, le fond de roulement, le plan marketing, l’étude de marché ou, plus prosaïquement, le bénéfice, les pertes, le levier financier. Si ces quelques termes ne vous sont pas familiers, peut être avez-vous besoin de les fréquenter avant de commencer. Votre bon sens peut vous amener à prendre des décisions éclairées sans avoir à connaître ce jargon, mais pour avoir le même langage et communiquer avec les autres parties prenantes du monde économique (banquiers, concurrents, clients, comptables, etc.) il peut s’avérer nécessaire d’y consacrer du temps. Vous aurez le bénéfice de renforcer votre crédibilité.

Le métier d’entrepreneur ne se limite pas aux codes : le plus important est de savoir mener des opérations commerciales rentables pour accomplir les objectifs de votre projet d’affaires. Ces codes et notions viennent au fil de l’eau tout comme la connaissance du milieu et des ressources disponibles. Le carnet d’adresses et le réseau viennent aussi en second plan. Ce qui importe plus, c’est l’intention d’entreprendre. C’est elle qui constitue l’ossature de votre projet d’affaires. Elle permet de résister aux tribulations et contreperformances et de toujours retomber sur ses pieds; mais surtout, elle permet d’envisager des stratégies, tactiques et opérations pour développer votre structure économique. Cette notion d’intention est fortement liée à l’attitude (disposition intérieure et comportement) que vous adoptez, qui elle-même va déteindre sur la nécessité des efforts à fournir pour réussir. Mon approche est de préconiser des efforts naturels et une intention lean (sans gras de théorie et d’usage de ressources).

En un mot
Le métier d’entrepreneur ne se limite pas aux codes: le plus important est de savoir mener des opérations commerciales rentables pour accomplir les objectifs de votre projet d’affaires.

En suivant mes écrits vous pourrez vous familiariser avec ces notions. Pour l’heure, mon propos est de vous inviter à vous questionner sur votre « définition », ce qui fait du sens à votre vie et par extension à votre projet d’affaires. C’est une forme de maturité qui est recommandée dans l’orientation à donner à son engagement en tant qu’entrepreneur. Rassurez-vous : il n’est pas grave de se tromper dans l’exécution de cette définition. L’apprentissage se fait le plus souvent par essai et erreur. Le plus dommageable est d’endosser la définition d’autres personnes par envie ou comparaison et de développer toute sa stratégie autour de cela parce qu’on a la perception que ce que vit un tel ou une telle nous revient de droit légitimement. Chaque Homme est important et un portant d’un projet de vie utile à une communauté, si ce n’est à la grande communauté des humains. À vous d’intérioriser vos objectifs et de composer en « artiste » (ce qui est une reconnaissance, car on dit du contraire que c’est un « boa »; simple vocabulaire urbain) l’œuvre de votre projet d’affaires dans l’espace d’une vie et bien au-delà.

L’ART D’ENTREPRENDRE EN IMMIGRANT

« Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire» Un certain chef d’état a franchi le Rubicon il y a quelques années avec cette phrase qui pourrait s’adresser aux natifs d’autres régions du monde, et surtout de son tiers le plus faible dont la reconnaissance de l’apport à l’œuvre de l’humanité est chahutée et mise sous voile. Sans engager le procès des faits historiques omis ou réécrits, j’aimerais porter l’attention sur le formidable défi qui s’offre à l’entrepreneur issu des diasporas. Ce défi comporte deux volets et engage la responsabilité de chaque membre de cette communauté bigarrée et métissée. Avec la fragilisation de l’économie par les crises économiques et la volatilité des bourses, une nouvelle ère d’éthique et de correction dans la gestion financière s’ouvre où chacun peut agir directement à son niveau pour compléter les effets de la gouvernance réalisée au nom du groupe. Ainsi l’immigrant a à présent le devoir de réussir son intégration pour d’une part montrer la force de la contribution des diasporas dans des économies à la population vieillissante, et d’autre part aux modèles qui s’asphyxient par des années de conservatisme. Multiplier les exemples de réussite sociale par des immigrants, c’est changer l’image de cette couche de la population accusée à tort de marasme et d’inadéquation au système sociopolitique. On est habitué de les voir se contenter de survivre sous le poids des dettes et des rêves brisés pour occuper les places laissées par l’effet pernicieux du choc des mains d’œuvre (si ce n’est celui contemporain des civilisations): la locale vs l’immigrante.

En un mot
Entreprendre est le nouveau devoir proposé aux mains d’œuvre immigrantes pour servir la protection et l’affirmation de leur patrie au même titre que l’éducation, l’impôt ou le service national dans les temps plus anciens.

C’est bien un secret de Polichinelle au Québec de savoir que les immigrants en provenance de l’Afrique sont parmi les plus qualifiés, mais sont ceux qui ont le plus de mal à trouver un emploi à leur niveau de compétence. Réussir est donc un devoir d’honneur et d’ouverture de voie pour les générations futures appelées à prendre leur place dans des sociétés où l’économie et la politique dessinent un paysage qui peut très vite devenir hostile aux couches migrantes. L’engagement politique de certains n’est pas non plus superflu en ce sens qu’il garantit une représentation là où se prennent les décisions et où se prépare l’avenir des prochaines cohortes d’immigrants.

Le deuxième volet du devoir de réussite économique en tant qu’immigrant est la coopération avec les populations des patries mères. On a souvent remarqué le faible impact des politiques de développement effectuées à travers les institutions internationales. Les gouvernements des pays en demande justifient l’usage de ces fonds par un investissement dans des infrastructures pour le bien de tous, mais qui peinent à voir le jour concrètement. Il ne serait pas honnête de laisser en l’état ce manque de résultats en condamnant les populations les plus pauvres à voir les disparités s’accentuer et s’en remettre à Dieu pour ce qui est de leur avenir. Réussir, c’est créer de la richesse et un patrimoine par le travail de nos mains. Cette richesse donne le pouvoir aux membres de la diaspora de s’inscrire dans une coopération entre le sud et les ilots de sud (dans les Cités) par des investissements ciblés dans l’économie des pays d’origine pour concourir soi-même à leur AFFIRMATION (oubliez l’émergence et le développement) avec des ambitions sur l’échiquier mondial. Enfin, cela devrait permettre à ces économies de se renforcer, le corollaire voulu étant d’en voir le pan informel intégrer l’économie de marché par un échange et un respect de la fiscalité et l’accès à des équipements devant aider la production de biens et services. Être entrepreneur ne se limite dès lors plus seulement à l’exercice d’une activité économique mais bien à prendre un rôle actif dans l’espace mondial afin de contribuer à l’essor des régions qui vivent l’iniquité ou une forme de domination. Cela est valable pour ceux qui ont accepté de prendre la citoyenneté du pays d’accueil. Leur double héritage offre des possibilités d’être au cœur des décisions prises au nom de la nation, sans perte de repères sur l’enjeu que constitue l’affirmation des économies laissées pour compte. Comme dit le proverbe africain « Si tu ne sais pas où tu vas, sache d’où tu viens ».

Entreprendre est le nouveau devoir proposé aux mains d’œuvres immigrantes pour servir la protection et l’affirmation de leur patrie au même titre que l’éducation, l’impôt ou le service national dans les temps plus anciens. Pour ceux qui s’en remettent à Dieu dans leur impuissance à changer les choses, sachez que Dieu accompagnera volontiers les efforts de changement et d’affirmation mais ne les réalisera pas à notre place. Son omnipotence ne nous affranchit pas des épreuves nécessaires au rétablissement de notre bon droit.

L’ENGAGEMENT SOCIAL

Les communautés culturelles d’immigrants sont les premiers référents que l’on sollicite lors de son arrivée. Elles disposent de ressources et de connaissances utiles pour orienter et soutenir. Une fois passé le cap de cet accueil de première ligne, il est bon d’envisager sa contribution à la société d’accueil pour s’y enraciner. Je crois peu aux théories d’ostracisme, de discrimination et de réactions de repli sur soi. Bien que j’affirme que la mondialisation a eu tendance à mettre (tout au même niveau, surtout culturellement) dans une entropie quelque peu malsaine qui a entrainé l’émergence d’une économie basée sur les communautés, il est bon d’échanger avec la population d’accueil pour enrichir l’écosystème.

Ainsi il a beaucoup été question du point de vue de l’immigrant, mais il est bon de considérer les attentes et les peurs des populations qui accueillent le flux migratoire. L’intégration se fait aussi grâce à la place que l’accueillant fait à l’immigration; c’est pourquoi l’un ne peut pas aller sans l’autre, et les échanges entre les deux ne doivent pas cesser. Il peut se dégager des frustrations à voir des travailleurs qualifiés prendre leur marque et intégrer le marché de l’emploi, des étudiants finir et se lancer professionnellement, des familles venir apporter leur codes culturels et les appliquer librement etc., lorsque soi-même on est aux prises avec des difficultés de réussite sociale. Cela donne lieu à des prises de position nationalistes pour défendre son pain, sa terre etc. et exclure l’autre, l’étranger de la jouissance de l’usufruit commun. Cet état de fait est souvent dû à un défaut d’information sur l’impact réel des politiques d’immigration d’une part (l’apport à l’économie, les statistiques, la démographie etc.) et la nature des cultures présentes sur le territoire.

On doit apprendre à connaitre l’autre de part et d’autre de la barrière du préjugé. L’immigrant est l’ambassadeur de sa culture et doit la représenter auprès de son homologue qui l’accueille. L’autochtone est l’hôte qui offre les conditions nécessaires à l’expression des compétences recherchées par la société d’accueil. Cela peut sembler idéal ou utopiste, mais il en va de la cohésion du groupe. À défaut vous pouvez être la génération qui institue ce changement.

Connaître l’autre est la raison de l’engagement social. Il existe plusieurs façons de s’engager et de créer les conditions favorables à son intégration : le civisme, le bénévolat, la politique, l’animation de la vie culturelle, l’éducation, pour ne citer que cela. Une bonne part de l’enracinement vient de ces activités. La citoyenneté n’est qu’une mise en acte d’une démarche de « greffe » commencée dans l’optique du printemps de notre immigration, qui offrira une fleur de plus à cet arbre et à cette essence qu’est la nation multiculturelle.

RÉUSSIR SON INTÉGRATION

Avec la mobilité actuelle des mains d’œuvre qualifiées (créant des chocs semblables à celui des civilisations), il est important de définir un indicateur de réussite. Notre objectif était de créer de la richesse, un patrimoine durable et une fierté associée (ce qui peut être interprété comme de la sécurité financière et personnelle atteinte) mais il faut sans doute aller plus loin pour parler de réussite. Car les voies et moyens mis en place pour atteindre ces desseins peuvent remettre en cause la réussite sur un retournement de fortune inopiné. Pour moi, le véritable indicateur de la réussite de votre intégration est votre ACCOMPLISSEMENT PERSONNEL, que ce soit par l’entrepreneuriat, la profession ou une autre orientation prise au cours de votre parcours de vie.

L’accomplissement personnel est essentiel pour vous sentir à l’aise dans la société où vous êtes venu vous installer. Sans cette condition, votre cœur vous suggèrera au bout d’un moment une autre immigration vers une terre plus propice à votre épanouissement, si ce n’est un retour au bercail. Réussir son intégration, c’est avoir trouvé tous les matériaux pour réaliser son projet de vie et d’affaires et avoir atteint cette forme de sérénité proche de ce qui est enseigné par la plupart des courants religieux ou spirituels.

Personnellement, j’ai fait de l’entrepreneuriat ethnique ma profession de foi; cela guide mon action au quotidien et le choix de mes engagements professionnels et personnels. C’est sur cet exemple que réussir son intégration devient tributaire de la connaissance et de l’exercice de votre déterminant (la définition ou votre lumière spirituelle). À ce titre, il est inutile de vouloir vendre des formules toutes faites pour inciter des personnes à immigrer dans une région plutôt qu’une autre. Chacun doit pouvoir déterminer ce qui est le mieux pour lui, sans influence. Sans finalement remettre en question nos propos, dans cette partie sur le pouvoir économique, la sagesse nous montre qu’au bout du compte la vraie richesse est intérieure, la monnaie étant un outil pour se mettre à l’abris d’un trop grand inconfort à vivre cette richesse intérieure.

Boite à outil. Ce qu’il est bon de faire à l’intégration:

Documents utiles: évaluation de patrimoine, évaluation d’entreprise.

Conclusion

Comme vous l’aurez remarqué, ce guide ne comporte pas de données chiffrées qui doivent être mises à jour en permanence. Il se lit en complément d’un guide faisant l’inventaire des ressources disponibles. C’est donc un guide pratique qui se veut tout d’abord stratégique, et rédigé par et pour les immigrants. J’espère n’avoir pas fait qu’enfoncer des portes ouvertes, mais les premiers moments en terre d’accueil sont ceux de l’illusion, et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un entourage qui les accompagne font des choix qui retardent d’autant plus leur réussite et leur intégration. Il m’est apparu essentiel et judicieux de mettre sous écrit et de façon explicite un savoir qui circule dans la communauté des immigrants. Vous pouvez vous y replonger à tout moment et l’adapter à votre propre situation.

Entreprendre en général n’est pas si compliqué. Cela fait appel à des capacités et à des habilités, mais plus que tout à une intention première et solide qui vient en soutien lors des passages les plus durs de notre projet de vie associé au monde des affaires. Il est essentiel de recourir à ce qu’il y a de plus naturel en vous et de suivre votre cœur et non vos pensées. Votre cœur contient votre projet de vie et se dévoile à vous lorsque vous prenez le temps de vous y abreuver pour continuer votre parcours. Les pensées quant à elles sont le fruit d’un certain nombre d’éléments externes tirant leur source du conditionnement ou de l’environnement et alimentant ce qui peut être considéré comme l’égo ou les égos. En Afrique, nous sommes peu friands de dualité; nous avons pour habitude de considérer un troisième point de conciliation dans nos approches conceptuelles. Je vous appellerai donc à tenir compter de votre corps et de ses limites. C’est la monture pour réaliser tout projet aussi ambitieux soit-il. La santé, le repos et la détente dans l’effort seront des éléments à garder en tête pour ceux qui veulent aller loin dans ce monde qui va de plus en plus vite dans la course aux possessions (et non course à la création de richesses) et qui génère immanquablement du stress et de l’aliénation pour l’humain.

« L’art de s’intégrer par l’entrepreneuriat» c’est donc un deal en soi; celui de faire de sa vie un électron pour un saut quantique dans le relèvement des niveaux de revenus (énergie) mondiaux et un plus grand partage entre riches et pauvres sur cette Terre, dans ce Monde et sous un Ciel providentiel.

«Chaque projet d’affaires porte en son sein un ou plusieurs matériaux importants pour construire le patrimoine de la communauté humaine à travers le temps».

Phases du style de vie professionnel-entrepreneur de l’immigrant

 

 

 

Récapitulation du double parcours emploi-entrepreneuriat

Photo: Awa Lake Diop

Arnaud Segla M. Sc., M. Sc. Admin., CAPM. Consultant en gestion de projets et ingénierie d’affaires, spécialisé dans l’entrepreneuriat ethnique. J’organise et anime des activités professionnelles et accompagne plusieurs entrepreneurs dans l’atteinte des objectifs de leur projet d’affaires.

 

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