L’entrepreneur informel:
entre efforts
et peu de richesse
ARNAUD SEGLA
Segla, Arnaud, 1978-, auteur
L’entrepreneur informel: entre efforts
et peu de richesse
ISBN KDP: 979-8443534473
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017 Bibliothèque et Archives Canada, 2017
Maquette et mise en page: Amaru
Photo de la couverture: © Alistair Cotton
admin@thewisemencouncil.com.
Sommaire
Introduction 6
OBSERVATIONS 8
Effort 8
Offre 11
Créativité 15
Vente Aléatoire 18
ANALYSE 22
L’importance de la maîtrise d’une stratégie Marketing communautaire : gérer l’intérêt de la clientèle 22
Le regroupement est payant en entrepreneuriat informel: l’optimisation de l’usage des ressources 30
La création de richesse est une question d’efficacité: L’effort Lean 33
Conclusion 36
Dans l’indifférence des regards impuissants
L’économie informelle a de tout temps fait couler beaucoup d’encre mais dans les faits c’est une expérience humaine à vivre qui consiste, la plupart du temps, au jeu, bien souvent ingrat, de séduction à l’achat, trop aléatoire, d’un consommateur lui-même dans la rigueur budgétaire. Ainsi, apparaissent l’indifférence en lieu et place de l’Attitude primaire d’une communauté qui devrait, idéalement, être solidaire de ses entrepreneurs.
Une fois de plus, est fait le Rappel de la nécessité d’acquérir du pouvoir économique par la Richesse et de la Fierté par l’identité ethnique pour que les communautés populaires puissent se réapproprier la course du Temps vers l’accomplissement de leur destinée.
Chaque Homme est important
aux yeux de Dieu.
Introduction
Que l’on soit apprenti, vendeur ambulant, en marché ou sur étalage de proximité, on est nourri de la même volonté de gagner de quoi vivre pour un repas, l’entretien d’un individu, d’un couple ou d’une famille. Tout commence donc au niveau du besoin de revenu du foyer qui pousse à entreprendre informellement. À la faveur des influences et des héritages historiques, les modèles économiques exogènes se sont imposés en Afrique et dans de nombreux pays du tiers monde. Cela en ne tenant pas toujours compte de la réalité populaire si ce n’est un constat d’impuissance à intégrer le dynamisme de l’économie informelle dans les schémas de gouvernance des états. Les deux systèmes coexistent depuis longtemps sans que vraiment la transition de l’informel n’ait pu réellement s’opérer pour être une alternative au modèle dominant voire oppressant de l’économie de marché qui sert de référence actuelle. Peut-on cependant envisager que cette transition se fasse par le développement autonome de l’informel pour devenir un cadre de partage de revenu de qualité? La première étape est sans doute de se familiariser d’abord avec les caractéristiques de ce secteur puis d’identifier sa dynamique pour enfin présenter un modèle accessible à tous et applicable simplement sans nécessiter de réel cursus académique. La présente analyse permet donc de porter un premier regard extérieur empreint, autant que possible, de recul.
OBSERVATIONS
Effort
La première image qui s’imprime dans la rétine puis dans l’esprit de celui qui observe les entrepreneurs informels, est l’abnégation avec laquelle ils fournissent un effort répété jours après jours pour gagner de quoi vivre, si ce n’est pour survivre. Pour un vendeur sur étalage c’est surtout dans la patience que l’effort s’inscrit tandis que pour les apprentis et les vendeur ambulants, l’endurance physique est mise à contribution.
Cet effort revient à une forme d’obstination qui pousse à persister et à croire que l’instant d’après va apporter la bonne vente. Il y a de bons jours et de moins bons mais l’entrepreneur informel fait preuve de régularité dans l’exercice de son métier. Que feraient-ils autrement si ce n’est subir les vicissitudes du chômage et s’exposer à la tentation des dérives criminelles ? On sent en filigrane une forme de croyance qu’il y a une Force active au-dessus d’eux qui apporte le prochain client. Cette Main invisible économique ou simplement cette Providence ramène toujours à La Source qui prend soin des couches populaires que beaucoup appellent, Dieu.
Récemment, je déclarais que « le travail procure la dignité, mais l’entrepreneuriat la fierté » mais dans le cas de l’entrepreneuriat informel, l’activité est à la fois un substitut au marché de l’emploi et un ersatz de système de marché. Ce qui me fait dire, qu’ici, l’entrepreneuriat informel préserve l’identité voire « l’humanité.» de ces acteurs. La dignité est concédée par la considération d’Autrui et la fierté vient d’un sentiment profond et personnel éprouvé dans le cœur. L’identité ou « humanité » préservée par l’entrepreneuriat informel concerne à la fois le statut de l’individu mais aussi la valeur de la communauté tout particulièrement lorsqu’elle sert de soupape aux conséquences regrettable du déficit dans le partage de revenu. On note, enfin, qu’il y a ici un manque de vision et d’exécution à être acteur qui se réapproprie son Futur économique.
Quoi qu’on puisse dire cet effort conduit à peu de résultats comparé à la quantité d’énergie fournie.
Offre
L’offre de produits et services de l’entrepreneuriat informel est très riche en diversité et en volume. Il y en a pour tous les goûts et tous les styles. De plus, il existe, le plus souvent, une « saisonnalité » de cette même offre dans une même journée, au cours de la semaine, du mois etc. Ainsi dans les grandes villes, la vente de journaux peut se faire principalement le matin, celle de l’eau avec l’apparition de la chaleur dès midi, les friandises au moment des heures de collations. De plus certains lieux sont propices à certains types de produits par exemple les voies embouteillées pour les gadgets ou les abords d’écoles et universités pour les friandises ou encore les centres-villes pour les vêtements, cafés ambulants, etc.
Le vendeur se déplace sur le lieu où il est généralement reconnu que les achats se font. On est dans une logique semblable à celle de la chasse ou de la pêche où le flair et l’intuition pousse à détecter les meilleures conditions de prise. Ceci explique la présence d’un nombre important de vendeurs, à certains endroits des villes, qui partagent l’achalandage dans une forme de concurrence passive entrecoupée de moments de confusion et de débats spéculatifs pour attirer l’attention du client.
Le plus souvent, ces entrepreneurs de la rue s’approvisionnent dans des marchés populaires dont les acteurs sont pratiquement tous intégrés à l’économie locale régulière (via la redevance d’espace de vente ou le timbre fiscal). Ceux-ci et certains opérateurs de services agissent au titre de grossistes et même d’employeurs lorsqu’ils ont besoin d’un réseau de distribution simple et favorisant la proximité avec la population (revente de recharge de crédit téléphonique, vente de glaces non artisanales etc.). L’offre consiste souvent en produits à bas couts importés, de produits manufacturés ou préparés (nous le verrons plus loin) qui correspondent aux besoins et au pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires. L’achat se fait sous forme de prêts remboursables sous délai et après écoulement de la marchandise ce qui laisse peu de place à la croissance du commerce. En effet, à l’issue des ventes et après avoir remboursé l’achat (pour les plus performants) il reste peu d’argent pour soi sachant qu’une partie est utilisée parallèlement dans l’entretien personnel et celui de la famille. Il s’instaure alors un système de dépendance car les achats de marchandises peuvent rarement se faire comptant. Très peu arrivent donc à émerger sans le support d’une bonne gestion ou d’outils comme le financement rotatif (tontine).
Ainsi, le choix des produits est souvent dicté par la capacité d’investissement des entrepreneurs (avec peu de moyen financier on se contente d’acheter un stock limité ou des produits de bas de gamme). Il n’est pas rare de se questionner sur la capacité qu’ont certains produits à être vendus et la pertinence du choix qui a dicté leur sélection. Il faut tenir compte du fait que les commerçants réguliers cassent parfois les prix pour écouler des produits en fin de potentiel ou de cycle. Cela est propice à alimenter l’offre de l’entrepreneuriat informel dont les acteurs prendront sur eux l’effort de vaincre les réticences des clients.
Point notable, les services (comme le lavage de vitre, ou d’habits, la cordonnerie etc.) n’obéissent pas complètement à cette description en ce sens qu’ils font l’objet d’une mise à disposition d’un savoir-faire ou d’une main d’œuvre pour l’allègement des tâches du client. Dans le cas des fruits le risque est aussi plus important face aux pertes par invendu.
L’offre de l’entrepreneuriat informel est donc caractérisée par le volume, la diversité et les tendances du marché populaire local. En effet, il en tire sa substance en dernier maillon d’une filière de produits à bas couts ou de produits de première nécessité.
Créativité
L’offre de l’économie informelle n’est pas toujours constituée par l’achat et la revente de marchandises. Dans plusieurs cas l’entrepreneur lui-même confectionne le produit ou apprend un métier sur une durée courte. C’est le cas notamment des artisans et apprentis, créateurs d’objets d’art, ou encore de vendeurs d’amuses gueules et autres friandises qu’ils préparent eux-mêmes. Dans ce cas, le fait marquant est la créativité dont fait preuve ces « producteurs » ou « transformateurs ». Cependant un dilemme, entre diversité et similarité, apparait lorsqu’un nombre important d’acteurs créatifs opèrent dans les mêmes conditions, avec les mêmes matériaux, le même savoir etc. La diversité est alors noyée parce que j’appelle « la créativité d’échelle » qui donne un effet de copie et où la personnalisation n’est visible qu’au niveau élémentaire.
Pour un secteur très en vogue et stable comme la coiffure, la faible barrière à l’entrée qui joue sur le nombre d’opératrice fait perdre de vue l’immensité du talent de celles dont les créations diffèrent d’un atelier à l’autre. Il faut aussi prendre en compte les tendances et effets de mode qui portent la créativité sans toutefois la limiter.
Dans le cas des vendeurs ambulants d’amuses gueules, les produits sont délibérément les mêmes car ils correspondent à des habitudes de consommation bien établies. Le but est donc de participer à l’offre de produit sans désir particulier de se différencier si ce n’est dans l’accroche voire la présentation.
Certes, le savoir-faire est un préalable à la créativité mais on est tout de même dans une logique et une stratégie de spécialisation de métier et de faible différentiation. La copie d’un modèle est, quant à elle, justifiées par le succès de celui-ci jusqu’à une pseudo saturation du marché sous forme d’un passage en mode standard de production ou d’extrant. Sous cet angle, l’impact des innovations est aussi amoindri dans le temps ou l’espace de communautés nombreuses d’entrepreneurs si les paramètres qui ont mené à leur occurrence deviennent accessibles. Il n’y a pas de réel mécanisme de protection de droit de propriété intellectuelle et garder le secret dans les formulations gagnantes appelle généralement à la contrefaçon qui est un autre fléau (de créatifs ou de réactifs).
La créativité et l’innovation d’un nombre important d’individus dans les mêmes conditions de production donne un effet de genre au corps de métier qu’ils constituent en limitant le contraste dans les stratégies de différentiation. L’effet pervers, en apparence, est qu’il entraine paradoxalement une spécialisation de la clientèle (par proximité ou fidélité) en lieu et place de celle des produits. Ainsi, la multiplicité des sources créatives amène ces entrepreneurs à vivre essentiellement aux dépends de leur communauté proche sans potentiel d’expansion à long terme.
Vente Aléatoire
Sur une journée, les efforts fournis par les entrepreneurs informels portent peu de fruit. Il n’y a pas de proportionnalité ni une réelle corrélation entre l’énergie dépensée et le chiffre d’affaires. Les ventes sont déclenchées de façon aléatoire sur manifestation d’intérêt, faiblesse ou argumentation interpellant le client au passage. Votre regard et votre non verbal sont constamment sondés et lu pour déclencher un abordage dont on se défait le plus souvent par la froideur, l’indifférence ou le « non! », impuissant, suppliant voire méprisant. L’expérience des vendeurs les amènent à repérer les profils, lieux et situations favorables. L’habileté à conclure en quelques secondes une vente et à le reproduire le plus souvent possible dans la journée assure un revenu substantiel final.
Comme on l’a dit, du côté des entrepreneurs, il y a dans la prospection, des mécanismes proches de l’instinct de chasse ou de pêche. Du côté des membres de la communauté on est dans un schéma de rituel ou d’habitude de vie. Il est plus facile d’orchestrer la dépense quotidienne d’un foyer lorsque l’on obéit à un rythme de consommation stable justifié par le niveau de revenu ou la classe sociale. Cela implique aussi des interactions et relations sociales entre membres des communautés au titre de ces rituels de vies. Ainsi certains travailleurs prendront leur café au bord de la voie chaque matin chez un livreur qu’ils connaissent bien ou dans un choix aléatoire mais avec la même régularité. Le cadre moyen véhiculé achètera son journal pendant qu’il est pris dans les embouteillages pour le lire une fois arrivé dans son bureau. La bonne ou femme de ménage sortira à 7 heures pour acheter du pain pour la maisonnée puis à 11 heures pour s’approvisionner en vue de la préparation du repas de midi. Tous ces cérémonials ou cette célébration autour de la vie devrait appeler idéalement l’analyse des entrepreneurs informels, qui en chasseur ou pêcheur, choisirait le moment propice pour offrir leurs produits au meilleur prix.
Je parle ici de meilleur prix pour tenir compte d’un prix de marché lié au jeu et à l’enjeu d’offre et de demande classique au cours du temps. Il ne s’agit pas de spéculation malhonnête qui vise juste à faire un gros profit sur un client peu alerte ou non au fait des réalités locales. Cette question de spéculation est très pénalisante pour les filières lorsque chaque acteur y va de l’ajout de sa marge de confort non méritée.
Il arrive que l’achat soit aussi déclenché par un sentiment de pitié ou d’empathie pour les conditions d’exercice des entrepreneurs dont l’aspect est usé par l’effort ou est sujet à l’abattement. C’est un geste louable même si certains diront que s’ils ne vendaient rien, ils ne demeureraient pas là. Le secteur informel a encore la chance de faire intervenir des qualités de l’humanité et non un système froid de d’indicateurs de croissance, de performance, de gestion, etc. pour justifier l’action des acteurs au sens large de l’économie. On peut même aller plus loin en disant que cette Main invisible, Providentielle, a besoin du relais de personnes sensibles à la vie pour construire son action quotidienne.
ANALYSE
L’importance de la maîtrise d’une stratégie Marketing communautaire : gérer l’intérêt de la clientèle
On l’a dit plus haut dans cette logique informelle, l’offre ou les producteurs encore appelés entrepreneurs adoptent une attitude de chasse ou de pèche alors que la demande, les consommateurs ou encore les clients suivent un rituel de vie guidé par la maitrise d’un budget parfois critique et qui ne laisse pas place à beaucoup de fantaisie ou d’achat impulsif. Mettre en place ce que j’appelle une stratégie Marketing communautaire, revient à analyser ce rituel commun à la plupart des foyers et de s’y adapter. Il y a déjà des efforts qui sont faits au niveau de la saisonnalité et des tendances des produits. Il est souhaitable d’aller plus loin et d’offrir les produits quand le client en a l’utilité par exemple vendre les balais ou de pain quand l’intérêt pour ceux-ci est optimal c’est-à-dire le matin ou encore des lampes à l’approche de la nuit. Bien sûr les consommateurs peuvent se déplacer et aller faire leur achat au moment et au lieu qui leur sied mais avoir la possibilité d’avoir une offre qui se déplace de quartier en quartier est plus attractive et simplifie la vie. A ce titre les cultures des sud ne sont pas toutes au même niveau d’éveil à ces pratiques de promotion des produits et services. Au Bénin et au Togo le rituel est assez prononcé en ce qui concerne, par exemple, l’offre de repas ou de collation dans les rues au cours de la journée. Ce que j’ai moins relevé à Dakar où elle semble moins diversifiée ou exposées. Au Gabon elle est enrichie par les cultures des ressortissants étrangers qui vivent et opèrent dans les grands centres urbains sinon elle est plus neutre dans les villes reculées. Ici l’entrepreneuriat ethnique (africains) qui s’y développent suivent la dynamique d’occupation des espaces délaissés par les populations locales.
« Middle men minorities?»
Quand la demande ne suit pas l’offre informelle, il faut aller « la réveiller » par appâts (séduction ou prédation continue comme en chasse ou en pêche selon le rituel des proies; ce que l’on peut appeler fréquentation économique et qui peut être mutuelle quand la demande a aussi besoin d’utilités) sans attendre qu’elle vienne à nous parce qu’elle a un besoin. Je rappelle qu’en économie de communauté le point central est l’accomplissement de l’entrepreneur qui s’est mis au service de sa communauté et non le dépassement des attentes des consommateurs comme c’est le cas généralement dans l’économie de marché. Dans la pratique cela revient à jouer sur trois Attitudes minimum (parmi 7 à ce jour): la Confiance, le Plaisir et la Richesse.
La Confiance consiste à baisser les barrières de perception (réticences, doutes ou inadéquations) envers le produit ou le service grâce à la parole. Aussi, la présentation de l’étalage, l’aspect extérieur de l’entrepreneur, etc., sont des aspects à prendre en compte. Ici on joue sur la forme ou l’enveloppe.
Le Plaisir consiste à faire reconnaitre (gouté, touché ou lecture) la qualité du produit ou du service sur un échantillon pour renforcer la conscience. Ainsi un vendeur ambulant d’amuses gueules peut sacrifier une partie de son stock pour faire gouter sur demande et renchérir d’arguments. C’est assez fréquent pour les fruits. Ici on joue sur le fond ou le contenu.
La Richesse consiste à offrir de l’abondance (stimulation d’achat, de participation ou d’émotions agréables) au consommateur pour lui permettre d’utiliser son pouvoir de consommation sur le produit ou le service et le pousser à revenir. Ainsi une vendeuse de collation peut charger généreusement l’assiette du client, ou un artisan peut offrir des produits dérivés lors d’une commande. Il est mieux d’investir dans ces cadeaux que de perdre de la marchandise par obsolescence, péremption ou putréfaction. Ici on joue sur le lien ou la proximité.
Mon modèle définit 7 Attitudes informelles de base qui favorisent la fréquentation:
• Le désir de possession: cibler le client au moment où il possède de l’argent et désir l’utiliser.
• La confiance: Bien présenter le produit, le service et le lieu de vente pour rassurer le client.
• Le plaisir: Faire reconnaitre la qualité du produit ou de service sur un échantillon commenté.
• La connaissance: se former aux techniques de promotion et tendances qui font leurs preuves.
• La qualité: prendre soin de rechercher et de maintenir les bonnes caractéristiques de l’extrant.
• La définition: identifier et valoriser la fierté à faire réussir son projet sans contrainte interne
• La richesse: offrir généreusement pour créer un lien et pousser à revenir.
Habituellement on utilise à la place du désir de possession (notamment dans le système libéral) :
• Le désir d’excitation: créer le besoin de dépenser chez le client par des moyens marketing.
Dans le modèle d’Éco Animisme, ces attitudes sont réciproques. Le consommateur pouvant les mettre aussi en œuvre de façon similaire pour entrainer l’offre de l’utilité au moyen de l’investissement. C’Est pourquoi il est plus question ici de fréquentation (fréquente action) économique mutuelle pour partager information et monnaie dans le cadre d’une Attitude économique de communauté. Dans les deux cas Il ne s’agit même pas de faire des rabais, ristournes ou de l’enchère mais de jouer sur l’information (empathie vs sentiment) pour obtenir la monnaie or l’utilité. On ne vise pas à faire que du profit à court terme mais à mettre en place des attitudes qui garantissent la richesse à long terme. Ces pratiques, touchant à la nature humaine, sont déjà en application, dans une certaine mesure, dans l’économie néo libérale. Pour ce qui est du monde informel des pays du sud, force est de constater que ces connaissances tacites ne sont pas mises en mots pour être partagées, améliorées et surtout construire un modèle qui nous est propre. Ces notions seront précisées et approfondies dans le corps de connaissance en cours de construction et disponible au téléchargement…
Le regroupement est payant en entrepreneuriat informel: l’optimisation de l’usage des ressources
Il m’est arrivé d’observer les escouades de milans à Dakar et de les comparer aux bandes de moineaux que je tentais désespérément d’atteindre avec des lances pierres que mon frère me confectionnait dans mon enfance. Il se dégage une forme de d’organisation dans la prédation des milans face à laquelle la fébrilité brouillonne des moineaux détonne. Cela m’amène à dire que dans une logique de chasse ou de pêche le regroupement ou la simple solidarité des entrepreneurs informels est préférable au « chacun pour soi ». Il existe déjà une forme de collaboration ou un effet de compagnonnage mais là, je parle encore de stratégie.
Que ce soit pour l’acquisition d’un stock varié ou la vente en groupe, tout doit être pensé pour permettre au client d’avoir accès par la proximité au produit ou au service dont il a l’utilité au bon moment ou au bon endroit. Ainsi, un regroupement de vendeurs, plutôt que de se spécialiser dans la vente d’un seul type de produit, peut offrir une gamme adaptable selon les conditions ou les situations. Par exemple, ils peuvent acheter du pain, de l’eau et des dattes ensemble. Et sortir vendre le pain le matin, l’eau dès midi et les dattes à la tombée de la nuit. Cela permettrait d’être toujours pertinent dans l’offre au cours de la journée et par extension au cours de la semaine, du mois, etc.
L’utilité est promue à la communauté pour son propre intérêt.
Les formes d’association comme les groupements d’intérêts économiques (GIE) visent trop souvent à offrir le même service ou à avoir la même activité. Il est vrai que la spécialisation garantit l’expertise avec le temps mais la différentiation assure la flexibilité dans les portefeuilles de produits, de clients et donc de revenu. Il existe un moyen terme qui serait l’adaptation (par une stratégie dynamique) pour bénéficier de la flexibilité tout en étant expert (polyvalent ou transversal). C’est tout l’intérêt de se positionner en point focal et de proposer un menu (ou gamme) de produit ou de service. L’avantage principal du regroupement n’est pas réellement la seule mise en commun des ressources pour une économie d’échelle (capital ou fonds mutuel de fonctionnement) mais plus une optimisation de l’usage de celle-ci pour obtenir le meilleur résultat possible.
La création de richesse est une question d’efficacité: L’effort Lean
La caractéristique essentielle de l’entrepreneuriat informel est l’effort déployé par ces acteurs. Il a été mis en premier dans notre observation. Il est selon moi le produit d’une force et d’un moteur guidé par la foi (quel qu’elle soit) de l’individu. Cependant le rendement entre l’effort, l’énergie dépensée, et le résultat, la richesse, reste faible.
La simple attente de l’action de la Main invisible providentielle ne suffit plus pour la création de richesse dans un contexte de mondialisation, puis d’oppression économique, qui exacerbent la compétition à l’échelle mondiale. Ceci notamment par les migrations de main d’œuvres (entrainant des micro-chocs culturels) et le manque d’alternative de modèles de référence économique.
Il y a une uniformité de pensée et de moyen pour créer cette richesse sans que les réalités des peuples soient prises en compte.
Le choix des différentes tactiques dans le cadre de la stratégie dynamique (adaptation) s’appuie sur le Réalisme (Intention Lean) et par conséquent le Pragmatisme (Effort Lean) pour être efficace. Cela demande d’outiller les entrepreneurs informels avec une connaissance simple et populaire des notions et codes de l’entrepreneuriat. Il s’agit aussi par le même temps de sensibiliser la communauté sur son rôle de soutien à ce secteur d’activité. Le défi est de rejoindre les acteurs cibles par des canaux appropriés de formation ou d’auto-formation qui nécessite l’engagement d’universités, d’organisations ou de gouvernants pour améliorer les qualités managériales et donner, à terme, des chances de conversion du secteur informel en Attitude économique contrebalançant le système de marché (Attitude vs Système).
Le préalable à tout cela est la reconnaissance et conscience du déficit d’intégration à la société local ou mondiale pour justifier la nécessité voire l’urgence de disposer d’un pouvoir économique communautaire puis national pour s’affirmer et préserver son identité.
Conclusion
Le secteur informel est marqué par le dynamisme de ses activités qui viennent en substitut d’un filet social étatique quasi inexistant ou reposant sur la structure familiale et communautaire. De fait, il est difficile de parler de « croissance » économique mais bien plus d’accroissement du secteur à mesure que le nombre des délaissés du système économique local augmente et se prend en charge. Les barrières à l’entrée sont généralement faibles. On est dans un entrepreneuriat de subsistance sans réelle vision de croissance des projets d’affaires. Pourtant il y a un intérêt exprimé d’intégrer le secteur informel aux économies locales. Ce désir d’imposition sur le secteur informel doit, selon moi, s’accompagner d’un investissement dans le renforcement de capacités et l’autonomisation des entrepreneurs informels par la formation pour qu’ils soient à même de développer suffisamment leur structure et intégrer durablement le parc d’entreprise local. C’est à cette condition que leur contribution au PIB sera effective. Des exemples de conversion et de réussite existent mais c’est d’un mécanisme entier dont nous avons besoin pour intensifier l’impact. Autrement dit la transition de l’entrepreneuriat informel interviendra lorsque ces individus ou groupes d’individus seront suffisamment stable en revenu pour se déclarer officiellement dans un registraire d’entreprises ou employable par un opérateur économique. Pour l’heure, la valeur (Patrimoine, Fréquentation et Pouvoir) du marché communauté préserve l’identité et l’humanité par l’expérience de compagnonnage des entrepreneurs informels et l’expérience humaine riche avec les consommateurs. Sentiments et empathie. Il est question d’y adjoindre de l’efficacité économique dans la création des richesses. Monnaie et pouvoir. La légalité y est à privilégie pour accroitre la légitimité du modèle. En effet, je noterai que les vendeurs à la sauvette, pour ne prendre que cet exemple, sont des vendeurs ambulants qui opèrent dans des lieux ou des conditions qui ne sont pas licites. Cela correspond plus à de l’économie sous-terraine.
Les mécanismes de l’entrepreneuriat informel influencent l’entrepreneuriat ethnique car ils sont l’œuvre du même type d’acteurs mis dans des milieux et des situations différentes. Je les mets donc au même niveau dans le cadre de l’économie de communauté. L’intégration du secteur informel a le potentiel de changer la donne de l’économie au même titre que la révolution industrielle qui s’est opérée en occident il y a quelques siècles. Il est alors question de la résurgence d’une culture des affaires dite ethnique au sens large (des diasporas et populaire dans les terres mère) qui retrouve des équivalents ou se fait l’écho des réalités dans la plupart des « pays du sud » dont ceux d’Afrique.
Photo: Awa Lake
Diop
Arnaud Segla M. Sc., M. Sc. Admin., CAPM. Consultant, Formateur et Coach en entrepreneuriat ethnique, informel et corporatif. J’organise et anime des activités d’apprentissage et accompagne plusieurs entrepreneurs dans l’atteinte des objectifs de leur projet d’affaires.
Depuis 2009, j’offre des services de consulting pour les projets en entrepreneuriat ethnique et informel dans le cadre du développement économique et identitaire des mains-d’œuvre migrantes. Je m’associe à toute bonne volonté pour concrétiser ma vision avec l’entreprise The Wisemen Council.
Après l’avènement de la mondialisation, les migrations, pour raisons économiques inter et intra États, se sont multipliées, renforçant les phénomènes d’entrepreneuriat ethnique et informel. Ceci a posé la question de l’installation, de l’intégration puis du succès de ces nombreux aventuriers en quête de l’eldorado. Nous croyons que l’entrepreneuriat est une solution de réappropriation du pouvoir économique des couches populaires par la création de richesse et de valeur.
Notre objectif est d’améliorer la performance des structures ethniques et informelles, ainsi que la qualité de leurs extrants. Pour ce faire, nous définissons de meilleurs stratégies et projets pour améliorer la compétitivité de nos partenaires et les connaissances des clients de nos partenaires. Nous mettons résolument nos compétences au service de la communauté. C’est ce que traduit le Message: « Chaque Homme est important aux yeux de Dieu».
Notre clientèle cible se divise généralement en 3 grands groupes qui sont les suivants:
• les entrepreneurs et les incubateurs d’entreprises;
• les universités et les organismes de formation d’entrepreneurs;
• les associations et organisations ayant le mandat d’accompagner les entrepreneurs (projets communautaires ou de développement de l’entrepreneuriat);
Nous vous invitons donc à découvrir nos services pour envisager avec nous un partenariat bénéfique en tirant profit de nos ressources mutuelles dans le but d’offrir une solution performante et de qualité à vous et votre clientèle.
Le Conseil des Sages est une firme de conseil en stratégie de projets ethniques. Depuis 2009, elle se spécialise dans la mise en place de pratiques de gestion simple, efficaces et sur mesure pour une meilleure performance et compétitivité des projets d’entrepreneurs et d’organisations évoluant dans un environnement financier critique. Le Conseil des Sages a développé une méthode alternative, la Méthode Ka, qu’elle propose à certains acteurs économiques dans le cadre de son Think Tank.
www.thewisemencouncil.com